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Synthèse

Dans le document Les technologies persuasives adaptatives (Page 104-107)

d’analyser des données comparables (ex : temps d’utilisation de son smartphone sur une période d’une journée. Une période d’une heure n’aurait pas de sens. Une heure au mi-lieu de la nuit n’est pas une heure en cours de journée. Elles ne sont pas comparables). Des opérations plus complexes sont aussi possibles pour par exemple identifier les mo-ments où le comportement est le plus ou le moins pratiqué afin d’identifier les facteurs qui le favorisent ou le contraignent. En résumé, il est possible d’adapter les messages persuasifs numériques à l’aide d’outils mathématiques en fonction de l’utilisation qui est faite de cette donnée (ex : auto-évaluation dans le cas de données d’auto-surveillance). Cette adaptation renforce la pertinence du message donc le pouvoir persuasif du système. Notons enfin que, si le modèle n’indique pas explicitement la nature des interventions persuasives, il permet en revanche d’identifier rapidement celles-ci, et de raisonner sur leurs similitudes et leurs particularités afin d’identifier de nouvelles opportunités. C’est à travers ce modèle, que l’on a été en mesure d’identifier ce nouveau principe de persuasion, que l’on nomme "principe d’adaptation numérique".

ID Principe Description

A principe

d’argu-mentation

L’utilisation d’argument pertinent dans un message persuasif, renforce le contenusémantiquedu message et son impact sur l’attitude, en cas de traitement systématique du message [22]

B stratagèmes

pour controverse

Les 38 stratagèmes de Schopenhauer sont des techniques dic-tant le choix des arguments (sémantique du message) et la manière de les présenter (propriétés du message), afin "d’avoir toujours raison" dans une controverse, quelque soit la vérité [135].

C principe

d’adap-tation

numé-rique

D’après ce principe, il est possible de renforcer le pouvoir per-suasif d’un message basé sur une valeur numérique en utilisant des outils mathématiques pour faciliter son interprétation et son utilisation. Comme pour le principe d’adaptation, ce prin-cipe appartient à la catégorie "support de l’intervention persuasive"

6.5 Synthèse

Le contexte persuasif est l’ensemble des contraintes qui influencent l’adoption d’un comportement cible par un individu donné, que ces contraintes affectent le désir d’action ou sa réalisation. Il reprend l’ensemble des dimensions du contexte interactif (environne-ment physique, social et technologique, individu, ...), mais se différencie de celui-ci par l’usage qui peut en être fait. En effet, la persuasion étant avant tout une interaction, il est susceptible d’être perçu à la fois comme un ensemble de critères d’adaptation à la recherche de la satisfaction de l’utilisateur (finalité interactive), ou comme un ensemble

de leviers d’action pour l’adoption d’un comportement donné (finalité persuasive). Cette double nature peut sembler contradictoire (satisfaire aux exigences de l’utilisateur tout en influençant ces dernières), mais se résout par l’efficacité du dispositif, dans le cadre d’une persuasion autogène qui vise un changement de comportement volontaire.

Si le contexte persuasif est peu abordé dans la littérature en persuasion technologique, la psychologie propose en revanche de nombreuses théories qui permettent d’identifier ses composantes, c’est-à-dire les contraintes et facteurs d’influence du comportement humain. Nous nous appuyons sur cette littérature, décrite dans le chapitre 2.3, pour proposer un modèle du contexte persuasif qui vise trois objectifs :

— mieux comprendre la situation persuasive de l’utilisateur vis-à-vis du comporte-ment cible

— mieux identifier les leviers d’action de la persuasion

— permettre l’élaboration d’une stratégie persuasive adéquate à la situation

Une fois ce modèle défini, nous reprenons les principes de persuasion décrit dans le chapitre 3.4, vu comme les outils à disposition de la technologie pour agir sur le compor-tement de l’utilisateur, par l’intermédiaire des leviers du contexte persuasif.

L’étude du contexte persuasif nous permet aussi de compléter l’état de l’art des prin-cipes de persuasion, en rappelant l’intérêt de l’argumentation et de la rhétorique dans l’élaboration d’une attitude, mais aussi de proposer un nouveau principe : le principe d’adaptation numérique.

Chapitre 7

Adaptation au contexte persuasif

Le modèle du contexte persuasif permet de mieux comprendre la situation de l’in-dividu face au comportement cible, et de proposer une stratégie persuasive adaptée à cette situation. Cependant, de nombreuses questions restent ouvertes sur la manière dont cette stratégie est identifiée et mise en œuvre, mais aussi sur le processus d’adaptation lui-même. Que doit-on adapter ? Quand doit avoir lieu l’adaptation ? Sur quels critères doit se baser l’adaptation ? L’utilisateur doit-il participer à ce processus ? Quels moyens a-t-il alors à sa disposition ? C’est à l’ensemble de ces questions que l’on se propose de répondre à l’aide de l’espace problème de l’adaptation de la persuasion technologique. Cet espace permet d’identifier chacune des problématiques à traiter et d’explorer les réponses possibles qui peuvent leur être apportées.

7.1 L’adaptation dans l’état de l’art de la persuasion

technologique

L’adaptation fait partie intégrante de la persuasion technologique. Dès 2003, Fogg l’identifie comme un des principes de sa triade fonctionnelle, dans le rôle d’outil (cf. section 3.4.1). D’après ce principe, "les informations fournies par le système sont plus persuasives si elles sont adaptées aux besoins individuels, aux centres d’intérêt, à la personnalité, au contexte d’usage ou autres facteurs pertinents pour l’utilisateur" [50]. Il s’agit donc d’adapter le contenu informatif du système à l’utilisateur dans son contexte d’usage. Fogg différentie d’ailleurs, en terme de difficulté, l’adaptation à l’utilisateur d’une part, et l’adaptation à l’ensemble de la situation de l’utilisateur d’autre part. "Conceptuellement, il est facile de passer des informations personnalisées aux informations contextuelles. En revanche, d’un point de vue pratique et technologique, le chemin pour effectuer ce passage est encore long avant de pouvoir en faire une réalité" [50, p. 40]. Dans le PSD (cf. section 3.5.2), Oinas-Kukkonen intègre le principe d’adaptation à la catégorie "support de la tâche principale" [119]. Sa définition est légèrement différente de celle de Fogg. Ce n’est plus une adaptation à l’utilisateur du système, mais à un groupe d’utilisateurs. Le PSD étant une méthode de conception, cette distinction apportée par Oinas-Kukkonen laisse penser qu’il envisage l’adaptation comme un processus de la phase de conception du système en fonction du ou des publics ciblés. La définition de Fogg permet d’envisager l’adaptation

sous d’autres formes, notamment une adaptation dynamique pour l’utilisateur particulier du système, tout au long du cycle de vie de ce système.

D’autres principes de conception s’appuient sur une adaptation d’une partie du sys-tème persuasif, en fonction de divers critères :

— Le principe de personnalisation apparait aussi dans le livre de Fogg, dans la catégo-rie dédiée à la crédibilité des sites web. "Des sites web qui fournissent des contenus et des services personnalisés augmentent leur crédibilité" [50]. Dans le PSD, le champs d’application du principe de personnalisation est plus large, ne se limitant ni au site web, ni à la seule crédibilité. "Un système qui offre des contenus et des services personnalisés a une plus grande capacité de persuasion" [119]. On voit que, si le principe d’adaptation dans le PSD semblait limité à la phase de conception, ce n’est plus le cas dans le principe de personnalisation.

— Le principe de suggestion appartient aussi à la catégorie "outil" de la triade fonc-tionnelle. Il propose d’adapter le "moment" de la présentation du message persuasif en fonction de la situation. "Une technologie informatique aura un plus grand pou-voir persuasif si il offre des suggestions aux moments opportuns" [50].

— Le principe du Kairos est très proche du principe de suggestion. Il vise à adapter l’envoi du message en fonction de l’opportunité du moment.

Enfin, d’autres principes peuvent être interprétés sous le prisme de l’adaptation, même si ce n’est pas leur vocation première. Par exemple, le principe de réduction peut être vu comme une adaptation du comportement cible aux capacités de l’utilisateur. Le principe de l’auto-surveillance peut être vu comme une adaptation de l’affichage au comportement présent de l’utilisateur. Enfin, le principe de similarité peut être vu comme une adaptation de l’apparence et de la communication du système en fonction de l’apparence et de la communication de l’utilisateur, en vu de les reproduire.

L’adaptation fait donc partie intégrante de la persuasion technologique. Elle permet de renforcer le pouvoir persuasif du système.

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