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Chapitre IV : Introduction de l’agroforesterie

1. L’agroforesterie comme solution d’aménagement de la plaine de la Mina

1.1. Présentation de l’agroforesterie 1 Qu’est-ce que l’agroforesterie ?

1.1.2. Système agroforestier

Somarriba (1992) présente une réflexion plus poussée sur ce sujet. Se basant sur les critères de plusieurs spécialistes en agroforesterie, il réussit à faire ressortir trois idées généralement considérées comme fondamentales dans la définition de l’agroforesterie (tab n° 51).

Tableau n° 51 : Critères de base pour définir un système agroforestier

Critères de base de l’agroforesterie  Au moins une des composantes est une espèce ligneuse et pérenne ;

 Présence d’au moins deux espèces végétales qui ont des interactions biologiques significatives  Au moins une des espèces est utilisée pour produire du fourrage ou obtenir des produits agricoles

provenant d’espèces pérennes ou annuelles.

1.1.2.1. Classification des systèmes agroforestiers

Les critères du tableau ci-dessus permettent de mieux discerner ce qu’est l’agroforesterie. À partir de ceux-ci, un système de classification des systèmes agroforestiers peut être élaboré.

La structure des composantes, leurs fonctions, les facteurs socioéconomiques et les conditions climatiques sont les différents modes de classification reconnues (Nair, 1985).

Intuitivement, la classification la plus simple des systèmes agroforestiers se base sur la nature de leurs composantes. C’est exactement sur ce principe que s’appuie la classification structurelle. Celle-ci se décompose en deux blocs : l’arrangement spatial et la séquence temporelle. Le premier cas réfère aux dispositions entre les différents éléments dans l’espace, tandis que pour le second, le temps y est inclus comme facteur principal de classification (C. F. Dussault, 2008).

Les trois composantes principales retrouvées en agroforesterie sont la strate arborée, les cultures agricoles et les animaux d’élevage. Selon le type d’association entre les différentes composantes, on retrouve quatre systèmes agroforestiers principaux : l’agrisylviculture (association espèces ligneuses – plantes saisonnières), le sylvopastoralisme (association élevages – espèces ligneuses), l’agrosylvopastoralisme (association élevages – espèces ligneuses – plantes saisonnières) et les autres systèmes (Fig. 26). Cette dernière catégorie a été ajoutée afin de ne pas exclure des systèmes agroforestiers moins fréquents tels que l’apisylviculture, mais aussi des systèmes plus simples comme les haies brise-vent utilisées pour réduire l’érosion et la vélocité du vent (C. F. Dussault, 2008).

Figure n° 26 : Systèmes agroforestiers classifiés selon la nature de leurs composantes. Source : Nair, P.K.R. 1985

De Baets. N et al (2007) donnent une autre classification des systèmes agroforestiers en s’appuyant

sur la principale fonction des systèmes. Ainsi, bien que tous les systèmes agroforestiers possèdent la capacité de fournir simultanément plusieurs produits et services, une telle classification distingue, d’une part, les systèmes à vocation productive et, d’autre part, les systèmes multifonctionnels. Ces derniers combinent la production de produits ligneux et non ligneux aux services environnementaux, sociaux et territoriaux.

1.1.2.1.1. Les systèmes agroforestiers multifonctionnels

Les principaux systèmes agroforestiers multifonctionnels sont les haies brise-vent et les systèmes riverains agroforestiers.

a) Les haies brise-vent

Les haies brise-vent sont des alignements minces de végétaux, généralement ligneux, et le plus souvent de grande hauteur, normalement rectilignes, orientés perpendiculairement aux vents nuisibles dominants, qui protègent les terres cultivées, les pâturages, les voies de communication, les bâtiments agricoles et domestiques du vent, ainsi que du sable et des poussières entraînées par le vent (photo n°11).

b) Les systèmes riverains agroforestiers

Les systèmes riverains agroforestiers sont établis le long des cours d’eau pour la stabilisation des berges, la protection de la qualité de l’eau et des habitats, la régularisation des débits des cours d’eau et parfois le captage du carbone et ils contribuent de plus à l’esthétique du paysage (photo n°12).

1.2.1.2. Les systèmes agroforestiers à vocation productive

Les systèmes agroforestiers productifs comprennent les systèmes sylvopastoraux, l’apisylviculture, les cultures sous couvert arboré, les cultures intercalaires, l’aquaforesterie et la ligniculture en courtes rotations.

a) Les systèmes sylvopastoraux

Les systèmes sylvopastoraux intègrent des arbres, des cultures fourragères et des animaux d’élevage selon une dynamique d’interactions planifiées (photo n°13).

b) L’apisylviculture

L’apisylviculture, ou l’apiculture à l’aide d’une espèce ligneuse, notamment en associant des productions fruitières à l’apiculture (photo n°14). Cette association est l’emplacement de ruches dans

les vergers arboricoles. L’introduction de ruches dans les champs d’arborés à des fonctions économiques (diversification des productions agricoles dont la principale est le miel) et écologique (la biodiversité agricole ; l’abeille contribue à la polonisation des arbres). Au canada, La pollinisation de 90 % des bleuetières dans cette région est stimulée par la présence des ruches et basée sur des ententes formelles entre les apiculteurs et les cultivateurs de bleuets.

c) La culture sous couvert forestier

La culture sous couvert forestier est une autre pratique agroforestière qui se pratique principalement en érablière pour des raisons d’ordre écologique et logistique. Ce sont en général des plantes d’ombre qui y sont cultivées, particulièrement des plantes médicinales telles que le ginseng, l’asaret, l’hydraste, la sanguinaire, l’actée, etc. (photo n°15). En effet, ces cultures ont une bonne complémentarité avec l’acériculture car les activités liées à chacune s’effectuent à un moment différent dans la saison. Les champignons forestiers comestibles sont aussi au nombre des ressources que l’on trouve en forêt aussi bien feuillue qu’à dominance résineuse; D’une part, les cultures sous couvert forestier se profilent comme une stratégie intéressante de diversification des revenus dans les régions à fort couvert forestier.

d) Les cultures intercalaires

Les Systèmes culture intercalaires ou l’agrosylviculture consistent en la plantation de rangées d’arbres largement espacées les unes des autres, ce qui permet d’allouer les bandes intercalaires à des plantes agricoles (Gordon et Newman 1997), est une pratique agroforestière très connue dans le monde (photo n°16). La culture intercalaire est, avec les haies brise-vent, une des pratiques agroforestières les

plus anciennes et les plus répandues dans les zones tempérées du globe (Dupraz, 1994). Ces systèmes agrosylvicoles intercalaires trouvent leurs racines dans des systèmes traditionnels où la présence des arbres n’était pas forcément liée à la production de bois d’œuvre, mais souvent à la production de fruits (De Baets. N, 2007).

Les premiers exemples connus d’associations d’arbres et de cultures intercalaires remontent à plus de 2000 ans, dans les pays méditerranéens, où des écrits anciens mentionnent l’association de cultures céréalières, et notamment du blé (Triticum spp.), à l’olivier (Olea europea L.) (Lelle et Gold 1994), à l’amandier (Prunus amygdalus), à l’arganier (Argania spp.), au châtaignier (Castanea sativa Mill.) et aux chênes fruitiers fourragers (Quercus spp.) (Dupraz et Newman 1997).

Plus récemment, En Chine, les SCI avec le Paulownia, associé notamment au blé d’hiver, couvraient déjà il y a une dizaine d’années près de 1,8 million d’hectares (Wu et Zhu 1997), transformant complètement le paysage des vastes plaines du Nord de la Chine (Lu 2006).

e) L’aquaforesterie

Un système agroforestier qui est essentiellement associée à la pisciculture. L’élevage des poissons en étang, particulièrement des truites, peut avoir des effets destructeurs sur les effluents dans lesquels se déversent les bassins d’élevage. On peut atténuer les désavantages de ces élevages par la ligniculture qui consiste à planter des saules et des peupliers en aval des installations, ce qui aura comme effet de contribuer à traiter ces eaux usées chargées de phosphore, en mouvement vers un effluent;

L’Institut de recherche en biologie végétale (IRBV) de Québec au Canada en 2006 mène un projet de recherche visant l’utilisation de plantations de saules et de peupliers pour le traitement des effluents de pisciculture. Ce projet a pour objectifs d’analyser la capacité de cette pratique à épurer les effluents avant qu’ils ne soient déversés au cours d’eau.

f) La ligniculture en courtes rotations

Elle consiste à planter dans des friches des matières ligneuses à croissance rapide, voire ultrarapide s’il en est. Ces matières ligneuses sont destinées à des coupes fréquentes, contrairement à la plantation de résineux qui doit croître longuement avant la coupe. Cette pratique peut aussi être associée à la production de biomasse.

Dans la ligniculture en courtes rotations, des arbres et arbustes à croissance rapide, comme le saule et le peuplier, sont utilisés afin d’obtenir un maximum de rendement de matière ligneuse. Les plants de saules sont mis en terre une première année puis récoltés, en les fauchant, à tous les trois ans pour une durée d’une vingtaine d’années. La coupe a pour effet de favoriser une repousse vigoureuse des tiges et ainsi accroître la production, d’où l’intérêt de la ligniculture de saules pour l’industrie du bois.

Photo n°11 :, haie de peupliers au Québec

(Vincent Chifflot 2007)

Photo n°12 : bande riveraine Nouveau-

Brunswick (Vincent Chifflot 2007)

Photo n°13 : taureaux à l'ombre

d'eucalyptus en Andalousie, Espagne (

Photo n°14 : Apisylviculture Ruches

d’abeilles s’alimentant des fleurs de haie et de culture (Arbre et Paysage 32,)

Photo n°15 : culture sous couvert forestier

« d'actée à grappes noires » près de Québec. (Vincent Chifflot 2007).

Photo n°16 agrisylviculture ou SCI

(Gavaland 2003).