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CHAPITRE 5 Résultats

5.1 Analyse des thèmes et sous-thèmes

5.5.3 Impact de la CAP sur les élèves

Les participants relèvent que l’expérience de la CAP, son influence sur la coopération au sein de l’équipe, la cohésion entre collègues ainsi que la posture réflexive qu’elle génère a un impact bénéfique sur les élèves. On peut observer une sorte de réaction en chaîne : le point de départ étant l’intégration d’une CAP au sein de l’école et celui d’arrivée, les effets sur les élèves.

Nous on a parti une communauté de pratique avec une dizaine d’enseignants et d’orthopédagogues où on a enseigné (…) des principes didactiques, comment intervenir auprès des élèves à risque et les enseignants ont intégré ces principes-là dans les situations qu’ils avaient à enseigner auprès des élèves, des situations qui permettent de plus développer le potentiel (…)Donc on a commencé à travailler avec eux, ils ont fait des expérimentations et là, on a vu l’impact que ça avait sur la pratique des enseignants et en même temps avec la réflexion dans la communauté sur la façon de considérer l’élève à risque et comment y intervenir. (…) [CP1 74;74]

D’abord, les échanges entre collègues et les idées nouvelles, la créativité et l’ouverture qu’ils peuvent amener influencent les réflexions pédagogiques :

Ça apporte une vision différente. On n’enseigne pas tous de la même façon. Des fois, en étant tout seul dans notre classe, pas on s’entête dans nos habitudes, mais on trouve notre zone de confort. Je pense que de travailler en équipe, ça nous donne des idées des fois qui vont nous sortir de notre zone de confort et ça va être bien aussi pour les élèves des fois d’être déstabilisés un peu. (…). Je pense que ça amène justement une ouverture à différentes façons de faire et, en même temps, ça donne de la nouveauté autant pour les élèves que pour nous autres. [ES1 51;51]

Ce qui arrive, c’est que l’enseignante va consulter les autres et voit d’autres approches qui auraient pu être utilisées. Souvent, ce que les enseignants vont dire, c’est : « J’ai tout essayé. » En fait, ils ont essayé tout ce qu’ils savent. Mais quand quelqu’un d’autre leur montre une nouvelle approche, ben ils ont une nouvelle façon pour essayer. [DP2 122;122]

Puis, les réflexions pédagogiques stimulent et influencent la manière d’enseigner. Les participants ressentent une amélioration dans leur sentiment de compétences professionnelles. Ils sont rassurés par le soutien et l’apport des pairs qu’ils peuvent s’approprier. Ils se sentent plus actifs, plus « allumés » au sein de l’école par leur participation à la CAP.

Ça j’ai trouvé ça bien parce que l’année dernière, j’étais un peu tout seul à donner mon cours pis j’échangeais pas énormément avec les autres enseignants. Pis, là, cette année ce projet-là, justement, me pousse à interagir plus. Je suis encore le seul prof d’histoire en secondaire un, j’aurais pu faire toute l’année mes affaires dans mon coin, sans parler à personne de l’année. Ce projet-là fait en sorte que j’échange… je suis poussé à échanger davantage avec les autres profs. Autant ça va influencer les cours avec ce groupe [d’élèves] -là, bin nécessairement ça va me donner aussi des idées différentes pour les autres groupes même s’ils ne sont pas dans ce programme-là. [ES1 54;54]

Sur mon rôle, oui. Ça me permet d’être beaucoup plus présente dans l’école, donc ça me permet… c’est certain que ça influence mon rôle d’enseignante, le fait que je participe à plein d’autres choses dans le cadre des équipes vont faire en sorte que je suis une meilleure enseignante avec mes élèves, je suis plus allumée sur ce qui se fait à l’école, puis c’est plus facile pour moi de faire une orientation de carrière. Je vais parler avec mes élèves d’un paquet de choses différentes qui parfois peuvent les intéresser pour une carrière. [ES3 28;28]

Les liens se tissent entre les nouvelles connaissances et la pratique sur le terrain. Les décisions prises en équipe influencent la pratique.

(…) Le point central ça a été de prendre conscience de beaucoup de choses qu’on fait intuitivement et de décortiquer ces gestes-là ou ces applications-là. Au niveau des pratiques enseignantes c’est juste d’être confiant qu’il y a juste une dizaine de minutes de concentration de la part des élèves, j’investis ce dix minutes-là puis ensuite je

modélise quelque chose qu’ils vont être capables de reproduire et j’les transfère dans d’autres situations. (…) Dans les tables de discussions on débordait de l’enseignement explicite aussi simple que faire le retour en fin de période sur les éléments essentiels que les jeunes ont vu, aussi simple que de bâtir des réseaux de concepts, de bâtir ensemble avec les élèves des réseaux de concepts. Ça c’est des pratiques que la majorité des participants ont intégrées. [CP2 137;137]

Si on s’entend, comme par exemple dans notre cours de psycho, on a décidé, en comité qu’on ferait faire un certain type de travail à nos étudiants. On va leur faire lire une recherche scientifique et on va leur demander de faire un résumé de ça pour développer leur habileté de synthèse. Donc on a décidé ça en comité et ça influence ce qu’on fait en classe, donc une influence sur nos pratiques, c’est sûr. [EC1 40;40]

Ces modifications significatives pour les participants ont un retentissement sur le climat de l’école, dont la collégialité s’améliore, et résonne sur le climat des classes. Les participants ont observé que l’amélioration des relations entre collègues via leur travail coopératif était modelée dans leurs relations avec les élèves (voire chez leurs parents) :

4.3.38 Je pense que de travailler en équipe, ça détonne sur toutes nos pratiques. Ça détonne sur la pratique de communication avec les individus et si ça détonne sur les pratiques de communication avec les individus, j’ose espérer que ça détonne sur les pratiques de communication avec les élèves, tant dans une situation d’apprentissage que dans une situation culturelle ou sociale. Oui, ça détonne. Je ne vous dis pas qu’on est parfait, loin de là. (…). Ça se joue dans les profs qui vont avoir une approche pédagogique, ça se joue dans l’intervention auprès des élèves. [DS1 34;34]

Je pense qu’en leur montrant [à travailler en équipe] on modélise un peu leurs façons de faire. Donc ils vont être capables de le ramener au niveau de la classe. [DP1 38;38]

En outre, les décisions des enseignants discutées en équipe se trouvent être plus cohérentes, leur discours est plus unifié. Les participants notent que cela a un effet sur la compréhension du fonctionnement scolaire par les élèves : elle est simplifiée.

C’est sûr qu’on travaille sur les habiletés sociales aussi. Puis je pense qu’on est constant dans ce qu’on fait. Si moi j’utilise telle pratique puis je la partage avec mes collègues, bien on va arriver à une façon de fonctionner au niveau des comportements aussi. Puis les enfants le savent, ils savent qu’on va agir tous de la même façon. (…) ça fonctionne pas de telle façon avec une puis d’une autre façon avec l’autre. [EP4 35;35]

Par ailleurs, le cadre éducatif posé conjointement est plus clair pour eux. Les contenus de cours sont harmonisés. Les élèves peuvent faire des liens entre les matières des différents cours plus facilement.

Cette année, pendant les rencontres mensuelles, j’ai ajouté quelque chose à mon ordre du jour. Je fais un tour de table rapidement pour que les personnes présentes puissent dire quel projet elles sont en train de travailler dans leur classe. (…). Alors le fait qu’on travaille en collaboration, bien les élèves peuvent faire des liens d’un cours à l’autre. Ça a été renforcé en sciences, ça a été vu en mathématiques et ça a été discuté en anglais. [DAS2 33;33]

Il est plus facile à l’équipe de connaître et de tenir compte des spécificités de chaque élève : Bin c’est de croire en l’individu. (…) Donc, c’est d’essayer de faire en sorte que ce soit le plus confortable pour eux … de garder espoir, de donner espoir à la personne pis de lui donner le support pis le réconfort qu’elle a besoin. Même,(…), on a mis sur pied une fondation à but non lucratif à l’école pour aider les élèves à persévérer, à payer un billet d’autobus, payer un coupon repas à la cafétéria, capable de faire manger ses enfants pendant une semaine à la garderie, etc. [DA2 71;71]

On travaille avec des humains, principalement avec des élèves alors à tout moment dans l’année, quand on prend un temps d’arrêt et qu’on regarde l’évolution d’un jeune, on sait que c’est grâce au travail d’équipe qu’on a fait, au lien qu’il a créé avec les profs, à l’accompagnement des techniciennes en éducation spécialisée, à ce qu’on a fait pour lui. Quand on voit qu’il chemine(…) [PS2 41;41]

Les classes sont décloisonnées, la coopération en vue de traiter des cas complexes ensemble existe.

(…) Les élèves, même s’ils sont pas dans notre classe, on les côtoie. On a vraiment un bel échange, on fait… on appelle ça du décloisonnement, donc admettons que moi j’ai six élèves qui sont en difficulté sur une certaine notion et que ma collègue elle en a trois, bien on peut dire aujourd’hui on va faire une clinique de telle notion puis envoie- moi tes élèves. Donc ça permet de faire ça. Ça permet de s’ajuster, de traiter de sujets plus délicats. [EP4 24;24]

(…) Comme je vous disais tout à l’heure, je n’arrive pas là en disant que je vais donner l’information sur Pierre, Jean et Jacques; je demande de quoi on parle aujourd’hui. Puis eux vont alimenter les choses. Y’en a un qui va dire « J’aimerais ça qu’on parle de Marie-Ève parce que ça va pas bien », puis tout le monde, ensemble, on va aider Marie- Ève. Alors ça, ça a été très significatif ce moment où quelqu’un a crié… c’était l’alarme. C’était le « réveillons-nous, ça marche pas ». [DAS1 24;24]

Le travail d’équipe permet une supervision sur le terrain par les pairs. Grâce à leur feedback, le collègue peut adapter sa pratique à sa classe en continu.

Ensuite de ça, travailler en équipe avec les enseignants a assurément un impact sur leurs pratiques en classe et sur l’accompagnement des enseignants. Souvent, on allait observer une période ou un après-midi quand il y avait des élèves plus difficiles et suite

à ça, on faisait des commentaires et des recommandations que le prof ne peut pas voir quand il s’occupe de 28 amis. Ça les aide à implanter certaines mesures et de notre côté on peut créer des outils (…) [PP2 30;30]

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