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Conscience ordinaire

3.3. La transe formelle :

La transe hypnotique n'est pas un phénomène linéaire. Elle se compose de différentes phases plus ou moins profondes atteintes selon le but thérapeutique recherché.

Le praticien cherche à potentialiser les effets de la transe spontanée positive en la faisant intervenir et en la renforçant à un moment voulu (séance au cabinet dentaire par exemple). Pour se faire, il doit suivre un protocole précis.

Avec l'accord du patient, le thérapeute utilise un ensemble de techniques pour provoquer une transe plus profonde et guidée : la transe formelle. Elle est beaucoup plus intense que les transes spontanée et conversationnelle. Elle est plus stable dans le temps, ce qui permet de faire des actes (soins conservateurs, anesthésies, chirurgie...) et de soigner le malade. Elle peut en effet durer plusieurs heures si besoin, ce qui permet son utilisation en chirurgie.

Comme pour la transe conversationnelle mais à un degré plus élevé, le praticien souhaite focaliser l'attention du sujet sur une expérience ou une émotion agréable, pour l'aider à se détendre et se détacher de la réalité extérieure. Ce dernier pourra alors ressentir ses sensations, les écouter, se calmer et se concentrer à nouveau sur des pensées positives. Le patient est à l'écoute de sa réalité intérieure.

Au cours de cette transe, il est beaucoup plus en relation avec son imaginaire, sa créativité et ses émotions. La réalité extérieure lui paraît insignifiante. Il expérimente une amplification du champ de conscience imaginaire et une réduction du champ de conscience critique.

Erickson décrivait le premier comme « un immense magasin de ressources et de solutions ». Il expliquait également qu'en hypnose, « on dirige l'attention du patient vers l'intérieur, puis on lui demande d'utiliser tous les

potentiels de ses apprentissages par expérience » (Balken et Melchior, 2004 ; Virot et Bernard, 2010).

Lors de la transe induite, le thérapeute recherche en premier lieu à assurer le confort et la sécurité du patient. Le confort est présent si le sujet est en transe positive guidée et stabilisée par le praticien. Il repose sur les expériences agréables ressenties, ou imaginées le plus souvent, par le patient. Il permet d'instaurer un climat émotionnel favorable au soin.

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La sécurité concerne le monde extérieur et la conscience critique. En effet, pendant une transe, le sujet est moins vigilant sur ce qui se passe autour de lui, le rendant plus vulnérable. Le praticien se doit de le protéger car il se trouve dans un lieu, qui, pour lui, a de nombreuses connotations hostiles (instruments, lumière aveuglante...). Naturellement, en conscience critique, cet environnement l'empêche de relâcher sa propre surveillance car il se sent menacé. Le stress engendré signalant un danger risque de faire apparaître une transe négative et toutes ses conséquences : tension musculaire, rigidité, agressivité...

Afin que le patient puisse se détendre et rester dans une transe positive, il doit se sentir sécurisé. Cela repose sur la confiance réciproque entre les deux personnes. Lorsqu'elle est installée et stable, le patient pourra se laisser guider et la séance d'hypnose commencera dans des conditions idéales.

Le second point pour la sécurité concerne la conscience critique. En effet, chacun a sa propre manière de passer de la conscience critique à la transe spontanée, en empruntant son propre chemin mental. Or, quand la transe est induite par un tiers, le praticien doit auparavant connaître le patient, afin d'adapter sa séance et ses paroles selon le vécu de ce dernier.

Il arrive que le patient sorte de la transe formelle au cours du soin, soit à cause d'un inconfort ou d'une douleur, soit par perte de son sentiment de sécurité. En effet, il ne dort pas et garde son libre-arbitre pendant toute la séance d'hypnose. Il réactive alors sa conscience critique sans respecter le protocole de sortie de transe. Ceci est comparable aux paliers de décompression indispensables lors des remontées de plongée sous-marine. Si cette étape de fin de séance n'est pas réalisée correctement, le patient ne pourra retrouver immédiatement son équilibre psychologique. Le thérapeute doit communiquer avec lui pour le rassurer et comprendre ce qui ne va pas, afin de le faire revenir en transe positive. Ce retour est facilité si le sujet ressent de nouveau qu'il est en sécurité.

Néanmoins, ce phénomène est rare si le climat de confiance a bien été installé avant le début de la séance d'hypnose.

Enfin, il existe une transe dite courte, fondée sur des techniques de confusion qui permettent de déstabiliser la conscience critique en la saturant rapidement de beaucoup d'informations. Elle est utilisée lors de gestes courts et douloureux comme une incision ou une injection. Elle nécessite que le thérapeute rassure immédiatement le malade car cette transe peut vite devenir inquiétante et négative (Virot, 2002 ; Virot, 2008 ; Virot et Bernard, 2010 ; Bernard et Musellec, 2013 ; Bioy et Michaux, 2007 ; Michaux et al., 2007 ; Balken et Melchior, 2004 ; Gauchenot-Potin, 2004 ; Bernheim, 2013 ; Benhaiem, 2012).

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En résumé, l'hypnose consiste à induire une transe positive confortable et sécurisée en utilisant le vécu du patient et l'expérience du praticien dans ce domaine. Le thérapeute souhaite retirer l'attention du patient de la réalité concrète. Elle nécessite le respect d'un protocole précis qui devra être adapté à chacun (paroles, gestes...) afin d'atteindre l'objectif thérapeutique recherché.