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Synergie : « le tout est plus que la somme des parties »

CHAPITRE 5 Résultats

5.1 Analyse des thèmes et sous-thèmes

5.3.3 Synergie : « le tout est plus que la somme des parties »

Les participants mettent en avant la force engendrée par la mise en commun de compétences variées et complémentaires. Il est question des approches, des idées et des pistes auxquelles ils n’avaient pas pensé et que les collègues leur donnent, ou qu’eux-mêmes transmettent à leurs collègues.

Travailler en équipe, ça donne beaucoup plus d’idées. Ça permet de confronter tes méthodes de faire, tes idées, tes façons de réfléchir. Puis ça permet aussi d’augmenter ce qu’on est capable de faire. C’est sûr qu’à plusieurs on peut faire beaucoup plus qu’à seul. [ES3 43;43]

Ils expriment l’enrichissement amené par le regard extérieur et objectif que les pairs portent sur la situation dans laquelle on manque d’outils, ou encore lorsqu’on n’a plus assez de recul.

Oui, puis la richesse du regard de quelqu’un qui est pas dans tes bottines et dans tes lunettes, ça c’est intéressant. [CP2 96,98]

Chacun s’enrichit par ce que lui amène l’autre :

(…) Alors les effets d’être associée avec les enseignants, c’est qu’ils me connaissent, je fais partie de leurs projets. Je ne suis pas que la directrice qui donne des diplômes ou qui dispute quelqu’un. C’est les autres qui me font grandir et c’est moi par l’apport que je leur donne. [DS1 30;30]

Chaque membre amène les compétences qui lui sont propres et élargit ainsi les compétences individuelles des autres membres. La combinaison de toutes ces compétences réunies et de leurs interactions améliore la connaissance globale de la communauté (le tout est plus que la somme des parties).

(…) cette synergie-là qui est créée par l’équipe, ce que j’appelle le « 1+1=3 », bien tout le monde peut en profiter. Et ça les gens le savent et c’est la raison pour laquelle ils sont si généreux. [PC2 32 :32]

5.4 La pratique

Les participants parlent de la pratique sous plusieurs aspects :  l’amélioration continue

 la fluidité des savoirs

 la production de ressources communes

 les apprentissages concrets (sur le terrain)- concrétisation des apprentissages

5.4.1 Amélioration continue

Si l’amélioration continue qu’amène le travail en CAP est perçue comme un « cheminement pédagogique commun [DP4 90;90] » par de nombreux participants, ils identifient toutefois son appropriation sur différents plans :

 Sur le plan organisationnel (amélioration de la planification, du rendement de travail,

anticipation, gain de temps, meilleure structuration des programmes, clarification de la structure, des objectifs et des rôles).

Ce que ça donne de plus dans notre cas, c’est un programme qui est plus intégré, un programme plus solide, mieux construit, qui tient compte de toutes les disciplines (…). [EC1 43;43]

 Sur le plan pédagogique (utilisation plus adéquate et meilleure compréhension des approches, comme l’évaluation des élèves par exemple, feedback de ce qui se passe en classe par les pairs, unification des objectifs).

Le plus important pour moi, c’est quand je m’aperçois l’impact que la communauté de pratique a sur les pratiques d’enseignement des enseignants (…).Quand je m’aperçois que les profs connaissent beaucoup mieux les démarches à caractère scientifique, comment les mettre en œuvre, l’approche par projet, par exemple, ils connaissent c’est quoi aussi et comment mettre en œuvre l’approche, c’est beaucoup plus clair dans leur tête et on voit dans la planification les situations qu’ils font auprès des élèves que c’est mieux structuré, c’est mieux fait, ils sont capables de justifier le pourquoi ils ont choisi telle démarche ou telle approche et de discuter des apports et des limites, de nous amener des questionnements aussi au groupe, alors là je vois vraiment que les enseignants ont fait un bon bout de chemin par rapport à leur pratique d’enseignement (…) [CP1 60;60]

Ensuite de ça, travailler en équipe avec les enseignants a assurément un impact sur leurs pratiques en classe et sur l’accompagnement des enseignants. Souvent, on allait observer une période ou un après-midi quand il y avait des élèves plus difficiles et suite à ça, on faisait des commentaires et des recommandations que le prof ne peut pas voir quand il s’occupe de 28 amis. Ça les aide à implanter certaines mesures et de notre côté on peut créer des outils (…) [PP2 30;30]

 Sur le plan relationnel (facilitation des liens, facilitations des contacts et du réseautage, meilleure connaissance de ce qui se passe dans les autres classes, amélioration du climat de l’école).

Par rapport à mes rapports avec les enseignants, avec l’équipe, c’est certain que quand on travaille avec quelqu’un, on apprend à mieux le connaître. C’est beaucoup plus facile après d’interagir avec cette personne-là. Sur le climat de l’école aussi, ça donne un climat qui est vraiment meilleur parce que quand on a un défi comme ça de travail d’équipe, on dirait qu’on travaille tous dans la même cause. Ça devient intéressant, on est motivés, on a le goût d’être là, on échange donc ça devient vraiment, vraiment agréable. Le climat de l’école est encore meilleur. [ES3 29;30]

 Sur le plan intellectuel (passage d’une pratique intuitive à une pratique plus conscientisée, examen en détail et analyse des concepts, ouverture à de nouvelles techniques et technologies et à de nouvelles pratiques).

(…) Dernièrement, j’ai vu quelque chose que je ne connaissais pas, c’est un logiciel qui s’appelle « Mouse Cheese ». C’est avec des souris sans fil qui sont branchées et dont l’élève se sert pour répondre à des questions sur le tableau blanc interactif à leur place.

C’est une enseignante qui n’est pas une adepte de l’informatique qui s’est approprié ça. Donc ça, à ce niveau-là, je m’aperçois qu’il y a un grand cheminement qui a été fait. [DP2 141;141]

En fait, je m’appuie sur des fondements didactiques qui sont plus solides, plutôt que sur mon intuition parce que, par exemple pour accompagner les enseignants. Depuis quatre, cinq ans c’est un gros, gros changement au niveau du rôle. (…) [CP1 65;65]

 Sur le plan professionnel (amélioration de la confiance et du sentiment de compétence, passage de la perception de l’évaluation du sommatif au formatif).

(…) il y a deux ans, une équipe ne fonctionnait pas bien. Il n’y avait pas de lien de confiance au sein de l’équipe, il n’y avait pas de respect, pas d’entraide ou de collaboration. J’ai pris un temps d’arrêt avec l’équipe. (…). Donc, ça a été de faire une petite réorganisation, la semaine suivante, lorsque j’ai rencontré l’équipe à nouveau. On ne parlait pas de résultats d’élèves, c’était pas important. Aussi, je leur avais apporté une lecture par rapport à la confiance et la collaboration. (…) À partir de ce moment-là c’est devenu une équipe très, très productive. Pour moi ça a été un moment important afin qu’une équipe fonctionne bien et qu’ils développent, à nouveau, leur confiance. [DP4 84;84]

La notion d’évaluation entre dans le discours des participants à ce niveau de la pratique. Ils relèvent une évolution du mode de pensée : les craintes liées à l’évaluation de la pratique sont dépassées à travers l’expérience de la CAP. Le conseiller pédagogique est ici perçu comme une ressource aidante, un guide (et non plus un expert qui juge) qui peut aider à donner du sens aux actions professionnelles par la valorisation de chacun.

Moi j’pense que les enseignants ont souvent senti qu’ils devaient avoir la bonne réponse du premier coup. (…) faut montrer que, dans le fond, les erreurs sont des petites erreurs, parce qu’on sait bien que ça se répare très facilement, qu’on peut faire des choses puis que les p’tites erreurs du début peuvent être corrigées et améliorées, ça fait partie de l’apprentissage, que maintenant ils ne sont pas juste des déverseurs de savoirs, mais qu’ils travaillent auprès de l’élève et qu’ils cherchent à les faire grandir eux autres aussi, qu’ils participent à l’apprentissage des élèves, ça c’est difficile (…) [EP1 81;81]

5.4.2 Fluidité des savoirs

Partager ses connaissances et les faire circuler sont des actions caractéristiques significatives de la CAP relevées dans le discours des participants.

C’est là qu’on partage nos succès, nos inquiétudes, qu’on apporte nos propos des nouvelles technologies et qu’on discute des nouvelles approches à intégrer dans nos salles pour s’assurer de maximiser l’apprentissage des élèves. Donc on regarde nos défis et nos réussites et on essaie beaucoup d’échanger sur ce qu’on fait dans nos cours pour partager nos approches. [ES5 7;7]

Selon eux, le fait d’ouvrir ses connaissances aux autres et de rendre fluide leur circulation au sein de la communauté rend possible leur transposition aux pratiques et leur application aux tâches professionnelles de chacun.

Je pense que les bienfaits, c’est vraiment la mise en commun de façons de faire. Ne pas rester cloîtrés dans sa classe avec ses pratiques. Donc c’est un partage. Nous ça nous permet de dire, bon, toi tu en es rendu où, on s’en va vers quoi d’ici la fin de l’étape, en quoi tes élèves ont des problématiques, qu’est-ce qu’on pourrait faire pour les aider, donc c’est vraiment un partage des connaissances et des pratiques. [EP4 24;24]

(…) je dois amener certains résultats de la recherche, je dois amener les savoirs de la recherche, c’est ma responsabilité d’amener un peu ces savoirs-là, ces résultats de la recherche-là et de les croiser avec les savoirs de la pratique pour construire quelque chose, des solutions meilleures pour améliorer les pratiques d’enseignement et la réussite chez les élèves. (…) [CP1 65;65]

La diffusion et la mise en commun des façons de faire établissent une cohérence d’intervention qui simplifie le fonctionnement scolaire.

Ça [le travail en communauté] permet de faire circuler l’information, ça permet de créer des choses parce que souvent c’est une idée de quelqu’un qui fait qu’on améliore les choses. [DC1 27;27]

Les nouveaux enseignants sont accompagnés par l’équipe et bénéficient de son expérience. On y gagne en efficacité, on peut se baser sur les réflexions des autres. Les nouveaux concepts, les méthodes didactiques sont autant d’exemples des savoirs transmissibles et intégrables à la pratique en classe.

Nous on a parti une communauté de pratique avec une dizaine d’enseignants et d’orthopédagogues où on a enseigné justement ces principes-là, des principes didactiques, comment intervenir auprès des élèves à risque et les enseignants ont intégré ces principes-là dans les situations qu’ils avaient à enseigner auprès des élèves, des situations qui permettent de plus développer le potentiel (…). [CP1 74;74]

En fait ils ont accès à de l’information beaucoup plus construite parce qu’en arrière de moi, il y a un réseau qui y a réfléchi. (…) je peux me baser sur ce qu’ils ont fait aussi, et ça c’est gagnant parce que quand je viens pour proposer des nouveaux projets ou des nouvelles idées, bien si quelqu’un de ma communauté l’a fait avant moi, je peux voir venir les questions, les hésitations et les freins aussi, alors je peux mieux y répondre. Quand on a des questions et on se heurte à un problème, bien plutôt que de chercher sur tout le web au complet, je cherche auprès de ma communauté et leur dire par exemple que tel prof de socio a un problème, qu’est-ce qu’on fait avec ça. (…). C’est sûr que ça a un impact sur sa pratique parce qu’on a accès à des gens spécialisés de partout. [PC1 36;36]

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