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Quelles formes du territoire ? Manières d'imaginer la métropole ouverte 1a Les typologies de projets étudiants

II. Les regards (à travers les projets des étudiants) 1) Quelles démarches de projet ?

2) Quelles formes du territoire ? Manières d'imaginer la métropole ouverte 1a Les typologies de projets étudiants

La vertu des projets étudiants tient en effet, du point de vue de la recherche, essentiellement dans leur caractère exploratoire. Libérés d'un certain nombre de contraintes programmatiques et institutionnelles, les projets des étudiants se sont engagés d'emblée, et à la demande explicite des enseignants, dans le champ de l'utopie, soit que celle-ci soit associée soit à une liberté absolue, soit à une exigence accrue de radicalité dans le propos. Ce faisant, les projets des étudiants, s'ils quittent vite le champ du faisable, explorent celui du pensable.

Un tel exercice exploratoire, d'ailleurs, n'a rien d'étranger à la planification urbaine. Au contraire, il est fréquent que les documents d'urbanisme, notamment les schémas directeurs, raisonnent en termes de modèles d'une part, de scénarios d'autre part, avant de fixer leur propre projet spatial.

Extraits livre blanc du SDAU de 1971 : l'exploration utopique des "possibles" d'une métropole en formation (ici trois scénarios parmi les 7 imaginés alors) est un passage obligé du travail de planification...

La différence entre de telles projections et les projets des étudiants tient au fait que les premières sont très limitées dans leur développement. Ne valant qu'à titre d'hypothèse générale, elles ne sont pas développées plus avant, alors que les étudiants ont dessiné les conséquences spatiales de leurs projets suffisamment loin pour aboutir à des propositions formelles capables de prendre en charge des aspects multiples de l'espace urbain : non plus seulement les grands tracés et les densités, mais aussi les formes architecturales, la nature des programmes, l'implantation des espaces publics, des espaces libres, etc.

La question du paysage a été rarement abordée par les étudiants dans leurs projets. Pour beaucoup d'entre eux, celle-ci semble se réduire à celle de la place des "vides" dans la ville, mais la nature de ces "vides" est rarement référée aux structures territoriales, et encore moins souvent à des figures de représentation de l'espace. Le paysage est donc ignoré tant dans sa dimension géographique et physique que dans sa dimension culturelle.

Mais dans un autre sens,on pourrait dire que la question du paysage est ici omniprésente, en cela que la plupart des projets proposés sont structurés moins par des programmes et les grands tracés qui en résultent, que par des logiques de déplacement et d'évidement. Déterminer où les principales circulations, notamment piétonnes et cyclistes, se feront est manifestement l'une des questions centrales par lesquels les étudiants ont tenté de faire la ville, de donner un sens commun et lisible aux espaces de l'eurométropole, comme si l'espace public était de nature à concentrer pleinement l'image de la ville.

Ce sont ces grandes logiques d'espace public qui ont retenu toute notre attention. L'analyse que nous en proposerons maintenant tente de les distinguer à travers une typologie générale, et de suggérer en quoi les hypothèses urbaines qu'elles renferment affrontent,

éventuellement pour le dépasser, le paradoxe du paysage et du territoire tel que nous l'avons mis en évidence dans la première partie du présent texte.

Les types que nous présentons font fi des considérables différences d'échelle et de programme des énoncés pédagogiques proposés aux étudiants par les différents enseignants investis dans notre recherche. Nous ne négligeons pas pour autant l'impact de ces différences sur la nature des projets, et nous renvoyons ici à l'analyse précise que Bénédicte Grosjean a pu en faire141

, et qui montre à quel point l'image même du territoire - et donc potentiellement du paysage eurométropolitain- est en jeu dans ces contextes scalaires et programmatiques. Mais le fait est que certains types de proposition se retrouve dans l'ensemble des ateliers. Si elles ne produisent pas de projets formellement comparables, et même induisent parfois des solutions antagonistes sur le terrain, certaines propositions, malgré tout, dénotent des stratégies communes,qui alimentent notre typologie.

Équiper

Les groupes d'étudiants impliqués dans la stratégie de l'équipement sont le groupe n° 2 de l'Institut Supérieur d'Architecture de Saint-Luc, à Tournai, ainsi que deux projets développés dans l'atelier Louguet, à l'ENSAP de Lille (Svetlin Peev et Constance Pradezinsky).

Ces projets ont en commun d'articuler la question de la construction d'une identité eurométropolitaine avec celle de la construction d'un ou de plusieurs équipements qui, en raison de leur ampleur métropolitaine, affirmeraient le nouveau statut du territoire. Logique du monument, que la métropole lilloise a parfaitement intégrée lorsqu'elle fit d'Euralille le monument urbain qui célébrerait la nouvelle grandeur de la ville, et la hisserait au rang des grandes métropoles. Logique que la COPIT a aussi actualisée lorsqu'elle a fait de la création d'un site de développement et d'accueil sur le poste-frontière de Rekkem l'un de ses projets inauguraux.

Il existe bien sûr d'un projet à l'autre des variations typologiques.

Ainsi, le groupe 2 de l'ISA Saint-Luc, après avoir comparé le niveau d'équipement de Lille avec celui d'autres grandes métropoles dans le monde, détermine les programmes prioritaires (un aéroport et un immense parc éolien notamment). La localisation et l'esquisse de ces équipements répondent à des critères exclusivement fonctionnels et de commodité : ils ne sont pas compris comme des outils de construction du paysage.

Le projet de Constance Pradezinsky aborde la question de l'équipement sous un angle différent. Il s'agit de prendre acte de l'existence d'un certain nombre d'espaces "vides" sur le territoire de la frontière (terrain obligatoire du projet selon la demande de l'atelier Louguet). Ces vides ont été lus comme un effet de la présence de la frontière, et définissent en conséquence une sorte de no man's land, de territoire d'exception, sur lequel il deviendrait possible d'implanter les espaces associés à cette eurométropole encore purement virtuelle que les collectivités tentent de constituer. Le délaissé serait le site approprié de ce qui n'a pas encore véritablement lieu. De même, le programme proposé pour investir ces vides est un "centre social européen", destiné à accueillir tous les réfugiés du monde, c'est-à-dire ceux qui ont perdu leur lieu d'origine. Si la logique de l'équipement domine ici, elle s'inscrit toutefois dans une considération des formes spatiales, même si c'est pour ne les décrire que comme des espaces sans lieu.

141 Voir supra.

Le projet de Svetlin Peev aborde la question de l'équipement différemment. Pour lui, le territoire eurométropolitain se vaut d'un point à l'autre. Il ne présente pas de lieu sacré, comme dans le projet précédent. Mais pour autant, Peev refuse la neutralité fonctionnelle du projet du groupe tournaisien. Renonçant à cerner un lieu d'exception, affirmant l'égalité de toutes les parties du territoire, Peev sélectionne le lieu de son projet - deux îlots urbains à Tourcoing- en raison justement de leur capacité à rassembler dans leurs tissus le plus grand nombre possible de typologies architecturales et urbaines propres au paysage urbain métropolitain : une usine textile, une friche, des rangs de maisons de ville, des pavillons dispersés, etc. De la sorte, ces deux îlots deviendrait une sorte de microcosme eurométropolitain, sur lequel des équipements - d'ailleurs sans grande superbe- peuvent être implantés. La logique de l'équipement finit ici

par célébrer l'ordinaire de la ville...

Encercler

Ce deuxième type de réponse se rencontre dans les projets des groupes 3 et 4 de l'ISA Saint- Luc, dans le projet de l'Institut d'Aménagement et d'Urbanisme de Lille 1, ainsi que dans un projet de l'atelier Louguet à l'ENSAP de Lille.

Ici, il s'agit d'affirmer l'existence du territoire eurométropolitain en le cernant au moyen d'un objet linéaire à profil relativement continu. On reconnaît immédiatement le principe de l'enceinte, qui est à l'origine de bien des fondations urbaines.

Le projet développé par Adeline Hilaire, Gaëtan Friscourt, Céline Dussossoy et Gaëtan Lecart pour l'IAU de Lille 1 part du constat que le mode de gouvernance de l'eurométropole, tel qu'il vient d'être instauré en mars 2008, reste d'une lisibilité très faible. L'eurométropole reste, pour ceux qui y habitent, une abstraction. Il importe donc de réconcilier l'échelle citoyenne de l'habitant, et l'échelle institutionnelle du politique. Pour cela, les étudiants s'emparent d'un élément de programme susceptible d'impacter discrètement, mais de façon tangible, dans le quotidien des eurométropolitains : les déplacements cyclistes d'un bout à l'autre de l'eurométropole. Constatant que des itinéraires cyclistes sont possibles dans la quasi totalité du territoire, sauf à travers la Pévèle (partie sud-est du territoire, entre Villeneuve d'Ascq et Tournai), ils proposent de réaliser un itinéraire qui, en complétant le maillage, aurait aussi pour effet de rendre possible la matérialisation d'un anneau continu de voies cyclistes tout autour de l'Eurométropole. Par là, ils affirment : "Il s'agit pour nous de créer cette cohérence territoriale qui fait tant défaut à cette eurométropole politique". Le paysage, ici , et clairement convoqué. Après quelques références assez vagues à l'étude de Philippe Thomas, les étudiants adoptent cette définition : "le paysage est l'image du patrimoine naturel que chaque individu acquiert et s'approprie". Fortement lié à la patrimonialité, le paysage serait donc doté d'un fort "potentiel fédérateur", et la continuité des déplacements serait le support de son exploitation. Le groupe 3 de l'ISA de Tournai propose, quant à lui, la création d'une "couronne métropolitaine transfrontalière". Le support de cette couronne est "l'eau". Partant du constat que les cours d'eau, existant ou disparus, ont joué un rôle majeur dans la fixation des imites communales, les étudiants proposent de reconduire cette fonction pour dessiner dans l'espace les limites de l'eurométropole. Le tracé emprunte le cours successifs des canaux, des rivières, et parfois aussi de simples fossés. Il est donc fait abstraction de l'hétérogénéité spatiale des cours d'eau, un canal de 40m ayant ici le même statut qu'un fossé de 2m. L'unité est affirmée par la carte, presque toujours établie à grand échelle afin de faciliter l'abstraction, mais aussi par le programme : cette couronne d'eau est en effet conçue comme le support d'une promenade continue autour de la métropole.

Le groupe 4 de l'ISA de Tournai reprend cette idée, mais en l'appliquant aux voies ferrées. L'existence de nombreux délaissés ferroviaires permettrait de composer une "nouvelle enceinte". Ici, la question spatiale se pose moins que précédemment, puisque les dimensions

relativement homogènes des différentes voies ferrées assure un minimum de cohérence architecturale.

Un projet de l'atelier Louguet propose également un anneau de circulation, sous la forme cette fois d'une infrastructure à créer entièrement, et regroupant sur le même profil voies piétonnes, cyclistes et tramway. Ce "boulevard circulaire" encerclerait cependant une partie plus réduite du territoire eurométropolitain, réduit aux seules villes où se joue de façon évidente le contact urbain entre les deux versants nationaux, c'est-à-dire entre Tourcoing, Roubaix, Wattrelos et Mouscron en Belgique. On doit se souvenir ici que l'atelier Louguet proposait ce territoire comme terrain de projet.

Ce dernier cas de figure met bien en évidence une particularité de l'ensemble des

projets d'enceintes : c'est qu'ils ne cernent rien d'homogène. Le tracé ne sépare pas

nettement un dedans d'un dehors. Les canaux de la "nouvelle couronne", tout comme les voies ferrées de la "nouvelle enceinte", les pistes cyclables ou le boulevard circulaire, se faufilent à l'intérieur de tissus urbains et péri-urbains qu'ils renoncent à contenir, alors que les enceintes de fondation urbaine ont pour fonction une telle délimitation. L'enceinte devient donc ici une figure autonome, que seule la sélection cartographique peut rendre lisible.

On reconnaîtra comme appartenant à cette logique le projet du maillage bleu de la métropole, sur lequel se concentre aujourd'hui la politique de paysage de l'eurométropole.

Sanctuariser

Ce troisième type de propositions consiste à traiter l'espace de la frontière elle-même comme un espace sanctuarisé, un espace d'exception, à préserver de la submersion urbaine prévisible dans le cadre de l'unification des deux versants de l'eurométropole. Elle concerne le groupe 1 de l'ISA de Tournai, ainsi que cinq des projets de l'atelier Louguet, un projet de l'atelier Doutriaux (Nicolas Bunneghem) et le projet du groupe 2 de l'atelier Michel (François, Anne- Sophie et?)

La réflexion du groupe 1 de Tournai s'inscrit en fait aussi bien dans la logique de l'équipement de la métropole. Au terme d'une analyse cartographique des densités à l'échelle de l'eurométropole, les étudiants estiment que ces densités, bâties et surtout végétales sont excessivement disséminées, produisant un espace affaibli par le "mitage". Ils pensent donc qu'il serait bon de planter une grande forêt, qui améliorerait l'image de la métropole (logique de l'équipement) et deviendrait un espace de promenade à l'échelle de la métropole. Cette forêt, ils envisagent pour elle plusieurs localisations possibles, le plus souvent entre Tournai et le versant lillois, afin de donner à Tournai une fonction spécifique liée aux loisirs et à la nature au sein de la métropole, et d'atténuer ainsi son statut spatialement marginal. Mais certaines hypothèses proposent aussi de planter l'ensemble des espaces où passe la frontière nationale, solution qui aurait l'avantage d'une plus forte centralité à l'échelle métropolitaine. Les 5 projets de l'atelier Louguet parviennent à cette même proposition. Le choix pour une forêt, ou pour un grand parc transfrontalier, du site de la frontière, résulte ici autant du terrain de projet qui était imposé, que du statut singulier que donne à ces espaces leur caractère de confins, comme si le vide avait ici une sorte de légitimité historique particulière.

Pour l'un des projets, cette forêt doit être plantée progressivement, au gré de la libération des fonciers occupés par les nombreuses friches industrielles du site frontalier. La forêt et ici un outil de gestion du paysage en formation, destiné à garantir l'intégrité des vides dégagés. Cette forêt peut, de plus, se glisser dans la profondeur des tissus urbains, par le biais des friches et dents creuses qui constituent l'une des caractéristiques du paysage urbain métropolitain.

Un autre projet préfère un parc à une forêt, et installe dans ce parc une série de grands équipements d'envergure métropolitaine. Que deviendrait ce parc (au parcellaire en fait assez contraint) une fois ces équipements et leurs infrastructures installés, cela ne nous est pas dit... Un troisième projet, identique dans son principe, règle ce dernier problème en concentrant les équipements sur une bande unique, coupant le parc en deux partis et formant jonction entre les tissu urbains des deux rives nationales.

Les deux derniers projets, celui de Morgane Capet et celui de Caroline Chweudura, proposent une vision un peu différente du parc frontalier. Ici, il n'est pas question d'y implanter quelque équipement que ce soit, et les programmes construits, au contraire, sont rejetés en périphérie. Pour l'une, il s'agit d'un ambitieux programme de... 500 000 logements, couvrant en quelques années l'ensemble des besoins de logement en France, et doublant la population métropolitaine, tout en la logeant à l'intérieur de quartiers hyperdenses en bordure du grand parc.

Pour Morgane Capet, ce parc est conçu comme un "canyon urbain", lui aussi encadré par des lotissements très denses, dont la lisière verticale et continue doit formé pour le canyon un clos convaincant. Il s'agit d'accroître la valeur du vide par la surdensification des lisières bâties. Nicolas Bunneghem propose une vision un peu différente de la sanctuarisation des vides frontaliers. Pour lui en effet, "plus la métropole s'agrandit, plus les habitants sont en quête d'identité". Or, cette identité, c'est la fête qui la génère. Mais l'accueil des grandes fêtes, on le sait, pose problème en ville. De ce point de vue, les vides non qualifiés de l'espace frontalier constituent des espaces d'accueil idéaux, qu'il convient donc de préserver en tant que tel, voire même de multiplier selon un prncipe voulant que tout habitant doit se trouver à 10 minutes à pied d'un tel espace. Le propos cependant n'est pas purement fonctionnel : il s'agit bien de constituer à travers les vides frontaliers un espace singulier et possèdant une forme de cohérence propre et étrangère à la ville, puisque tous ces vides doivent être reliés par une "rambla", laquelle pourrait devenir, à terme, le cadre d'une urbanisation modique de ces espaces.

Les propositions du groupe 2 de l'atelier Michel sont très proches de la précédente.

Dans tous les cas donc, il s'agit de souligner dans l'espace le statut exceptionnel des vides laissés par la frontière, soit en les plantant et en leur donnant une consistance propre et distincte de celle de la ville, soit en les vidant de toute substance et en les adossant à des quartiers hyperdensifiés. C'est pourquoi on peut parler ici d'une logique de sanctuarisation, qui n'est pas sans évoquer les bois sacrés et les campo sancto des villes antiques. A ceci près que le bois sacré, par nature, se trouve en dehors des murs de la ville. Etymologiquement, est saint "ce qui est mis à part", alors qu'ici, le sanctuaire est installé en plein coeur, en plein

centre géographique de l'agglomération. Les instances eurométropolitaines ne s'y sont pas

trompées : car si le projet du maillage bleu s'inscrit dans cette logique de sanctuarisation, notamment de la frontière, la portion qu'elles ont choisi de traiter prioritairement n'est pas celle envisagée par les étudiants, mais celle, plus éloignée du centre névralgique de la métropole, de la vallée de la Lys...

Composer

Il existe une posture diamétralement opposée à celle de la sanctuarisation de la frontière, et qui consiste à en gommer les vides, à en investir les surfaces pour opérer une fusion, ou du moins un maillage cohérent et si possible régulier, des tissus urbains des deux rives. C'est le cas de trois des projets de l'atelier Louguet, des projets des groupes "Hurlus" (Charles-Eric Plouvier, Dorothée Bienaimé, Jean-Vianey Deleersnyder) et "J'irai dormir chez vous" (Arnaud Manneheut et Aurore Mayeur) de l'atelier Doutriaux, et le groupe 1 de l'atelier Michel (Améie, Alexandre et Germain)

Le premier d'entre eux souhaite toutefois préserver le statut d'exception de l'espace de la frontière, et organise l'implantation de programmes de logement et de bureaux à l'intérieur d'une mégastructure à la Yona Fridman au-dessus du sol.

On peut rapprocher de ce projet celui du groupe 1 de l'atelier Michel, pour qui la composition urbaine est également déconnectée du sol. Les étudiants posent ici d'emblée la valeur des vides, frontaliers ou non, sans en expliciter les raisons. Mais ces vides, pour eux, ne sont pas pour autant des parcs ou des espaces à aménager : ils valent par le simple fait qu'ils permettent le maintien d'un "sol continu", partagé par tous. Les différentes propositions du groupe consistent à déconnecter les programmes du sol, soit en les plaçant en hauteur ou sous terre, soit en en faisant une matière purement abstraite, un "volume capable" extrudé par une série de contraintes étrangères au lieu lui-même, soit encore en veillant, dans la coupe des programmes construits, à garantir une continuité maximum du niveau du sol.

Les deux autres projets de l'atelier Louguet impliqués dans ce type composent la ville de façon plus volontaire, et tous les deux de part et d'autre d'un boulevard axial, installé sur le tracé de la frontière, et distribuant donc depuis l'intérieur des vides frontaliers, et non en prolongement des lisières urbaines nationales, les programmes construits et les maillages secondaires.

Le groupe des Hurlus adopte une position intermédiaire entre volonté de composer et volonté de sanctuariser. Pour lui, il s'agit de "révéler l'incohérence transfrontalière", plutôt que