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• Illustration 1 : Carte postale représentant l’entrée de l’école de la communauté des Ursulines de Quimperlé, s.d, p.13.

• Illustration 2 : Carte postale du dortoire des Uruslines de Quimperlé, vers 1880, p.15.

• Illustration 3 : Rue de l’Isole, à gauche, la pâtisserie d’Henri Jehanno, aciennement Olgiati, s.d, p.16.

• Illustration 4 : Portrait de Joseph Olgiati, s.d, p.17.

• Illustration 5 : Carte postale de la Buvette de la Plage au Pouldu, vers 1910, p.21.

• Illustration 6 : VOS Hubert, L’auberge de Marie Henry au Pouldu, s.d, p.22.

• Illustration 7 : Publicité pour le cacao vendu á la Maison Olgiati. Le Finistère, Février 1888, p.25.

• Illustration 8 : GOURRIER Maurice, la salle à manger de la Buvette de la Plage au Pouldu au moment de la découverte des fresques de Gauguin et de De Haan sous sept couches de papier peint, 1924, p. 27.

• Illustration 8 : GAUGUIN Paul, Nature morte avec biberon en faïence de Quimper,1889, huile sur toile, 42 x 34,5 cm, Université de Californie, Berckeley Art Museum, p.30.

• Illustration 9 : GAUGUIN Paul, Mimi et son chat, 1890, gouache sur carton, 17,6 x 16 cm, collection privée. P.30.

• Illustration 10 : Carte postale qui représente la plage de Kerfany vers 1900, p.37.

• Illustration 11 : Léa et Ida à Kerfany, s.d, p.39.

• Illustration 12 : Marie Henry et Henri Mothéré devant La Passiflore, juillet 1929, p.40.

• Illustration 13 : Marie Henry devant La Passiflore, juillet 1929, p.41.

• Illustration 14 : Meijer de Haan, Maternité, 1889, Huile sur toile, 72 x 59,5 cm, collection particulière, p.43.

• Illustration 15 : Louis Lollichon, Léa Lollichon, Henri Mothéré, Marie Henry tenant l’èpaule de la soeur de Sabine, Sabine et son frère, La Passiflore, 1929, p. 46.

• Illustration 15 : GAUGUIN Paul, Mimi et son chat, 1890, gouache sur carton, 17,6 x 16 cm, collection privée, p.47.

• Illustration 16 : Ida et Léa Henry, Kerfany, s.d, p.48.

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• Illustration 17 : Meijer de Haan, Nature morte : broc et betteraves, 1889-1890, Huile sur toile,65 x 54 cm, collection particulière, p.49.

• Illustration 18 : Couverture de l’édition originale du roman de Marie Le Drian, Marie poupée, souvenir imaginé, 1993 aux éditions Kerguelen, p.50.

• Illustration 19 : Couverture de la troisième édition du roman de Marie Le Drian sous le titre Marie Henry, Gauguin et les autres,La Part Commune, 2012, p.50.

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Annexes

Annexe 1

Plan de la Buvette de la Plage.

76 Annexe 2

Vue développée de la salle à manger.

77 Annexe 3

Extrait d’un passage de l’autobiographie d’André Gide Si le grain ne meurt, 1927.

Comme je suivais le littoral, remontant à courtes étapes de Quiberon à Quimper, j’arrivai, certaine fin de jour, dans un petit village : Le Pouldu, si je ne fais erreur. Le village ne se composait que de quatre maisons, dont deux auberges ; la plus modeste me parut la plus plaisante ; où j’entrai car j’avais grand soif. Une servante m’introduisit dans une salle crépie à la chaux, où elle m’abandonna en face d’un verre de cidre. La rareté des meubles et l’absence de tentures laissaient remarquer d’autant mieux, rangés à terre, un assez grand nombre de toile et de châssis de peintre, face au mur. Je ne fus pas plutôt seul que je courus à ces toiles ; l’une après l’autre, je les retournai, les contemplai avec une stupéfaction grandissante ; il me parut qu’il n’y avait là que d’enfantins bariolages, mais aux tons si vifs, si particuliers, si joyeux que je ne songeai plus à repartir. Je souhaitai connaître les artistes capables de ces amusantes folies ; j’abandonnai mon premier projet de gagner Pont-Aven ce même soir, retins une chambre dans l’auberge, et m’informai de l’heure du dîner.

« Voudriez-vous qu’on vous serve à part ? ou si vous mangerez dans la même salle que ces messieurs ? » demanda la servante.

Ces messieurs étaient les auteurs de ces toiles : ils étaient trois, qui s’amenèrent bientôt, avec boîte à couleur et chevalet. Il va sans dire que j’ai demandé qu’on me servit avec eux, si toutefois cela ne les dérangeait pas. Ils montrèrent, du reste, que je ne les gênais guère ; c’est-à-dire qu’ils ne se gênèrent point. Ils étaient tous trois pieds nus, débraillés superbement, au verbe sonore. Et durant tout le dîner, je demeurai pantelant, gobant leur propos, tourmenté du désir de leur parler, de me faire connaître, de les connaître, et de dire à ce grand à l’œil clair que ce motif qu’il chantait à tue- tête et que les autres reprenaient en chœur n’était pas de Massenet, comme il le croyait, mais de Bizet…Je retrouvai l’un d’eux, plus tard, chez Mallarmé : c’était Gauguin. L’autre était Sérusier. Je n’ai pu identifier le troisième (Filiger, je crois).

78 Annexe 4

Description de la salle à manger par Maxime Maufra.

Au haut de la grande falaise sablonneuse, dominant la mer, à deux kilomètres environ du village du Pouldu, une petite auberge était au bord d’une route qui prenait fin à l’océan. Pas de voisins : la lande et la mer. En quittant Pont-Aven, déjà trop mondain pour lui, c’est là que Gauguin s’était retiré pour travailler tranquille. Une banale maison bretonne moderne, ressemblant à toutes ses semblables. En bas à droite, un débit de boisson, à gauche, la salle à manger qu’il décora. Sur la cheminée, un tableau représentant une jeune femme qui allaitait un bébé, près d’elle, un petit homme, l’auteur le peintre De Haënen [De Haan] coiffé de son fez rouge. Les murs étaient couverts d’arabesques bizarres, décorés de motifs symbolisant plus ou moins clairement les phallus, le tout sur un fond bleu vert, d’un ton qui lui était familier. Quelques sentences philosophiques étaient inscrites sur les murs, l’une d’elles de Richard Wagner. Bleu également le plafond aux quatres coins duquel des bols de punch flambaient dans l’orange. Les vitres de la fenêtre imitant des verrières, des oies blanches y étaient dessinées, réunies entre elles par des traits bleus mélangés à un léger bleuté, avec quelqu’ornementation jaune. L’aspect en était plutôt sauvage. Attenant la maison, se trouvait un baraquement en bois, une ancienne écurie que Gauguin avait transformé en atelier. Une petite baie vitrée l’éclairait, la porte donnait sur la route. Quand je le visitais pour la première fois (octobre 1890), Gauguin venait de l’abandonner. Il était parti la veille pour Paris et Moret et moi venions pour le voir, ce fut une déception. Quelques études restaient accrochées au mur, un tonneau sculpté par lui gisait par terre ; sur une table sale de vieux tubes de couleur et quelques images d’Epinal. Tendue, une vieille toile d’emballage, tachetée de semblants de décoration, enlevait un peu de nudité au mur. Par terre, le sable des dunes voisines.

79 Annexe 5

Correspondance entre François Norgelet, intermédiaire de la galerie Barbazanges et Marie Henry.

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84 Annexe 6

Extrait du texte de Marie Le Drian, Marie Henry Gauguin et les autres, 2003.

Extrait 1 Marie

1 « Je n’attendais pas cela. Ce n’était pas ce que je voulais. Leur désordre et leurs caprices. Je suis venue là pour la mer. Pour être enfin tranquille. Que tous les jours soient pareils, sauf peut-être le dimanche.

Je n’attendais pas cela. Je suis venue pour être tranquille. Enfin ma patronne. La 5 plage, la mer, tous les jours pareils et moi seule à commander. Sans sonnette, sans

avoir à sourire pour que l’on dise mon nom. J’ai voulu m’arrêter, oublier et voir Léa grandir en souhaitant mieux pour elle. J’ai voulu tout cela, le calme, l’oubli. Et ceux- là me dérangent. On dirait qu’ils devinent. J’ai voulu la mer. Être ma patronne. La plage sans le goémon à ramasser toujours. Ma place. Enfin. Et ceux-là me dérangent. Je n’ai pu refuser. Ils vont pourtant amener chez moi le désordre et 10 d’autres que je ne connais pas.

Je n’attendais pas cela. Je voulais des gens d’ailleurs. Bien sûr. Pas ceux-là. Des gens bien. Des femmes fatiguées qui seraient venues pour l’iode et pour la mer. Des femmes fatiguées que leurs maris auraient visitées le dimanche. Des gens qui n’auraient rien souhaité d’autre que l’air et le calme. Eux, cherchent quelque chose, 15 je ne sais pas quoi, mais cela me dérange. Je ne changerai rien ici. Ils peuvent rester, ils mangeront comme les autres. Aux heures. Et même menu pour tout le monde.

Les soirées seront ordinaires. Je ne veux pas dans ma maison des chahuts de Pont- Aven. Je suis venue là pour être tranquille. Enfin ma patronne. Ils ne me prendront 20 rien ! »

Extrait 2 Marie

1 « Il pleut. Depuis ce matin. Je n’aime pas quand il pleut. C’est plus difficile d’être sa patronne sous la pluie. C’est à moi de décider si je dois ou non allumer le feu. Là- bas, il me disait. Ou elle. Il me disait lorsqu’il venait, avant de partir. Il me prenait,

85 ensuite il parlait : « Tu lui feras du feu. Elle n’est pas bien encore ce matin. Elle a

5 froid. »

Ou alors, c’était elle, dans la journée. Elle venait de sa voix pointue. Cette fausse voix de celles qui ne travaillent pas. Qui n’ont pas à s’occuper, ou seulement de ce qui anime les autres. Une voix de commandeuse : « Marie, t’as encore oublié le feu… Monsieur ne te l’a pas dit ? » Si, Monsieur me l’avait dit, après m’avoir prise.

10 Trois années et j’entends encore la voix : « Tu lui feras du feu. » C’était simple de lui obéir à lui. Même si c’était pour elle. Ici, il faut que je me décide. Que je regarde le temps. S’il va se lever. Comment savoir lorsqu’il pleut depuis l’aube.

Je n’aime pas quand il pleut. Ils restent tout le temps à l’intérieur, dans la salle. Ils parlent, ils nous regardent. Ils s’attardent à me voir, à regarder Maryvonne. Ils ont 15 des idées derrière la tête, j’en suis certaine.

Ils sont là depuis plusieurs jours et je ne m’habitue pas. Je ne voulais pas ça. Je voulais la mer. Mais pas cette pluie. Je dois m’occuper du feu. Il aurait aimé que je fasse du feu. Au moins, c’est un feu pour moi puisque c’est moi qui commande. Un feu aussi pour eux puisqu’ils sont toujours là. Au moins, ce n’est pas un feu pour 20 elle. Il n’aurait jamais dû venir ici me voir. Il n’a pas su pour Léa. Je n’ai rien dit.

Jamais. J’oublierais. Les femmes ici disent que l’on oublie. Elles ne sont jamais allées au-delà de Quimperlé, je ne vois pas ce qu’elles ont à oublier. Les mains chaudes d’un homme sur vous, même s’il demande d’allumer le feu pour elle, on ne peut pas les oublier.

25 J’étais venue ici, au Pouldu, pour être tranquille et cette idée de buvette m’a trotté dans la tête. Je pensais seulement acheter et me louer ailleurs. Comme avant, mais libre. J’aurais eu moins de tracas, un chez moi pour le soir. C’est peut-être en le voyant lui, si las devant la mer et qui me parlait d’elle. C’est peut-être là que m’est venue cette idée de buvette, puis d’auberge pour les femmes fatiguées que leurs maris viendraient visiter le dimanche. Ou peut-être avais-je l’idée déjà et juste là, 30 devant lui. Ou j’ai cru que cela l’obligerait à revenir ? Même s’il devait être avec elle

et sa voix de commandeuse. Même si elle devait être là et qu’à chaque instant il lui manque quelque chose.

86 Je n’aurais pas dû prendre de pensionnaires pour l’hiver. Je gagnais suffisamment

35 avec les marchands de sable. Aujourd’hui, j’ai moins de temps pour penser. Peut- être est-ce cela l’oubli ? Avoir moins de temps pour penser.

Ils sont étranges mes pensionnaires. Monsieur Meyer est arrivé le premier. Il était d’un genre tranquille. Je ne pensais pas qu’il amènerait quelqu’un de si différent :

« Je reviendrais avec un ami. Nous resterons peindre quelques jours, la lumière est 40 belle ici. » Ils sont à l’auberge depuis plus d’un mois et l’ami ne me plait pas. Peut- être ressemble-t-il à celui que j’essaie d’oublier ? Par moments, dans la journée, je suis à mon ouvrage, ils sont dans la salle où ils peignent dans la cour. Et lui, le nouveau, je n’arrive jamais à retenir son nom, commande. Il a cette façon de dire 45 « Marie » qui me rappelle la sienne, là-bas, à Paris. Comme si c’était lui qui peignait,

là, dans la cour et demandait, juste pour tout de suite et sans attendre, un verre de cidre.

Parfois le dimanche, aussi là-bas, il peignait avec elle, dans le salon. Seulement lorsqu’ils étaient seuls. Il n’aimait pas qu’on le voit peindre. Ils copiaient ensemble 50 des fleurs, des fruits, ou simplement des vases vides. Ils en parlaient ensuite ou il m’appelait : « Tu as vu, Marie ? C’est ma femme l’artiste ! Moi je ne suis qu’un barbouilleur. » Elle prenait des airs à dire que non et je lavais les pinceaux. Je rebouchais les tubes. Je rangeais les tableaux. C’était dimanche soir et je savais qu’un jour je me vengerais de la peinture. Il faudra pourtant que je m’habitue. À eux. À 55 oublier. À faire ici du feu. C’est le matin surtout que je pense à lui, sans doute

parceque le matin, le jour à peine levé, souvent il me prenait. Parceque c’est le matin que l’on pense. Je me lèverais tôt dès demain, j’oublierais plus vite. Et, tout de suite, pour m’occuper les mains, qu’elles ne pensent pas aux siennes, je vais allumer le feu. »

Extrait 3

Marie

1 « Parcequ’il lui ressemblait, j’ai cru un moment que dans ses bras j’oublierais. Et j’ai ri avec lui. Avec eux. À l’été de la Saint-Martin, ils m’ont entraîné le dimanche sur la plage. Et quand, à colin-maillard, il m’a pris la main, j’ai tremblé parcequ’il lui

87 5 ressemblait. Mais il ne lui ressemble que trop ! Le lendemain, déjà, il me prenait la

taille en me lisant sa lettre. Celle qui lui écrivait. Elle. Là-bas. Et qu’il voulait fidèle.

« Tu comprends, Marie, la mère de mes enfants ! » Et le père de ma fille ? A-t-il un jour entre les bras d’une autre parlé de moi ? Je me demande ! Paul ne me touchera plus. Je ne veux pas. J’ai déjà donné à ses hommes qui prennent 10 tout. Je ne l’approche plus. C’est toujours lui, ici, qui commande, qui dirige, qui chante ou organise, mais pour sourire et l’écouter, c’est à côté de Jacob qu’à présent je m’assieds. Jacob ne me prend pas la main. Il me regarde et me parle de moi. Il veut que je pose pour lui. Que je reste assise longtemps dans la lumière. Pour lui et ses couleurs. « Pour plus tard. » dit-il. « Tu comprends, Marie, toi et l’avenir. » Je ne 15 sais pas, peut-être avec Léa, quand j’irais la chercher ? Cet avenir là ? Je ne comprends pas ce « plus tard » qu’il répète toujours. Il veut aussi que je monte parfois dans sa chambre. J’y aurai plus chaud. La maison est á moi et l’on me permet de dormir ici ou là. On me donne l’autorisation. J’ai toujours dormi chez les autres.

Les sœurs. La boulangerie. Lui. À présent que j’achète, qu’enfin je suis chez moi, 20 j’ai tout juste un coin pour m’allonger. Un jour, j’aurai une vraie maison. Sans pensionnaires. On passera devant, on dira : « C’est la maison de Marie Henry ! » On ne dira même plus : « Marie-Poupée. » On aura du respect. Du respect même pour mon désordre. On passera devant la maison et on dira : « C’est la maison de Marie Henry, fille de Philibert Henry, vous savez, elle est originaire de Moëlan. Une 25 femme bien. » On aura oublié que j’ai servi et dormi chez les autres. On aura oublié que j’ai accouché seule et sans père pour mon enfant. On dira seulement mon nom et je dormirai là où je voudrais. Pas loin d’une cheminée. Toujours la mer devant ma fenêtre. Ce n’est pas avec le semblable que l’on oublie, mais avec le différent.

Jacob est doux, ne me parle que de moi. En secret, il me fait rire. Ses mains sont 30 fraîches et j’oublie la chaleur de celui qui me parlait d’elle. La diseuse de bonne aventure me l’avait prédit : « Je vois un homme qui changera ta vie, ma fille. Un étranger… dans une maison au bord de l’eau. » Tout y est, c’est peut-être lui, Jacob, qui me donnera le calme enfin dont je rêve. Pourtant ses yeux ses yeux brillent de départ en écoutant les récits de Paul sur la lumière des colonies. Alors, j’ai peur et 35 me dis qu’il aurait mieux valu ne pas entendre cette femme qui lisait dans les mains.

Je m’écoute trop, je sais. Qu’il soit étranger ou non, que ce soit le bon ou pas, pour la première fois un homme me parle de moi au lieu de rêver d’elle. Un homme enfin

Charles

demeure avec moi après m’avoir prise. Alors qu’importe s’il me prend mal. Je m’habitue doucement à lui, mais j’ai si peur des jours à venir.

Le soir, après manger, ils restent dans la salle, je débarrasse et Paul parle de voyages.

Je me méfie de Paul qui a toujours besoin d’un autre pour parler de plus tard. On dirait un enfant dans une cours de récréation. Il ne peut rien faire seul, il lui faut sa bande complice. Je ne veux pas qu’il entraîne Jacob dans ses projets. Dieu sait si j’en ai entendu rêver des colonies. À Quimperlé, à Lorient ou ailleurs ! Je n’en ai pas vu beaucoup revenir. Ou alors si débraillés.

Jacob n’est pas beau mais il restera avec moi. J’aurai mon homme aussi. Le mien. Je pourrais entrer fière à l’église. Il veut connaître Léa. Je vais aller la chercher. Je traverserai avec le capitaine Jacob. À présent la maison est comme une famille.

Bientôt viendra l’hiver et je préfère surveiller que ma petite ait chaud. J’espère que mon lait reviendra. Je ne sais pas si le lait s’arrête d’absence. »

Extrait 4 Marie

« Un matin, là-bas, je n’avais pas voulu lui ouvrir la porte. Je n’avais pas voulu. Tout simplement. Juste pour une journée. Toujours, il venait à son gré. Le reste du temps, il m’était étranger. Je n’avais pas le droit même de le regarder. D’habitude, en la voyant souffrante, je pensais : pauvre malheureux. Mais ce matin-là, j’avais voulu retrouver un peu de ma fierté, et la porte, la mienne, était restée fermée. Jamais ensuite, je n’ai recommencé. Pour une seule fois la porte fermée, il avait presque crié dans le couloir. Et pendant des semaines, il n’en avait parlé : « Ne recommence jamais ça ! … Pas toi ! » Je n’avais aucun droit et il donnait des ordres. Je n’ai pas recommencé. Ma fierté, je ne sais plus, depuis ce jour-là, ce que j’en ai fait. Paul est ainsi depuis que le soir, je ne monte plus dans sa chambre. Depuis que je préfère la chambre à cheminée, celle où il fait chaud, celle où l’on me parle de moi. Celle de Jacob. Paul, lui, a crié dans le couloir lorsque je ne suis plus venue. Il n’a pas dit tu préfères la voix, les mains de Jacob. Il répète seulement qu’un jour, je regretterai.

« Un matin, là-bas, je n’avais pas voulu lui ouvrir la porte. Je n’avais pas voulu. Tout simplement. Juste pour une journée. Toujours, il venait à son gré. Le reste du temps, il m’était étranger. Je n’avais pas le droit même de le regarder. D’habitude, en la voyant souffrante, je pensais : pauvre malheureux. Mais ce matin-là, j’avais voulu retrouver un peu de ma fierté, et la porte, la mienne, était restée fermée. Jamais ensuite, je n’ai recommencé. Pour une seule fois la porte fermée, il avait presque crié dans le couloir. Et pendant des semaines, il n’en avait parlé : « Ne recommence jamais ça ! … Pas toi ! » Je n’avais aucun droit et il donnait des ordres. Je n’ai pas recommencé. Ma fierté, je ne sais plus, depuis ce jour-là, ce que j’en ai fait. Paul est ainsi depuis que le soir, je ne monte plus dans sa chambre. Depuis que je préfère la chambre à cheminée, celle où il fait chaud, celle où l’on me parle de moi. Celle de Jacob. Paul, lui, a crié dans le couloir lorsque je ne suis plus venue. Il n’a pas dit tu préfères la voix, les mains de Jacob. Il répète seulement qu’un jour, je regretterai.

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