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le Monument de l'automobiliste (monument)

... la course au progrès

d’Émile Levassor, mort à la suite de ses blessures dans la course Paris-Marseille. Pierre Giffard forme alors un Comité du Monument qui choisit pour réaliser le projet le célèbre sculpteur Jule Dalou, fervent républicain. Jule Dalou vient alors de terminer l’œuvre le triomphe de la république, érigée place de la nation. Ce dernier refuse cependant dans un premier temps de tailler dans le marbre une de « ces voitures inesthétique » qui commençaient à « empester Paris et réduire les passants en chair à pâté ». Mais le défi que représente la réalisation d’une sculpture à la gloire du progrès le décida. Et quel résultat ! La sculpture frappe par son ca-ractère vivant, contrastant avec les représentations habituelles figées des grands hommes en redingote aux plis rigides. Au contraire, Émile Levassor y est ici représenté en pleine action au volant de sa voiture, fonçant vers l’arrivée comme le monde vers le progrès.

Ce monument de l’Automobiliste est érigé en 1907 à la porte Maillot, emplacement qui marque à l’époque l’entrée dans Paris. Il se situe dans l’axe prestigieux du Louvre et de l’Arc de Triomphe. De plus, ce lieu fut le berceau de l’industrie de la locomotion nouvelle. C’est ici en effet que se croisait le terminus de la nouvelle ligne de métro (ligne 1) inaugurée en 1903 et la gare de la ligne de chemin de fer Neuilly-Porte Maillot. Cette ligne de chemin de fer construite en 1845 était l’une des premières dédiée aux voya-geurs. A deux pas se trouvait le Luna Park, plus tard remplacé par l’actuel Palais des Congrès. A cette époque, le Luna Park, gigantesque fête foraine, drainait toute l’année une foule de parisiens en quête de sensations fortes. Les montagnes-russes longues de 1 947 m permettaient d’atteindre de ver-tigineuses vitesses, grâce à l’électricité. Les voitures étaient équipées de moteurs électriques et alimentées en courant par un rail central.

La sculpture est placée à l’entrée du Bois de Boulogne, afin d’être admirée par les promeneurs. Son entretien est confié au conservateur du parc.

En 1907, la Porte Maillot est un lieu très populaire où les parisiens viennent à la fois pour se détendre et admirer toutes ces prouesses technologiques. C’est une vitrine du progrès industriel qui promet d’apporter confort et dis-traction aux citoyens. Parmi ces témoignages, Émile Levassor est présenté comme l’un de ces héros de la « course vertigineuse » vers le progrès.

Dans son discours d’inauguration, le Baron de Zuylen, président de l’Auto-mobile Club de France et co-organisateur de la course Bordeaux-Paris-Bordeaux prononce cette phrase prophétique :

cultures populaires, cultures informelles

« Voilà le progrès Messieurs, et, dans peu d’années, lorsque nous passe-rons au-dessus des mers, l’humanité reconnaissante prononcera les noms des premiers pionniers de l’automobilisme, des membres du premier Comi-té de Paris-Bordeaux-Paris, et des ingénieurs qui, comme Levassor, n’hési-tèrent pas à faire le sacrifice de leur vie pour le triomphe d’une idée ».

Mais 1972 voit le début de la construction du boulevard périphérique. Le monument de l’automobiliste est déplacé à proximité, dans une zone tota-lement réaménagée avec notamment un vaste échangeur vers la Défense. Avec le Palais de congrès et l’hôtel Concorde à proximité, l’emplacement devient un carrefour proche du quartier des affaires où les échanges s’effec-tuent désormais à l’intérieur des nombreuses salles du palais.

La promesse du Baron de Zuylen semble aujourd’hui bien naïve et la sculpture de l’Automobile Club de France bien enfantine. Et c’est dans une indifférence totale que les parisiens, agacés par les embouteillages, passent à proximité de ce monument à la gloire du progrès. Avec son adop-tion en masse, l’automobile est devenue un banal moyen de locomoadop-tion qui pollue et repousse les passants sous terre. Les grandes courses de voitures ne font plus rêver que quelques-uns et le progrès questionne voire inquiète. Pourtant, Émile Levassor entouré du comité de la course et d’une foule en-thousiaste, protégé par une barrière de verdure, est bien décidé, plus d’un siècle après, à résister aux assauts de la technoscience … dont il fut bien l’un des précurseurs.

Le Familistère : un phalanstère pour les familles ouvrières – Vue du Familistère de Godin, à Guise – Carte postale – vers 1905-1908, Paris, BNF

P

longeons en l’an 1908. En France, plusieurs gros-titres ont fait la Une. Le quotidien Les Echos a fait paraître sa première, le régime local est né en Alsace et Moselle. Le 18 mai, le Pourquoi Pas, navire d’explo-ration polaire du commandant Charcot, est lancé à Saint-Malo. Mais à l’autre bout du monde, des exécutions se déroulent en Indochine, et les cartes pos-tales relatant cet évènement arrivent en France. D’ailleurs, cela fait une cin-quantaine d’années que la carte postale circule. Ces premières cartes étaient des cartes commerciales en papier glacé, pouvant circuler à découvert car l’administration des postes l’avait admis en 1856. Enfin… on ne connaît pas vraiment la date officielle de l’invention de la carte postale puisque les vexa-tions franco-germaniques ont monté en épingle l’existence d’un inventeur an-térieur à un autre… Bref.

Alors que les cendres d’Emile Zola sont transférées au Panthéon, et que le projet d’abolition de la peine de mort a échoué, le Ministère du Travail est créé, en pleine mouvance ouvrière. Et c’est justement alors que l’on peut recevoir dans nos boîtes aux lettres de charmantes cartes postales venues de l’Aisne. Cela change assurément des piloris asiatiques. D’ailleurs, c’est