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lors que plus de 4.000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour dans le monde à cause de l’absence de traitement des eaux, en France on compte près de 20.000 stations d’épuration. Leur construc-tion et leur entretien représentent un enjeu majeur de santé publique et d’in-vestissement dans les technologies.

Depuis la Préhistoire, l’Homme s’installe près de cours d’eau. Il s’en sert pour boire, pour transporter, pour produire de l’énergie, mais aussi pour assainir ses campements. Durant l’Antiquité et le Moyen Âge, des égouts sont construits dans certaines villes. Mais ce sont la révolution industrielle et la croissance démographique qui imposent un système de traitement des eaux usées.

Les premiers champs d’épandage voient le jour au 19ème siècle. Les tra-vaux de Pasteur permettent de comprendre que les micro-organismes sont responsables de la dégradation de la matière organique. Dès 1914, des scientifiques Anglais présentent un système de bassins où les eaux usées sont aérées pour permettre leur épuration par les micro-organismes qu’elles contiennent. L’épuration biologique est alors développée. Mais les nuisances

des stations sont insupportables. L’odeur dégagée est nauséabonde et le bruit des centrifugeuses intolérable. Le procédé utilisé n’élimine pas toujours bac-téries et virus de tous genres. Parfois les stations sont même polluantes.

Pour répondre aux nouvelles réglementations, la Communauté d’aggloméra-tion Orléans Val de Loire a lancé en 2008 un concours pour la « Reconstruc-tion de la staReconstruc-tion de traitement des eaux usées à l’Ile Arrault ». Le projet a été présenté, entre autres, dans le Rapport d’activités de 2011. Les élus valorisent cette conception innovante dans un document institutionnel consultable sur place et en ligne.

La station existante, construite en 1972, n’était plus aux normes. Au lieu de la délocaliser, les pouvoirs publics ont décidé de composer avec le nouveau contexte : la construction d’habitations à proximité et l’inscription des bords de la Loire au patrimoine mondial de l’UNESCO. Augmentant le degré d’exigence, les autorités ont aussi demandé que le site soit ouvert au public.

Les partenaires du projet ont alors travaillé sur la notion d’une « culture scientifique et technique populaire ». Comment faire accepter une station d’épuration dans un milieu naturel classé ? Comment rendre accueillant ce lieu a priori répugnant ? Comment l’exploiter pour qu’il soit un moyen de familiarisation avec les technosciences ? Ce projet est un exemple de médiation culturelle des sciences et techniques en société dans sa totalité.

Et pour commencer, la Communauté d’agglomération Orléans Val de Loire a invité les habitants et riverains à des réunions de concertation. L’objectif des élus était d’expliquer et faire adhérer la population en écou-tant son opinion. Durant la construction, visites de chantier et réunions d’information ont été au programme. Le pari de l’adhésion de la population par l’implication et l’acquisition de connaissances était gagné.

Pour les scientifiques et les ingénieurs, les défis étaient multiples : minimi-ser les nuisances sonores et olfactives, diminuer l’espace utilisé, gérer les déchets sur le site et reverser dans la Loire une eau de qualité « baignade ». Épuration par membranes organiques, stockage compact et valorisation des boues, désodorisation de l’air dégagé, éclairage par l’énergie solaire, pompe à chaleur connectée sur l’effluent de sortie, irrigation par l’eau traitée, ont été des innovations mises en œuvre. Et cet ensemble de haute technologie a été conçu de manière à pouvoir livrer ses secrets aux profanes.

cultures populaires, cultures informelles

La tâche des architectes du cabinet « Arte Charpentier » n’a pas été la plus simple. On leur a demandé d’intégrer le site dans son environne-ment, tout en le rendant discret et en même temps ouvert au public. Je considère le résultat comme de « l’art urbain durable », en opposition à la « street art » ou « art urbain », qui englobe des techniques éphémères. Le design contemporain de tracés pures s’exprime avec des matériaux so-lides : nous pouvons contempler de loin les lignes des berges reproduites par les toitures végétalisées. La demande de rendre la station discrète est satisfaite : l’occupation d’espace est réduite de moitié et la nature « prend la place qu’elle mérite ». Ne sont–elles pas les préoccupations les plus importantes du mouvement artistique éco-responsable d’aujourd’hui ?

Le public est séduit. Mais pas de loin… Un parcours pédagogique fait partie des installations. Les curieux peuvent visiter les équipements en train de fonctionner, en empruntant une passerelle spécifiquement amé-nagée. Les bâtiments techniques possèdent des parois en verre : on voit, on comprend, on s’approprie. L’architecture se met au service des scien-tifiques et des ingénieurs pour les rapprocher des non-initiés.

L’espoir renait et devient presque tangible : l’avenir semble optimiste. Les sciences et les techniques nous ont éloigné de la nature en l’ex-ploitant « sans pitié ». Aujourd’hui, elles nous donnent les moyens pour réparer les dégâts et nous proposent des solutions pour retourner à un mode de vie plus respectueux de l’environnement. Nous pouvons croire à une cohabitation harmonieuse sans nier les avancées technologiques. Mais pour cela, il faut une réelle volonté politique et de l’investissement…

Issue d’un spot publicitaire dif

fusé à partir de septembre 201