• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 2 : RECENSION DES ÉCRITS

2.3. SYNTHÈSE DES ÉCRITS THÉORIQUES ET EMPIRIQUES

Au point de vue théorique, le contexte et les activités du réseau public québécois de la santé du travail sont bien circonscrits (ASSS de Montréal, 2008; Carpentier-Roy et al., 2001; Caux et al., 2007; CSST, 2007; Drouin et al., 2004; Fontaine, 1998; MSSS, 2008; OIIQ et AIISTQ, 1998; Plante & Bhérer, 2006). Toutefois, peu d’études ont exploré à ce jour le point de vue des experts qui y œuvrent (Berthelette, 2002; Carpentier et al., 2001). Également, la recherche en sciences infirmières, dans ce domaine de pratique, est peu développée (Beauchemin, 1995; OIIQ et AIISTQ, 1998). Ces écueils conduisent l’étudiante chercheuse à explorer la pratique des infirmières d’équipes SAT des CSSS

mandataires afin de mieux la comprendre, la décrire et de participer à combler ce manque dans la littérature scientifique.

La littérature scientifique laisse entrevoir que l’étude d’une ou plusieurs facettes de la pratique de professionnels, entre autres des infirmières, à partir du point de vue des professionnels eux-mêmes, permet de mettre au jour les tensions que subissent ces professionnels de la santé dans le cadre de leur travail (Beaudet et al., 2007; Carpentier et al., 2001; Caux et al., 2007; Collerette et al., 2006; Nikbakht Nasrabadi & Emami, 2006; Schmitt, 2006; White & Featherstone, 2005). En effet, ces tensions semblent liées à plusieurs enjeux auxquels ils se confrontent dans l’exercice de leur profession au sein de l’institution publique. À ce chapitre, les infirmières affirment vivre des tensions liées entre autres à leurs conditions de travail (Beaudet et al., 2007; Carpentier-Roy et al., 2001; Nikbakht Nasrabadi & Emami, 2006; Schmitt, 2006), à leurs relations interpersonnelles (Beaudet et al., 2007; Carpentier-Roy et al., 2001; Mellor & St John, 2009; Nikbakht Nasrabadi & Emami, 2006; Schmitt, 2006; Takase, 2005; White & Featherstone, 2005), à l’encadrement professionnel (Beaudet et al., 2007; Carpentier- Roy et al., 2001; Caux et al., 2007; Nikbakht Nasrabadi & Emami, 2006; Schmitt, 2006; Takase, 2005), aux rôles et fonctions qu’elles assument (Beaudet et al., 2007; Carpentier-Roy et al., 2001; Caux et al., 2007; Mellor & St John, 2006; Takase, 2005).

Les infirmières des équipes SAT, de la région à l’étude, sont confrontées à une restructuration occasionnant de grands changements organisationnels (DSP de Montréal; 2007). Avec le PHN, elles et les membres des équipes SAT sont contraints à appliquer une nouvelle approche pour l’intervention qui les presse à changer leurs

façons de faire et d’être. Certaines études démontrent que la restructuration des services, l’implantation d’une nouvelle approche pour l’intervention (Beaudet et al., 2007; Boarder, 2002; Frost et al., 2005; Keable, 2004; White & Featherstone, 2005) ou encore le processus de transition vers de nouveaux rôles professionnels (Beaudet et al., 2007; Keable, 2004; Schmitt, 2006) occasionnent des écarts entre ce que les professionnels souhaitent faire et ce qu’ils doivent faire. Ces écarts se traduisent par des insatisfactions au travail et peuvent parfois être perçus comme des besoins administratifs plutôt que des changements visant à améliorer et à développer la pratique des professionnels concernés. Par ailleurs, selon Keable (2004) et Schmitt (2006), les professionnels de la santé qui détiennent des connaissances et de l’expérience dans les nouveaux rôles et les nouvelles fonctions qu’ils doivent assumer semblent plus en faveur des changements pour l’intervention que ceux qui en détiennent moins. Collerette et al. (2006) précisent que face à un changement organisationnel, les personnes sont susceptibles de manifester sous diverses façons, de la résistance au changement et ce, tant que le changement n’est pas intégré dans la pratique clinique de ceux qui s’y confrontent.

Les équipes SAT et les inspecteurs de la CSST sont appelés à travailler conjointement dans le cadre du PHN. Plusieurs études révèlent que le travail en équipe interprofessionnelle et avec divers partenaires engendre des difficultés notamment au niveau de la communication et de l’arrimage des objectifs et des interventions poursuivis par les divers professionnels et les organisations qu’ils représentent (Beaudet et al., 2007; Boarder, 2002; Carpentier-Roy et al., 2001; Frost et al., 2005; Mellor & St John, 2009; Schmitt, 2006; White & Featherstone, 2005). Aussi, il semble que l’identité

respective des divers professionnels confrontés à des changements organisationnels se fragilisent (Beaudet et al., 2007; Boarder, 2002; Frost et al., 2005; Keable, 2004; Schmitt, 2006; White & Featherstone, 2005).

Contrairement à la situation des infirmières SAT du Québec, la formation en pratique avancée des infirmières SAT et les divers types de certification (COHN et COHN-S) reconnus dans les autres provinces canadiennes et entre autres, aux États- Unis, au Royaume-Uni et en Australie, permettent aux infirmières SAT de faire reconnaître leur titre, renforcent leur leadership et l’importance de leur rôle en SAT (AAOHN, 2007; AIIC, 2003; Deith, 1995; Harrison, Harriss & Maw, 2005; Melor & St John, 2009; OIIQ & AIISTQ, 1998; Rodgers & Livsey, 2000). Certaines études réalisées auprès d’infirmières SAT (Eakin, Cava & Smith, 2001; Gunnarstottir & Bjornsdottir, 2003; Mellor & St John, 2009), d’infirmière du secteur public (Beaudet et al., 2007) et le rapport synthèse du CPSI-SAT (2006), rapportent que les pratiques de prévention et de promotion de la santé tardent à s’implanter dans la pratique des infirmières. Ce retard serait tributaire aux conditions de travail difficiles des infirmières, à l’orientation des services offerts vers la clinique, au manque de soutien professionnel et de formation des infirmières et des gestionnaires en la matière.

Les études qualitatives semblent privilégiées pour mettre à jour les difficultés liées aux conditions de travail des professionnels de la santé. En effet, elles permettent de faire ressortir les enjeux et les spécificités associés à la pratique et ce, tels que vécus par les professionnels (Carpentier-Roy et al., 2001; Caux et al., 2007, Collerette et al., 2006; Keable, 2004; Nikbakht Nasrabadi & Emami, 2006; Schmitt, 2006).

L’étudiante chercheuse est d’avis que l’approche conceptuelle choisie par les études de Caux et al. (2007) et de Keable (2004), soit la théorie des représentations sociales, permet non seulement d’explorer et de décrire la pratique des professionnels, mais également de la comprendre et d’expliquer comment elle s’ajuste dans des contextes présentant des enjeux importants et des changements organisationnels.