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Détérioration de l'environnement externe – entre procès et interdictions professionnelles 1 Hostilité grandissante de la presse locale

D. Consolidation de l'organisation et renforcement du journal (1976 – 1980)

11. Détérioration de l'environnement externe – entre procès et interdictions professionnelles 1 Hostilité grandissante de la presse locale

Néanmoins, si le KO a régulièrement recours aux attaques personnelles, il faut également se souvenir que l'environnement lui est plutôt hostile – et qu'il ne recule pas devant les insultes les plus primaires

608 – en tous cas en ce qui concerne les élites sociales du Haut-Valais, comme nous avons tenté de le

montrer plus haut. Nous avons vu que l'hostilité de la presse quotidienne vis-à-vis du KO et de la RA était grandissante dans le Haut-Valais, notamment avec la décision de Heinrich Heinzmann de ne plus rapporter les interventions de Niklaus au Grand Conseil dans les colonnes du WV. Après l'entrée de Luisier dans la production de ce dernier, le WB décide d'ouvrir une nouvelle rubrique, « WB für alle », afin d'offrir un espace à toutes les tendances politiques (le KO est le seul parti à ne pas être cité) et de se poser comme journal ouvert, pour autant que les contributions ne soient pas anonymes et qu'elles ne se s'opposent pas à la ligne chrétienne du journal.609 Le KO, pour qui le WB reste un instrument essentiel de diffusion de ses idées, tente de négocier pour voir qu'elle est sa marge de manœuvre, mais doit rapidement constater que des arrangements ne sont pas possibles, d'autant plus que des interdits auraient déjà frappé des « völlig christlichen Artikeln » et qu'il doit se soumettre à une autocensure, telle que le KO la pratiquait déjà (voire note 281).610

Les choses se gâtent dans la deuxième partie de l'année 1976, notamment sous l'effet de la campagne pour les élections au CC de décembre et de la « Haie-Serie ». Dans le WV paraissent toute une série de petites brèves non signées cherchant à mettre le KO en lien avec les « dictatures rouges » à l'est, tandis que le WB commence lui aussi à se montrer plus virulent qu'auparavant. Ainsi, dans un article du 30 novembre, Alphons Pfammatter propose une analyse du KO et de sa revue – laquelle « von Leichenmoder und gemeiner Niedertracht stinkt »). S'il s'était réjoui à l'au début qu'un groupe de jeunes se propose d'observer de manière critique l'État afin d'en tirer des conclusions, il note que leur argumentation se limite à promouvoir la destruction du système établi, à insuffler l'insécurité parmi les travailleurs et à nier les bienfaits du passé – bref il les accuse de n'avoir aucun respect pour le pays, ses habitants présents et passés et ses institutions611, de trahir l'image de marque du territoire.A

607 INFO-Intern 2/79, p. 12 – 13, « Protokoll der Vorstandssitzung vom 28.05.79 ».

608 A titre d'exemple: « Die Rote Anneliese (...) als Hure. (...) Mitglieder des Kritischen Oberwallis (...) entlarvt als Gauner

und Halsabschneider. (...) Wegen Unterschlagungen (...) Ins Zuchthaus (...) mit solchen Verbrechern, (...) Die Rote Anneliese (...) ein Käseblatt (...) mit dem man den Arsch putzt », Karetsch (Venetz, Anton), « Unter uns gesagt: " Lieschen, was fällt Dir ein ? " », WB du 18.04.1979, p. 4. Ces segments sont en réalité les titres de paragraphes.

609 Walliser Bote, « Der " WB " ist für alle da », WB du 14.01.1976, p. 3. 610 INFO-Intern 2/76, p. 8 – 9, « Protokoll der VV vom 21.2.76 ».

611 Pfammatter, Alphons, « Zur neuesten Ausgabe der " Roten Anneliese ": Aber..., aber..., ANNELIESE! », WB du

propos de cette question de respect – le chroniqueur romand du WV assure que le KO « ne respecte même pas des droits fondamentaux »612 – voici ce que dit la Glarner Zeitung, laquelle, en quête de

collaborateurs, cherche « Leute die vor nichts und niemandem Respekt haben »613, exprimant la volonté de faire au moins œuvre de déconstruction de certains mythes structurant la société.

Dans sa chronique du 4 décembre 1976 publié dans le NF, Heinzmann relève avec ironie que si le WB se montre aussi dur, alors qu'il avait accordé au KO davantage d'espace qu'à n'importe quel autre groupement politique, c'est en raison du danger que représente ce dernier pour la majorité CVP au CC de Brigue-Glis. Il en conclut qu'à l'exception du Peuple Valaisan, toute la presse valaisanne est unanime sur le rejet des méthodes du KO, qui ne recule devant aucun mensonge et aucune diffamation, et s'il est resté épargné par les procès jusqu'à aujourd'hui, c'est uniquement parce qu'on ne le prenait pas au sérieux et qu'on avait pitié de ces enfants dans l'espoir qu'ils retournent un jour dans le giron du CVP.614

Dans le courant de l'année 1977, l'importance de disposer de son propre organe se fait de plus en plus sentir, le KO constatant que le WB a toujours davantage tendance à se fermer pour l'opposition de gauche, au point que « Für das KO besteht faktisch ein Schreibverbot ».615 La stratégie à l'œuvre

derrière le projet du Roter Bote est à analyser à l'aune de ce fait, dans la mesure où le KO estime qu'avec la fermeture progressive de la presse locale, un journal bien fait est une question de survie politique.616 On constate d'ailleurs qu'en 1977 et 1978, une seule prise de position du KO est publiée

dans le WB, alors que ce nombre s'élevait à 19 en 1972, six en 1973, huit en 1974, neuf en 1975 et six l'année suivante. Ainsi, le nombre d'articles signés par le KO dans le quotidien est inversement proportionnel à l'affirmation de la RA.617 Malgré ces relations difficiles avec la presse conventionnelle, le KO réfléchit à deux occasions au moins d'ouvrir son journal à ses adversaires; la première émerge à l'occasion de l'initiative populaire « Solution du délai pour l'avortement » (septembre 1977). Le CA du WB ayant décidé de n'autoriser qu'une seule contribution en faveur de l'initiative, censurant ainsi deux de ses propres chroniqueurs, on hésite à leur offrir de l'espace au sein de la RA.618 D'autre part, la revue avait négocié avec Hans Wyer619 au moment de la reprise de l'impression du WV par l'imprimerie du NF, ce dernier ayant demandé et obtenu la possibilité de rédiger un article sur cette question, afin de présenter les faits de son point de vue.620 Même si ces « collaborations » ne verront finalement pas le jour, le constat est que la RA ambitionne de jouer un

612 Athanase, « Conseiller d'Etat: l'Homme-objet », WV du 27.09.1978, p. 2. 613 « Editorial », Glarner Zeitung, n° 22, 08.05.1978, p. 1.

614 Victor [Heinzmann, Heinrich], « Erst fünf vor zwölf erwacht », NF du 04.12.1976, p. 31. 615 INFO-Intern 5/77, p. 1, « Editorial. »

616 INFO-Intern 5/77, p. 9 – 10, « Anmerkungen zum Projekt der Rote Briger Bote ».

617 Toutefois, déduire une plus grande censure de la part du WB en se basant sur ces chiffres paraît très aléatoire. 618 INFO-Intern 5/77, p. 17 – 19, « Protokoll der Vorstandssitzung vom 5.8.77 ».

619 A ce moment conseiller national et président du PDC Suisse, d'obédience CSPO, élu au Conseil d'État en 1977. 620 Archives SPO, Classeur « KO Sekretariat 1.10.76 – 1.10.77 », Lettre du 04.10.76, de Myriam au KO.

rôle concret dans le paysage médiatique haut-valaisan, en n'hésitant pas à s'immiscer dans les questions internes des deux quotidiens régionaux.

D'autre part, nous avons vu (voir D.5) que lors de la recherche d'un nouvel imprimeur, le KO s'était adressé à Mengis. Dans son refus, celui-ci invoque des raisons d'incompatibilité, arguant des divergences d'orientation politique des deux journaux.621 D'autre part, s'il estime que le WB doit rester un journal ouvert à toutes les tendances, ce dont a pu profiter le KO par le passé, il précise que le WB n'aura plus nécessairement à publier les prises de position du groupe, dans la mesure où le KO possède son propre organe, limitant ainsi en théorie les capacités de diffusion des idées et des valeurs koïstes.

11.2 Début des procès

Les relations tendues du KO et de la RA avec son environnement se matérialisent également sous forme de procès. En effet, le KO attaque en justice pour diffamation le rédacteur en chef du WV, Heinrich Heinzmann, qui porte à son tour plainte contre la RA. Suite à l'article du 4 décembre 1976, cité ci-dessus (note 613), publié dans le NF sous le pseudonyme de Victor, le KO assigne André Luisier en justice et lui enjoint de dévoiler l'identité de Victor.622 La RA 18 peut ainsi annoncer fièrement, avec reproduction de la lettre envoyée par le juge au KO, qu'elle a fait plier Luisier qui a donné le nom de Heinzmann,623 tandis que la RA 19 ne boude pas son plaisir en claironnant que

Luisier a dû verser Fr. 974.40 au KO à titre d'indemnisation de frais d'avocat, autrement dit: « Der Rechtsextremist André Luisier muss unfreiwillig kräftig mithelfen, die Rote Anneliese zu finanzieren. Da können wir nur tiefgerührt sagen: Merci André et au revoir. », avec ici aussi la reproduction de ce versement.624 Ce procès continue ainsi contre Heinzmann, auquel viendront s'ajouter d'autres plaintes

au cours des mois suivants, le rédacteur en chef du WV accusant à plusieurs reprises le KO de mensonges répétés. Loin de s'en émouvoir, Heinzmann déclare avoir attendu depuis des années l'occasion de se dresser publiquement contre « diese verirrten Oberwalliser », mais ne pas avoir voulu faire le plaisir au KO de les attaquer en justice.625 Pour sa part, il porte plainte suite à un article de la

RA 17, dans lequel il est décrit et représenté comme marionnette (Hampelmann) de Hans Wyer pour

lequel il ferait le sale boulot (Dreckarbeit).626

Ce cas est particulièrement intéressant, dans la mesure où l'avocat de Heinzmann nie à la RA le statut

621 « Der Walliser Bote ist (...) eine christlichdemokratische Tageszeitung des Wallis, ohne Parteiblatt zu sein, und der

Unterzeichnete steht zu dieser Richtung. Ihre Zeitung steht, wie man landläufig sagt, weit links und Ihre Mitarbeiter oder Herausgeber demnach auch. », Archives SPO, Classeur « KO Sekretariat 1.10.76 – 1.10.77 », Lettre du 02.02.1977, de Philipp Mengis (Buchdruck Offset Mengis Visp) au KO.

622 La phrase incriminée: « Diese Leute scheuen vor keiner Verleumdung, vor keiner Verunglimpfung und vor keiner Lüge

zurück. », Victor, « Erst fünf vor zwölf erwacht », NF du 04.12.1976, p. 31.

623 « Luisier liess Hosenlupf-Heinrich fallen! », RA 18, 29.04.1977, p. 3. 624 « Von A bis Z », RA 20, 08.09.1977, p. 9.

625 Heinzmann, Heinrich, « Das KO wird nervös », WV du 10.02.1977, p. 1 + 3. 626 « Die Frage: Hans im Glück – Volk hat Pech », RA 17, février 1977, p. 10.

de journal. En effet, en raison du principe de la responsabilité en cascade – qui implique que ce n'est que lorsque l'auteur (Verfasser) d'un article ne peut être identifié que les rédacteurs (Redaktoren) sont passibles de poursuites judiciaires – la partie plaignante se doit de s'enquérir de l'identité de l'auteur auprès de la publication, ce que n'a pas fait Heinzmann. Dans sa prise de position, l'avocat de Heinzmann tente donc de démontrer que la RA n'est pas un journal au sens de l'article 27 du Code pénal suisse, puisqu'elle ne paraît pas régulièrement et qu'elle n'a pas de rédaction fixe connue, et met en garde le tribunal contre une entrave au droit du plaignant.627 Les trois membres mis en cause

répondent en contrant l'argumentation de la partie adverse, en montrant que la RA est un journal au sens de la loi, puisqu'elle est accessible à tout le monde, qu'elle paraît périodiquement, ce qui est même reconnu par les PTT qui ont accordé la mention AZ donnant droit à des réductions de frais de distribution aux publications qui paraissent au moins quatre fois par année. Ils en concluent donc que la forme du produit de presse n'importe pas et que l'article 27 est clairement adapté au cas présent.628 Les différents procès, au nombre de cinq, entre le KO et Heinzmann seront par la suite liés entre eux et donneront lieu à un seul jugement qui sera prononcé le 6 novembre 1979, soit plus de deux ans après le dépôts des plaintes, et qui condamne Heinzmann sur tous les points pour « wiederholter übler Nachrede », tandis que la plainte de Heinzmann déposée contre Bodenmann (qui était l'auteur de l'article de la RA 17) est rejetée, car hors délai. Les tribulations judiciaires entre le KO et le rédacteur du WV ne sont toutefois pas terminées, puisque le KO porte à nouveau plainte suite au commentaire du jugement, opportunément intitulé « Das KO lügt... », publié par Heinzmann dans le WV du 4 décembre 1979.629 Finalement, la RA 63 (novembre 1983) peut annoncer que Heinzmann a également

été condamné par le Tribunal Cantonal en novembre 1983 pour l'article du 4 décembre 1979, toujours pour « übler Nachrede », même si le KO avait demandé qu'il soit jugé pour diffamation (Verleumdung).630 Ainsi, la lutte que se livrent le rédacteur en chef du WV – qui quitte le journal en

1983 – et le KO s'étend sur plus de huit ans et caractérise toute la période koïste de la RA.

Si le KO connaît un certain succès en se montrant offensif, il doit également faire face à des accusations de diffamation. En effet, suite au tract annonçant la RA 19 où un consortium local est traité de « Konkursblock », l'un des responsables de ce consortium réagit vigoureusement dans le

WV,631 et requiert du KO le nom de l'auteur, afin de pouvoir le traduire en justice.632 Finalement, les

négociations devant le juge de paix semblent avoir été profitables au KO, puisque les plaignants se

627 Archives ES, Classeur « KO DIV. II 78 – Aug. 78 », Lettre du 08.07.1977, de OG « an das Instruktionsgericht II des

Bezirkes Brig. »

628 Archives ES, Classeur « KO DIV. II 78 – Aug. 78 », Lettre du 21.07.1977, de Marcel Gruber, Edgar Salzmann et Peter

Volken « an den Gerichtspräsidenten II Instruktionsgericht Bezirk Brig ».

629 « Peinlich, peinlich, Heinrich », RA 39, 20.12.1979, p. 1 + 4. 630 « pscht Heinrich... », RA 63, 17.11.1983, p. 1.

631 Kraft, Louis, « Die " Rote Anneliese " - ein unsachlicher Berichterstatter », WV du 26.06.1977, p. 5. 632 INFO-Intern 6/77, p. 2 – 4, « Protokoll der Vorstandssitzung vom 16. September 1977 ».

déclarent satisfaits avec le rectificatif paru dans la RA 21/22, la RA présentant ses excuses pour les malentendus qu'a pu occasionner son article.633 Une phrase de la RA 32 donne également lieu à un

conflit avec un président de commune, cas qui montre bien comment le KO et ses adversaires procèdent. Après plusieurs échanges de lettres, le cas est réglé à l'amiable, le KO s'engageant à publier un rectificatif dans la RA 33, tandis que le plaignant se réserve le droit de publier ces excuses dans la presse quotidienne à ses frais.634 Le KO estime, probablement à raison, qu'il s'agit dans la

majorité des cas d'une question de prestige pour les plaignants, ce qu'illustre une autre affaire. Suite à la publication d'informations concernant un groupe d'extrême-droite aux « Cincera-Methoden » (voir

infra) dans le Haut-Valais dans la RA 35, l'un des membres supposés de cette organisation publie une

prise de position dans la presse quotidienne,635 niant être impliqué dans cette histoire et se réservant

des poursuites judiciaires. Il n'en sera rien, puisque la RA 38 peut joyeusement annoncer que le délai pour une plainte est passé sans que rien n'ait été entrepris.636

D'autres cas ont toutefois donné lieu à des condamnations plus sévères, puisqu'il semble que la RA ait dû payer Fr. 5000.-- dans le cadre d'un procès en diffamation pour un article de la RA 30, malgré des excuses publiées dans le n° 39.637 D'autre part, la comptabilité, qui contient un poste « Prozesse » par

décision de l'assemblée du 25 juin 1977, nous indique les dépenses occasionnées par ces procès. Si le KO est bénéficiaire jusqu'à la fin 1980, les choses se gâtent par la suite, les coûts de procès atteignant Fr. 6699.70 en 1981 (soit pratiquement 10% des dépenses totales), Fr. 3606.80 en 1982 et Fr. 3168.20 en 1983.638 Malheureusement, nous ne possédons pas les documents pouvant nous informer sur ces

dépenses; reste qu'elles sont la preuve de la solidité financière du KO puisque celui-ci peut maintenir ses activités malgré ces frais. Dans l'émission DRS-aktuell diffusée en 1988 à l'occasion du 100ème numéro de la RA, Bodenmann affirme que la revue a perdu un seul procès en quinze ans, à tort selon lui, alors qu'elle en a gagné quatre.639

11.3 La problématique des interdictions professionnelles

A côté des tendances toujours plus hostiles de la presse haut-valaisanne et des attaques en justice, les interdictions professionnelles constituent le troisième élément de ce durcissement.640 En effet, malgré

633 « Klarstellung », RA 21/22, 27.10.1977, p. 12.

634 Entre l'article incriminé (30.11.1978) et le règlement de l'affaire s'écoule ainsi moins d'un mois. Archives SPO, Classeur

« Korrespondenz 1.1.80 », Lettre du 18.12.1978, du KO à DL.

635 Jossen, Dionys, « Extremismus », WV du 31.05.1979, p. 2. Même article dans le WB du même jour, p. 6. 636 « Dicke Eier », RA 3, 12.10.1979, p. 2.

637 Archives RA, dossier 5, Lettre du 20.04.1982 de JZ à l'Office des poursuites de Naters.

638 1981: Archives RA, dossier 7, comptabilité 1981; 1982: Archives ES, rote-anneliese-Intern 2/83;; 1983: Archives ES, rote-

anneliese-Intern 1/84.. Les années 1984 et 1985 ne comptent aucune dépense pour ce poste, alors que la comptabilité de 1986 affiche un montant positif de Fr. 1068.30 pour le compte « Prozesse ». Archives ES, rote-anneliese-Intern, « Kassabericht Rote Anneliese per 31.12.1986 ».

639 « Porträt der linken Zeitung " Rote Anneliese " anlässlich Erscheinen der 100. Ausgabe », DRS-aktuell, émission de la

SRF diffusée le 24.02.1988, consultée aux Archives fédérales.

640 Rogenmoser ayant traité ce sujet dans son étude, nous nous contenterons d'en présenter rapidement les implications pour la

un préavis favorable de la directrice de l'établissement et l'absence d'autres candidatures, Stefan Niklaus n'est pas engagé comme psychologue dans le centre médico-social La Castalie à Monthey, sur décision du Conseil d'État. Le KO réagit d'une part par une série d'articles dans la RA641 et d'autre part en lançant une pétition qui comptera plus de 6000 signatures, dont celles de 57 conseillers nationaux. Signe de certains liens entre les revues alternatives alpines, le faux télégramme adressé par Leonid Brejnev à Hans Wyer figuré dans la RA 24 – le félicitant de la répression exercée à l'encontre de dissidents – sera repris mot pour mot quelques mois plus tard par la revue uranaise Alternative en juin 1978, afin de protester contre un cas équivalent.642 Le second cas est celui touchant Peter Seiler

qui n'obtient pas un poste d'enseignant du secondaire au collège de Brigue, au profit d'un candidat membre du CVP, alors même qu'il était plus qualifié, étant diplômé pour l'enseignement.643 Ce cas est

considéré par le KO comme un acharnement à son encontre, « ein offener Akt politischer Unterdrückung. » et constitue la preuve que ceux qui ne sont pas sur la ligne du CVP subissent de graves entraves dans leur carrière professionnelle.644 Cette affaire donnera lieu à une résolution de

Bodenmann au Grand Conseil concernant « l'engagement d'employés et de fonctionnaires et l'adjudication de travaux par le Conseil d'État », résolution repoussée par 71 voix contre 30, 12 abstentions, suite à un vote par appel nominal.645 La RA publie les votes des députés (ainsi que leurs portraits-photo) en laissant entendre qu'en réalité, le vote tournait autour de la question; y a-t-il des embauches politiques en Valais ? – et le KO de conclure que pas moins de 30 députés estiment que les emplois étatiques dépendent de l'appartenance politique du candidat.646

Le cas Niklaus occupe une place importante dans la presse conventionnelle, d'une part dans le WB (au moins 16 entrées entre le 13 janvier et le 11 mars 1978647), qui oscille entre justification de l'action gouvernementale648 et indignation face aux pratiques de la majorité – notamment de la part de Luzius

641 « Berufsverbot gegen Oberwalliser! », RA 24, 12.01.1978, p. 1, 3 + 4; « Fall Niklaus 6'000 Unterschriften gegen sturen

Staatsrat », RA 25, 03.03.1978, p. 1 – 2; « Fall Niklaus im Nationalrat », RA 28, 22.06.1978, p. 2.; « Fall Niklaus: Rote Karte für Staatsrat Guy Genoud », RA 29, 07.09.1978, p. 1 – 2.

642 Le texte est exactement le même, seul le destinataire a changé, il s'agit de Josef Brücker, membre du gouvernement

uranais. RA 24, 12.01.1978, p. 3 et Alternative 31, juin 1978, p. 3.

643 Dans sa thèse de doctorat consacrée à l'école suisse pendant la Guerre froide, Nadine Ritzer estime que la récession

économique des années 1970 a eu pour conséquence que de nombreux enseignants sont retournés de l'économie privée vers le public. De plus, les institutions formatrices avaient formé davantage d'enseignants au cours de cette période, provoquant un surplus d'enseignants. Elle estime ainsi que ce surplus a accru les choix et les possibilités pour les autorités de procéder à des nominations « politiques ». Ritzer, Nadine, Der Kalte Krieg in den Schweizer Schulen – Eine