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D. Consolidation de l'organisation et renforcement du journal (1976 – 1980)

1. Entre tendances opportunistes

Dès 1973 apparaissent des voix au sein du KO mettant en lumière les problèmes internes de l'organisation, notamment au sujet de l'asymétrie qui existe entre les étudiants et les travailleurs salariés. En effet, on estime que les étudiants, ayant davantage de temps libre, peuvent traiter plus en profondeur les sujets politiques, ce qui a pour résultat que le groupe ne progresse pas de manière homogène, et que se forment des déficits d'information ainsi que des tendances élitistes. Posant l'accent sur l'importance du fonctionnement démocratique de l'organisation, on propose de supprimer les différentiels d'informations entre militants – en se penchant davantage sur la question de l'environnement des travailleurs – d'éliminer la séparation entre travail manuel et intellectuel, et de construire une plus grande sociabilité au sein du KO.345 Comme nous l'avons vu, des critiques ont

également été portées à l'égard du manque de coordination dans la préparation et la réalisation d'actions concrètes, notamment de la RA 1. L'opposition viendra aussi de la « Frauengruppe » qui estime que le KO reproduit les structures patriarcales contre lesquelles il se propose pourtant de lutter,

346 dans la mesure où les femmes ont davantage tendance à se taire dans les assemblées, étant

considérées comme membres de second rang, tandis que leur collaboration à la production de la RA se limite à la transcription et à la recherche pour les articles, qui sont eux rédigés par les hommes.347

Une comparaison avec les autres revues alpines permet de constater que dans la rédaction de

Alternative – du moins parmi les noms cités – le rapport homme/femme s'établit entre quatre à un et

huit à un, entre le n° 1 (mars 1973) et le n° 49 (avril 1980), pourcentage similaire pour les dix premiers numéros de Viva. Chez Steibock la part des femmes oscille entre 15% et 40% jusqu'à la fin 1977, lorsque la parité hommes/femmes est atteinte (n° 19). Quant à l'Oberländer Holzwurm, il mentionne exclusivement des hommes dans ses premiers numéros, avant que le n° 8 ne liste onze hommes et trois femmes. Si les femmes ont collaboré à n'en pas douter à la RA, un coup d'œil à la liste des responsables des différentes RA permet de constater que seul le n° 3 fait mention d'une femme – et encore parmi trois hommes. A ce sujet, Atton et Hamilton remarquent que la presse

underground de Londres de la fin des années 60 et du début des années 70 semble refléter les normes

de division du travail en vigueur dans la société à ce moment-là.348

345 Il n'est pas anodin de constater que l'auteur de ce papier attribue le manque de circulation de l'information en interne en

partie à l'absence de locaux fixes. INFO-Intern Nr. 7, 20.11.1973, p. 3 – 4, « Kritisches Oberwallis ? ».

346 Ainsi, pour les élections cantonales de 1973 et les élections communales de 1976, les candidats du KO sont tous

masculins, tandis que pour les élections cantonales de mars 1977, la liste commune SP/KO pour le district de Brigue compte une femme sur quatre koïstes, et la liste KO pour le district de Viège une femme pour quatre hommes.

347 INFO-Intern 1/76, p. 15 – 17, « Die Frau im KO – Die Frau im Allgemeinen ». On voit notamment que les femmes

estiment que l'émancipation féminine, telle qu'elle est perçue par les hommes, dont ceux du KO, se résume à ressembler aux hommes dans la manière de parler, de penser et d'agir. « Je mehr sich die Frau äussert und formuliert, umso emanzipierter gilt sie. Sie " kommt eben drauss " wie ein Mann. »

Les protestations de la « Frauengruppe » donneront lieu à d'âpres discussions lors de l'assemblée plénière du 31 janvier 1976, où certains militants estiment qu'il ne s'agit pas de problèmes spécifiques aux femmes, mais que de nombreux hommes ont également de la peine à s'exprimer lors des assemblées, accentuant le malaise existant vis-à-vis d'une certaine hiérarchisation au sein du KO.349

Malgré ces critiques, le KO vote à l'unanimité, comme nous l'avons vu, la consolidation de l'organisation, afin de viser une plus grande efficacité, notamment par la centralisation, par un renforcement des prérogatives du comité350 et surtout la création d'un poste de secrétaire rémunéré.

En outre, les statuts révisés sont acceptés lors de l'assemblée générale extraordinaire du 26 juin 1976. Ces statuts réglementent la distribution des tracts et des journaux, pour laquelle tous les membres sont responsables, et fixent à 80 le nombre de RA que doit vendre chaque membre en l'espace de trois numéros, le comité, dont le nombre de membre passe de cinq à neuf, étant chargé de la vérification. Pour sa part, le secrétariat, « einem/einer halbamtlichen Sekretär übergeben », doit, entres autres tâches administratives et de centralisation, organiser en collaboration avec le responsable des publications la production de l'INFO, des tracts et de la RA. Au sujet de cette dernière, le règlement reprend ce qui avait été défini auparavant (voir D.1), en ajoutant qu'après le bouclage de la rédaction, tous les textes doivent se trouver au secrétariat.351 L'assemblée qui sanctionne ces nouveaux statuts se prononce également sur la constitution du poste de secrétaire à 50% rémunéré à hauteur de Fr. 500.-- par mois, occupé par Renée Gruber et dont l'entrée en fonction est fixée au 1er septembre 1976.352 En

parallèle à ces discussions, le comité se lance à la recherche d'un appartement pour les besoins administratifs du KO, dont le contrat de location sera signé en septembre 1976.353

Ainsi, dans le courant de l'année 1976, le KO procède à une réglementation plus stricte de son fonctionnement et à un recentrage de ses activités, en se dotant de statuts plus précis, ainsi que d'un secrétariat et de locaux, dont la fonction est de rationaliser à la fois le KO et la production de la RA. Avec des locaux dédiés entre autres à la confection de la revue, la situation se modifie par rapport aux premiers numéros façonnés dans des appartements, de sorte que « la mise en place du centre constitue une étape fondamentale dans la pérennisation de leur activité. L'espace physique contribue, en effet, à produire sa propre dynamique. »354 De plus, le KO investit également dans l'achat de machines, en

349 Certaines mesures seront décidées pour une intégration plus forte des femmes, sans qu'elles ne soient appliquées

concrètement par la suite. La « Frauengruppe » disparaîtra d'ailleurs peu après des archives. INFO-Intern 2/76, p. 4 – 7, « Protokoll der Vollversammlung vom 31.1.1976 ».

350 Le comité, élargi à 9 membres, est chargé de préparer les assemblées, afin d'éviter le désordre récurrent, de réviser les

statuts du KO et de se mettre à la recherche d'un appartement à louer pour les réunions du KO et la production de la RA. INFO-Intern 4/76, p. 2 – 4, « Protokoll der Vollversammlung vom 16.04.76 ».

351 Archives ES, « Statuten des Kritischen Oberwallis », 26.06.1976.

352 Si personne ne s'oppose à la création d'un secrétariat permanent, certains estiment qu'il est trop tôt. Parmi les arguments en

faveur de la constitution de ce secrétariat, il est significatif que soient nommées la centralisation nécessaire au fonctionnement plus efficace du KO, ainsi que la nécessité de se doter d'un local pour la mise en page de la RA et la création des tracts. INFO-Intern 6/76, p. 2 – 5, «Protokoll der ausserordentlichen GV am 26..06 1976».

353 INFO-Intern 7/76, p. 9 – 10, « Protokoll der Vorstandssitzung vom 3.9.76 ».

acquérant une machine à écrire de type IBM Executive (offerte par l'un des membres), un duplicateur de document Gestetner355 et une machine à affranchir,356 pour une valeur totale de Fr. 6500.--. Si les

protocoles ne mentionnent pas les débats au sujet de ces acquisitions, elles répondent aux prérequis fixés par un membre dans ses remarques concernant le secrétariat et la question des locaux, lesquels sont jugés indispensables notamment pour la mise en page.357 On voit ici comment les représentations subjectives à propos de la nécessité d'opérer une consolidation de l'organisation, par l'établissement d'une instance centrale qu'est le secrétariat, exercent des effets sur les structures du KO, notamment en raison des coûts engendrés par ces évolutions, ainsi que sur les conditions de production du journal, dans la mesure où le besoin de rationalisation va permettre une production plus rapide de la

RA. D'autre part, le photocopieur est précisément un instrument technique qui a permis la

démocratisation de l'impression et ainsi l'émergence de toute une série de petites publications dans les années 1970. Comme l'explique Atton, le photocopieur a ouvert la voie pour une impression rapide et bon marché; « it was fast, clean et mostly reliable ». Il remarque également que l'utilisation grandissante par les producteurs de médias alternatifs des technologies de reproduction modernes a entraîné une certaine indépendance technique.358

La nouvelle mouture de l'INFO à partir de 1976 illustre à sa manière cette nouvelle ère du KO; alors que pour 1972 – 1975, cette brochure interne a des allures de feuillets improvisés dont les titres sont écrits à la main et où les informations se bousculent dans un certain désordre, à partir de 1976, la première page est systématiquement imprimée sur une feuille orange, de même qu'est ajouté un en- tête et une table des matières clairement identifiée, preuve d'une standardisation de la documentation interne. D'autre part, si 24 INFO sont publiés entre 1972 et 1975, ce nombre s'élève à dix rien que pour l'année 1976. L'un des militants exprime d'ailleurs explicitement que l'un des objectifs majeurs de cette standardisation est précisément la suppression des différentiels d'information entre les différents groupes, tout comme il appelle les koïstes à faire part de leurs critiques par écrit dans

de Mexico (1999 – 2006), in Ferron; Harvey; Trédan (dir.), Des amateurs dans les médias: Légitimités, autonomie,

attachements, Paris, Presses des Mines – Transvalor,, 2015, p. 74.

355 Les protocoles ne contiennent malheureusement pas d'informations sur cette acquisition. On sait simplement, par la séance

du 3 septembre 1976, que le comité décide d'accorder la possibilité aux socialistes d'imprimer des documents avec le matériel du KO. INFO-Intern 7/76, p. 9 – 10, « Protokoll der Vorstandssitzung vom 3.9.76 ».

356 Cet achat d'une valeur de Fr. 2500.-- n'étant pas conforme aux statuts, lesquels soumettent les investissements et les

acquisitions d'un montant de plus de Fr. 2000.-- à l'autorisation de l'AG ou de l'assemblée plénière, l'AG du 26 décembre 1976 l'accepte exceptionnellement a posteriori. Cette infraction aux statuts est justifiée par le fait qu'avec 950 abonnés, la rédaction des adresses prend entre 8 et 10 heures. Le fait même que les statuts contiennent la possibilité de dépenses dépassant les Fr. 2000.-- (ce qui n'est pas rien quand on pense que le capital propre du KO au 30 octobre 1976 s'élève à Fr. 1992.75) indique que l'on est prêt dès l'été 1976 à faire les investissements nécessaires entre autres à l'amélioration du produit médiatique. INFO-Intern 1/77, p. 2 – 4, « Protokoll der VV vom 26. Dezember im Continental Brig ».

357 INFO-Intern 3/76, p. 21 – 24, « Einige Anmerkungen und Berechnungen zur Frage eines Sekretärs für das KO ». Dans ce

texte sont également indiquées les tâches imaginables du secrétariat, dont fait partie la responsabilité d'une parution régulière de la RA, que l'auteur de ces remarques conçoit comme ceci: « Material besorgen, Termine abmachen, Texte organisieren sowie deren Besprechung, lay-out organisieren, wenn möglich gut Maschinenschreiben können, Versand an Abonnenten und deren Betreuung, Belieferung der Kioske und Organisation des Verkaufs. »

l'INFO au lieu de « nur hintenrum alles besser [zu] wissen. »359

2. ...et résistances

Toutefois, ces différentes mesures ne font pas taire les critiques, puisqu'un membre revient dans l'organe interne sur la question de la présence de hiérarchies au sein du KO, indiquant qu'avec l'élargissement du comité, le danger d'un fonctionnement de haut en bas est encore accentué par la division entre « Ober- und Untergenossen ». D'autre part, il critique également le pragmatisme et l'opportunisme du KO, qui se préoccupe surtout de questions en relation avec la répartition économique des richesses, tout en laissant volontairement de côté certains sujets qui fâchent.360

Au moment de la discussion des nouveaux statuts (1976), deux militants – Frank et Myriam Garbely – font part de leurs critiques. Ils regrettent dans un courrier que soient prévues des modalités de dissolution de l'organisation, alors que cette ébauche de statuts ne mentionne pas de manière précise l'orientation politique du groupe. Ils demandent à ce que soit ajoutée la phrase suivante dans le point sur les buts de l'organisation: « das KO arbeitet nach den Grundsätzen des wissenschaftlichen Marxismus an der Entwicklung einer Politik für die Randregionen unter besonderer Berücksichtigung des Oberwallis ».En ajoutant la référence au marxisme scientifique, l'idée est de se différencier des autres partis – qui prétendent également s'engager pour les régions périphériques – par une politique réellement socialiste. D'autre part, ils regrettent « diese Akribie von Gründlichkeit in reglementieren und vorschreiben », dans la mesure où ils ne comprennent pas pourquoi on se donne toute cette peine à prévoir des modalités de dissolution, et exigent que la VV apportent des explications.361 Après la

lecture de cette lettre lors de la VV du 26 juin – où la fixation des modalités de dissolution est justifiée par le fait que ce sont précisément les groupes de gauche qui sont particulièrement vulnérables aux divisions362 – Edgar Salzmann écrit aux Garbely pour s'expliquer, ayant été à

l'origine, avec le soutien du comité, des paragraphes concernant la dissolution. Il donne deux raisons: d'une part, sans référence à la dissolution les statuts étaient incomplets, et d'autre part, il s'agit d'anticiper l'éventualité où une partie des militants voudrait quitter l'organisation et faire valoir ses prétentions, puisque « wir nämlich in der Zwischenzeit bereits ein kleines Vermögen angeschafft [haben], das sich immer vergrössern wird. Deshalb diese Vorsorge. »363 Dans leur réponse, les Garbely se déclarent satisfaits et précisent que leurs remarques n'étaient pas provoquées par une défiance envers tel ou tel membre (précision qui semble receler des tensions), mais en raison de

359 INFO-Intern Nr. 24, 1975, p. 6 – 7, « Die Zukunft des KO INFO ».

360 Ce membre divise les sujets politiques traités par le KO en 3 catégories; les sujets courants (redistribution des richesses,

AVS, administration saine), les sujets négligés (femmes, jeunes, école) et les sujets tabous (Église, précarisation psychique des travailleurs, éducation). INFO-Intern 5/76, p. 16, « Antrag an die GV ».

361 Archives SPO, Classeur « 20.08.76 », Lettre du 22.06.1976, de Frank et Myriam Garbely au KO. 362 INFO-Intern 6/76, p. 2 – 5, « Protokoll der ausserordentlichen GV am 26. Juni 1976 ».

l'expérience des groupements politiques qui montre qu'après l'euphorie des débuts où l'on met sur pied une grande organisation avec tous les organes qui vont avec, il arrive fréquemment qu'un individu mette la main sur l'appareil du parti et l'utilise en vue de ses propres intérêts personnels. Ils estiment également qu'il faut se garder du danger que représente la domination des intellectuels sur l'organisation – dont eux-mêmes – et plaident pour que la direction politique de l'organisation soit confiée aux « travailleurs ».364

Cette petite polémique autour de la question de la dissolution du groupe semble révéler deux conceptions différentes. En effet, s'opposent une tendance voulant monter un parti politique au sens plus traditionnel, qui se dote de statuts fixant les buts, les organes et les modalités de dissolution, et une tendance qui voit des limites à ce type d'organisation et qui ne conçoit pas l'intérêt de régler dans les détails le fonctionnement du groupe, qu'ils voudraient plus horizontal. Cette opposition se perçoit en filigrane lorsque les Garbely affirment ne pas viser quelqu'un en particulier. Ce fait semble être relativement significatif, dans la mesure où Frank Garbely se souvient encore 40 ans plus tard de cet épisode qu'il évoque spontanément lors de l'entretien et qu'il commente ainsi:

« Sur certains points au début, on était un peu con. C'est inimaginable. Je me souviens quand on a discuté des premiers statuts. Comme dans tous les statuts, y a un paragraphe qui prévoit la dissolution. Y avait tout un débat pour dire c'est pas possible, on peut pas, mais qu'est-ce que c'est, on vient de créer un truc et vous parlez de dissolution. [rires] »365

D'autre part, dans la réponse de Salzmann, la référence à la fortune du KO semble également révéler quelque chose. En effet, la modification d'une condition objective – le capital qui tend à « s'accumuler », la fortune passant de Fr. 1992.75 à Fr. 8322.40 entre 1975 et 1976 – modifie la perception que l'on se fait de l'organisation et introduit la nécessité d'une codification majeure, par mesure de précaution. Finalement, ces deux militants annoncent leur démission qu'ils motivent entre autres par la tendance toujours plus forte du KO à se considérer comme un parti d'intellectuels doté de la science infuse, alors même qu'il n'est toujours pas parvenu au bout de cinq ans à définir une orientation et un programme politiques concrets et cohérents, ce qui renforce selon eux la domination de certains membres plus influents sur le reste du KO. Notons que leur appel à se référer au marxisme scientifique n'a pas d'écho dans la mesure où ces termes ne figurent pas dans les statuts officiels.366

Si ces résistances ne donnent pas lieu à de grands débats au sein du KO, il en va tout autrement de la critique de la fin de l'année 1976 provenant d'un groupe prenant le nom de « Shanghai-Flipper ». Si ces militants ne sont pas clairement identifiés dans les archives, un recoupement par les listes de présence permet d'émettre l'hypothèse qu'il s'agit d'une part de personnes établies à Zurich – donc

364 Archives SPO, Classeur « 20.08.76 », Lettre du 10.07.1976, de Frank et Myriam Garbely à Edgar Salzmann. 365 Entretien mené le 15.12.2016 avec Frank Garbely.

366 Ces deux membres ne claquent toutefois pas la porte puisqu'ils assurent rester parmi les sympathisants du KO. Archives

plutôt éloignés des centres de pouvoir du KO – et d'autre part qu'ils semblent être des membres de la « vieille garde »; Elisabeth Joris (née en 1946, a participé à l'assemblée de fondation du KO, ancienne membre du comité), Guido Hischier (né en 1949, responsable de la RA 4/5), Peter Seiler (né en 1945, compagnon de Joris), Lothar Schmid, Salomon Biderbost (1948 – 2005) – auxquels on peut selon Kraft ajouter Stefan Niklaus (né en 1949).367 A noter que toutes ces personnes avaient participé à l'organisation de la discussion sur la culture politique « Briger Herbst » tenue en automne 1972 et à laquelle avait aussi participé Garbely. D'autre part, nous savons que Bodenmann – né en 1952 et membre du comité en charge des publications – n'en fait pas partie puisque c'est lui qui prendra l'initiative de réagir à leurs arguments.

Ces membres remettent en cause les développements récents du KO,368 donc son organisation plus

rigoureuse, et estiment que l'activité du KO s'est progressivement restreinte à l'édition de la RA, de sorte qu'existe la tendance à identifier la force du groupe à la hauteur du tirage et du nombre d'abonnés. Selon eux, deux tendances dominent au sein du KO: d'une part, les attaques contre les autorités établies, ce qui n'est pour eux rien d'autre que de la « Personenpolitik », tandis que d'autre part, le KO s'emploie à la construction de nouvelles autorités, en se posant comme dépositaire aux accents populistes de la vérité. Remarquons qu'il n'est pas étonnant que le KO se laisse griser par les succès rapides de son organe et ainsi par sa capacité à diffuser ses opinions dans la population, et ce alors que le Haut-Valais n'avait pas pour habitude de voir les jeunes prendre la parole et s'exprimer en public,369 illustrant la thèse de Gaxie, selon qui les journaux de parti offrent « des moyens de