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CHAPITRE 2 : Évolutions des formes de croissance urbaine de la région du grand Tunis

2.2 Genèse d’une métropole tunisoise

2.2.2 Le syndrome de métropolisation a Tunis

Selon H. Dlala (2002) « La métropolité »17 à Tunis pourrait être qualifié de « périphérique ou émergente ». Cela revient au fait qu’elle soit largement favorisée par

17 La double référence à la métropolité internationale des villes de l’ « archipel » et aux pays dits « périphériques » ou « émergents » invite à utiliser l’expression de « métropoles périphériques » ou « émergentes » pour désigner des villes capitales du Sud dotées d’une métropolité par la taille

l'acquisition d'une masse urbaine importante ainsi que le rôle central qu’elle joue sur le plan économique, local et international. Ceci est dû, au fait qu’elle participe à la valorisation des activités « traditionnelles » délocalisées dans le cadre de la nouvelle division du travail (A. Belhedi, 2005). Un grand nombre de controverses est décelé à ce sujet vu que la capitale s’est réservée, depuis l’indépendance, le rôle de commandement central et toutes les actions urbaines réalisées comme l’embellissement et d’amélioration du paysage de la ville sont restées très localisées. La ville poursuit tout de même sa métropolisation, vu que ses ambitions de s’inscrire dans un processus de développement mondial, et pour arriver elles doivent miser sur une solidarité régionale (H. Dlala, 2002)

La ville connaît depuis quelques années un ensemble d’événements et de changements, qui contribuent de près ou de loin à la genèse de son aire métropolitaine. Les éléments démographiques, économiques et de mobilité seront pris en considération pour expliquer le déroulement du phénomène développement.

Le grand Tunis c’est le regroupement de quatre gouvernorats voisins, pour former la région métropolitaine de Tunis. L’Ariana, la Manouba, Ben Arous et Tunis, forment cette entité urbaine, qui fait l’objet de notre étude.

a. Le centre vidé de sa population

Les mouvements migratoires de la population urbaine de Tunis datent de l’ère coloniale. Lorsque les familles nobles et riches ont quitté leurs demeures, pour s’installer dans des maisons individuelles, dans les banlieues de la ville (P. Sebag, 1958) ce phénomène frappe aussi bien la médina que la ville coloniale, qui suite au départ des Français s’est vu dépeuplée et a vu ses maisons transformées en bureaux et sièges sociaux de sociétés.

(millionnaire) jouant le rôle d’interface par rapport au reste du monde et cherchant à s’arrimer à « l’archipel », engendrant enfin une recomposition du territoire (métropolitain) situé dans leur

Les statistiques de 2004 montrent que le gouvernorat de l’Ariana affiche une augmentation de sa population au profit de celui de la ville centrale, suite à un déplacement de 26 223 habitants de Tunis vers l’Ariana et de 25 192 vers le gouvernorat de Ben Arous (Tableau 2). Ces résultats confirment la pérennité des vagues le dépeuplement du centre et leur impact sur l’agglomération.

Tableau 3 : Migration inter gouvernorats (1999-2004) selon le gouvernorat de résidence en 1999

De

Vers Tunis Ariana Ben Arous Manouba

Tunis - 6 959 8 256 5 587

Ariana 26 223 - 2 996 2 590

Ben Arous 25 192 2 351 - 1 524

Manouba 9 265 2 743 1 076 -

Source : Institut National de la Statistique (RGPH 2004) mis à jour le : 2005-09-02

Ces vagues migratoires résultent de la création de nouvelles zones résidentielles et de nouveaux centres dans les zones périphériques de la ville (H. Dlala, 2005). Ces nouvelles formes d’urbanisation affirment le processus de croissance urbaine dans lequel s’inscrit la stratégie d’urbanisation actuelle de la ville. Elle répond à une demande croissante en logement, issue de l’attraction de la capitale et des vagues de migration massive des populations, de toute provenance, ce qui crée un gonflement démographique et une extension spatiale massive (A. Belhedi, 2005)

b. Le poids démographique et spatial du Grand Tunis

L’espace urbain a connu une large expansion, accompagné d’une importante croissance démographique. Il est important de noter que le nombre des habitants de la capitale n’a franchi le seuil du million qu’en 1978 soit vingt-deux ans après l’indépendance (ASM, 2003). Le nombre n’a donc pas cessé d’augmenter pour passer de 1.283.500 en 1984 et 1.683.960 en 1994 (INS, 2004). En 2004, la ville abrite 2.072.500 habitants dans voisinage. (Habib Dlala, 2005)

les limites de ses communes et 2.248.000 dans les limites des délégations qui forment les quatre gouvernorats du grand Tunis (H. Dlala, 2007).

Bien qu’elle soit globalement modérée, la croissance affecte essentiellement les aires urbaines de la ville. Une extension vertigineuse des espaces urbanisés de la ville contribue à la dilatation du tissu urbain (A. Belhedi, 2005). Le développement de nouvelles banlieues et la création de nouveau pôle résidentiel contribuent fortement à cette évolution urbaine de la ville.

Figure 20 : Taux de croissance démographique dans la région du grand Tunis

Les données du recensement de 2004, montrent que le taux d’accroissement naturel est plus important dans les banlieues du nord l’Ariana et celle du sud, Ben Arous comparativement au centre, Tunis et à l’Ouest, Manouba (c. f. figure 20). La densité, quant à elle, est plus importante au centre de l’agglomération, avec 2767 habitants au Km2, ce qui fait de Tunis la zone la plus dense du pays (INS, RGPH, 2004).

c. L’émergence du phénomène d’étalement urbain et naissance des banlieues L’étalement urbain de Tunis est une des formes de croissance urbaine qui résulte du boom démographique et économique qu’a connu la ville, dans les années qui suivent l’indépendance du pays. Depuis les recensements de 1975, la population de Tunis est majoritairement urbaine (H. Dlala, 2005). « Entre 1956 et 1984, la population urbaine s'est accrue à un taux de 3,5 % par année pour un taux global de 2,5 % et rural de 1,7 % » (A. Belhedi, 2002). La ville s’est donc étendue et son aire urbaine s’est dilatée. Le processus d’urbanisation qu’a connue Tunis résulte d’une confluence de développement « quantitatif » (multiplication, croissance, extension...) et « qualitatif » (forme, mécanismes, transformation...) de la ville (A. Belhedi, 2002). Ce qui légitimiste l’invasion des surfaces rurales agricoles jouxtant la ville et la transformation de ses populations, qui balance dans la confusion d’être ou de na pas être. La population rurale se trouve alors dans une confusion identitaire. C’est la ville qui vient à leurs portes et l’urbanisation qui transperce leurs pudeurs et leurs intimités.

Tableau 4 : Caractéristiques démographiques de la population du grand Tunis

Milieu communal (urbain) Milieu nom communal (rural) Taux du milieu communal (%) Tunis 983 861 -- 100.0 Ariana 383 458 38 788 90.8 Ben Arous 456 580 49 193 90.3 Manouba 248 476 87 436 74.0

Malgré de nombreux obstacles naturels auxquels se heurte le développement spatial de la ville, Tunis continue tout de même à s’étendre. Dans sa description de la Métropolisation de Tunis, H. Dlala (2007) décrit trois types d’obstacles : la série de montagnes qui s’érigent au nord et à l'ouest de la ville (1), les plans d’eau que sont le lac de Tunis et les dépressions fermées de Séjoumi (2) et de l’Ariana, et enfin les zones agricoles protégées s’étendant au Sud vers la vallée du Miliane et la plaine de Mornag (3). Schématiser spatialement sur la carte ci-après, ces obstacles sont aussi, la richesse naturelle de la ville. Les tentatives du ministère de l’Environnement de protéger et de préserver ces richesses, se heurtent à une foule de spéculateurs fonciers et des promoteurs, qui trouvent toujours des failles aux lois limitant les marges d’urbanisation croissante. Les banlieues prolifèrent et s’étalent dans l’espace sans tenir compte des obstacles naturels.

Figure 21 : Obstacles naturels à la croissance du domaine urbain de Tunis

Source : Conception © Manel DJEMEL sur fond de carte : Google-Earth, 2008

1

1

2

2

2

3

3

Tunis

1

1 2 3 Montagnes Plans d’eau Terres agricoles Obstacles naturels

Les particularités urbaines de l’agglomération tunisoise sont sans doute, ses banlieues. Les zones périurbaines de la ville représentent le résultat d’un long processus de développements urbains et croissance spatiale.