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Éléments désirables et nuisibles dans les publicités de traitement du jeu

Les participants ont mis de l’avant des éléments à inclure ou à éviter afin de créer une publicité de traitement qui serait selon eux efficace. Alors que les éléments accrocheurs dont les stimuli liés au jeu ainsi que les conséquences du jeu pathologique ont été nommés, ces thèmes sont ressortis à la fois comme étant désirables et nuisibles.

Éléments accrocheurs, dont les stimuli liés au jeu. Il est suggéré d’inclure dans les

publicités des éléments qui sont attrayants et susceptibles de capter l’attention du joueur. Cela englobe l’utilisation de slogans accrocheurs, de lumières qui clignotent ou même de stimuli liés au jeu (p. ex. image ou sons d’ALV), parce qu’il s’agit d’un bon symbole associé au jeu qui permettra d’attirer l’attention des joueurs. L’idée d’accrocher les joueurs avec une récompense a également été nommée, mais le réalisme de cette option a été remis en question au cours de la discussion.

Des éléments aussi captivants…je sais que ça peut coûter cher là…des clignotants… aussi captivants que la machine. Que ça vienne jouer sur les neurones. Pis des phrases là. Pas nécessairement chocs, mais des bonnes phrases, des bons slogans. (Joueur ayant récemment complété une thérapie) Ce qui nous accroche c'est d'avoir de quoi en retour aussi. […] Avoir un nanane, t’sais, on fait tous de quoi pour avoir de quoi t’sais on s'entend. […] (Joueur n’ayant jamais consulté)

Toutefois, l’idée d’inclure des stimuli liés au jeu ne fait pas l’unanimité. En effet, au sein du groupe de joueurs n’ayant jamais consulté, leur utilisation dans les publicités de traitement du jeu est critiquée, entre autres puisqu’ils font penser au jeu et sont susceptibles de susciter le désir de jouer, ce qui pourrait se traduire par un réel passage à l’action.

Me semble ça doit faire penser au casino. Quand quelqu'un voit ça pis qui est déjà accro... Ça a été fait par l'université? (Joueur n’ayant jamais consulté) Je te dis, sérieux c'est pas des farces. Pis ça me donne le goût d'y aller, pis j'ai hâte. Si tu mets une roulette, moi je joue pas à la roulette, mais si tu m'avais mis une machine à sous dans le coin, j'aurais… pis ça fait une couple de fois que t'en parles de la roulette, tes yeux vont là. (Joueur n’ayant jamais consulté)

Conséquences du jeu. Il est suggéré de présenter ou de mettre en scène les

conséquences associées aux problèmes de jeu (p.ex. perdre des biens, état dépressif, dégradation des relations interpersonnelles, suicide) afin de conscientiser et de mettre en garde le joueur. La création de publicités chocs, comme dans le cas des publicités sur l’alcool au volant présentées par le gouvernement du Québec, est également proposée. Les conséquences du jeu pourraient être présentées sous forme de témoignages ou d’histoires réalistes. De plus, il est suggéré de mettre de l’avant l’évolution de la problématique en

illustrant bien les conséquences graduelles, permettant au joueur de s’identifier peu importe le stade de son problème.

Moi je pense que le principe de gradation comme tu dis c'est excellent, mais j'irais peut-être à ce moment-là, j'irais peut-être avec des gens, tu vas peut-être me dire c'est négatif, mais avec des gens qui ont vécu la problématique pis qui vont me dire : Regarde, la gradation c'est un 20$ dans les bars, après c'est ça, pis tu finis avec une faillite pis tu finis avec ta maison pouf, ta maison s'évapore, tes biens matériels… Tu recommences à zéro, tu te ramasses dans rue, il y en a qui se ramassent dans la rue. Je ferais une gradation comme ça. Après ça je dirais c'est là que ça va te mener, attends pas de regarder la bouteille de pilules pour savoir comment il faut que t'en prennes pour pas te réveiller le lendemain matin. (Joueur n’ayant jamais consulté)

Ouais ben tsé, au lieu d'avoir des 7, ben je sais pas moi, tu vois que tu perds ta maison, tu perds ton char, tu perds tes amis. (Joueur ayant récemment complété une thérapie)

Toutefois, cette proposition ne fait pas l’unanimité. Au sein des deux groupes de participants, il est aussi suggéré d’éviter de parler des conséquences liées aux problèmes de jeu dans les publicités de traitement en raison du ton plutôt négatif que cela peut donner à la publicité. De plus, cela risque de susciter encore une fois un pénible sentiment de culpabilité chez le joueur, entre autres lorsqu’il s’agit des conséquences sur l’entourage, la famille, les enfants. En ce sens, il peut être nuisible de s’adresser aux joueurs par la bande, en se centrant sur les impacts négatifs externes à l’individu.

Moi, ces publicités-là j'ai plus de difficulté, ça me rejoint moins parce que souvent, celles que j'ai vues, c'est peut-être mon interprétation qui est faussée ou qui est pas correcte, misent davantage sur la culpabilité. (Joueur n’ayant jamais consulté)

Jusqu'à date là, celles que j'ai vues moi là, c'est comme si on voyait la personne qui fait du mal à son enfant parce que c'est comme : il n’assiste pas à telle partie ou à telle fête, etc. Mais je pense qu’on s'adresse pas assez à la personne directement. C'est toujours par ricochet. Si tu joues, tu vas pas à tel anniversaire, si tu joues, tu ne vois pas tes enfants grandir, je mets ça à l'extrême là, mais c'est comme si on culpabilisait quelque part […]. (Joueur ayant récemment complété une thérapie)

Par ailleurs, les propos tenus au cours de la discussion laissent entrevoir une possibilité de compromis entre les deux positions discutées, c’est-à-dire de se centrer sur les

conséquences émotionnelles chez le joueur, par exemple son état dépressif, plutôt que de viser les conséquences sur l’entourage.

Éléments désirables et nuisibles dans les publicités ayant émergé chez les