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CHAPITRE 3 Cadre conceptuel

3.2 L’identité

« L’identité ne se compartimente pas, elle ne se répartit ni par moitiés, ni par tiers, ni par plages cloisonnées. Je n’ai pas plusieurs identités, j’en ai une seule faite de tous les éléments qui l’ont façonnée, selon un ‘dosage’ particulier qui n’est jamais le même d’une personne à l’autre. »

2 Le terme « sous-composantes » n’apparaît pas dans la théorie de Wenger (2009). Il a été retenu dans le

cadre de cette recherche afin de conserver une logique hiérarchique des termes en rapport avec la catégorisation de l’analyse thématique. Pour faciliter la compréhension du lecteur, les mêmes appellations que celles donnés par Wenger à ses composantes, soit « identité », « communauté », « pratique » et « sens », ont été conservées pour nommer les quatre thèmes principaux analysés.

Amin Maalouf (1998) « (…) au cœur des organisations se jouait la construction identitaire des individus. »

Norbert Alter (2014)

Le concept d’identité, en psychologie sociale, est considéré comme l’expression du résultat émanant des réactions complexes entre l’individu, les autres et la société. Il implique donc une définition de soi par les autres et des autres par soi-même (Dubar, 2010; Fischer, 1996;). « L’identité n’est donc pas une notion en soi, issue d’un individu comme une création autonome et distincte, mais comme un processus interactif reliant l’individu à son environnement » (Gentili, 2005, p. 17).

En sociologie, l’identité est considérée dans son aspect du rapport entre le collectif (ici, la communauté) et l’individu ; en d’autres termes, à travers les perceptions subjectives qu’a l’individu de son rôle social, de son appartenance ou de son exclusion (Ferréol, 2010). Selon Wenger (2009), nous définissons notre identité dans une communauté par notre manière d’être et d’interagir, par notre façon personnelle d’y participer et d’y forger une expérience vécue. Pour cet auteur, « une identité est un ensemble de niveaux de participation et de réification par lesquels l’expérience et son interprétation sociale se construisent mutuellement (…) l’identité existe non pas comme un objet en tant que tel, mais dans le travail constant de négociation de soi. » (p. 169-170). La négociation entre un membre et la communauté s’opère donc de manière continue, que ce soit pour s’adapter ou pour assimiler les valeurs du groupe (Dubar, 2010; Gentili, 2005).

Sous le thème de l’identité sont regroupés les énoncés qui se rapportent à la définition qu’en donne Wenger (2009), c’est-à-dire en tant que:

Expérience négociée (négociation de l’expérience de soi, en termes de participation et

de réification) : nous définissons qui nous sommes par la façon dont nous acquérons notre expérience par la participation et la réification.

Appartenance à une communauté : nous définissons qui nous sommes par le familier et

le non-familier.

Trajectoire d’apprentissage : nous définissons qui nous sommes par notre passé et

notre futur.

Noyau multi appartenance : nous définissons qui nous sommes par la façon dont nous

réunissons nos formes variées d’appartenance en une identité.

Relation entre le local et le global (appartenance définie globalement mais expérimentée

d’appartenir à de plus vastes constellations et de développer des discours et d’afficher des styles plus élaborés (p. 168).

Les énoncés en lien avec la composante de l’identité décrite par Wenger (2009) ont été regroupés sous le thème du même nom, soit le thème « identité ». Ils ont ensuite été nuancés et classifiés selon la méthode d’analyse thématique détaillée par Paillé et Mucchielli, puis regroupés en trois sous- thèmes :

 Renforcement de l’identité professionnelle  Renforcement du sentiment d’appartenance  Un lieu pour briser l’isolement

Ces sous-thèmes sont explicités dans les sections suivantes.

3.2.1 Renforcement de l’identité professionnelle

Selon Gentili (2005), « L’identité professionnelle est avant tout une identité sociale ancrée dans une profession. Elle est le produit d’une incorporation de savoirs professionnels (…) » et « constitue un but et une preuve de ses capacités professionnelles » (p. 17).

En psychologie sociale, on considère d’une part que l’objet d’identification doit être source de sécurité (le sujet observe des points communs entre lui et le modèle) et de gratification (l’identification est facilitée si le modèle inspire la sympathie, ou possède des biens enviables, comme la compétence) pour être adopté par le sujet (Sainsaulieu, 2014). D’autre part,

Dans le monde des rapports de l’organisation, l’autre n’est pas un partenaire neutre ou indifférent, il développe sa propre stratégie et les échanges humains sont ainsi le plus souvent occasions d’influences. C’est précisément ce que nous avons découvert dans les modèles de relations interpersonnelles au travail : l’analyse semble montrer que s’y développent constamment des phénomènes d’identification projective ou imitative, en fonction des moyens que l’on a de prendre de la distance avec les chefs, ou de collaborer avec les collègues (Sainsaulieu, 2014, p. 401).

3.2.2 Renforcement du sentiment d’appartenance

L’appartenance est « pour un individu, le fait d’appartenir à une collectivité » (« Appartenance », 2009, p. 117). Le sentiment d’appartenance peut alors être considéré comme l’impression, le sentiment, pour un individu, de faire partie d’une communauté ou d’un groupe de quelque nature qu’il

soit, et son attachement à ce groupe. Pour Wenger (2009), notre expérience et notre sentiment d’appartenance à la communauté en tant qu’individu se créent sur la base de nos apprentissages participatifs (p. 167-168). C’est par la participation collaborative d’échange que les nouvelles connaissances utiles, efficaces et signifiantes peuvent être acquises tout en construisant un sentiment d’appartenance (Fontaine et al., 2013; Leclerc et Labelle, 2013; Orellana, 2002; Wenger, 2009 ).

Le rapport que développent les individus à l’identité et au sentiment d’appartenance peut varier. L’identité « représente ainsi un phénomène en mouvance, fortement influencé par les pratiques sociales des individus, pratiques elles-mêmes imbriquées dans des rapports de pouvoir précis » (Gérin-Lajoie, 2014, p. 467). Toujours selon Gérin-Lajoie (2014), c’est à partir des relations sociales que le rapport à l’identité et l’appartenance de groupe d’un individu se développent (p. 471).

3.2.3 Un lieu pour briser l’isolement

Depuis longtemps, les chercheurs ont identifié que la communauté d’apprentissage professionnelle offre une solution à l’isolement vécu traditionnellement par les enseignants en procurant une structure organisationnelle favorisant le déploiement d’un travail collaboratif dans lequel les membres s’engagent à encourager la réussite scolaire (Dionne et Couture, 2013; Hord, 1997; Lépine, 2011;). Les enseignants trouveraient donc dans la CAP un lieu ouvert permettant un accès élargi au partage de l’expertise entre collègues, voire de réseautage, et à la réflexion collective quant aux méthodes efficaces pour développer les moyens visant au succès des élèves (Hamel et al., 2013, p. 90; Leclerc et Labelle, 2013, p. 4). La dimension affective rassurante amenée par les liens que tissent les membres entre eux est soulevée par plusieurs auteurs (Leclerc et al., 2013; Peters et Savoie-Zajc, 2013).

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