L'installation du patient et l'orientation spatio-temporelle :

Pour commencer la séance d'hypnose, le praticien invite son patient à s'installer au fauteuil dans une position la plus confortable possible, compte tenu de l'environnement. Le dentiste doit également se positionner de telle sorte qu'il soit à l'aise et détendu pour le soin, car il doit lui-même entrer en état de transe pour l'accompagner. Une ambiance agréable est indispensable.

Afin de bien séparer le monde du patient et celui du thérapeute, celui-ci utilise toujours le vouvoiement (ou le tutoiement pour un enfant ou une connaissance). En effet, s'il dit « on » ou « nous », il s'inclut dans l'histoire du sujet, ce qui n'est pas congruent avec le souvenir ou le thème choisi.

Le temps employé est le présent, la transe étant vécue sur le moment même, comme si le patient vivait son expérience réellement. L'utilisation du passé ferait référence au temps de la salle de soin et y inscrirait le patient. Or ceci est contradictoire avec le but de l'hypnose qui est d'orienter l'esprit ailleurs, là où le sujet le désire et se sent bien (Virot, 2002 ; Virot, 2010).

Le début de l'induction s'accompagne d'une phrase comme « Nous allons commencer », prononcée d'une voix calme, assez grave et douce. Ce changement de timbre est perçu par le sujet comme une nouveauté, le commencement d'une nouvelle expérience.

Le thérapeute demande à son patient de vérifier que son corps est bien installé, avant de réaliser l'orientation spatio- temporelle, prononcée « ici et maintenant ».

Pour l'orientation dans le temps, il est invité à observer attentivement la salle de soin et tout ce qui l'entoure, afin de créer des repères utiles à la conscience critique, pour activer un sentiment de sécurité. Cela peut paraître étrange, le cabinet dentaire étant le plus souvent, un environnement hostile, mais en réalité, plus le patient aura de repères avec la pièce et plus il lui sera facile d'aller dans son monde interne. En effet, dans sa conscience intérieure, cela lui

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permet de savoir qu'au moindre problème lors de l'hypnose, il saura où revenir dans le monde extérieur. Le sentiment de sécurité est augmenté, et donc en parallèle, la détente du sujet et sa permissivité.

Il n'est pas nécessaire de lui expliquer ce phénomène car il s'effectue inconsciemment et rapidement.

L'orientation spatiale, quant-à-elle, sera plus ou moins longue et précise selon le niveau de stress ou d'anxiété du patient (Benhaiem, 2005 ; Lecoursonnois, 2006 ; Michaux et al., 2006).

Ce guidage sensoriel est l'occasion pour le dentiste de créer un climat favorable par l'emploi de mots protecteurs et positifs, jusqu'à en saturer la conscience critique. Il prépare le passage vers la transe formelle positive où la sensorialité jouera un rôle primordial. Les sens sont échauffés et passés en revue, à la manière d'un cockpit d'avion avant le décollage.

Pour activer les cinq sens, il est conseillé de suivre un ordre précis pendant l'induction, ordre qui sera utilisé à l'inverse pour la sortie de transe en fin de soin. Cela décrit ce que nous appelons le « VAKOG », signifiant Visuel Auditif Kinesthésique Olfactif et Gustatif (moins présent dans notre profession). Il sera détaillé plus loin.

Chaque étape correspond à une sensorialité. Pour chacune d'entre elles, la voix du praticien sera de plus en plus lente et monotone afin de favoriser le processus hypnotique. Des repères de sécurité et de confort seront en permanence répétés au patient. Pour chaque palier, la synchronisation du patient et des paroles du thérapeute sera vérifiée pour être certain du bon fonctionnement de la séance. Par exemple, si un geste est demandé, il devra être vu par le dentiste, auquel cas, la suggestion devra être plus directe.

Le lien entre les deux personnes se solidifie peu à peu, on dit qu'ils sont « accordés » (terme récent proposé par le docteur Stern). L'accordage affectif constitue un phénomène non conscient de coordination entre deux personnes, grâce à des messages verbaux ou non (regard, touché...). Il fait référence aux instruments de musique qui s'accordent ensemble avant de jouer. La relation établie signe un accord émotionnel et sensoriel pour que le praticien adopte la même fréquence ou le même rythme que son patient.

Ce lien se renforce progressivement, réduisant la distance entre eux et leur permettant de se ressentir mutuellement. Surmonter ensemble d'éventuelles épreuves, comme une anxiété importante ou une douleur, devient alors possible. Cela est particulièrement important dans notre métier où l'accès physique à une région intime comme la bouche constitue un acte chargé émotionnellement. Si l'accordage n'est pas suffisant, le patient risque d'abandonner en cours de soin et revenir à la réalité extérieure (Godin, 1992 ; Virot et Bernard, 2010 ; Michaux et

al., 2007 ; Bioy et Michaux, 2007 ; Larroque, 2012 ; Benhaiem, 2012).

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L'hypnothérapeute invite le patient à prendre une respiration profonde qui marque l'entrée officielle dans l'état de transe. Il lui demande de se concentrer sur ses expirations et inspirations, qui deviennent de plus en plus amples et profondes. Le sujet se relaxe doucement en se focalisant sur ses sensations corporelles. Les perceptions externes, elles, ne sont plus ressenties et semblent insignifiantes, lointaines. La conscience critique est orientée vers les sensations internes plutôt que vers l'environnement.

Il peut, s'il le souhaite, placer ses mains sur son ventre afin de mieux ressentir l'amplitude de sa respiration abdominale. Le praticien l'encourage, adaptant son rythme respiratoire au sien. Cette étape constitue un rituel, un passage vers une nouvelle expérience.

Une métaphore peut être utilisée comme « en prenant une grande inspiration, vous ouvrez une porte sur

votre monde intérieur ». Toute attitude du sujet peut être utilisée pour commencer l'induction : un mouvement de

balancier des jambes, un mouvement de doigts... (Lecoursonnois, 2006 ; Michaux et al., 2007 ; Virot et Bernard, 2010).