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Traitement auto-administré : Obstacles à la demande d’aide et solutions envisagées

Des obstacles qui pourraient compromettre ou retarder l’utilisation d’un TAA tel que JMQ ont été mis en lumière, c’est-à-dire les changements d’intervenant, le fait qu’il n’y ait aucun contact en face-à-face, les problèmes liés à la gestion des appels, la méconnaissance du traitement ainsi que le fait que le joueur ne soit pas disposé à consulter. Notons que pour plusieurs obstacles discutés, des solutions concrètes ont été apportées par les participants.

Changements d’intervenant. Le fait de ne pas avoir toujours le même intervenant

au téléphone pourrait être problématique et poser obstacle à l’utilisation du traitement. En effet, cela pourrait nuire à la création d’un lien de confiance avec l’intervenant, ou encore, faire en sorte que le joueur doive péniblement raconter son histoire à plusieurs reprises. Le fait de se raconter à plusieurs personnes pourrait également amener des craintes face à la confidentialité.

T’sais la personne ça devient comme un confident dans le fond ou une confidente parce que t’sais, si tu fais ça par téléphone tu ne veux pas que ça se sache, mais si tu changes d'intervenant chaque fois t’sais… C’est pas parce qu'ils sont pas tous bons mais en tout cas tu comprends ce que je veux dire. (Joueur n’ayant jamais consulté)

Solutions. Organiser le service afin que le joueur ait toujours le même intervenant

au téléphone, notamment afin de favoriser le développement d’un lien de confiance. De plus, il est suggéré de personnaliser le suivi selon les préférences du joueur afin de favoriser une meilleure alliance de travail, par exemple en appelant le joueur par son prénom, s’il le souhaite.

Absence de contact en personne. Le fait de ne pas avoir de contact en face-à-face

au cours du traitement a été nommé comme étant un obstacle à l’utilisation du TAA. En effet, l’importance d’avoir un contact humain afin que la démarche d’aide soit fructueuse est relevée, par exemple dans le cas d’un groupe d’entraide où les gens se rencontrent en personne. Il est nommé que cet aspect pourrait complètement dissuader certains joueurs de prendre part à ce traitement.

[…] Quand tu peux créer un lien avec quelqu'un comme avoir un parrain ou aller dans les groupes de gamblers anonymes, tout le monde est en chair et en os, tout le monde peut se reconnaitre, tout le monde peut s'entraider, je trouve. (Joueur n’ayant jamais consulté)

Solutions. Que le TAA constitue une première étape et soit suivi d’un autre traitement incluant des contacts en face-à-face. Il a également été suggéré que le TAA tel que décrit soit précédé d’une rencontre en personne, au besoin, afin de permettre au joueur de mettre un visage sur l’intervenant qui assurera le suivi. De plus, il est proposé que le TAA soit offert à des joueurs qui ont déjà complété une thérapie incluant des contacts en face-à-face, mais qui souhaiteraient avoir un soutien pour consolider leurs acquis, lors du retour d’une thérapie à l’interne par exemple.

Problèmes liés à la gestion des appels. Le fait que les intervenants ne soient pas

disponibles 24/7 pourrait constituer un obstacle à l’utilisation du TAA, puisque les besoins qui pourraient survenir en dehors des rendez-vous prévus risquent de ne pas être répondus. Il semble donc y avoir une crainte face à l’intensité de l’accompagnement offert par téléphone.

Ma question est la suivante : quand toi t'as le goût de jouer, mettons qu'il est 8 heures du soir, t'as le goût d'aller au Ludoplex ou je sais pas. Est-ce que ce monsieur-là va être au bout de la ligne si tu l'appelles? (Joueur n’ayant jamais consulté)

De plus, les appels provenant de l’intervenant pourraient poser problème lorsque l’entourage n’est pas au courant que la personne vit des difficultés liées au jeu. Face à cette situation, il est probable que le joueur ne prenne pas l’appel ou encore, qu’il choisisse de ne pas débuter la démarche.

Mais comme monsieur, personne est au courant [de son problème de jeu], alors ils ne pourraient pas l'appeler. (Joueur n’ayant jamais consulté)

Solutions. Il est suggéré que les joueurs précisent leurs disponibilités ainsi que les endroits (p. ex. au bureau) pour recevoir des appels afin d’éviter des bris de confidentialité ou des malaises auprès de l’entourage ou encore, que le service offre la possibilité que le joueur rejoigne lui-même l’intervenant lorsqu’il souhaite obtenir un support. De plus, il a été mentionné qu’il est possible qu’une personne présentant des difficultés plus graves ait besoin d’un suivi plus intensif, par exemple par le biais d’une thérapie à l’interne.

Traitement méconnu. Le fait de ne pas connaître le traitement a été nommé comme

un obstacle à l’utilisation de celui-ci. Ce serait d’ailleurs le cas du traitement JMQ, qui n’est pas connu des participants à l’étude.

Ce qui peut empêcher le joueur de faire le traitement, t’sais si je le connais pas, je le suivrai pas. (Joueur n’ayant jamais consulté)

Pis si je savais combien de temps que ça prend, si je savais quel numéro de téléphone appeler, comment de temps que ça prend pour répondre rapidement, ben je serais peut-être enclin à… J'aurais peut-être été enclin de téléphoner avant de me ramasser où je me suis ramassé. Mais, ce que tu m'apprends là, ce que je vois là, j'étais pas au courant. (Joueur ayant récemment complété une thérapie)

Solutions. Il est proposé de faire connaître le traitement le mieux possible, entre autres par le biais de publicités. Il est motivant pour le joueur de bien connaître le traitement et ses paramètres, notamment les objectifs, les méthodes, ainsi que le temps et le niveau d’investissement requis pour compléter la démarche. Être bien au fait de ces

le traitement pourra aider la personne. Idéalement, il serait davantage motivant pour le joueur d’avoir des preuves ou des garanties que le traitement fonctionne.

Ne pas être prêt au traitement. Le fait que le joueur ne soit pas prêt ou disposé à

débuter un tel traitement, par exemple par manque de motivation, de temps ou d’autodiscipline, pourrait constituer un obstacle à l’utilisation du traitement. Les participants vont même jusqu’à dire que le TAA demande un niveau de motivation assez élevé chez le joueur désirant y adhérer, considérant qu’il s’agit d’une démarche beaucoup plus autonome comparativement à d’autres types de thérapies plus encadrées. De plus, la non-reconnaissance du problème de jeu peut poser obstacle, puisque le joueur risque de ne rien entreprendre tant qu’il maintient l’idée qu’il n’a pas de problème ou qu’il peut arrêter de jouer à n’importe quel moment s’il le souhaite.

[…] Mais au départ, il faut être motivé. Pis il doit y avoir probablement des gens qui veulent pas. Un manque de volonté. Ils peuvent débuter le traitement mais s’il y a un manque de volonté, ou ils reconnaissent pas qu'il y a un problème, tout simplement. Pis ça là, c'est des murs, c'est des murs dans toutes les dépendances. Pas juste celle-là, mais c'est toutes les dépendances. (Joueur ayant récemment complété une thérapie)

Solutions. En ce qui concerne les solutions à envisager face à l’éventualité que certains joueurs ne soient pas prêts au traitement ou ne reconnaissent pas leur problème de jeu, nous constatons que celles-ci ont été mises de l’avant par le biais d’autres thèmes, par exemple lorsqu’il était question des facteurs favorisant une demande d’aide précoce et des éléments à inclure dans les publicités de traitement du jeu (p. ex. bien illustrer les conséquences graduelles du jeu pathologique afin d’aider le joueur à se reconnaitre dans le processus).