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premier signe, involontaire, de son désir de se détacher de cette masse. Li RM35M4419, surnommé Copeau par un grand-père qui sèmera la pre-mière graine du doute dans son esprit, ose une chose interdite : il pense à vouloir quelques chose. Et dans ce monde aseptisé, où toute volonté est anesthésiée par un traitement médicamenteux reçu quotidiennement, vouloir quelque chose est une idée inconcevable. L’être humain n’a pas de choix à faire, sa vie entière est régulée par Uni, le grand ordinateur caché sous les Alpes. Uni contrôle tout, décide tout, éduque, oriente, autorise ou non les mariages et la procréation. C’est cette uniformité, cette unification qui est mise en avant sur la couverture originale, l’humain et non la technologie.

Pour sa ré-édition, en 2003, fini l’effet de foule ou même la référence à Copeau, deux personnages seulement sont représentés, dans un ascen-seur. Cette fois ci, c’est la technologie que l’on voit d’abord, le câblage, les rouages de l’ascenseur, l’impression de vitesse intense avec le floutage du second plan, contrastant avec l’ultra netteté de la cabine et l’extrême immobilité de ses occupants. La notion d’uniformité, idée prépondérante dans le livre est présente avec la couleur verte dominante, de l’ascenseur au deux personnages qui se fondent dans le paysage. L’élément central est bien cet ascenseur, qui file à une vitesse prodigieuse et représente la technologie, et ses avancées décrites dans ce livre d’anticipation.

Ces deux couvertures sont diamétralement opposées. La couverture d’origine met l’accent sur le cœur de l’idéologie totalitariste dénoncée dans le livre, représentée par cette foule déshumanisée, mais également sur l’espoir de salut, venant de Copeau, avec ses idées défendues et son œil si vert, ressortant au tout premier plan, semblant guidé cette foule. Mais au début du XXIe siècle, la technologie reprend sa place sur la nouvelle couverture, permettant d’identifier au premier coup d’œil qu’il s’agit d’un livre de science-fiction. Là où la première couverture pouvait laisser planer le doute, cette ré-édition est clairement identifiable dans ce genre littéraire. Peut-être est-ce un souhait de l’éditeur pour caler à l’intrigue, mais cette deuxième couverture est plus impersonnelle, elle s’éloigne de l’essence du livre et pourrait correspondre à une toute autre histoire. Alors que la première version, représentant très clairement le héros du livre, est tout de suite associée à l’histoire et reconnaissable par tous les lecteurs de cette dystopie.

cultures populaires, cultures informelles

Cette différence met en lumière la place qu’a prise la technologie dans le monde actuel. Dans les années 70, elle n’est qu’un prétexte pour dénon-cer des idées, elle est mise au service du propos de l’écrivain et ne sert que d’appui pour critiquer ce système totalitariste. La fin du livre étaye un peu plus cette théorie et ce monde soi-disant régi par un ordinateur et la technique est peut-être un peu plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord. Il semble que l’arrivée du XXIe siècle ait un peu changé la donne. Pour attirer le lecteur, les éditeurs préfèrent maintenant mettre en avant le thème technoscientifique du livre, quitte à perdre un peu de cohérence avec son contenu.

Finalement, ce choix de mettre en lumière la technologie est assez représentatif de ce qui s’est passé ces 30 dernières années : une domi-nation progressive mais inexorable de la technologie sur la société. Mais en définitive, n’est-ce pas ça exactement, le bonheur insoutenable ?

Certains détails ont certes un peu vieilli mais on ne peut que saluer les idées visionnaires d’Ira Levin. Pourtant si ce roman reste un classique des romans d’anticipation des années 70, on ne peut malheureusement pas parler de diffusion massive et sans un papa, « accro » à ce genre littéraire dans ses jeunes années, je n’aurais probablement jamais croisé le chemin de Copeau et de sa lutte contre ce bonheur insoutenable.

K

raftwerk est un groupe allemand de Düsseldorf fondé en 1970 par Ralf Hütter et Florian Schneider qui seront rejoint 5 ans plus tard par Wolfgang Flur et Karl Bartos. Alors que la vague hippie inonde le paysage culturel, et que les courants rock émergent, Kraftwerk se place rapidement à la marge en cherchant à exprimer des idées novatrices à tra-vers des formes inédites et expérimentales. Kraftwerk est considéré comme un des groupes précurseurs de la musique électronique. Ils ont joué un rôle important dans son développement et sa popularisation et ont influencé de nombreux autres courants musicaux et artistes majeurs d’aujourd’hui. Malgré l’apparente rigidité et froideur de leur musique, Kraftwerk a su, tout au long de sa carrière doser une alliance entre musique électronique avant-gardiste, et musique populaire largement diffusée dans les clubs.

Kraftwerk exprime, par la musique, les mots et l’image, une dynamique de la modernité technologique, dans laquelle l’homme et la machine sont en parfaite symbiose… Le nom Kraftwerk qui veut dire « centrale électrique » n’a d’ailleurs pas été choisi au hasard. Leur production musicale émane de leur région d’origine la Rhur, qui à l’époque, est la plus grande région industrielle

The man machine – Kraftwerk (musique)