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Paramètres dont l’évolution dans le bruit montre une dépendance au type de bruit différente selon les locuteurs

Principales observations ________________________

3. Q UELS SONT LES PARAMETRES DONT L’EVOLUTION DANS LE BRUIT EST

3.3. Paramètres dont l’évolution dans le bruit montre une dépendance au type de bruit différente selon les locuteurs

Pour finir, certains paramètres peuvent montrer chez certains locuteurs une différence d’évolution significative entre les deux types de bruit considérés, mais cette différence est de signe différent selon les locuteurs.

En particulier, les syllabes sont souvent moins allongées dans le bruit cocktail que dans le bruit blanc, avec des différences pouvant atteindre 45ms dans la BD1 et 34 ms dans la BD2 (pour L6 dans les deux cas). Au contraire, les syllabes sont plus allongées dans le bruit blanc que dans le bruit cocktail par L3, de 28ms en moyenne. Dans une étude antérieure, Kadiri 1998 [176] n’avait pas observé de différence de durée des mots entre une condition de bruit blanc et une condition de bruit de conversations.

Figure 67. Représentation pour

chaque locuteur et locutrice de la BD1 (à gauche) et de la BD2 (à droite), de la différence d’évolution avec le bruit de la durée syllabique entre un bruit de cocktail party et un bruit blanc

De même, l’augmentation de l’énergie spectrale dans les bandes [2-4kHz] et [4-6kHz] est moins importante dans le bruit cocktail que dans le bruit blanc - de la même façon que dans les basses fréquences - pour les locutrices L1, L6, L9 et L10 de BD1, ainsi que pour L6 dans la BD2. Au contraire, l’augmentation de l’énergie spectrale dans ces bandes de fréquences est plus importante dans le bruit cocktail que dans le bruit blanc pour les locuteurs L3, L4 et L5 bien que peu ou pas significative, ainsi que pour L2 dans la BD2, où la différence d’évolution entre les deux types de bruit atteint 7dB pour la bande de fréquences [4-6kHz].

Figure 68. Représentation pour chaque

locuteur et locutrice de la BD1 (à gauche) et de la BD2 (à droite),de la différence d’évolution avec le bruit de l’énergie spectrale entre 1 et 2 kHz et entre 4 et 6 kHz, entre un bruit de cocktail party et un bruit blanc.

4. CONCLUSION DU CHAPITRE 5

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4. CONCLUSION DU CHAPITRE 5

Nous avons recensé dans ce chapitre un certain nombre de modifications importantes de la parole produite dans le bruit observées chez la majorité des locuteurs: augmentation de l’intensité vocale, de la fréquence fondamentale, de l’énergie spectrale dans les fréquences médiums de la voix, ralentissement du débit de parole, augmentation du premier formant vocalique, augmentation de l’amplitude des mouvements articulatoires d’ouverture des lèvres, diminution du quotient ouvert et élévation verticale du larynx.

Ces modifications ont déjà été caractérisées de nombreuses fois par des études antérieures. Leur examen ici n’avait pas pour but de les mettre en évidence mais avant tout de comparer les données de nos corpus, constitués avec de la parole en Français et avec de nouvelles méthodologies (au niveau des tâches de parole : ici semi-spontanées et interactives, ainsi qu’au niveau de la méthode d’immersion du locuteur dans le bruit : ici par le biais de haut-parleurs). Nous avons donc retrouvé dans nos deux bases de données les mêmes tendances que dans les études antérieures, avec cependant des magnitudes d’évolution plus importantes que celles observées dans des études portant sur de la parole lue, et relativement comparables à celles observées dans des études portant sur de la parole spontanée. Au niveau des modifications formantiques, nous avons observé une élévation du F1 comme dans la plupart des études antérieures. Nos résultats, en ce qui concerne F2 et F3, vont dans le sens de certaines études antérieures et à l’encontre d’autres études. Ces différences entre les études peuvent provenir de particularités de chaque langue examinée. Enfin, contrairement à la plupart des études, nous n’avons pas observé de ralentissement significatif du débit de parole dans le bruit pour tous les locuteurs, mais seulement pour certains.

Par ailleurs, l’intérêt de ce chapitre était également d’aller au-delà des tendances globales pour tenter de distinguer les caractéristiques de l’adaptation dans le bruit communes à tous les locuteurs de celles montrant des différences de magnitude ou même de tendance entre les locuteurs. Nous avons ainsi observé que l’élévation de la fréquence fondamentale était assez peu variable entre les individus. Au contraire, les augmentations de l’intensité vocale, de l’énergie spectrale, du premier formant vocalique et de l’amplitude des mouvements articulatoires suivent la même tendance mais avec des différences interindividuelles non négligeables dans la magnitude de cette augmentation. Enfin, le quotient ouvert et la durée des syllabes montrent même des tendances d’évolution opposées entre les différents locuteurs.

Notre but dans cette thèse n’est pas de nous limiter à caractériser objectivement l’ensemble des modifications de la parole dans le bruit. Ces modifications ne nous intéressent pas tant en elle-même que par leur rôle d’indicateurs de stratégies de communication plus globales adoptées par les locuteurs pour adapter leur effort vocal à l’exigence d’intelligibilité d’un environnement bruyant.

Nous allons donc maintenant examiner plusieurs hypothèses de stratégies de communication pouvant être adoptées par les locuteurs en environnement bruyant. Nous envisagerons en particulier les potentielles stratégies de renforcement du rapport signal sur bruit (chapitre 6), de l’émergence de la voix par rapport au bruit ambiant (chapitre 6), des indices acoustiques et visuels de reconnaissance des phonèmes (chapitre 7), des indices de structuration du discours (chapitre 8) ou encore des mots de l’énoncé apportant davantage d’information que d’autres (chapitre 9). Nous explorerons en quoi les modifications globales de la parole observées dans ce chapitre et d’autres modifications plus spécifiques peuvent participer à ces stratégies, ou au contraire aller à leur encontre.

Pour cela, nous distinguerons dans les chapitres suivants les descripteurs de la parole pouvant être directement perçus par l’interlocuteur et contribuer à l’intelligibilité de la parole (intensité, F0, répartition de l’énergie spectrale, durée syllabique, formants, amplitude des gestes articulatoires, etc.), des descripteurs pouvant également contribuer à l’intelligibilité, mais de façon indirecte, et caractérisant davantage la manière dont le locuteur gère sa production (quotient ouvert, mouvements verticaux du larynx, etc.)

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Chapitre 6 :

Une adaptation visant à

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