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Système olfactif émotion et mémoire :

Dans le document Les parfums : fabrication et santé. (Page 115-118)

Huile déterpenée

V. Perception des molécules odorantes :

5.1. Système olfactif :

5.1.2. Système olfactif émotion et mémoire :

Nous possédons tous un détecteur d’odeurs exceptionnel. Alors même que nous avons presque perdu l’usage de notre nez, nous commençons tout juste à en comprendre la merveilleuse complexité. La sensation olfactive est bien différente des autres sensations. À la fois fugace et persistante, son souvenir nous surprend toujours au plus intime de notre être [63].

Plus que toute autre modalité sensorielle, l’olfaction partage avec les émotions la faculté d’attribuer une valence positive (appétitive) ou négative (aversive) à notre environnement. De fait, certaines odeurs sont capables d’induire un état émotionnel de façon reproductible, et une induction émotionnelle modifie la perception des odeurs. Et ceci par l’existence des bases cérébrales communes au traitement des émotions et des odeurs, ce qui pourrait expliquer les troubles de l’odorat rencontrés dans certains troubles psychiatriques tels que la dépression ou la schizophrénie [64].

En effet l’influence de l’odeur sur le comportement s’explique par le fait que l’odorat est le seul de nos cinq sens qui n’accède pas directement à notre conscience. Par conséquent, quand nous respirons une fragrance, le message olfactif est perçu par notre inconscient car il ne passe pas par la case « conscience » mais d’abord par le système limbique, cette zone du cerveau qui est le siège de nos émotions (peurs, plaisirs, agressivité,…) jouant donc un rôle primordial [8] dans la régulation émotionnelle et la mémoire. Il est constitué de structures sous-corticales (amygdale, hippocampe) et corticales (cortex parahippocampique et cortex cingulaire) [64].

Les nombreuses connexions entre les voies olfactives et le système limbique autorisent l’association des odeurs avec d’autres événements. A chaque instant cette interface limbique réalise des corrélations entre les éléments cognitifs de l’environnement extérieure et les états affectifs venus du monde intérieur viscéro-somatique. Elle est à la base des processus de mémorisation des événements référés dans le temps et l’espace par les affects ainsi que des

conduites, et l’enregistrement de leurs conséquences (succès/échec) implique une expérience affective (plaisir/déplaisir) qui modulera l’expérience mémorisé [32].

En effet un être humain est capable de reconnaître jusqu’à 10 000 odeurs différentes et, plus impressionnant, avec une mémoire olfactive de 65 % de précision un an après, contre seulement 50 % pour la mémoire visuelle après trois mois. Le neurologue Alan R. Hirsh, fondateur et directeur de Smell & Taste / Chicago, a fait une étude sur des américains qui a prouvé que les odeurs de l’enfance (depuis la naissance) restent dans les préférences avec des souvenirs nostalgiques de parfums qui ramènent à des émotions et à des sentiments. Force est de constater que l’odorat humain est le sens le moins développé et qu’il a tendance à dégénérer. Cependant, l’olfaction demeure d’une grande importance dans la détermination consciente et inconsciente de nos comportements, en particulier dans le codage et le stockage durable des informations hiérarchisées, ce qui constitue le vaste domaine de la mémoire [8].

Dans la « mémoire à long terme », on discrimine celle « explicite ou déclarative » qui garde les événements liés à l’apprentissage (l’orientation spatio-temporelle, le savoir et la culture). Ce type de mémoire (qui repose sur le circuit de Papez) permet l’apprentissage et une consolidation variable des souvenirs en fonction de leur poids émotionnel et de leur répétition (renforcement) [8]. Ce circuit neuronal de Papez ou encore le circuit hippocampo-mamillo-thalamo-cingulaire car il unit par des faisceaux de fibre l’hippocampe au corps mamillaire, puis celui-ci au thalamus, et ce dernier au gyrus cingulaire. Ce circuit est complexe, mais il s’est avéré qu’une lésion de n’importe laquelle de ses composantes entraîne une perte élective de la capacité à créer de nouveaux souvenirs [67].

L’autre dimension de la mémoire à long terme est dite « implicite » car elle est inconsciente : apprentissage sans retenir l’expérience de l’apprentissage. Elle est impliquée dans le conditionnement. Elle permet de réaliser des tâches automatiques comme faire du vélo, nouer ses lacets, etc. Elle se subdivise en :

- « mémoire motrice » qui assure l’acquisition du savoir-faire et la compétence de l’individu. Elle est affectée par les maladies neurodégénératives du cervelet et du

- « mémoire émotive » dont le centre névralgique est l’amygdale qui reçoit des informations par deux circuits distincts (le thalamique et le cortical) [8].

Les informations thalamiques véhiculent une perception grossière et rapide d’une situation, alors que les réseaux corticaux donnent une représentation détaillée. Ces derniers circuits sont longs ; ils passent par le thalamus puis par le cortex avant d’atteindre l’amygdale. Ces deux voies de la mémoire émotionnelle ont des contraintes temporelles distinctes : une rapide (thalamique), une lente (corticale) (figure 32) [8].

Figure 32 : les deux circuits thalamique et cortical de la mémoire émotionnelle [8].

Face à une émotion, le thalamus active simultanément le cortex et l’amygdale. Ce qui fait naître immédiatement des réactions émotionnelles dans l’amygdale avant même que nous ayons identifié le stimulus émotionnel. Le circuit court thalamo-amygdalien est donc utile lorsqu’il faut réagir vite. Dans un deuxième temps, le traitement de l’information par la voie longue corticale permet la vérification de la situation afin de la renforcer si c’est un véritable

que la mémoire explicite passe par l’hippocampe. Cette différence explique pourquoi nous ne nous souvenons pas des traumatismes qui se sont produits au début de la vie. En effet, l’hippocampe est encore immature lorsque l’amygdale est déjà capable de stocker une quantité de souvenirs inconscients. Un traumatisme précoce pourra donc perturber les fonctions mentales et comportementales d’un adulte par des mécanismes inaccessibles à la conscience [8].

Enfin, plus que toute autre, la mémoire olfactive est caractérisée par la double capacité d’évoquer une odeur à partir d’éléments contextuels associés et d’évoquer des souvenirs à partir d’une odeur, sans doute en raison des liens étroits entre cette mémoire et les mécanismes de l’émotion [68].

Dans le document Les parfums : fabrication et santé. (Page 115-118)