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39 3.4.1 Les signes objectifs :

4.1. L'induction : étape préalable à la transe provoquée positive :

4.1.4. Les suggestions :

En hypnose thérapeutique, le thérapeute prononce des paroles soigneusement choisies que l'on nomme « suggestions ». Elles doivent être cohérentes avec le sujet, son vécu et le thème défini lors de l'alliance

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thérapeutique. Le praticien reprend les gestes, les mots ou expressions personnelles du patient afin qu'il les comprenne et les adopte spontanément. Ceci permet la concrétisation de leur contenu grâce à l'hypnose.

Ces suggestions sont de deux types. Directes, elles gèrent de suite le problème auquel elles fournissent des solutions spécifiques. Le praticien les utilise également pour guider le patient : « installez-vous confortablement

dans le fauteuil », « fermez les yeux »... Elles utilisent très peu les ressources de l'inconscient et servent

principalement à atteindre un objectif (s'allonger, respirer amplement...). Elles peuvent engendrer des résistances chez le patient car l'expérience pourrait lui devenir menaçante et trop autoritaire. Elles sont néanmoins importantes, et se combinent avec le second type de suggestions, les indirectes.

Ces dernières sont données plus discrètement au sujet en contournant son esprit conscient et ses croyances limitatives. Elles concernent son inconscient. En effet, plus elles seront indirectes et

plus le patient utilisera ses ressources internes et les interprétera afin de leur donner une signification particulière. Elles peuvent prendre la forme d'histoire, de jeux de mots, de contes afin de mieux atteindre les facultés imaginaires et créatives. Les résistances sont diminuées et les émotions s'expriment plus librement. De plus, en ne forçant pas le patient à répondre aux demandes du thérapeute, celui-ci lui témoigne du respect, ce qui constitue une approche très recommandée. Néanmoins, ces paroles indirectes peuvent susciter une confusion pour le patient qui ne comprend pas comment elles permettent la résolution de son problème, d'une part, et par la distance qu'elles créent avec le praticien, d'autre part.

Il est nécessaire d'alterner les suggestions directes et indirectes au cours de la séance, selon le but recherché à un moment précis (Bourassa, 1999 ; Virot, 2002 ; Virot, 2010 ; Virot et Bernard, 2010 ; Benhaiem, 2005 ; Lecoursonnois, 2006).

Une expérience personnelle est composée d'une multitude de caractéristiques, qui font qu'elle est unique pour cette personne. Ses dimensions visuelles, auditives, olfactives, kinesthésiques et gustatives seront utilisées et appuyées, pour renforcer la sensation de vivre réellement le souvenir désiré. Telle ou telle sensorialité peut être approfondie selon l'histoire du patient (s'il a décrit une ballade à cheval, le kinesthésique pourra être plus marqué).

Tout ce qui a été confié doit être restitué le plus précisément possible. Par exemple, si le patient parle de nager dans une eau agréable, cela est différent que de nager dans de l'eau chaude : le patient pourrait alors penser à la brûlure, ce qui ne serait pas du tout bénéfique !

Parfois, le thérapeute a un manque de données pour préciser une expérience, comme aucune information olfactive pour une promenade en bord de mer. Dans ce cas, il peut en inventer avec beaucoup de prudence et en utilisant des termes comme « peut-être ». Au lieu de dire « vous sentez le soleil sur votre peau et l'odeur de

l'iode », alors que le patient n'en avait pas parlé, le praticien dira « peut-être sentez-vous le soleil sur votre peau et l'odeur de l'iode ». Cette gymnastique de reformulation est un apprentissage qui s'acquière assez vite avec la

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pratique de l'hypnose. Cela permet de respecter au mieux le souvenir évoqué, car si le thérapeute commet une erreur dans le scénario, le sujet sera déstabilisé. En effet, pour sa conscience imaginaire, ce travail de reformulation nécessiterait un effort mental trop important pour l'équilibre de la transe. Néanmoins, si ces erreurs sont rares et qu'elles ne modifient pas les fondamentaux de l'histoire, l'impact sur la transe sera minime.

Par les suggestions, le dentiste accompagne son patient dans son monde intérieur, là où il se sent bien et a choisi d'aller. Il lui sert de guide, d'où l'importance d'avoir auparavant créé une confiance mutuelle. Petit à petit, il se focalise plus intensément sur la voix douce du thérapeute, sur ses sensations corporelles et sur les images qui lui viennent spontanément à l'esprit (Bioy et Michaux, 2007 ; Bernheim, 2013 ; Benhaiem, 2012).

Le langage métaphorique du « comme si », propre à la conscience imaginaire, est utilisé. Il est particulièrement utile et actif pour induire une transe car il agit sur les grands processus corporels comme la motricité (« c'est comme si votre bouche reste ouverte comme une grande baie vitrée donnant sur un beau

jardin »), la sensibilité (« c'est comme si vous aviez bu une délicieuse boisson fraîche »), la salivation (« c'est comme si le robinet était fermé ») ou encore la cicatrisation (« c'est comme si votre corps allait refermer la fermeture éclair »).

Les muscles se décontractent, les rythmes cardiaques et respiratoires sont réguliers et le dialogue verbal disparaît. Les signes de l'hypnose, décrits précédemment, sont alors visibles.

Durant cette phase, le stress, l'anxiété et leurs symptômes s'estompent progressivement au profit du calme, de la sécurité et du confort.

Le plus souvent, les patients préfèrent fermer les yeux, ce qui facilite la concentration et en même temps la relaxation. De plus, la fermeture des paupières entretient l'humidification de la cornée qui serait plus sèche les yeux ouverts, car les mouvements oculaires sont réduits pendant l'hypnose. Le confort est donc amélioré les paupières closes (Michaux et al., 2006 ; Michaux et al., 2007 ;).