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Les scientifiques ont apporté la preuve de l'existence de l'hypnose, qui correspond à un état proche du sommeil et également à un état mental de veille. Afin de bien comprendre la notion de « conscience », celle de « réalité » est essentielle à connaître.

2.3.1. La réalité extérieure et la réalité intérieure :

La réalité se définit par l'ensemble des choses qui composent le monde. Sa perception s'effectue par un ensemble de processus conscients et inconscients. On distingue 2 types de réalité, qualifiées d'extérieure et d'intérieure.

La réalité extérieure correspond à tout ce qui nous entoure : les objets, les bruits, les gens... Nous percevons ces informations grâce à différents capteurs sensoriels qui seront détaillés dans un autre chapitre. Elle est bien plus importante et vaste que ce que l'être humain peut capter, limités par ses capacités.

La réalité intérieure est spécifique à un individu, et s'assimile à nos idées, nos émotions, nos expériences. Elle se compose de tout ce qui est en nous et ce dont nous nous souvenons ou pas. Le premier filtre de nos souvenirs est effectué par l'hippocampe (appartenant au système limbique), zone de stockage de la mémoire implicite. Le second, quant à lui, est réalisé par l'amygdale cérébrale et l'insula, centres des émotions. Il y a une très grande variabilité de la réalité intérieure entre chaque personne. Chacun est unique, avec son propre vécu, et réagira donc de manière spécifique à une situation donnée.

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Nous créons en permanence des interprétations de la réalité extérieure, d'autant plus déformées si le contexte émotionnel est chargé. C'est particulièrement vrai pour le patient, anxieux, face au dentiste.

De plus, pour une même situation, la réalité intérieure du patient et du dentiste peut être totalement différente. Voici quelques exemples dans le tableau ci-après (Fig.8) (Virot et Bernard, 2010 ; Rossi, 2008 ; Bernard et Musellec, 2013 ; Balken et Melchior, 2004 ; Bioy et Michaux, 2007 ; Bernheim, 2013).

Fig.8 : Tableau d'exemples de réalités intérieures (Bernard et Musellec, 2013).

De même, face à une image, chacun peut voir une signification propre. Prenons l'exemple de ce dessin (Fig.9), réalisé par Sandro Del Prete et extrait du site hypnofamille.weebly.com.

Fig. 9 : Dessin musicien-femme (Sandro Del Prete, 2014).

Certains y verrons un saxophoniste, d'autres un visage de femme. L'importance de ces variations individuelles pour le thérapeute, qui doit respecter les protocoles de l'hypnose tout en s'adaptant à la réalité intérieure du patient et ainsi faciliter les soins, sera expliquée plus tard (Virot et Bernard, 2010 ; Bernard et Musellec, 2013).

2.3.2. La conscience critique ou globale :

En général, la notion d' « éveil » est assimilée à celle de « conscience ». Ce terme est difficile à comprendre et à décrire, bien qu'il soit connu et régulièrement utilisé.

La conscience n'est pas encore totalement élucidée. C'est un processus dynamique fluctuant au cours du temps selon les perceptions sensorielles extérieures que nous captons (les sons, les odeurs, les images...). Nous avons vu qu'il varie aussi en fonction de l'interprétation que nous en faisons selon notre réalité intérieure.On parle d' « état

conscient » comme s'il était unique, alors qu'il en existe beaucoup qui correspondent à toutes nos expériences

quotidiennes : discuter entre amis, faire du sport, se concentrer, soigner un patient... Il se compose de différentes modalités : la veille, le sommeil et le coma.

Chaque moment d'éveil est corrélé à un état conscient spécifique où la personne doit prêter attention aux informations reçues du monde extérieur et du monde intérieur. Ces messages cheminent dans le système nerveux et le cerveau sans qu'elle s'en aperçoive. Elle les découvre lorsqu'elle oriente son attention vers ces informations de manière plus précise.

La conscience ordinaire ou globale comprend deux types de pensées. Les premières proviennent de notre mémoire, de ce qui est objectif et rationnel comme la science, les protocoles, l'anatomie dentaire... Les secondes sont des pensées virtuelles permettant l'imaginaire, la création, l'anticipation aux nouvelles situations. Elles sont importantes dans le métier de soignant pour faire face aux imprévus, aux difficultés impromptues. Cette dimension

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de la conscience apporte une souplesse mentale, facilitant notre travail et permettant de mieux gérer les imprévus (retard, problème de matériel...). Elle est orientée vers les émotions.

Ces deux sortes de pensées sont en permanence présentent et s'associent en général équitablement. Il y a un échange continu entre le réel (ce qui est objectif) et le virtuel (ce qui est subjectif). Cependant, une prédominance peut exister pour la conscience rationnelle. On parlera alors de conscience critique, qui analyse plutôt le présent et ce que nous observons en fonction de nos connaissances passées. Elle nous permet d'accomplir les tâches quotidiennes, de travailler, de réfléchir... A l'inverse, si la composante imaginaire est majoritaire, on parlera de transe. Celle-ci sera expliquée dans le prochain chapitre.

Ces prédominances s'expliquent par le fait que les pensées et les émotions ne sont pas figées mais souples et en mouvement, en interaction permanentes avec le monde.

La figure suivante illustre ces deux modalités (Fig. 10) :

Rationnel Imaginaire

Conscience critique Transe

Fig. 10 : Les deux modalités de la conscience ordinaire.

La conscience critique permet l'analyse d'une situation pour ensuite décider du comportement à adopter, selon les connaissances rationnelles du sujet. Ses expériences antérieures sont mémorisées au niveau de la région hippocampique (au niveau sous-cortical) dans son système limbique, zone de stockage de la mémoire implicite.

Son attention se porte alors d'un élément à un autre, et ceci très rapidement afin de capter l'événement dans son intégralité. A partir de tous ces différents morceaux, la conscience recompose la situation, comme un tableau, et prend une décision. Pour cette analyse, les cinq sens (auditif, olfactif, gustatif, visuel et kinesthésique) sont mobilisés. L'attention explore la réalité extérieure et également la réalité intérieure (émotion, souvenir, idée...) pour