• Aucun résultat trouvé

39 3.4.1 Les signes objectifs :

5.2. L'auto-hypnose pour les praticiens :

Si l'auto-hypnose s'avère être très utile pour les patients, elle est également un outil bénéfique et non négligeable pour le corps médical. En effet, les professionnels de santé doivent faire face à un stress important au travail, notamment chez les chirurgiens dentistes. Il y est considéré que 60 % d'entre eux sont en phase d'épuisement à la fin de leur carrière, dont 12 % sont dans un niveau pathologique, incapables d'exercer leur activité correctement ! C'est ce qui est appelé « le burn-out

professionnel ». Cet épuisement physique et psychologique n'est pas du à une fatigue normale de fin de semaine qui

se récupère dans le week-end ou pendant les vacances. Il est la conséquence d'une accumulation de stress et d'épuisement pendant une longue période, qui perturbe peu à peu le cycle naturel équilibré entre la veille et le sommeil. Des symptômes corporels et mentaux apparaissent et s'amplifient de jour en jour s'il ne sont pas détectés et traités. La conséquence finale est l'implosion où le praticien est au bord de la rupture, de la dépression, et donc, de la faute professionnelle.

Le burn-out est courant dans la profession de chirurgiens dentistes car ils exercent un métier de relation dans lequel ils s'occupent des patients, les rassurent, les écoutent et les soulagent de leurs maux. Ils doivent être à l'écoute de chaque personne et établir une relation humaine spécifique avec chacune. Ceci est d'autant plus

63

compliqué car la grande majorité des patients ne consultent pas par plaisir, mais au contraire, avec beaucoup de fausses croyances (« ça fait mal », « il va m'arracher des dents »...), de peur et d'anxiété, voire même parfois d'agressivité. Il est rare de rencontrer quelqu'un content de faire des soins dentaires, la bouche étant un lieu intime. Le praticien doit donc à chaque rendez-vous oublier sa propre fatigue, son stress (retard, urgences à gérer, soin compliqué, mais aussi problèmes personnels) pour soigner ses patients et les rassurer avec le sourire. Or ceci n'est pas toujours simple à réaliser face à une personne focalisée sur des pensées négatives. De plus, il se doit de veiller à la sécurité du patient et au bon déroulement du soin. Il engage à chaque rendez-vous sa responsabilité en tant que praticien de santé. L'accumulation de ce stress emmagasiné au cours de la journée, puis des suivantes, finit par épuiser le professionnel qui ne peut plus, à un moment donné, prendre sur lui et écouter autrui.

Le syndrome comporte trois dimensions : l'épuisement émotionnel (diminution des ressources, manque d'entrain), la dépersonnalisation (attitude négative vers les patients et les proches, cynisme) et la réduction de l'accomplissement personnel (perte de l'estime de soi, dévalorisation). Une transe négative de plus en plus intense s'installe insidieusement et devient permanente (Virot, 2010 ; Virot et Bernard, 2010).

L'auto-hypnose va permettre au dentiste d'apprendre à gérer le stress professionnel, les imprévus du cabinet, et également d'apaiser ses émotions issues de la vie privée. Il va activer ses ressources internes pour faire face aux situations difficiles et les solutionner calmement, en restant en phase avec lui-même. En effet, un soignant ne peut exercer convenablement et en toute sécurité, que s'il est en harmonie avec lui même, calme et serein. Il ne doit pas transmettre son stress et sa mauvaise humeur aux patients ou à l'équipe soignante.

En s'auto-induisant une transe positive pour apaiser son mental, le praticien se débarrasse de toutes les tensions accumulées et de toutes les pensées négatives qui l'assaillent. En prenant le temps de réaliser une séance d'auto-hypnose au moins une fois par jour, les micro-traumatismes créés et la fatigue sont guéris. Il se construit une bulle. Les douleurs physiques dues à l'activité, les symptômes

comme les migraines, l'hyperventilation ou l'insomnie, sont apaisés. L'objectif ne se limite pas à l'exercice professionnel, mais s'étend à la vie quotidienne et au bien-être général du dentiste. Il soignera d'autant mieux par la suite, profitant pleinement des phases de repos hors du travail. L'équilibre entre la veille et la récupération sera rétabli, grâce aux techniques simples qu'offre l'auto-hypnose. (Virot, 2010 ; Virot, 2013 ; Benhaiem, 2005 ; Chanine et al., 2006).

Différentes études, notamment celle menée par Hammond en 2010 aux Etats-Unis, ont démontré que l'auto-hypnose est un outil complémentaire très intéressant à l'hypnose formelle. Elle est bénéfique aussi bien pour le praticien qui pourra mieux gérer le patient et ses propres émotions, que pour ce dernier qui prolongera le travail hypnotique hors du corps médical. Les résultats obtenus, notamment sur l'anxiété et le stress, sont très positifs. La prise en charge thérapeutique sera améliorée et simplifiée (Hammond, 2010).

64

VI - La communication thérapeutique : la base de toute réussite de soin :

Depuis toujours, le malade est étudié, analysé et est l'objet de tous les travaux scientifiques. Il est au centre, lui, sa maladie et ses symptômes, des recherches et des statistiques biologiques. L'être humain derrière le patient a été bien trop souvent oublié. Les progrès techniques dans le milieu médical ont amené à négliger l'aspect social et tout le pouvoir de la communication dans le processus de guérison. Peu à peu, et grâce à la découverte de récents outils tels que l'hypnose, l'homme redevient le centre d'attention. Il est de nouveau considéré comme une personne avec son vécu, ses émotions, et non plus seulement comme un syndrome ou un cas clinique à soigner. Les médecins se sont progressivement ouverts aux prises en charges centrées sur le patient, qui permettent une discussion avec celui-ci mais également avec son entourage. Un lien s'établit, exigeant une bonne compréhension par le thérapeute de données techniques et surtout humaines. Les qualités de bon communicant ne sont pas innées chez tout le monde. Un apprentissage est, dans la majorité des cas, nécessaire (Bernard et Musellec, 2013 ; Benhaiem, 2005).

« Communiquer » signifie recevoir des informations et en envoyer. Ce verbe possède d'autres nuances : informer, éduquer, responsabiliser et, dans le cadre médical, soigner. Un échange permanent de données est créé entre les deux protagonistes, chacune répondant aux précédentes. Le message se construit sur celui d'avant et oriente vers le suivant. Les signaux envoyés sont plus ou moins complexes et plus ou moins volontaires.

Le psychologue américain Carl Rogers retient trois dimensions importantes de toute communication. Premièrement, la capacité d'observation, d'empathie et de compréhension des sentiments et émotions d'autrui. Deuxièmement, la congruence et l'authenticité des différents langages utilisés. Dernièrement, la considération positive du praticien pour son patient (Virot et Bernard, 2010 : Bernard et Musellec, 2013).

Erickson a profondément renouvelé le regard porté sur la communication, notamment au niveau de la phase d'induction et des suggestions. Il a mis en place des procédés de communication diminuant l'opposition du sujet à l'hypnothérapeute. L'objectif est de rechercher un mode de communication adapté à chacun dans sa forme et son contenu. Le patient est motivé afin qu'il adhère volontairement au projet de soin. L'emploi de diverses techniques (confusion, surprise...) diminuent les résistances et favorisent le lâcher-prise. Il a proclamé un rééquilibrage dans la relation soignant-soigné en abandonnant la position magique et supérieure du premier, en évitant tout autoritarisme (suggestions non impératives et formules permissives) et en encourageant le patient à oser aller puiser dans ses ressources internes et dépasser ses blocages initiaux (Michaux et al., 2007).

65