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Chapitre  3.   CADRE MÉTHODOLOGIQUE 43

3.1   Présentation de la démarche participative : genèse et justification de la démarche

3.1.1  Grandir  en  ville  

Le cadre même de notre recherche s’inspire directement d’un programme de recherche nommé Grandir en ville (GEV) (Growing Up in Cities) déployé et parrainé par l’UNESCO. Ce programme s’intitulait au départ : « Children’s Perception of the Environment » et fut conduit auprès d’enfants entre 1971 et 1975 (Torres et Breux 2010). GEV fut initiée par Kevin Lynch, chercheur et auteur et du livre « The Image of the city ». Ses travaux furent menés auprès d’enfants et d’adolescents vivant dans différents pays. Ceux-ci portaient plus spécifiquement sur le déploiement de l’expérience des enfants et des jeunes au sein de la ville, notamment sur le rapport qu’ils entretiennent avec leur milieu ainsi que sur leur propre

évaluation de celui-ci (UNESCO 2003). Lynch préconisait une démarche allant plus loin que la simple entrevue de recherche, allant jusqu’à faire multiples activités avec ses jeunes sujets comme des trajets sur un parcours et des dessins, tentant de gagner leur confiance et de les observer directement dans leur environnement. Il fut particulièrement intéressé par la sensibilité qu’avaient les jeunes à leur environnement immédiat, en expansion, en particulier pour ceux vivant dans des endroits soumis à des changements rapides. Lynch développa donc un intérêt pour mener ses recherches dans les pays en voie de développement, propose d’inclure des enfants à même l’itération de reconfiguration de leur environnement de vie et de mobilité, de concert avec différentes parties prenantes d’une communauté, nous apparaît flexible par nature (UNESCO 2003). En ce qui nous concerne, il est apparu clair que les limitations fonctionnelles en situation de déplacement qu’expérimentent les enfants et les aînés peuvent être mises en parallèle. En effet, il est possible d’effectuer des rapprochements entre les obstacles et facilitateurs à la mobilité auxquels font face les enfants et ceux qui concernent aussi les aînés. Pensons par exemple aux limitations cognitives qui peuvent affliger les aînés d’un certain âge et celles qu’ont les enfants avant la maturation complète de leur cerveau limitant par exemple l’appréhension de leur environnement lors de la traversée d’une intersection (Phillips et al. 2013). Nous avons donc jugé fort à propos de procéder à l’adaptation de la démarche pour l’utiliser auprès d’une population d’aînés en contexte scolaire avec des étudiants en urbanisme, futurs professionnels de l’aménagement.

3.1.2  Processus  proposé    

De surcroît, il importe de préciser que notre travail constitue une étude de cas et que cette démarche (GEV) utilisée en tant qu’exercice de design participatif devient donc un processus qui nous permet d’utiliser différentes méthodes de collecte de données. D’ailleurs, nous utiliserons de manière indifférenciée les termes « démarche » et « processus » lors de la description et l’analyse de nos données pour faire référence à l’entièreté de notre projet qui lui inclut plusieurs activités qui seront documentées à l’aide de plusieurs outils méthodologiques. Chaque activité proposée devenant une étape à franchir pour en arriver à un processus participatif.

Ainsi, la figure 8 représente schématiquement le processus que nous avons élaboré en étapes, identifiant les méthodes qui seront utilisées de manière successive. Par conséquent, cette figure constitue notre schéma de base pour construire le calendrier de nos activités.

Figure 8. Processus participatif et méthode de collectes de données associées 3.1.3  Appropriation  du  modèle  et  mandat  formulé  aux  triades  formées  

Différents  types  de  savoir  :  l’acteur  comme  représentant  du  groupe  d’appartenance  et   représentant  d’une  compétence  clé    

Pour rendre notre contexte opérationnel, nous avons pris la décision de former des triades. En effet, afin d’ajouter un savoir plus concret et « terrain » au savoir théorique de l’étudiant, nous croyons pertinent de faire appel un professionnel dans une discipline reliée à l’aménagement du territoire ou de l’espace pour compléter cette équipe (ex. : urbaniste, architecte, ingénieur). L’objectif étant d’ajouter une troisième dimension et de pouvoir avoir au sein d’une même équipe un savoir expérientiel de ce qu’est la marche du point de vue d’un aîné, un savoir théorique de ce que sont les bonnes (ou plus récentes) pratiques en l’aménagement grâce à l’étudiant et enfin d’avoir accès à un savoir pratique pour être en mesure de déterminer si ces bonnes pratiques peuvent, ou non, être implantées dans la réalité d’un milieu de travail en aménagement. Ce qui ne peut se faire que grâce à l’opinion et l’apport d’un professionnel de cette discipline. Ceci constitue également pour nous un aspect

clé auquel un étudiant n’a habituellement pas accès, à moins de disposer d’une expérience professionnelle préalable (Phillips et al. 2013).

L’apport du professionnel de l’aménagement peut également se justifier pour deux autres raisons. En effet, notre question de recherche centrale souhaite nous permettre de déterminer si un processus participatif peut constituer une valeur ajoutée, ce qui inclut le milieu professionnel. Ce faisant, nous souhaitons également qu’une transmission des savoirs s’effectue entre la recherche universitaire et la pratique professionnelle. Ainsi, le professionnel peut devenir la courroie pour que cette transmission de nouvelles pratiques s’effectue ou espérons-le, faire en sorte qu’un questionnement s’enclenche sur l’essence de son travail ainsi que sur les méthodes de travail en cours chez son employeur. Le but ultime étant qu’il soit plus connecté aux besoins spécifiques de l’aîné, qu’il intègre le modèle participatif en amont, et qu’il le fasse à même sa propre pratique professionnelle. Deuxièmement, rappelons aussi que, en accord avec l’approche GEV, le professionnel constitue aussi une des parties prenantes représentant la communauté et qu’il a donc toute sa place au sein d’une table itérative portant sur l’environnement de marche des aînés.

Notons finalement que les savoirs que nous voulons multiples au sein de nos équipes ne sont pas exclusifs à un ou l’autre de nos participants. Espérons par exemple que les membres de chaque groupe seront dotés de savoir-faire social, à différent degré. Il importe aussi de souligner que le savoir expérientiel de ce qu’est la marche n’est pas uniquement attribué à l’aîné, mais que ce dernier est toutefois le seul à pouvoir prétendre avoir la compétence expérientielle de ce qu’est la marche en tant que personne du troisième âge.

Mandat  donné  aux  participants  

Ayant en tête la problématique de recherche qui met en relief que l’aîné a différentes limitations, que ce dernier effectue ses choix de trajet de marche subjectivement en fonction de son environnement, nous offrirons à des équipes de travail (triade) l’opportunité de se pencher sur l’environnement de marche de l’aîné dans l’optique de proposer un

Nous basant sur la figure du processus participatif (figure 8), nous avons pu élaborer un calendrier d’activités s’échelonnant sur deux trimestres universitaires. Ce faisant, nous avons pu annoncer dès le départ à nos participants potentiels que la présence et l’implication à plusieurs rencontres, sur une période de près de six mois, étaient implicite à l’engagement dans le projet de recherche. La requête effectuée à tous les participants étant : la participation à deux entrevues en privé, à une marche en équipe dans un quartier bordant le domicile de l’aîné, ainsi que deux rencontres en grand groupe.