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L’auto-surveillance comme unique moyen d’action persuasive

Dans le document Les technologies persuasives adaptatives (Page 158-167)

Figure8.9 – Message de temps d’utilisation d’une application atteint dans MyTime [75]

des cas il choisissait de stopper son utilisation de l’application.

8.4 L’auto-surveillance comme unique moyen

d’ac-tion persuasive

Pour prouver l’efficacité de l’adaptation, il nous faut comparer l’efficacité d’un disposi-tif persuasif adaptadisposi-tif, avec celle d’un disposidisposi-tif persuasif non-adaptadisposi-tif. L’espace problème montre que l’adaptation peut opérer à plusieurs niveaux, du comportement cible à la com-munication de la persuasion. Cependant, peut-on vraiment conclure que l’adaptation est bénéfique lorsqu’un dispositif est plus efficace en alternant les stratégies persuasives entre A et B, plutôt que de se restreindre à la stratégie A ? N’est-ce pas plutôt la stratégie B qui est plus efficace que la stratégie A ? Une solution à ce problème est de comparer l’efficacité de la stratégie "A + B" à la fois à la stratégie A, mais aussi à la B. Malheureuse-ment dans les faits, l’adaptation, guidée par la diversité des contextes, se résume rareMalheureuse-ment à l’alternance entre seulement deux stratégies, et il devient alors difficile de tester l’en-semble des stratégies individuellement (demande beaucoup de ressources, notamment de testeurs). On choisit donc de privilégier une seconde méthode qui consiste à limiter les moyens d’action persuasive de la technologie à un seul principe de persuasion quelle que soit la version, adaptative ou non-adaptative. Cette limitation est restrictive en terme de choix de conception de l’adaptation, mais assure la validité des résultats. Reste à choisir ce principe.

L’analyse des applications persuasives du Google Play Store, dédiées à la lutte contre l’addiction au smartphone, et l’aide à la régulation de son usage, a permis d’identifier les trois principaux principes de persuasion employés dans ce cadre particulier : le principe

de consistance, le principe d’auto-surveillance, et le principe d’auto-coercition (même si ce dernier n’est pas à proprement parler un principe de persuasion car il enfreint la définition de la persuasion technologique). Même si près de la moitié des applications identifiées sur le Google Play Store implémentent le principe d’auto-surveillance, aucune étude n’a été menée spécifiquement sur l’usage de ce principe pour aider à l’auto-régulation de l’usage du smartphone. Pourtant, ce principe est largement employé, dans de nombreux domaines comme l’économie d’énergie [139], l’économie d’eau [82] [95], la pratique régulière d’une activité physique [73] [34] [42] [97], le sommeil [27] [87], ou encore la nutrition [35]. On choisit donc de faire de ce principe l’unique moyen d’action sur les leviers du contexte persuasif.

Un problème récurent de la mise en oeuvre du principe d’auto-surveillance est l’usure de l’efficacité du dispositif sur le long terme [139]. Plusieurs solutions ont été proposées, notamment par Arroyo avec le principe d’interface adaptative, qui consiste à "éviter l’effet d’ennui lié à la répétition en faisant varier la modalité et la fréquence des feedbacks" [6]. D’une certaine manière, l’adaptation apporte une forme de variation dans la persuasion et ses messages à destination de l’utilisateur. Nous serons donc particulièrement attentifs à l’évolution de l’efficacité persuasive au cours du temps.

8.5 Synthèse

Ce chapitre présente le cas d’étude sélectionné pour illustrer l’intérêt et la pertinence du modèle de contexte persuasif (cf. chapitre 6) et de l’espace problème de l’adaptation de la persuasion (cf. chapitre 7) pour la mise en œuvre de systèmes persuasifs adaptatifs. Ce cas d’étude est la régulation de l’usage du smartphone. Nous l’avons sélectionné à partir des critères suivants :

— Le besoin / l’éthique : le comportement prescrit est un comportement bénéfique à l’utilisateur qui en exprime le besoin. Même si les conséquences de l’usage du smartphone sont contrastées, les gênes occasionnées par un usage excessif sont suffisamment nombreuses pour trouver un avantage à réguler le temps d’usage pour les personnes ressentant une forme d’addiction.

— L’intérêt : dans un contexte de persuasion autogène, le comportement cible suscite de l’intérêt chez une part significative de la population (i.e. les personnes ressentant une forme d’addiction).

— Le contexte persuasif : il est suffisamment varié et variable pour justifier d’un besoin d’adaptation (les facteurs d’influence favorisant l’usage du smartphone sont nombreux).

— Le domaine : le cas d’étude est associé au domaine des télécommunications, comme souhaité.

8.5. Synthèse

— NUGU [90] évalue une implémentation conjointe des principes d’auto-surveillance et de consistance, mais aussi des principes de compétition et d’apprentissage social. Il montre l’efficacité de ce dispositif qu’il compare à une implémentation "person-nelle" des deux derniers principes qui elle, à l’inverse, n’a pas su se montrer efficace lors du test. Cette première évaluation tend à montrer l’inefficacité de la combi-naison des principes d’auto-surveillance et de consistance.

— AppDetox [98] s’appuie exclusivement sur le principe d’auto-coercition. Plus que l’efficacité du dispositif, c’est le comportement des utilisateurs qui est observé. Les résultats montrent que ceux-ci sont plus radicaux qu’attendus.

— LockDoll [28] traite une problématique particulière de l’impact de l’usage des smartphones : les activités de groupe. Ce dispositif n’emploie aucun des principes cités plus haut, mais privilégie le principe de simulation dans un contexte réel [50]. Une étude pilote montre l’intérêt du dispositif.

— MyTime [75] s’appuie principalement sur le principe de consistance, en incitant l’utilisateur à se fixer des objectifs d’utilisation maximale par application, mais fait aussi appel à l’auto-surveillance et au principe du Kairos [50]. L’évaluation du dispositif montre son efficacité avec une baisse jusqu’à 21% du temps de consulta-tion des applicaconsulta-tions concernées.

Dans notre cas, c’est l’adaptation de la persuasion que l’on souhaite aborder avec ce cas d’étude. Mais pour pouvoir évaluer l’apport de celle-ci, nous devons nous contraindre à réduire les moyens d’action du dispositif sur les leviers du contexte persuasif à un seul principe de persuasion : le principe d’auto-surveillance.

A partir de la définition de ce cas d’étude, et l’ajout de cette restriction, nous nous fixons les deux objectifs suivants :

— évaluer la pertinence et l’efficacité du principe d’auto-surveillance pour le traite-ment de l’addiction au smartphone

— évaluer l’apport de l’adaptation de la persuasion à l’efficacité persuasive, mise en œuvre à l’aide du modèle de contexte persuasif et de l’espace problème de l’adaptation de la persuasion.

Chapitre 9

Démonstrateur de concept

Ce chapitre présente TILT (Time Is Life Time), une application persuasive d’aide à la régulation de l’usage du smartphone. La conception de cette application vise à répondre à deux objectifs principaux, énoncés dans le chapitre 8 :

— évaluer le principe d’auto-surveillance pour le traitement de l’addiction au smart-phone

— évaluer l’adaptation de la persuasion sur l’efficacité persuasive

La conception de TILT est avant tout une illustration du pouvoir génératif de l’espace problème de l’adaptation de la persuasion, présenté dans le chapitre 7.

Ce chapitre a fait l’objet d’une publication dans une conférence internationale : — Foulonneau, A., Calvary, G., Villain, E. (2016). Stop procrastinating : TILT, time is life time, a persuasive application. Proceedings of the 28th Australian Conference on ComputerHuman Interaction (OzCHI’16) -Launceston, Tasmania, Australia. ACM. Pages 508-516.

Publication

9.1 Conception de la persuasion

Avant d’étudier l’adaptation de la persuasion à l’aide de l’espace problème, nous nous attardons dans un premier temps sur la persuasion elle-même, et plus précisémment sur le principe d’auto-surveillance qui est ici notre seul moyen d’action sur le contexte persuasif du comportement de régulation de l’usage du smartphone (contraintre que l’on s’est fixée dans le chapitre 8).

Fogg définit l’auto-surveillance comme la capacité des technologies à "supprimer la tâche rébarbative de mesure de sa performance ou de son statut pour aider les individus à poursuivre un objectif comportemental" [50]. Ce principe s’inscrit dans le processus d’autorégulation décrit par Bandura [11], comme le rappelle Ko et al. [90]. Il fournit les informations nécessaires à l’évaluation du comportement en fonction de l’objectif que s’est donné l’utilisateur. Mais avant cela, il participe à l’élaboration de cet objectif, en facilitant l’identification des conséquences du comportement, qui auront une incidence directe par anticipation sur le choix de l’objectif (ex : un utilisateur de TILT, qui se rend compte

qu’il passe en moyenne trois heures par jour sur son téléphone, peut prendre conscience de l’impact de ce comportement sur sa vie de famille ou son activité professionnelle). Il permet aussi à l’utilisateur de revoir cet objectif régulièrement pour trouver le niveau de difficulté adapté (ni trop facile pour éviter l’ennui, ni trop difficile pour éviter la frustration). Enfin, il participe parfois à l’identification des contextes favorables au comportement, c’est-à-dire les situations où les ressources et les opportunités sont propices à sa pratique (ex : un utilisateur de TILT qui se rend compte qu’il utilise principalement son téléphone dans les transports en commun). De manière générale, le principe d’auto-surveillance facilite la compréhension du comportement, de ses causes et de ses conséquences, pour aider l’utilisateur à agir rationnellement [103].

La diversité de ces actions explique en partie les variations que l’on peut observer dans la mise en œuvre du principe d’auto-surveillance. Ces variations concernent :

— le choix de la "variable" du comportement qui est mesurée, — le choix de la restitution de la mesure,

— l’intégration de l’élaboration de l’objectif à la communication de la mesure. En fonction du comportement traité, il est parfois difficile d’identifier la ou les va-riables à mesurer. Par exemple, Nike+, une application d’incitation à la pratique du sport analysée par Oinas-Kukkonen [119], pour évaluer l’effort fourni lors d’une course à pied, mesure la distance parcourue mais aussi le temps mis pour parcourir cette distance et le dénivelé du parcours. Le choix des variables à mesurer est aussi contraint par la capacité du système à percevoir ces données. Un système persuasif d’incitation à la perte de poids pourrait tirer profit de la mesure du nombre de calories contenues dans une assiette, ou sa part de lipides, de glucides, et de protéines. Malheureusement c’est une tâche difficile qui, à notre connaissance, n’est réalisée par aucun dispositif de manière fiable. A défaut du com-portement, certains dispositifs persuasifs sont amenés à mesurer ses conséquences. C’est notamment le cas des applications d’incitation aux économies d’énergie au sein des foyers [59] [69] [139]. Ces dispositifs mesurent la consommation électrique du foyer, voire, dans le meilleur des cas, la consommation électrique de chaque appareil. Cependant, ce n’est pas l’utilisateur mais ces appareils qui consomment l’énergie électrique. Le comportement de l’utilisateur n’agit lui que sur l’utilisation de ces derniers. Appliqué au sens strict, le prin-cipe d’auto-surveillance devrait mesurer ces comportements, tels que la manière d’utiliser le réfrigérateur et notamment de ne pas garder sa porte ouverte, la manière de régler le chauffage électrique et notamment de ne pas maintenir une température importante dans des lieux et des moments inopportuns, ou la manière d’utiliser les éclairages artificiels et notamment le soin apporté à les éteindre en quittant une pièce. En ne mesurant que les conséquences, le dispositif ne permet pas une compréhension optimale des comportements de l’utilisateur, à qui reste la charge d’établir le lien entre ses actions et les conséquences mesurées par le dispositif.

com-9.1. Conception de la persuasion

prendre le comportement de l’utilisateur : le temps de consultation de l’appareil et le nombre de ces consultations. De plus, il est possible d’apporter plus de précisions à la mesure en détaillant les données pour chacune des applications de l’appareil. Nous sou-haitons, dans la mesure du possible, avoir à disposition dans TILT l’ensemble de ces mesures.

Identifier les variables du comportement pertinentes à mesurer n’est pas suffisant pour une auto-surveillance réussie. Il est tout aussi important de bien les restituer, pour aider à l’évaluation et à la compréhension du comportement. Si dans certaines situations le choix des informations à restituer est évident, dans d’autres cas, il est difficile de donner du sens aux données pour permettre à l’utilisateur d’évaluer son comportement et d’établir des objectifs. C’est par exemple le cas des applications persuasives qui touchent à l’écologie Un rejet de 12623 grammes de CO2, est-ce beaucoup ? Quel objectif dois-je viser ? Quel impact concret sur la faune et la flore ? Pour donner du sens à ces données et faciliter l’évaluation du comportement, plusieurs solutions sont proposées dans la littérature :

— communiquer dans les termes de l’objectif de l’utilisateur. Dans le cas de la consom-mation d’énergie d’un foyer, Gamberini et al. [59] ont fait le choix de multiplier les unités, en exprimant la mesure en kilo-Watt par heure, en masse de CO2 rejeté dans l’atmosphère, en nombre d’arbres nécessaires pour absorber cette quantité de CO2 en une journée, et finalement en distance parcourue par une voiture pour rejeter la même quantité de dioxyde de carbone. Leur objectif est alors de se rapprocher des préoccupations de l’utilisateur, des raisons qui l’ont amené à vouloir utiliser ce dis-positif, des conséquences qu’il anticipe suite à son changement de comportement. Mais dans le même temps, la persuasion d’EnergyLife n’est plus restreinte à une simple auto-surveillance. Elle emploie les méthodes du principe de cause et effet, en simulant les conséquences probables du comportement de l’utilisateur, "pour per-suader (les utilisateurs) de changer leurs attitudes ou leurs comportements en leur permettant d’observer immédiatement le lien entre une cause (le comportement) et ses effets" [50].

— utiliser des métaphores. SubRosa [145] est un dispositif persuasif d’incitation au calme et au silence dans les salles d’étude. Comme pour la masse de dioxyde de carbone, le nombre de décibels est une mesure difficile à interpréter par les utilisa-teurs (à partir de quelle valeur le bruit n’est plus acceptable ?). SubRosa propose de représenter le bruit produit par les étudiants d’une salle d’étude sous la forme d’une tomate dont l’état de fraicheur varie avec le volume sonore (cf. figure 9.1). Ce dispositif utilise donc la métaphore de la tomate pour communiquer un niveau sonore. Lakoff et Johnson décrivent "l’essence d’une métaphore" comme un moyen "de comprendre quelque chose (la cible) et d’en faire l’expérience en termes de quelque chose d’autre (la source)" [94]. Luden précise que l’utilisation de repré-sentations métaphoriques "plus profondes" (i.e. le domaine d’appartenance de la

source et celui de la cible sont plus éloignés) implique un lien plus ténu entre la source et la cible mais aussi une opportunité plus importante pour apporter des éléments de motivation issus de la cible de la représentation [100]. Une tomate a peu à voir avec un niveau sonore dans une salle d’étude. Il est donc d’autant plus facile d’utiliser l’aversion naturelle des individus pour les fruits trop murs comme élément de motivation. Nakajima, dans Persuasive Art [112], utilise l’esthétique du tableau de la Joconde pour motiver à marcher chaque jour (cf. figure 9.2). Plus la distance parcourue par l’utilisateur est faible, plus la représentation du tableau se dégrade. Dans ces deux exemples, le principe d’auto-surveillance est couplé au principe d’attractivité, qui stipule qu’une "technologie qui est visuellement attrac-tive pour ses utilisateurs aura un pouvoir de persuasion plus fort" [50]. L’intérêt de la représentation du comportement par une métaphore dépasse la simple com-munication d’un niveau de performance. Elle y ajoute des éléments de motivation externes.

Figure 9.1 – SubRosa [145]

Figure 9.2 – Persuasive Art [112]

En nous limitant à l’usage exclusif du principe d’auto-surveillance, ces deux options ne peuvent être intégrées à la conception de TILT.

La complexité de la restitution peut aussi provenir de la multiplicité des comporte-ments et des variables mesurées. Les entrainecomporte-ments de course à pied pouvant varier en distance, en vitesse, en dénivelé, Nike+ [119] a construit sa propre métrique, le NikeFuel pour permettre à l’utilisateur de comparer et évaluer des séances de course aux

caractéris-9.1. Conception de la persuasion

tiques différentes. L’avantage d’une telle construction est de pouvoir évaluer et comparer facilement une grande variété d’exercices physiques. En revanche, elle complexifie la com-préhension du rapport entre le comportement et sa représentation dans le dispositif (la formule de calcul des NikeFuel n’est pas communiquée), donc l’autoévaluation du compor-tement. Pour cette raison, c’est une option que nous ne retenons pas pour la conception de TILT.

Le support de restitution peut aussi être une entrave à la bonne communication de la mesure. Certains dispositifs persuasifs "ambiants", tels que Power-aware Cord [69] ou Show-Me [82], souhaitent limiter la charge cognitive de lecture de la mesure, en employant des supports de restitution simples et intégrés à l’environnement. Par exemple, Power-aware Cord [69] illumine et fait varier l’intensité lumineuse du cordon d’une multiprise, en fonction de la consommation d’énergie électrique des appareils branchés sur celle-ci. Show-me intègre une barre de LED dans la douche, où chacune des ampoules allumées représente une consommation d’eau de cinq litres. La contrepartie à une charge cognitive plus faible est le manque de précision dans la communication de la mesure, pouvant impacter l’évaluation du comportement. Dans le cas Power-aware Cord, il est difficile de différentier deux intensités lumineuses si celles-ci sont trop proches. Dans le cas de Show-me, la précision du dispositif est de cinq litres, bien moindre que celle d’un afficheur numérique. Pour la conception de TILT l’intégration de la restitution de la mesure dans l’environnement et la baisse de la charge cognitive ne nous semblent pas nécessaires, car le smartphone est à la fois le comportement cible et le dispositif de restitution. De plus la communication d’un temps de consultation ou d’un nombre de consultations du smartphone ne nous semble pas entrainer une forte charge cognitive chez l’utilisateur. Nous préférons privilégier la précision et l’auto-évaluation du comportement.

A l’instar de Show-me qui incite ses utilisateurs à réduire la consommation d’eau sous la douche à l’aide d’une barre de LED, UpStream [93] utilise la métaphore d’un feu tri-colore pour atteindre le même objectif. Les deux dispositifs appartiennent à la famille de l’informatique ambiante, mais diffèrent dans leur intégration de l’objectif dans la resti-tution de la mesure. Show-me restitue la quantité d’eau consommée, mais ne fixe pas de seuil, et n’apporte pas de jugement sur celle-ci. C’est à l’utilisateur d’utiliser cette mesure pour se fixer un objectif, et évaluer sa consommation d’eau en fonction de cet objectif. A l’inverse, Upstream fixe des seuils, qui correspondent à chacun des changements de couleur du feu (vert vers orange, orange vers rouge, rouge vers rouge clignotant), et ces couleurs ont une signification qui apporte un jugement sur la consommation d’eau de l’utilisateur (vert : OK, rouge : trop d’eau consommée, ...). Le choix de la métaphore du feu tricolore, et plus généralement le jugement du comportement de l’utilisateur par le dispositif est assimilable au principe de conditionnement. Le feu vert est une récompense, le feu rouge une punition (toute proportion gardée bien sûr. L’un apporte de la satisfaction, l’autre un désagrément). L’intégration de l’objectif n’est pas toujours aussi directe et rigide. Par

exemple MyTime [75], que l’on a présenté dans le chapitre 8, propose à l’utilisateur de se fixer un objectif de temps de consultation maximum pour une application donnée de son smartphone. L’utilisateur a le choix de l’application et de la durée, mais ne peut exprimer son objectif d’une autre manière qu’un temps de consultation quotidien maximum (pas de minimum, pas de nombre de consultation, pas de temps de consultation entre 20h et minuit ou sur la semaine, ...). De plus il n’aura accès aux données d’auto-surveillance que s’il se fixe un objectif, et recevra des messages d’avertissement s’il ne le respecte pas. Dans MyTime, la gestion de l’objectif fait appel au principe de consistance. L’utilisateur choisit librement l’objectif qu’il souhaite se fixer (même si c’est dans un cadre particulier, en respectant certaines contraintes), et le système vient lui rappeler cet objectif qu’il a librement établi, pour faire appel à son désir de consistance.

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