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Tendance unique avec différentes magnitudes

Principales observations ________________________

3. Q UELS SONT LES PARAMETRES DONT L’EVOLUTION DANS LE BRUIT EST

2.2. Tendance unique avec différentes magnitudes

Figure 54. Représentation des différences interindividuelles d’évolution de la fréquence fondamentale (F0) dans

le bruit pour la 1ère base de données (à gauche) et la 2ème base de données (à droite). La F0 est exprimée en tons par rapport à la fréquence de référence 50Hz. La courbe bleue en pointillés représente la F0 moyenne de chaque locuteur en condition silencieuse. Nous avons ordonné les locuteurs par ordre croissant de F0 en condition silencieuse. Les valeurs de cette courbe peuvent être lues grâce à l’axe de droite de la figure. Chaque diagramme représente pour chacun des locuteurs l’évolution de sa F0 entre la condition de silence et la condition de bruit blanc (en rouge) et entre la condition de silence et la condition de bruit cocktail (en jaune). Les barres d’erreur représentent l’écart type de ces évolutions. Les valeurs de ces évolutions et de ces écarts-type peuvent être lues grâce à l’axe de gauche de la figure.

2.2. Tendance unique avec différentes magnitudes

Mis à part la fréquence fondamentale, tous les autres paramètres montrent une évolution du silence au bruit assez variable selon les locuteurs. Pour la plupart, il s’agit quand même d’une même tendance d’évolution mais d’importance plus ou moins grande selon les individus.

Ainsi, l’intensité vocale, l’énergie spectrale, le premier formant vocalique et l’amplitude des

mouvements articulatoires labiaux varient avec la même tendance pour tous les locuteurs, mais de

façon non significative pour certains, moyennement significative pour d’autres ou encore très significatives pour d’autres.

Figure 55 . Représentation des différences interindividuelles d’évolution de l’intensité vocale dans le bruit pour la

1ère base de données (à gauche) et la 2ème base de données (à droite). La courbe bleue en pointillés représente l’intensité vocale moyenne de chaque locuteur en condition silencieuse. Nous avons ordonné les locuteurs par ordre croissant d’intensité vocale en condition silencieuse. Les valeurs de cette courbe peuvent être lues grâce à l’axe de droite de la figure. Chaque diagramme représente pour chacun des locuteurs l’évolution de son intensité vocale entre la condition de silence et la condition de bruit blanc (en rouge) et entre la condition de silence et la condition de bruit cocktail (en jaune). Les barres d’erreur représentent l’écart type de ces évolutions. Les valeurs de ces évolutions et de ces écarts-type peuvent être lues grâce à l’axe de gauche de la figure.

Ainsi, la différence interindividuelle moyenne d’évolution de l’intensité vocale avec le bruit est statistiquement significative pour la BD1 comme pour la BD2, allant jusqu’à 9.2 dB pour la BD1 (entre les locuteurs L5 et L7) et jusqu’à 7.0 dB (entre les locutrices L6 et L11) pour la BD2. Tous les locuteurs et locutrices ne se distinguent pas pour autant de façon significative, mais leur différence

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dépasse la variabilité intra-individuelle dans 31% des cas pour la BD1 et dans 2 cas sur 3 pour la BD2. En particulier, le locuteur L5 augmente davantage son intensité vocale dans le bruit que les autres locuteurs et locutrices, tandis que le locuteur L7 et la locutrice L9 l’augmentent un peu moins. De même, la locutrice L6 augmente davantage son intensité vocale dans le bruit que les deux autres locutrices de la BD2. Dans la BD1, on remarque une différence interindividuelle très importante d’intensité vocale dans le silence, allant jusqu’à 15 dB. Les intensités les plus faibles correspondent à des locutrices et les intensités les plus importantes à des locuteurs, mais il n’y a pas pour autant de séparation des genres aussi nette que pour la F0. Quoi qu’il en soit, cette variabilité importante d’intensité vocale dans le silence ne semble pas influencer systématiquement la magnitude de l’évolution de l’intensité vocale lors de l’exposition au bruit. On remarque cependant que la locutrice L1 et le locuteur L5 augmentant le plus leur intensité dans le bruit présentent une faible intensité dans le silence, tandis que la locutrice L9 et le locuteur L7, augmentant moins que les autres leur intensité dans le bruit, présentent une intensité vocale importante dans le silence. De même dans la BD2, les locutrices augmentent d’autant moins leur intensité vocale dans le bruit que celle-ci est importante dans le silence. Ce phénomène peut correspondre à un effet plafond chez les locuteurs ou locutrices parlant déjà fort dans le silence, et disposant par conséquent d’une marge moins grande pour surenchérir dans le bruit. Ce phénomène peut être également le signe d’une surestimation constante chez ces personnes de l’effort à fournir. Quelle que soit la situation de communication, ces locuteurs ou locutrices seraient « par défaut » dans un mode de fonctionnement excessif.

Contrairement à Egan 1972 [80] observant une augmentation de l’intensité vocale plus importante chez les femmes, ou à Junqua 1993 [171] et Rostolland 1982 [288] observant une augmentation plus importante chez les hommes, nous ne remarquons pas dans notre étude de différence significative entre les deux genres concernant l’évolution de leur intensité vocale dans le bruit. Nous n’observons pas non plus de variabilité plus importante chez les femmes, comme le note Egan 1972 [80].

Figure 56. Représentation des

différences d’évolution de l’énergie spectrale dans le bruit pour la 1ère base de données (à gauche) et la 2ème base de données (à droite). La courbe bleue en pointillés représente l’énergie moyenne de chaque locuteur en condition silencieuse pour les différentes bandes de fréquences [0-1kHz], [1-2kHz], [2-4kHz] et [4-6kHz]. Nous avons ordonné les locuteurs par ordre croissant de cette énergie en condition silencieuse. Cet ordre n’est pas le même pour toutes les bandes de fréquences. Les valeurs de cette courbe peuvent être lues grâce à l’axe de droite de la figure. Chaque diagramme représente pour chacun des locuteurs l’évolution de son énergie spectrale entre la condition de silence et la condition de bruit blanc (en rouge) et entre la condition de silence et la condition de bruit cocktail (en jaune). Les barres d’erreur représentent l’écart type de ces évolutions. Les valeurs de ces évolutions et de ces écarts-type peuvent être lues grâce à l’axe de gauche de la figure.

L’évolution de l’énergie spectrale montre une différence interindividuelle moyenne d’évolution avec le bruit statistiquement significative pour la BD1 comme pour la BD2 (cf. Figure 56), et pour les 3 bandes de bruit considérées ([1-2kHz], [2-4kHz] et [4-6kHz]).

- Pour la bande [1-2kHz], il se distingue 2 groupes de locuteurs : les locuteurs L1, L2 (femmes), L3, L5 et L8 (hommes) augmentent beaucoup l’énergie spectrale de leur parole dans cette zone par rapport à l’énergie dans la zone du fondamental tandis que les locuteurs L4, L7 (hommes), L6, L10 et L9 (femmes) augmentent également l’énergie de leur parole dans cette zone, mais de façon moindre. La différence entre ces deux groupes est supérieure à la variabilité intra-individuelle moyenne ainsi qu’au tiers de l’effet global d’exposition au bruit. Il atteint un maximum de 7.9 dB entre les locutrices L1 et L9. De même, la différence interindividuelle d’évolution de l’énergie entre 1 et 2 kHz peut atteindre 5.1dB dans la BD2 entre les locutrices L2 et L11. Malgré une variabilité interindividuelle assez faible dans le silence , on observe que les locuteurs qui augmentent le plus leur énergie entre 1 et 2kHz dans le bruit sont également ceux qui présentent une énergie plus faible dans cette zone en condition silencieuse.

- Pour la bande [2-4kHz], il ne se dégage pas dans la BD1 deux groupes distincts comme précédemment, mais de fortes différences interindividuelles correspondant en moyenne au tiers de l’effet global d’exposition au bruit, et pouvant atteindre jusqu’à 11.6dB (entre la locutrice L1 et le locuteur L5). La locutrice L1 et les locuteurs L3 et L8, qui renforçaient déjà beaucoup leur énergie entre 1 et 2kHz, continuent à renforcer davantage que d’autres leur énergie entre 2 et 4kHz. De même, le locuteur L4 et la locutrice L10 qui renforçaient moins que les autres leur énergie entre 1 et 2 kHz, continuent à renforcer moins que d’autres leur énergie entre 2 et 4kHz. Au contraire, le locuteur L5 timbre peu sa voix entre 2 et 4kHz tandis qu’il la timbrait beaucoup entre 1 et 2kHz, et le locuteur L7 timbre beaucoup sa voix entre 2 et 4kHz alors qu’il la timbrait peu entre 1 et 2 kHz. Pour la BD2, les différences interindividuelles sont très faibles entre les 3 locutrices et ne dépassent pas les 3.2dB.

- Pour la bande [4-6kHz], on observe des résultats ressemblants à ceux de la bande [2-4kHz], avec des différences encore plus marquées entre les locuteurs : L1, L2 (femmes), L8 et L3 (hommes) timbrent davantage leur voix entre 4 et 6 kHz que L6, L9, L10 (femmes), L7 et L4 (hommes). Enfin le locuteur L5 se démarque nettement avec un renforcement non significatif de son énergie dans cette zone, relativement à celle du fondamental, voire le contraire dans certains cas. De même, la locutrice L2 a un comportement similaire au locuteur L5 dans la BD2. Ce résultat est plutôt étonnant car elle fait au contraire partie des locuteurs et locutrices de BD1 renforçant leur énergie entre 4 et 6kHz de façon moyennement importante. Cependant, on remarque que la voix des 3 locutrices de BD2 est beaucoup plus timbrée en moyenne dans le silence que celles des locuteurs et locutrices de la BD1, quelle que soit la bande de fréquences considérées. Ce changement de comportement de la locutrice L2 observé entre les 2 bases de données peut être dû au fait qu’elle est déjà à son maximum dans le silence dans le cas de la BD2 et qu’elle ne peut pas surenchérir dans le bruit. Plusieurs études antérieures ont observé chez les femmes une augmentation importante de l’énergie spectrale entre 4 et 5kHz ou autour de 5kHz, tandis que l’énergie augmente surtout entre 2 et 4kHz chez les hommes (Castellanos et al. 1996 [46] ; Junqua 1993 [171]). De même, Ternström et al. 2006 [345]

rapportent que le centre de gravité spectrale de la voix reste stable dans le bruit chez les hommes tandis qu’il s’élève proportionnellement à la F0 pour les femmes. Dans notre cas, nous n’observons pas de différence significative entre les hommes et les femmes au niveau de l’évolution de l’énergie spectrale de leur voix dans le bruit : Ainsi, parmi les locuteurs augmentant le plus leur énergie spectrale dans le bruit dans la zone [4-6kHz], il y a autant de femmes (L1 et L2) que d’hommes (L3 et L8). De même il n’y a pas de nette distinction entre les deux genres quant à l’augmentation de l’énergie acoustique dans la zone [1-2kHz] ou [2-4kHz].

L’évolution du premier formant dans le bruit permet également de distinguer des groupes de locuteurs aux évolutions différentes.

- Sur les voyelles [a], le premier formant est classiquement plus élevé chez les femmes que chez les hommes. C’est bien ce que l’on observe au niveau des valeurs du premier formant dans le silence (cf. Figure 57). En contrepartie, l’évolution du premier formant avec le bruit est beaucoup plus importante chez les hommes que chez les femmes, contrairement à l’étude de Junqua 1993 [171]

notant une augmentation plus importante chez les femmes. La différence interindividuelle moyenne d’augmentation du 1er formant est de 143Hz, ce qui représente la moitié de l’effet global d’évolution du premier formant dans le bruit et est largement au-dessus de la variabilité intra-individuelle. Au sein de chaque genre, on observe peu de variabilité entre les 5 hommes. En revanche, la locutrice L2 se distingue des autres femmes de la BD1 par une évolution plus importante de F1. Cela n’est

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pas le cas dans la BD2, où c’est plutôt la locutrice L11 qui montre une forte augmentation de F1 par rapport aux autres.

- Sur les voyelles [i] et [u], on distingue également deux groupes de locuteurs, avec une différence interindividuelle moyenne de 84 Hz, équivalente à l’effet global moyen d’augmentation du F1 dans le bruit. Il ne s’agit pas cette fois-ci d’une séparation des locuteurs par genre : L1, L2 (femmes), L3, L5 et L7 (hommes) augmentent davantage leur premier formant dans le bruit tandis que L4, L8 (hommes), L6, L9 et L10 (femmes) l’augmentent peu. Ce comportement différent des individus ne peut pas s’expliquer par la valeur de leur premier formant dans le silence, très semblable entre tous les individus. Les locutrices de BD2 ne montrent pas de différences notables concernant l’évolution de leur premier formant dans le bruit sur ces deux voyelles.

Figure 57. Représentation des différences interindividuelles

d’évolution du premier formant vocalique (F1) dans le bruit pour la 1ère base de données (au-dessus) et la 2ème base de données (ci-contre), et pour les voyelles [a], [i] et [u]. La courbe bleue en pointillés représente le F1 moyen de chaque locuteur en condition silencieuse. Nous avons ordonné les locuteurs par ordre croissant de F1 en condition silencieuse. Cet ordre n’est pas le même pour toutes les voyelles. Les valeurs de cette courbe peuvent être lues grâce à l’axe de droite de la figure. Chaque diagramme représente pour chacun des locuteurs l’évolution du F1 entre la condition de silence et la condition de bruit blanc (en rouge) et entre la condition de silence et la condition de bruit cocktail (en jaune). Les barres d’erreur représentent l’écart type de ces évolutions. Les valeurs de ces évolutions et de ces écarts-type peuvent être lues grâce à l’axe de gauche de la figure.

Enfin, l’évolution de certains mouvements articulatoires labiaux dans le bruit montre également des différences interindividuelles non négligeables.

- Ainsi, l’étirement labial augmente dans le bruit avec une variabilité interindividuelle équivalente à la moitié de l’effet global d’évolution du silence au bruit. Celui-ci n’est pas très important (bien que significatif) pour les voyelles [a] et [i]. Mais il est beaucoup plus important pour les voyelles [u]. La différence interindividuelle atteint alors 14% pour ces voyelles (entre les locutrices L2 et L6). On observe que l’augmentation de l’étirement sur les [u] est d’autant plus importante que celui-ci est faible dans le silence.

- L’ouverture labiale évolue de façon semblable pour les 3 locutrices sur les voyelles [i] et [u]. En revanche, L2 a tendance à davantage ouvrir les lèvres dans le bruit sur les voyelles [a] que L6, elle-même davantage que L11. Cette différence interindividuelle est déjà valable dans le silence et se trouve donc d’autant plus renforcée dans le bruit.

- La protrusion ne diminue pas de façon différente sur les [a] pour les 3 locutrices. En revanche, elle diminue davantage sur les [i] pour L2 que pour L6, avec une différence interindividuelle moyenne de 10% équivalente à l’ordre de grandeur de l’effet global de diminution sur les [i]. Mais la variabilité interindividuelle la plus importante est observée pour l’augmentation de la protrusion dans le bruit sur les voyelles [u], où la différence entre les locutrices atteint 13% entre L11 et L2, et 8% en moyenne, soit la moitié de l’effet global d’augmentation de la protrusion sur les [u]. On remarque que cette augmentation est d’autant plus faible avec le bruit qu’elle était déjà importante dans le silence.

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Figure 58. Représentation des différences interindividuelles d’évolution de l’amplitude des mouvements

articulatoires labiaux dans le bruit pour la 2ème base de données, et pour les voyelles [a], [i] et [u]. La courbe bleue en pointillés représente l’amplitude moyenne des mouvements d’étirement, d’ouverture, de l’aire intéro-labiale et des mouvements de protrusion de chaque locuteur en condition silencieuse. Nous avons ordonné les locuteurs par ordre croissant de cette amplitude des mouvements articulatoires en condition silencieuse. Cet ordre n’est pas le même pour tous les mouvements labiaux ni pour toutes les voyelles. Les valeurs de cette courbe peuvent être lues grâce à l’axe de droite de la figure. Chaque diagramme représente pour chacun des locuteurs l’évolution de l’amplitude de ses mouvements articulatoires labiaux entre la condition de silence et la condition de bruit blanc (en rouge) et entre la condition de silence et la condition de bruit cocktail (en jaune). Les barres d’erreur représentent l’écart type de ces évolutions. Les valeurs de ces évolutions et de ces écarts-type peuvent être lues grâce à l’axe de gauche de la figure.

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