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Après avoir mis en lumière les caractéristiques des habitants des communes périphériques et abordé la mobilité de ces habitants, nous allons essayer de voir dans quelle mesure la navette autonome pourrait remplacer, du moins partiellement, le véhicule privé dans son rôle d’outil indispensable à l’habitation en zone périphérique. Pour ce faire, nous allons reprendre les types de déplacements qu’effectuent les habitants des communes périphériques à l’aide de la voiture, décrits dans le chapitre précèdent, et voir dans quelles situations et de quelle manière ceux-ci pourraient être effectués à l’aide de la navette autonome. Avant de passer à l’analyse, il est important de rappeler que la navette autonome serait prévue au niveau cantonal, nous exclurons donc tout type de déplacements

81 TPG. Voyagez avantageusement [en ligne]. http://www.tpg.ch/fr/web/guest/voyagez-avantageusement (consulté le 21 juillet 2017)

37 au-delà de la frontière genevoise. De plus, celle-ci ne circulerait pas plus loin que les abords des communes suburbaines 1ère couronne, car nous voulons éviter de rendre le trafic plus dense, dans ces zones, qu’il ne l’est déjà. De plus, les communes suburbaines 1ère couronne, ainsi que la commune-centre sont des zones étant déjà bien desservies par les transports publics genevois conventionnels. Par ailleurs, le but de ces navettes ne serait en aucun cas d’effectuer des traversées du canton. Pour des raisons pratiques, ainsi que leur rôle de complément aux transports publics genevois, ces navettes effectueraient des trajets relativement courts. Dans ce sens, elles seraient reparties par régions regroupant une ou plusieurs communes. Ces régions constitueraient leur périmètre de fonctionnement.

Commençons par le type de déplacements se rapportant aux loisirs. Comme nous l’avons vu précédemment, certains loisirs se trouvent au centre-ville. Dans ce cadre, les individus habitant la périphérie ont tendance à avoir recours à une mobilité hybride. C’est-à-dire qu’ils effectuent la moitié du trajet en voiture jusqu’à un endroit intermédiaire où ils empruntent par la suite un bus ou un tramway qui les amène jusqu’en ville. Les bouchons, le manque de places de parking de proximité ou les prix dissuasifs des parkings souterrains sont les raisons principales liées au choix de ce genre de mobilité. La navette autonome pourrait facilement remplacer l’emploi de la voiture privée, dans la première moitié de cet itinéraire, qui sert ici en grande partie à gagner en flexibilité face à une fréquence de passage fixe et réduite de la part des bus dans les communes périphériques. Les individus n’auraient qu’à commander leur navette qui les amènerait près d’un hub où ils pourraient directement continuer leur trajet. Les individus économiseraient ainsi sur l’essence et sur le coût du parking nécessaire au changement de transport. Parallèlement, ils libèreraient les places de parking pour les personnes ayant un réel besoin de s’arrêter à ces endroits-là. Le problème intervient pour les sorties nocturnes. L’arrêt des prestations après une certaine heure rend compliqué le déplacement en ville sans un véhicule privé à disposition. Dans ce cas, deux alternatives au véhicule privée peuvent être considérées. La première serait d’emprunter un taxi jusqu’aux abords des communes suburbaines 1ère couronne et de continuer le trajet jusqu’à la maison à l’aide du service des navettes autonomes qui serait disponible de jour comme de nuit. La deuxième serait d’utiliser un vélo pour la première partie du trajet depuis la ville. Celui-ci pourrait par la suite être rentré dans une navette autonome afin de continuer le trajet. Pour les reste des loisirs se trouvant en dehors de la commune-centre, les habitants de la périphérie pourraient utiliser les navettes autonomes pour se rendre directement à l’endroit

38 souhaité en utilisant le service porte-à-porte s’il souhaitent se rendre directement à l’endroit ou un service porte-à-terminal dans le cadre d’une mobilité multimodale. Pour rappel, le terminal se traduirait par un hub se trouvant généralement aux abords des communes suburbaines 1ère couronne. Dans le cas où la destination serait une commune périphérique se trouvant en dehors du périmètre d’activité comportant la commune de départ, il suffirait d’emprunter plusieurs navettes autonomes. Le but étant de développer à long terme un réseau de transport périphérique qui permettrait d’éviter le plus possible le passage par le centre-ville pour atteindre la destination souhaitée, car c’est précisément ce genre de passage qui a tendance à accentuer la congestion des villes. Ainsi, les navettes autonomes pourraient améliorer l’efficacité de la mobilité multimodale en résolvant les problèmes liés à l’organisation des réseaux de transports publiques actuels qui provoquent parfois des détours. Ces problèmes se traduiraient par une gestion de temps incertaine, une durée de trajet non optimale et un grand nombre de changements de lignes qui n’est guère apprécié par la population périphérique. Afin d’éviter ces problèmes, les individus se voient obligés d’utiliser un véhicule privé et cela notamment dans le cadre du type de déplacements pendulaires. Pour ce type de déplacements, la variable temps reste primordiale. Les habitants de la périphérie devant se rendre à leur lieu de travail se trouvant généralement dans la commune-centre, mais également dans les communes suburbaines 1ère couronne, empruntent la voiture, car ils veulent surtout réduire leur temps de déplacement et assurer leur ponctualité. Mais peut-on réellement affirmer que la voiture est plus rapide que les transports en commun ? En utilisant la voiture l’individu s’expose à des risques liés au ralentissement du trafic. Ce facteur est difficilement prévisible avec précision et impacte directement la ponctualité. Le matin, ces personnes sont obligées de sortir de leur domicile en prévoyant une réserve de temps liée à cette incertitude. Contrairement aux voitures, les transports publics genevois ne sont que très peu touchés par le ralentissement du trafic, car ils bénéficient, la plupart du temps, d’une voie séparée notamment à partir des communes suburbaines 1ère couronne. Le problème des transports en commun n’est pas la vitesse, mais le manque de synergies de la part de l’organisation de son réseau de lignes qui se ressens énormément en périphérie. Concrètement, plus on s’éloigne du centre-ville et plus il devient difficile de se rendre de n’importe quel endroit jusqu’à un autre directement. Le réseau de lignes devenant de moins en moins dense provoque une diminution de hubs. Une bonne comparaison serait une toile d’araignée. Imaginons que le centre de la toile soit la gare

39 Cornavin qui peut être considéré comme le hub principal de Genève. En se trouvant au centre de cette toile, il est possible de se rendre n’importe où de manière « directe », il suffit de se tourner dans la direction souhaitée. Plus on s’éloigne du centre de la toile et plus il devient difficile de se rendre « directement », c’est-à-dire en ligne droite, jusqu’à un endroit.

On se voit obligé de suivre un certain réseau de routes prédéfinies. En s’éloignant du centre, ces routes deviennent de moins en moins connectées entre elles.

Figure 10

(Source : Daily Geek Show. Les toiles d’araignées possèdent un pouvoir d’attraction secret pour attraper leurs proies [en ligne].

http://dailygeekshow.com/les-toiles-des-araignees-possedent-un-pouvoir-secret-pour-les-aider-a-attraper-leurs-proies/)

Sur cette image, les communes périphériques peuvent être représentées par les extrémités de la toile. En voulant se rendre quelque part, les habitants sont forcés de passer par certains chemins étant donné qu’il n’y en a pas d’autres et ce, peu importe où ils désirent se rendre. C’est précisément ce phénomène qui rend le trajet des individus plus long. En comparaison, la voiture permet de se rendre directement dans la direction souhaitée et d’éviter l’effet toile d’araignée. Cela nous amène à penser que, dans le cadre pendulaire, la voiture fait surtout gagner du temps durant le trajet entre les communes périphériques et les communes suburbaines 1ère couronne. La navette autonome ne possèderait pas d’itinéraires fixes, cela signifie qu’elle pourrait contourner la rigidité des réseaux de transports publiques qui se ressent dans les communes périphériques. Ainsi, son utilisation permettrait un déplacement plus efficace et plus direct dans la première partie de l’itinéraire

40 menant des communes périphériques jusqu’aux communes suburbaines 1ère couronne. En ce sens, son utilisation pourrait même réduire le nombre de changements de lignes nécessaires pour se rendre au travail. Les habitants de la périphérie disent ne pas apprécier un trop grand changement de lignes à cause d’un manque de synergie pouvant être provoqué par le retard des transports publics. Mais en réalité, dans ce contexte, se cache un autre facteur important lié à l’utilisation de la voiture. Il s’agit du confort. La voiture permet non seulement d’être mieux assis, mais aussi éviter d’être étouffé dans un coin à cause d’une surcharge de passagers. De plus, elle permet d’éviter le stress lié au changement de transport. Le confort fait partie de la conception des navettes autonomes. Le service privé permettrait aux individus qui le souhaitent de voyager seuls à l’abri d’une atmosphère tumultuaire qu’on retrouve durant les heures de pointe. Par ailleurs, même si les individus optaient pour un service publique proposé par les navettes autonomes, celui-ci s’illustrerait par un nombre de places limité. Ainsi, à priori, les bénéficiaires ne seraient jamais compressés. En ce qui concerne le manque de confort lié au stress du changement de transport, la navette autonome ne pourrait pas apporter de solution miracle. La navette, elle-même, est pensée pour contribuer à la mobilité multimodale et l’améliore. En utilisant les transports en commun, les habitants de la périphérie ne pourront que difficilement éviter les changements de ligne, en particulier ceux travaillant au centre-ville. Néanmoins, il est fort probable que les individus habitant la périphérie choisissent le gain de temps à la place du confort.

Un autre type de déplacement qui pourrait être assuré par les navettes autonomes est celui nécessaire pour faire des commissions. Comme mentionné auparavant, cette tâche incombe davantage aux femmes qu’aux hommes dans la plupart des ménages de la périphérie. Celles-ci utilisent la voiture afin de parer à plusieurs obstacles qui interviennent sur leur chemin.

Ces femmes font souvent les courses pour toute la famille et se retrouvent rapidement avec de nombreux sacs remplis en sortant du magasin. Il serait tout simplement physiquement impossible pour elles de porter tous ces sacs jusqu’à leur domicile, non seulement à cause du nombre de sacs, mais aussi du poids de ceux-ci. De manière générale, les femmes en question sont également chargées des enfants, ce qui signifie qu’une poussette vient souvent s’ajouter aux sacs de courses. De plus, la distance séparant le domicile de ces femmes des magasins est de l’ordre de plusieurs kilomètres. Pouvant être commandées à tout moment, les navettes autonomes pourraient amener ces femmes directement jusqu’au

41 supermarché et les ramener munies de leurs courses jusqu’à leur porte d’entrée. Ce service coûterait à ces femmes encore moins d’efforts que lorsqu’elles utilisent la voiture. En poussant la réflexion encore plus loin, il serait possible d’imaginer un service mis en place par les magasins afin de charger les navettes autonomes avec les courses. Ainsi, en résolvant le problème des courses, il serait possible de réduire d’au moins un le nombre de véhicules que possèdent les ménages habitant la périphérie.

Le dernier type de déplacements important se rapporte à la mobilité des enfants. Il concerne notamment les enfants en bas âge et les adolescents. Les interviews ont montré que les femmes des ménages ont souvent recours à la voiture afin d’amener leurs enfants à diverses activités, généralement, extrascolaires. L’utilisation de la voiture intervient ici pour deux raisons principales. La première est lié, comme nous l’avons vu plus tôt dans ce chapitre, au gain de temps procuré par la voiture par rapport au manque d’efficacité de la part des transports publics genevois dans les régions périphériques. La deuxième raison poussant les individus de la périphérie à utiliser la voiture est liée à la sécurité des enfants. D’une part, si l’activité en question se trouve au centre-ville, les enfants sont obligés de changer au moins une fois de ligne, et comme nous le savons, les habitants n’apprécient pas les changements de ligne. En ce sens, ils apprécieraient encore moins que leurs jeunes enfants doivent changer plusieurs fois de ligne afin d’arriver à destination. Par ailleurs, les enfants en bas âge ne sont souvent pas en mesure d’effectuer ce type de trajets par eux-mêmes. Ainsi, quand il s’agit d’aller amener et, par la suite, chercher plusieurs enfants à plusieurs endroits différents, la voiture se montre très pratique. La navette autonome pourrait se rendre utile dans le cas où les activités se trouveraient dans les communes périphériques voisines. Celle-ci pourrait faCelle-cilement aller déposer un enfant à l’adresse exacte et par la suite le ramener jusqu’à son domicile. Les parents auraient le choix entre une navette privée et une navette publique. Si les navettes autonomes venaient à être mises en place par les TPG dans les zones périphériques, leur succès devrait donc reposer en grande partie sur la confiance que les individus décideront de lui attribuer. Ainsi, ce type de déplacements pourrait se montrer problématique dans le cadre d’un service privé. Malgré les différentes mesures de sécurité qui pourraient être prévues dans le fonctionnement des navettes, comme par exemple des capteurs de santé, des caméras de surveillance, des interphones ou boutons d’arrêt d’urgence, les parents auraient probablement du mal à laisser leurs enfants voyager seuls dans une navette sans aucune présence d’un adulte. Paradoxalement, les parents

42 n’apprécient guère que leurs enfants voyages seuls en présence d’adultes comme cela pourrait se passer dans le cadre d’un service publique. Pour ce type de déplacements, il est difficile de prévoir avec précision les comportements qui seraient adoptés en présence de navettes autonomes.

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