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CHAPITRE 3 : MÉTHODE

3.3. Déroulement de l’étude

3.3.6. Processus d’analyse des données

Au point de vue théorique, l’étudiante chercheuse a appliqué la méthode d’analyse issue de la théorisation ancrée proposée par Strauss et Corbin (1998). Cette méthode repose sur la construction d’une théorie à partir de faits vécus. Selon Strauss et Corbin (1998), la comparaison constante des données du discours des sujets à l’étude constitue la pierre angulaire de l’analyse en théorisation ancrée. Elle a pour but d’identifier les différences et les similitudes entre les discours des sujets. Elle permet aussi de caractériser les données et d’en circonscrire leurs relations et les déterminants de leur variation (Laperrière dans Poupart et al., 2001). L’application de cette méthode d’analyse par l’étudiante chercheuse a permis l’émergence d’un modèle descriptif des représentations de la pratique des infirmières SAT dans le cadre du PHN, présenté au chapitre 4. Au point de vue pratique, voici l’application du processus d’analyse par l’étudiante chercheuse.

Dans un premier temps, les discours étaient transcrits intégralement. Ensuite, ils étaient épurés afin d’en délimiter les segments et d’en réduire à l’essentiel la quantité de texte à coder. Pour ce faire, l’étudiante chercheuse a intégré des mots-clés ou des précisions entre accolades en prenant soin d’utiliser ceux rapportés par l’interviewée. Par exemple :

« T’sais, c’est comme un hasard le hors normes T’sais, ce n’est pas. Ce n’est pas comme. On le retrouve au hasard bien souvent ».

devenait;

Une fois l’épuration des discours terminée, l’étudiante chercheuse a procédé à l’encodage des données. La méthode proposée par Strauss et Corbin (1998) repose sur trois types d’encodage soient ouvert, axial et sélectif. L’encodage ouvert vise à décomposer les données et à les comparer avec d’autres. Ceci permet d’en extraire les points communs et les différences. Concrètement, il s’agit de créer des catégories et d’en déterminer leurs propriétés. Ensuite, l’encodage axial permet de créer des sous- catégories liées à une catégorie, d’où vient le terme « axial ». Ce faisant, l’encodage axial permet de préciser les propriétés et les dimensions de l’axe sur lequel repose la catégorie et les sous-catégories. Enfin, l’encodage sélectif consiste à choisir une catégorie centrale qui rallie toutes les catégories et qui correspond à l’idée directrice de la recherche. Tel que recommandé par Strauss et Corbin (1998), l’étudiante chercheuse a rédigé des scénarios (conclusions préliminaires), des notes terrains et a utilisé des diagrammes, et ce, afin de faciliter son analyse. À titre d’exemple, l’étudiante chercheuse a eu recourt aux cartes mentales (l’étudiante chercheuse a utilisé une publication de Deladrière, Le Bihan, Mongin, Rebaud & Kilian (2007) pour structurer sa méthode d’élaboration de cartes mentales). Celles-ci lui permettaient de schématiser et d’ordonner les données recueillies de manière à faciliter l’encodage.

Voici une démonstration du processus d’analyse (encodage et carte mentale) réalisée par l’étudiante chercheuse à partir d’un segment de discours. Cette démonstration se termine par la figure 2, présentée à la page 67, qui illustre sous forme de carte mentale, le processus d’analyse.

« Il y a des situations où cela était prévu de toute façon, que les techniciens en hygiène aillent faire des mesures environnementales. Cela n’a pas changé beaucoup ce que j’aurais fait dans l’établissement. Si les résultats avaient été

au-dessus de la norme, j’aurais eu le même suivi à faire que celui que nous avons actuellement » (12).

Au début de l’encodage, l’étudiante chercheuse se posait la question suivante : « De quoi est-il question dans ce segment de discours?». Y répondant, elle lui attribuait la catégorie « PHN » associée à la question et au thème exploré. Cette catégorie était déterminée a priori. Poursuivant son analyse, l’étudiante chercheuse se posait la question « Qu’est-ce qu’elle décrit? ». La participante décrivait l’impact du PHN dans sa pratique. En somme, cette dernière affirmait que le PHN avait eu peu de conséquence sur sa pratique. Alors, une catégorie, soit « Conséquence du PHN » était définie et créée a posteriori. Subséquemment, l’étudiante chercheuse cherchait à savoir « Quelles conséquences? » le PHN avait eu sur la pratique de la participante. Suivant cet objectif, l’étudiante chercheuse attribuait une sous-catégorie à « Conséquence du PHN » soit « Peu de changement ». Souhaitant être davantage spécifique, l’étudiante chercheuse se posait la question « Pour quelle raison?». Une sous-catégorie soit « Rôles et fonctions habituels » était définie et créée. Continuant sa réflexion, l’étudiante chercheuse se posait la question « Pourquoi est-ce habituel?». Pour la participante, puisqu’elle était déjà assignée à cette entreprise et que ses rôles et fonctions étaient associés aux activités déjà prévues dans le cadre du PSSE, le PHN a eu peu d’impact sur sa pratique. Finalement, c’est de « l’organisation du travail » de la participante dont il était question dans ce segment de discours (encodage sélectif).

Ainsi, le codage se concrétisait en alternant entre les divers types d’encodage, soient ouvert et axial, pour terminer au niveau le plus abstrait, soit sélectif (catégorie centrale). Pour ainsi dire, l’étudiante chercheuse attribuait la sous-catégorie

« Assignation », pour signifier que la participante était assignée à l’entreprise pour intervenir. Également, la sous-catégorie « Rôles et fonctions » était aussi attribuée au segment, car l’infirmière assumait des rôles et des fonctions habituels dont la surveillance de la santé des travailleurs exposés à certains contaminants. Toujours dans cette optique, la catégorie « Encadrement professionnel » qui référait au PSSE était assignée. Enfin, une catégorie centrale, soit « Organisation du travail » était finalement attribuée à ce segment de discours car elle englobait toutes les sous- catégories assignées jusqu’à maintenant. Appliquant ce processus et comparant ainsi les discours des participantes, il était légitime de croire que l’assignation, les rôles et fonctions des infirmières et l’encadrement professionnel qui découlent de l’organisation du travail, ont une influence sur les représentations que les infirmières se font de leur pratique dans le cadre du PHN.

La figure 2, présentée à la page suivante, illustre sous forme de carte mentale le processus de l’étudiante chercheuse dans l’analyse et l’interprétation des données.