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Chapitre IV : Introduction de l’agroforesterie

1. L’agroforesterie comme solution d’aménagement de la plaine de la Mina

1.2.4. Le sylvopastoralisme : une pratique à faire de régénérer 1 Présentation de la pratique

1.2.4.2. Potentiel d'utilisation des haies brise-vent

Il existe une littérature abondante qui témoigne des avantages agro environnementaux et économiques des brise-vent en agriculture, que ce soit pour réduire l'érosion éolienne des sols, augmenter les rendements des cultures et pour protéger les bâtiments, les animaux et les routes et l’embellissement des paysages ou produire de produits supplémentaires destinées aux ménages et aux animaux (fruit, fourrage, bois de chauffe etc..).

1.2.4.2.1. Intérêts environnementaux et agronomiques du système haie brise-vent

Les brise-vent contribuent à diminuer les conflits entre agriculteurs et entre agriculteurs et éleveurs de par la matérialisation inamovible des limites entre les parcelles et de par leur protection des cultures contre la divagation des animaux.

Les brise-vent agissent sur deux facteurs qui influencent grandement l'érosion éolienne: la vitesse du vent et la teneur en eau du sol. En réduisant la vitesse du vent et les pertes d'eau par évaporation (Guyot, 1989), le brise-vent réduira de façon marquée les pertes de sol.

Les brise-vent peuvent augmenter les rendements de différents types de culture. Ces augmentations de rendements s'expliquent par la réduction des dégâts mécaniques causés aux feuilles, aux fleurs et aux fruits, par une meilleure pollinisation (Lewis et Smith, 1969) et par une augmentation de la température de l'air durant le jour.

Les brise-vent peuvent diminuer les bris occasionnés aux bâtiments par les vents violents et les accumulations de neige. On les utilise également pour diminuer le stress et les besoins alimentaires des animaux d'élevage (Hintz, 1983).

Les brise-vent contribuent à augmenter la sécurité sur les routes en réduisant la poudrerie et les accumulations de neige. Au Québec, la plupart des routes orientées du nord au sud, qui sont exposées aux grands vents, bénéficieraient de la protection offerte par des brise-vent.

Leur nom est dans un certain sens mystifiant car leurs fonctions vont au-delà de limiter l’érosion éolienne et de protéger les cultures et les animaux du vent. Selon Wight et Towsend (1994, cités par Ouellet, 1999), elles améliorent la pollinisation de certaines cultures, elles offrent un abri pour le bétail et elles améliorent l’efficacité de l’irrigation.

Sur le plan faunique, ils maintiennent de la biodiversité naturelle et agricole par ces structures végétales qui contribuent à la formation de nouveaux habitats qui seront utilisés au fil des ans par différentes espèces d’oiseaux, de mammifères, d’amphibiens et de reptiles. (Gilles Paquet et Jacques Jutras, 2006).

Les haies brise-vent améliorent le cadre de vie des ruraux en réduisant le volume des poussières en suspension dans l'air et en atténuant les bruits en provenance des routes ou reliés à des pratiques agricoles (Wight, 1988). De plus, elles valorisent et embellissent le rang, la ferme et la campagne. Dans l’Amérique du Nord au Canada, plusieurs expériences menées par Jacobson (1997), Hommond et al, (1981), Tyndall et Colletti (2000) et André Véziné (1994, 2000) pour étudier l’effet des aménagements de bandes boisées pour réduire les odeurs émanant des bâtiments d’élevage.

Le processus d’émission des odeurs expulsés à l’extérieur des bâtiments d’élevage peut être divisé en deux voies : les émissions gazeuses et les émissions d’aérosols (particules très fines en suspension dans l’air). Ces dernières ont un impact instantané et à cout-terme alors que les émissions gazeuses ont des impacts plus subtils (Jacobson, 1997) qui contribuent, à plus long-terme, à la dégradation de l’environnement.

Les haies brise-vent peuvent agir de quatre façons pour réduire les odeurs émanant des bâtiments d’élevage des animaux (Tyndall et Colletti, 2000 cité par André Véziné, 1994) :

- Dilution dans la base atmosphère des concentrations de gaz responsable des odeurs ; - Dépôt des poussières et des aérosols ;

- Interception des poussières et des autres aérosols ;

- Absorption des composés chimiques responsables des odeurs.

1.2.4.2.2. Intérêts socio-économiques des haies brise-vent : produire plus du bois

En plus des atouts agro environnementaux des haies brise-vent dans le rôle potentiel dans l’embellissement du paysage et la protection des cultures du vent, d’autres intérêts économiques dont la production de bois de haute qualité.

En effet l’application de la technique des brise-vent assurera de meilleurs rendements et permettra une amélioration des conditions de vie des populations locales en produits supplémentaires destinés aux ménages et aux animaux (fourrage, fruit, bois de chauffe etc…). Conscient de la fragilité des exploitations agricoles, de l'utilité des brise-vent et de leur impact positif sur les cultures et l’environnement (INRF, 2012).

Longtemps considérés comme des installations de protection et de récréation, les brise-vent jouent aujourd'hui un rôle alimentaire dans un certain nombre de pays. En plus de la protection qu'ils offrent, les brise-vent abritent des produits forestiers non ligneux (PFNL) et des animaux pour la chasse et l'observation (Burel et Baudry, 1995)

Dans la plupart des pays d'Afrique, l'arbre avec ses produits ligneux et non ligneux a toujours été intégré dans la vie socio-économique des populations. Les brise-vent procurent beaucoup de services aux populations à savoir du bois de chauffage, du bois de service, du bois d'œuvre, des feuilles et des graines pour l'alimentation du bétail, des médicaments, etc (Diatta Marone, 2010).

Les brise-vent contribuent à diminuer les conflits entre agriculteurs et entre agriculteurs et éleveurs de par la matérialisation inamovible des limites entre les parcelles et de par leur protection des cultures contre la divagation des animaux (Diatta Marone, 2010).

1.2.4.3. Identification des espèces à introduire

1.2.4.3.1. Le cyprès vert Cupressus sempervirens (ou cyprès méditerranéen) appartient à la famille des pinacées et à la sous famille des cupressacées. Il se rencontre spontanément dans toutes les zones basses du pourtour de bassin méditerranéen (Algérie, Maroc, Tunisie France mais également en Italie en Espagne), à moins de 500 mètres d’altitude. On les trouve souvent en limites de zones agricoles ou en alignement dans les parcs ou les propriétés, où leur forme particulière en fuseau marque les paysages (CRPF Languedoc-Roussillon, 2007).

C’est une essence xérophile, car c’est un arbre robuste susceptible de s’adapter à des conditions physiques très sévères (Yahiaoui. F, 2010). C’est une essence exigeante en chaleur, qui craint les grands froids. Elle est, par contre, très plastique du point de vue des exigences édaphiques et se rencontre à la fois sur des sols acides ou calcaires. Cette essence préfère les sols profonds et drainants (dominante sableuse ou limoneuse), elle supporte peu les terres argileuses et mal trop gorgées d’eau. Néanmoins, le cyprès vert tolère les sols superficiels (moins de 50 cm, voire 30 cm) et caillouteux, pour peu qu’ils soient fissurés (enracinement puissant et pivotant) (CRPF Languedoc-Roussillon, 2007).

En effet, le cyprès est un arbre qui n’a pas d’exigence pluviométrique et peut se contenter de 250 à 350 mm. Du point de vue thermique, il ne supporte pas les températures inférieures à 10°C (Yahiaoui. F, 2010), il résiste aux sécheresses estivales (mais sa croissance s’en ressent) Il craint peu le vent, surtout dans sa forme fuselée, mais cela crée une irrégularité dans les cernes de croissance (bois de « tension »).

C’est un arbre qui peut atteindre 40 m de hauteur, il est très ramifié; ces ramifications sont denses, le tronc peut dépasser 1m de diamètre, les rameaux jeunes sont rougeâtres et les rameaux âgés sont gris brun. Il est caractérisé par ses cônes sphériques écailleux, gros comme une noix. Il fructifie abondamment mais irrégulièrement, son enracinement le fixe solidement au sol (Yahiaoui. F, 2010). En définitive, c’est un arbre au tempérament vigoureux et rustique.

Le cyprès est une essence intéressante par son bois qui est d’excellente qualité, par sa rusticité, par son rôle multifonctionnel (brise-vent pour protéger les cultures et les animaux)et sa faculté de s’adapter aux sols et aux conditions climatiques les plus défavorables, c’est donc un système agroforestier et un élément de reboisement les plus précieux pour notre pays (Yahiaoui. F, 2010).

En Algérie cette essence d’arbre a de multiples fonctions agro-environnementales et économiques : - utiliser comme haies brise-vent pour protéger les cultures contre les vents desséchants (cas les vergers arboricoles dans les grands périmètres irrigués - Mina, Habra et Sig) et pour identifier et délimiter les propriétés agricoles (Photo n°29). Aussi pour l’embellissement des paysages ruraux. Les cyprès verts abritent aussi des oiseaux ;

- coté économique, elle assure les produits ligneux : bois d’œuvre (pièces de charpente de petite taille et des éléments de menuiserie) et bois de chauffage ;

La densité de plantation préconisée en agroforesterie peut être celle visée en production finale car le comportement de cette essence est relativement régulier et homogène. On peut donc installer 100 à 200 tiges/ha, suivant les projets. L’arbre produit 0,5 – 1,2 cm/an sur le diamètre du bois et par arbre 2 - 3 m3/ha/an (200 tiges/ha) (CRPF Languedoc-Roussillon, 2007).

Le cyprès vert a une tendance à développer des branches basses, très nombreuses et vigoureuses. Les tailles et élagages doivent donc être réalisés très rapidement et elles doivent être régulières (également pour diminuer la gêne agricole).

1.2.4.3.2. Le Filao (Casuarina equisetifolia) est un arbre originaire de : Australie, Indonésie, Nouvelle-Calédonie, Malaisie de la famille des Casuarinacées Son nom latin Casuarina signifie "rameau" car on peut confondre sa feuille filaire avec un rameau. De là découle aussi le nom Casoar. Le feuillage de Casuarina equisetifolia ressemble au plumage du Casoar.

Il peut atteindre plus de trente mètres de hauteur (40 m, espèce la plus haute des Filaos) pour les vieux spécimens. Son tronc est droit avec une écorce grise. Ses rameaux cannelés en forme de fils de 2 mm d'épaisseur ressemblent à des prêles. Feuillage persistant. Aiguilles fines de 15-20 cm de long, implantées individuellement. Fruit : en forme de cône rond et épineux, de 1-2 cm de diamètre, contenant des akènes. Le filao est un arbre pionnier, capable de coloniser des sols très pauvres en éléments minéraux et salins (http:/www.wikipédia.com).

Dans le cadre de PNDA et la modernisation des exploitations agricoles et le renouvellement des plantations arboricoles, la majorité des agriculteurs préfèrent la plantation l’essence de Casuarina comme haies brise-vent vu sa Croissance rapide (usuellement 1m par an) (Photo n°30).

Le Filao (Casuarina equisetifolia) est un arbre fixateur d'azote. Actuellement, il est introduit dans tout le monde intertropical (Afrique, Asie, Amérique) où ses usages s sont multiples: réalisation de brise- vent, production de bois de chauffe, fixation et restauration de sols dégradés (M. Cisse et

F.Gourbiere, 1993).

C. equisetifolia est très résistant à la sécheresse et aux ambiances salines, il est planté comme brise-vents en bord de mer sous les tropiques (M. Cisse et F.Gourbiere, 1993). Ses racines possèdent des nodules fixateurs d'azote vit en symbiose avec une actinobactérie filamenteuse du genre Frankia; celle-ci évolue sous forme de filaments rayonnants, au niveau du système racinaire, pompant l'azote atmosphérique de l'air pour enrichir le sol. Cette symbiose permet au filao de s'installer de façon pionnière. Ses aiguilles abondantes peuvent être utilisées comme combustible pour le fumage artisanal du poisson ou comme compost dans le maraîchage et l'horticulture.

Le bois est dur, lourd, difficile à scier, se fissurant à la sécheresse le rend impropre à l'usage, sauf brut, comme poteau. Il est aussi connu un bon bois de chauffage (//www.lesarbres.fr/filao). "En raison de sa dureté, le bois de C. equisetifolia fait partie des "bois de fer" C'est aussi un des meilleur bois de chauffage. Il a été appelé «le meilleur bois de chauffage dans le monde» et produit également du charbon de haute qualité. Cet arbre est aussi couramment utilisé comme coupe-vent ou pour fixer les dunes de sable (//www.fleurs-fruits-feuilles-de.com/C.equisetifolia).