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Les autres textes de Cretin sur la mort : un sens chrétien

III- Cretin : une déploration à échelle humaine

2/ Les autres textes de Cretin sur la mort : un sens chrétien

À côté de sa production de circonstance, Cretin a écrit deux poèmes se rapportant au thème

de la mort : la Translation du chant de Misere et une Invective contre la mort131. Dans les notes de son

édition, Chesney explique la difficulté de dater ces deux pièces qui n’évoquent aucune circonstance particulière. Cela n’affectera guère notre étude du premier texte, car elle consistera à mettre en évidence la séparation entre l’œuvre du poète et celle de l’homme d’église. En

revanche, l’Invective contre la mort, si elle fait explicitement référence à une topique des déplorations

funèbre très en vogue au XVe siècle (ce qui la placerait tôt dans la carrière du poète), comporte un

renversement final opéré par le rappel du paradis divin, qui n’est pas sans annoncer la Déploration

de Florimond Robertet de Marot.

La

Translation du chant de Misere

Ce poème évoque les aléas de la fortune et l’idée que les gloires terrestres ne sont rien face à la mort :

Mort, pour beaulté de nul qui soit en vie, N’espargne aulcun, mais a sur tous envye ; Mort ne scait point quel est homme en son estre, Ne la hauteur de ses choses cognoistre [...]. (v. 31-34)

La phrase de l’Ecclésiaste (« Vanité des vanités, et tout est vanité »), vient rapidement à l’esprit.

C’est là le début de la Déploration sur le trespas de feu Okergan, avant que le poète ne s’endorme et

accomplisse son œuvre de Rhétoriqueur. Le poète qualifie ensuite « la fiere Atropos » :

Qui frappe, fiert et rue a tout propos Sur papes, roys, empereurs, ducs et contes ; Pensant aussi qu’elle mect en ses comptes Tant clercz que layz, tant nobles que villains,

Tant grans prelatz que paovres chapellains [...]. (v. 6-10)

À partir de cet incipit commun, la Translation du chant de Misere va à l’encontre de la déploration

funèbre, mettant ainsi en évidence ce que la structure de celle-ci contient d’attendus topiques et rhétoriques relevant de valeurs moins chrétiennes que mondaines. En effet, la vanité des actions humaines ne touche pas seulement la recherche de biens matériels, mais aussi la recherche de gloire, le savoir, et toute entreprise littéraire. C’est ce que montrent les vers portant sur César, Cicéron, Virgile ou Platon :

Les grans tresors Tibere, la victoire Julle Cesar, facond art oratoire De Cicero, sont tenuz comme songes

116 Des escoutans, et reputez mensonges. Jadis Virgile eut sur la terre nom De poete grand, et florissant renom ; Mais a son terme y eut, pour toutes sommes, Peu de prouffit en louenge des hommes. Platon traictant plusieurs choses de l’ame, Mort ne detint qu’il ne geist soubz la lame ; Par sapience il n’obtint la puissance,

Car d’elle au vray n’eut claire congnoissance. Art grammatique, ou bien dialectique, Les belles fleurs de Tulle, et rhetorique, N’ont point rendu exemptz d’exil mortel Ceulx qu’ont instruictz. (v. 51-66)

De la vanité de la gloire antique, ces vers en viennent à pointer la limite de la translatio studii : si les

Rhétoriqueurs sont les continuateurs des grandes œuvres antiques à travers de multiples intertextes ou par des listes d’auteurs qui inscrivent leurs contemporains (et eux-mêmes) dans la droite lignée des grands auteurs antiques, toutefois le savoir et la gloire de ces grands auteurs antiques ne sont rien. Non seulement ils n’avaient pas une « claire congnoissance », mais en plus leurs hauts faits ne les ont pas préservé de la mort. La gloire terrestre, consacrée par les chroniques et déplorations funèbres, ne sert à rien. Seule la gloire de Dieu est authentique :

Puisque des faits du siecle, a tout sommer, N’en reste riens ; pour asseurer les doubtes, Devers le ciel mettons nos joyes toutes En celle gloire, ou est sans nul deffault

Le bien parfaict, et qui jamais ne fault. (v. 70-74)

La seule gloire qui peut préserver de la mort, c’est celle de Dieu, en qui il faut se remettre totalement. Elle s’oppose à celle du « siècle », au sens de « terrestre ». Cretin, chanoine, affirme ici qu’il ne croit pas à l’immortalité par la gloire pour les hommes.

Il faut évidemment mettre en regard ce discours anti-mondain avec l’activité sinon courtisane, du moins temporelle de Cretin et ses poèmes épidictiques sur les événements du

royaume. Cette Translation du chant de Misere est-elle un repentir du discours de gloire par ailleurs

tenu (quoiqu’avec de fortes inflexions chrétiennes) dans les déplorations funèbres ? Doit-elle être lue en opposition avec les œuvres temporelles, ou bien est-ce une façon de les dépasser, de rappeler que le niveau mondain est transcendé par le niveau spirituel ? Ce dernier exige par définition le « mépris du monde » voire le rejet de la culture (surtout antique, païenne), mais les exemples d’écrivains plus ou moins confortablement installés entre ces deux systèmes de valeurs

ne manquent pas, de Pétrarque (Secretum) à Bouchet (dans les Triomphes sur François Ier par

exemple, où le second livre complète le premier en paraissant le désavouer), en passant par Budé

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retraite avec l’ermite qui écarte notamment la désagréable expérience de service littéraire courtisan, au moment même ou le poète requiert la protection de Charles VIII... Quoi qu’il en soit, il semble que Cretin s’efforce de trouver un point de convergence entre ces deux mondes temporels et spirituels, dans des consolations qui prennent conscience de leur limite (c’est le cas

de la Déploration sur le trespas de feu Okergan), ou quis’appuient sur d’autres arguments que ceux de

la gloire mondaine (ce qu’effectuera la Plainte sur le trespas de Byssipat mais aussi, par le jeu, la Plainte

sur le trespas de feu maistre Jehan Braconnier). Il demeure cependant difficile de mesurer l’influence de

cette Translation du chant de Misere sur les déplorations funèbres de Cretin : le fait même qu’il

s’agisse d’une traduction, ou du moins qui se présente comme telle132, souligne peut-être que la

pièce est à part (de même que l’« Epistre aux Filles Penitentes »).

L’

Invective contre la mort

En dépit de l’impossibilité présente d’avoir une certitude quant à sa date de rédaction, ce

poème semble postérieur à la Translation du chant de Misere133. De prime abord, il se rattache,

comme son titre l’indique, à la pratique de l’invective contre la mort qui apparaît au XVe siècle et

qui connaît alors de longs développements. Ainsi, les images topiques du dard de la Mort, qui frappe même les plus nobles, sa cruauté envers les plus faibles, son venin insidieux, sont toutes présentes :

O Mort cruelle ! Estrange et malheureuse, Plus que ennuyeuse, afflicte et douloureuse Est la pensee en amer souvenir

Que aux lourdz exploitz ne peult contrevenir De tes fiers dartz, soubdains et pestiferes, Dont corps humain occire ne differes.

132 Nous n’avons pas trouvé quel était le texte source. Un catalogue de vente aux enchères (Catalogue des

livres précieux et des manuscrits avec miniatures composant la bibliothèque de M. E. M. B., Paris, Adolphe Labitte, Librairie de la Bibliothèque Nationale, 1882, p. 127) mentionne un manuscrit du début du XVIe siècle contenant entre autres ce texte attribué à Cretin et intitulé « Le povre pécheur demandant à Dieu pardon et misericorde de ses pechez. – Selon l’exposition de Hierosme de Ferrare, translation de latin en françoys

de ce Pseaulme : Miserere mei Deus secundum ». Ce manuscrit n’est pas mentionné par Chesney. Mais ce n’est

pas tout à fait une Translation du chant de Misere qui y est présentée, même si l’on peut songer à une variation sur le thème partagé du mépris du monde. Josquin, illustre collègue d’Ockeghem, a d’ailleurs composé un

motet inspiré par cette « expositio » de Savonarole, qui est largement diffusé (notamment publié à Paris en

1513), et traduite en plusieurs langues. Mais enfin, en l’absence de vérification sur pièce, rien ne prouve que cette pièce attribuée par ce catalogue à Cretin est bien de lui...

133 Dans l’introduction de son édition, Chesney rappelle qu’elle n’a pas classé les poèmes par ordre

chronologique, car il est impossible de dater précisément un grand nombre de pièces (p. XLI). Elle a donc

suivi la classification thématico-générique de l’édition Charbonnier de 1527, dont on peut supposer qu’au sein des parties elle reproduisait un ordre chronologique sinon avéré, du moins probable. Aussi l’ordre de ces deux poèmes ne nous semble pas anodin.

118 Souventesfoyes par assaulx inhumains Ruynes tours, clochiers et chasteaulx mains ; D’ung aguillon fort picquant esperonnes Tous noble cueurs, quant septres et couronnes Faiz succomber : dont griefz vomissemens De pleurs, regretz, souspirs, gemissemens Et criz piteux causent larmes espandre, Et le plaisir d’heureux espoir suspendre. La potion des tiens mortelz venins Vevfes contristes et jeunes orphelins Tient opprimez en serville tutelle. (v. 1-17)

Le thème de l’universalité de la mort est commun à la Translation du chant de Misere. Exclamations

et prise à parti complètent la technique de l’invective contre la mort. Toutefois, au milieu du poème, Cretin opère un brusque changement de point de vue et indique comment cette crainte de la mort et de ces représentations ne reposent que sur une vision tronquée de l’humanité :

Car ja soit, Mort, que donnent tes faulx bondz Crainte aux maulvais, si es tu joye aux bons, Et se homme avoit ses voluntez egalles Aux trois vertus, qu’on nomme theologalles, Foy, Esperance et bonne Charité,

En cueur seroit et de bouche hérité A Dieu aymer, et son prochain, pour reste De parvenir au royaulme celeste. (v. 31-38)

Le rappel de la présence de Dieu, qui récompense les œuvres des « bons », doit faire oublier la propositio même du poème, évoquée par son titre :

Pour ce pensons nos œuvres adresser A Celluy seul qui les scaura dresser, Affin que par sa vertu et conduicte La nostre vie a bonne fin reduicte, Fruition du bien puissions avoir,

Mys en reserve au divin prescavoir. (v. 39-44)

Le titre – peut-être dû à l’éditeur – de même que toute la première moitié du poème, sont

déceptifs134 : ce n’est pas tant une invective contre la mort qui est opérée dans ce poème qu’une

correction de ce type de discours, une nuance qui repose sur le rappel d’un contexte chrétien, de la croyance selon laquelle Dieu récompense les bonnes œuvres. En outre, en faisant intervenir une forme de première personne (« pensons », v. 39), Cretin se place moins du côté des proches devant endurer la mort d’un être cher que du côté de tout humain ayant à affronter sa propre mort. De l’invective, le discours passe à une exhortation chrétienne : c’est une nouvelle forme de

134 Nous ne pensons donc pas qu’il s’apparente entièrement à une esthétique du XVe siècle, comme l’indique Martineau-Génieys dans Le thème de la Mort, op. cit.,p. 429.

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« conversion » au sens rhétorique (de Fabri) du terme. Elle laisse ici le dernier mot non au poète écrivant sur la mort mais au tenant d’une condition humaine nécessairement vouée à la mort.

Deux conclusions peuvent être tirées de ce dispositif particulier. D’une part, ce poème accentue l’écart entre des pratiques de la déploration funèbre antiques (humanistes) et chrétiennes, ainsi qu’entre des arguments de consolation qui devraient moins être tirés d’un fonds mondain, païen, que d’une croyance vive et actuelle dans la bienveillance divine. On imagine d’ores et déjà ce que Marot pourra tirer d’une telle opposition et d’une telle critique dans la

promotion de ses idées évangéliques, notamment au sein de la Déploration de Florimond Robertet.

D’autre part, Cretin ajoute à l’oraison funèbre, d’ordinaire épidictique et commémorative (« Le temps passé convient remémorer », v. 24) une attention toute particulière à la façon dont le défunt s’est préparé, ou non, à la mort, à travers des œuvres adressées à Dieu. Le pouvoir de consolation du poète s’efface en effet devant le jugement de Dieu, lequel repose sur les actions

spécifiques du défunt135. Examinons à présent la façon dont Cretin met au jour cette opposition

entre pratique antique, païenne, et renouveau personnel et chrétien de la déploration funèbre

dans la Plainte sur le trespas de Byssipat.

3/ Plainte sur le trespas du saige et vertueux Chevallier, feu de bonne mémoire messire

Guillaume de Byssipat... : renouveau personnel et chrétien de la déploration funèbre

Écrit en 1512 à l’occasion du décès de Guillaume de Byssipat, tué au siège de Bologne, ce

poème136 met encore en balance la tradition de la déploration funèbre, ses références antiques et

sa consolation parfois vide de sens reposant sur l’attribution du titre de gloire au défunt, avec une

nouvelle pratique, qui met davantage en valeur la singularité du défunt et surtout l’éthos du poète –

ami et homme d’église – qui formule la déploration. De même que pour la Déploration sur le trespas

de feu Okergan, cette confrontation de deux pratiques passe par une compositio en deux temps. Tout

135 Cette idée apparaissait déjà, avec plus de force, dans la Complainte sur la mort d’Ysabeau de Bourbon de Pierre Michault. Le poète y met en scène le débat de Vertu et de Mort : la première condamne la seconde pour avoir ôté au monde un exemple de vertu, tandis que la seconde se défend d’avoir attaqué Vertu par sa représentante sur terre, et affirme effectuer indifféremment son devoir sur tous les humains. C’est finalement le rappel des propos de la défunte elle-même qui permet d’accorder les deux points de vue : Ysabeau de Bourbon est morte en demandant pardon pour ses péchés, ce qui montre bien que la vertu absolue et exemplaire n’est présente que dans l’au-delà, mais son angoisse de la mort, et en particulier le regret d’abandonner les siens, montre aussi que l’exercice de la vertu a un réel sens terrestre, que vient rompre la mort. Dans son Invective contre la mort, Cretin est héritier de ce balancement entre une logique purement spirituelle et une logique humaine, qu’il parviendra – en partie – à fusionner dans la Plainte sur le trespas de Byssipat. Marot, on le verra, reposera cette question à nouveaux frais dans la Déploration de Florimond Robertet, en radicalisant l’opposition de la mort du défunt et celle ressentie par les proches. 136Œuvres poétiques, op. cit.,p. 73-93.

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d’abord, alors que le poète songe librement aux malheurs de la guerre (v. 1-32), il apprend la mort de Byssipat (v. 33-64) : la grandeur de la perte subie est proportionnelle à l’éloge que fait le poète (v. 65-117) et conditionne une véhémente invective contre la mort (v. 118-152). La suite se présente comme une déploration funèbre tout aussi conventionnelle : le poète accablé de douleur s’endort (v. 153-174), se retrouve en songe au Parnasse où il écoute les arguments des dieux pour accueillir le chevalier mort (v. 175-480). Celui-ci est finalement canonisé, et le poète se réveille (v. 481-500). Or après ce réveil, le deuil et la déploration funèbre semblent recommencer : le poète pleure la perte d’un grand homme et refait l’éloge du chevalier mort au combat (v. 501-540), il fait appel aux autres poètes pour écrire la plainte (v. 541-550) et enfin il s’efforce de consoler les proches de Byssipat, en particulier sa femme et ses enfants (v. 551-610). Ainsi deux déplorations semblent se faire concurrence au sein de cette composition : celle, typique de la Grande Rhétorique et celle de Guillaume Cretin, poète, homme d’église et surtout ami de Byssipat. En examinant de plus près le traitement des parties de chacune des déplorations, nous nous intéresserons à la façon dont les arguments de la consolation sont repensés dans la déploration de l’ami.

Les limites du temple d’honneur

Ce caractère personnel de la déploration est mis en valeur dès le début de la Plainte sur le

trespas de Byssipat, où Cretin rappelle l’amitié qui l’unit au défunt. Ainsi, après 32 vers sur les affres

de la guerre et faisant référence à Mars, Vulcain et d’autre divinités antiques137, le poète s’exprime

à la première personne pour justifier ce long développement jusqu’alors sans but :

Je dy cecy

Pour le courroux, desplaisir et soucy Que ay a present d’ung mien amy transy En ce conflict, dont me fault estre ainsy Plein d’amertume [...]. (v. 33-37)

L’hétérométrie de ce passage ainsi que les enjambements (même strophiques) rendent comptent du désordre causé par la mort. Cretin ne nomme pas tout de suite le défunt (son titre, le « Viconte de Falayse » n’apparaît qu’au vers 64) : c’est une pratique récurrente de ses déplorations. Mais elle ne sert pas seulement à mettre en valeur la douleur du poète (telle qu’elle ne peut exprimer le nom de sa cause) ni les qualités du mort (grâce auxquelles il devrait être naturel de

137 Ces vers évoquent naturellement la longue période digressive de Lemaire à l’orée de La Couronne Margaritique : ici non plus il ne faut pas négliger l’aspect ornemental de cette amplificatio.

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deviner de qui il s’agit138). Elle a surtout pour vocation de souligner l’amitié qui rapproche les

deux hommes et justifie la déploration. Ce lien est d’ailleurs constamment rappelé dans le texte (v. 116, 174, 545). Le poète ne prend pas la plume pour chanter plus ou moins officiellement la mort d’un personnage éminent, héros guerrier ou homme de lettres : si ces qualités sont bien attestées chez Byssipat (v. 65-117), c’est l’amitié de Cretin qui justifie en premier lieu la déploration.

Mais ensuite, de façon parfaitement traditionnelle, le poète, après s’être lamenté, s’endort. Ses rêves le portent au Parnasse, où l’assemblée des « Dieux, demydieux, / Nymphes, tritons » (v. 213-214) se trouve autour du défunt. Les Muses viennent alors tour à tour pleurer le défunt,

comme dans la Déploration sur le trespas de feu Okergan. Plus exactement, sur la requête de Jupiter139,

elles argumentent en faveur de la canonisation de Byssipat au Parnasse, et l’obtiennent aisément :

Sy fut conclud sans nulle resistence, Qu’il meritoit estre canonizé. (v. 481-482)

Cette déification du héros n’est pas sans rappeler le Temple d’Honneur et de Vertus de Lemaire, lieu

commun lui-même repris au Throsne d’Honneur de Molinet. Les arguments des Muses sont assez

généraux : dans la forme resserrée et volontiers virtuose du rondeau, elles louent la « science » de Byssipat (v. 245) ou « ses granz vertus » (v. 269). Avec Melpomène, la forme de leurs plaidoyers prend le pas sur le contenu, puisque la Muse du chant et de l’harmonie revendique précisément la douceur de ses plaintes et de ses louanges pour justifier la canonisation de Byssipat :

De toutes gens doulx son repaist l’ouye, Et de plaisir la rend fort esjouye, Tant sont prisez les chantz melodieux ; Parquoy convient que m’entremesle aux dieux Faire priere en doulceur d’armonye.

Souverain roy, de bonté infinie, Je vous diray le gref mal qui m’ennuye, Se mon parler n’est tenu odieux De toutes gentz.

J’ay cueur navré et la veue esblouye, Veoir portraicture ainsy esvanouye Du corps gisant, organisé le mieulx

Que peut homme estre ; ouvrez luy les sainctz lieux, Sy en sera digne louange ouye

De toutes gentz. (v. 314-328)

138 Ce procédé – le retard de la nomination du défunt – est récurrent chez Cretin et recouvre, dans la

Déploration sur le trespas de feu Okergan, la Plainte sur le trespas de feu maistre Jehan Braconnier, dit Lourdault ou

L’apparition du Mareschal sans reproche, les valeurs sus mentionnées.

139 « Sy fut mandé, / Et par le Roy enjoinct et commandé, / Que se le corps estoit recommandé / D’aucuns des dieux, par eulx fust demandé / L’heur de sa queste. » (v. 221-225).

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La rime équivoque « melodieux/mesle aux dieux » met en évidence la teneur de l’argumentation