• Aucun résultat trouvé

Analyse des publicités de recrutement pour JMQ

D’autres pistes peuvent être dégagées en lien avec l’analyse de deux publicités du programme JMQ effectuée par les participants à l’étude. Notons que plusieurs suggestions de modifications concrètes permettant d’améliorer les publicités ont été verbalisées au sein des deux groupes.

Objectif de jeu contrôlé. La formulation «maintenir des habitudes de jeu saines et

contrôlées» se retrouvant dans la première publicité (voir annexe A) a été commentée au sein des deux groupes. En effet, le choix de cette formulation est critiquée à plusieurs niveau : 1) doutes face au réalisme du concept de jeu sain et contrôlé; 2) effet potentiellement dommageable de laisser miroiter cette possibilité chez un joueur, par exemple en ouvrant la porte à la reprise du jeu chez quelqu’un qui serait abstinent; 3) peu de chance d’interpeller les joueurs car les habitudes saines et contrôlées concernent seulement les joueurs sans problème.

Ben moi c’est pas à ce point là, mais je veux dire... C'est comme si ça laissait l'espoir qu'on pourrait recommencer à jouer sainement, pis c’est pas bon pour nous autres ça. (Joueur ayant récemment complété une thérapie)

Y’a des gens qui sont capables de jouer pis de se contrôler, mais c'est des gens qui dans le fond, ont pas de problème. Quand t'es capable de te contrôler, c'est

Par ailleurs, il a également été soulevé que cette formulation peut paraître plus positive car elle est moins restrictive et qu’elle pourrait être adéquate si l’on souhaite s’adresser à une clientèle qui joue encore normalement ou qui commence à présenter certains signes d’un problème, chez qui il pourrait être pertinent de dépister les problèmes de jeu. L’idée d’utiliser cette publicité à des fins de prévention a d’ailleurs été soulevée chez les joueurs ayant récemment complété une thérapie.

Moi je suis pas d'accord parce que si on s'adresse à une clientèle soit qui commence à jouer, ou soit que ça joue normalement pis qu'on veut les aider à maintenir ces habitudes naturelles. On n'est pas rendu encore à la personne qui comme nous a atteint le niveau là…t’sais. Mais pour une personne comme nous qui…comme moi…on a appris ça en thérapie, on dira pas comme nous, on va dire comme moi. Effectivement, je vais dire ben, moi je suis pas là, je suis rendu plus loin que ça. Par contre, au tout début, quand j'ai commencé à jouer aux machines, effectivement, je me suis pas questionné, j'avais pas de programme qui m'était offert pour savoir c'était quoi mes habitudes, mais ça on le réalise par nos erreurs. Peut-être dire, maintenir un jeu…vous l'avez dit, moi je trouve que c'est très bien dit, mais aussi, de voir s’il n’y a pas de problématique à quelque part. (Joueur ayant récemment complété une thérapie)

Publicité préférée. Le contenu et l’apparence générale des deux publicités ont été

commentés activement dans les deux groupes, sans toutefois qu’il n’y ait de consensus. En effet, alors qu’il a été demandé aux participants d’identifier laquelle est la meilleure, la première publicité ainsi que la deuxième ont été choisies au sein des deux groupes.

Les faits saillants en lien avec la première publicité de JMQ sont les suivants : 1) elle est préférable car elle est brève et contient une image liée au jeu accrocheuse; 2) il s’agit d’une publicité qui risque d’inciter à jouer plutôt que de provoquer une demande d’aide. Ainsi, la même contradiction au niveau de l’impact des stimuli liés au jeu est présente. Encore une fois, l’idée que les stimuli liés au jeu puissent être nuisibles est seulement ressorti au sein du groupe de joueurs n’ayant jamais consulté. Au fil de la discussion à l’intérieur de ce groupe précisément, la faisabilité de l’évitement total des stimuli liés au jeu dans les publicités de traitement a été remise en doute puisqu’il est nécessaire d’identifier qu’il s’agit d’une publicité au sujet des JHA. Il a été mentionné que le fait que les stimuli liés au jeu suscitent le désir de jouer pourrait être relié à la non- reconnaissance du problème de jeu et/ou au fait de ne pas être prêt à consulter.

Si elle me donne le goût d'aller jouer, c'est parce que personnellement je suis pas prêt, je suis pas rendu là. Si moi je joue pis j'ai pas de problème, je regarde ça pis je vais aller jouer, si j'ai un problème, je voudrais arrêter. (Joueur n’ayant jamais consulté)

En ce qui concerne la seconde publicité de JMQ (voir annexe B), les faits saillants sont les suivants : 1) elle est préférable en raison du contenu textuel qui rejoint les préoccupations des joueurs; 2) elle est trop chargée de texte et risque de ne pas être lue par les joueurs.

Encore une fois, il y a rien à gagner à cacher, dans une publicité, t'as rien à gagner à cacher ce qui est le fait. Le fait est là, t'as rien à gagner à le cacher. Moi je trouve que c'est bon à savoir, moi je me reconnais dans le désir de régler le problème par eux-mêmes. Ça fait des années que j'essaie ça, je me reconnais là-dedans, ça vient me chercher. Quand même tu le mettrais pas, je trouverais ça plate parce que ça me permet de moi, je sais pas s’il y a plusieurs facteurs, mais moi je m'identifie par celle-là. (Joueur n’ayant jamais consulté)

Il y a du stock pour trois publicités. (Joueur n’ayant jamais consulté)

Canaux de communication à privilégier pour les publicités

Une large variété de médias ou d’endroits où placer des publicités de traitement du jeu a été considérée : sur Internet, incluant les médias sociaux, dans les journaux ou publisacs, à la télévision, dans les milieux de jeu, dans des endroits publics comme les centre d’achats, dans les écoles (joueurs n’ayant jamais consulté seulement), sur des panneaux publicitaires sur la route (joueurs ayant récemment complété une thérapie seulement) et dans les locaux des ressources d’aide (joueurs ayant récemment complété une thérapie seulement).

Toutefois, des bémols sont apportés face à certains canaux de communication. L’idée que la télévision constitue un média peu efficace a été émise dans les deux groupes, considérant que les téléspectateurs ont la possibilité de passer outre les annonces avec les nouvelles technologies, que certaines personnes écoutent très rarement la télévision et qu’il s’agit d’un média coûteux. Puis, en ce qui concerne l’affichage directement dans les endroits de jeu, il a été mentionné dans les deux groupes que le fait de voir une telle publicité «à chaud», lorsque le joueur est déjà dans le milieu de jeu, risque de n’avoir aucun effet. Il est en effet considéré que dans le milieu de jeu, le joueur est décidé à jouer, ce qui

ne constitue pas un état d’esprit propice aux prises de conscience face à ses habitudes de jeu. Selon cette vision, les endroits neutres seraient donc à privilégier.

Peut-être oui s’ils en mettaient mettons dans le Soleil, dans le Journal du Québec, mais pas rendu dans les bars, pas dans l'environnement, pas où qu'on s'expose, parce qu’il est déjà trop tard. Dès qu'on est devant la machine. (Joueur ayant récemment complété une thérapie)

Moi je dis que quand tu es dans ton élan d'aller jouer, faut pas que ce soit dans le fond d'un bar ou quoi que ce soit. Ça ne t'arrêtera pas dans ton élan. Faut que ce soit dans les journaux, c'est neutre. Dans des endroits neutres qui font que t'es dans un état d'esprit que tu «check» ta conscience un peu. Tu n’es pas «mindé» à aller faire la chose. (Joueur n’ayant jamais consulté)

Discussion

Ce mémoire a pour objectif de mettre en lumière des facteurs susceptibles de favoriser une demande d’aide précoce, des motivations qui pourraient inciter les joueurs à entreprendre un TAA tel que JMQ ainsi que des obstacles qui pourraient compromettre l’adhésion à ce type de traitement. Des solutions concrètes permettant de pallier les faiblesses du TAA sont proposées. De plus, l’étude met en lumière des perceptions à l’égard des publicités de promotion des traitements du jeu, permettant de dégager des éléments à inclure et à éviter ainsi que les canaux de communication à considérer pour mettre en valeur ces publicités. Rappelons que deux entretiens de groupe ont été menés dans le but d’assurer une diversité de réponses, l’un avec des joueurs n’ayant jamais reçu d’aide pour un problème de jeu et l’autre avec des joueurs ayant récemment complété une thérapie pour le jeu. Certains thèmes sont communs aux deux groupes, alors que d’autres ressortent seulement dans l’un des groupes, confirmant ainsi la pertinence d’inclure ces deux catégories de joueurs à l’étude.