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4 LE FONCTIONNEMENT DES NAVETTES AUTONOMES

4.2 L E SERVICE PERSONNALISÉ

En additionnant le confort à la flexibilité, nous pourrions imaginer un service qui serait personnalisable. Celui-ci se traduirait par un choix de prestations correspondant au mieux au demandeur de service. Premièrement, lors de la commande, l’utilisateur pourrait choisir entre un transport privé et un transport partagé. Dans le cas d’une demande partagée, la navette irait chercher les individus au fur et à mesure des demandes et les amènerait à leurs destinations respectives tout en en gardant une cohérence d’itinéraire optimisée à l’aide d’un système informatique afin de préserver un temps de trajet raisonnable pour chaque client. La navette s’arrêterait pour laisser monter et descendre les gens. La grande différence avec le service de transport de bus existant, consisterait en un parcours non prédéfini. La navette n’effectuerait pas de boucles, ni d’arrêts systématiques aux endroits marqués. Le trajet se modifierait dynamiquement en réponse aux différentes demandes et situations routières afin de desservir au mieux chaque individu. Cependant, les passagers d’une navette partagée ne pourraient pas modifier leur destination en cours de route, mais

16 pourraient à tout moment décider de sortir du véhicule ou d’annuler la course. Le fonctionnement d’une navette autonome privée serait, quant à lui, quelque peu différent. Il serait possible, dans une certaine mesure, de le comparer avec celui du taxi. Dans ce contexte, il serait imaginable d’avoir un type de navette de taille réduite pouvant accueillir jusqu’à cinq personnes au maximum, prévu pour répondre à une demande de déplacement plus intime. Tout comme le taxi, ce transport serait disponible et utilisable uniquement par la personne ou le groupe de personnes ayant passé la commande. La navette privée viendrait récupérer le(s) bénéficiaire(s) et le(s) déposerait directement à destination sans effectuer aucun autre arrêt lié à la prise en charge d’éventuels clients supplémentaires. La navette étant privée, seul(s) le(s) passager(s) pourrai(en)t arrêter ou modifier la destination de l’engin. Etant donné les prestations personnalisables, il va de soi que le service des navettes privées serait plus coûteux que le service des navettes partagées.

Nous remarquons que le principe de la navette privée, mis en place dans le cadre des transports publics genevois, pourrait paraître dérangeant. En effet, ce principe pourrait aller à l’encontre de ce qui définit initialement un transport public. En Suisse, comme dans de nombreux pays, le transport public peut être qualifié de bien commun selon la classification de Vincent et Elinor Ostrom34. Le bien commun est, par définition, rival et non-exclusif. La rivalité signifie que « l’usage d’un bien par un individu diminue aussi l’usage de ce bien par un autre individu »35. Pour illustrer la notion de rivalité, imaginons un bus dont l’un des arrêts se trouverait près d’un stade de football. A la fin d’un match, le nombre de personnes voulant emprunter le bus serait beaucoup trop important et ne permettrait donc pas à tout le monde de monter dedans. Ainsi, la notion de la rivalité se traduit par une utilisation ou une consommation limitée d’un bien. La non-exclusivité, quant à elle, signifie qu’il est difficile ou impossible d’empêcher un individu d’utiliser ledit bien36. L'exclusivité dépend des possibilités techniques, juridiques et politiques permettant, ou non, l'instauration d'un contrôle d'accès37. En l’occurrence, à Genève, que cela soit pour les tramways ou pour les bus, aucun contrôle d’accès n’est mis en place. Chaque individu peut entrer librement dans

34 OSTROM Vincent, OSTROM Elinor. Public Goods and Public choices. Alternatives for Delivering Public Services: Toward Improved Performance, Boulder : Westview Press, 1977, p. 7–49

35MANKIW Gregory N., TAYLOR Mark P. Principes de l’économie. 3e édition. Bruxelles : De boeck, 2013, p. 282 36Ibid.

37Wikipedia. Bien public [en ligne], mis à jour : 2 juin 2017. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bien_public (consulté le 20 juin 2017)

17 le transport en commun. Aussi, afin d’assurer le bon fonctionnement d’un service de navettes autonomes, celui-ci se doit d’être exclusif. Dans le cas d’une prestation privée, le service serait directement exclusif. Cela voudrait dire que l’accès à la navette serait limité aux personnes ayant commandé le service et aux individus ayant eu la permission, de la part des passagers, de monter à bord. Par exemple, les portes de la navette ne s’ouvriraient que lorsque la destination est atteinte ou bien à la suite d’une demande expresse de la part des passagers. Un transport privé proposé par une structure de transports publics pourrait, à première vue, paraître contradictoire. Mais serait-ce vraiment une nouveauté ? Effectivement, le principe d’exclusivité est déjà pratiqué dans le cadre de transports publics lors de certains évènements exceptionnels comme par exemple le Salon International de la Haute Horlogerie. Durant cet évènement, les TPG mobilisent des navettes qui assurent la liaison rapide exclusive entre les hôtels et le salon38. De plus, il arrive parfois que certains bus circulent avec la mention « Privé » tout en ayant des individus à bord. Par ailleurs, les TPG ont mis en place des « lignes express ». Il s’agit des lignes existantes desservies par des bus qui s’arrêtent uniquement à certains arrêts de la ligne. Dans le cas d’une prestation partagée, le service serait indirectement exclusif. Comme mentionné précédemment, les utilisateurs devraient, dans tous les cas, scanner un code bar unique, envoyé sur le smartphone après le paiement, en entrant dans le véhicule. Faute de quoi la course ne serait pas validée et la navette ne prendrait pas en compte la destination de l’utilisateur dans son trajet. De plus, la navette ne s’arrêterait qu’aux endroits mentionnés par la commande. Ainsi les resquilleurs n’auraient pas beaucoup de marge de manœuvre. Enfin, même si une personne n’ayant pas commandé le service entrait dans la navette, celle-ci serait amenée à subir le trajet du transport, ce qui n’est pas vraiment utile sauf dans le cas d’un trajet porte-à-terminal que sera expliqué plus loin.

Dans le cadre des navettes autonomes, l’exclusivité est nécessaire pour plusieurs raisons.

D’une part, elle résoudrait les problèmes d’externalités négatives liées aux resquilleurs. Ces externalités en question se manifestent par la surutilisation et la surcharge du transport. De cette façon il serait possible de garantir la qualité et la fiabilité de celui-ci. D’autre part, sans l’exclusivité, le fonctionnement opérationnel des navettes serait simplement impossible.

L’itinéraire des navettes devrait avoir une certaine cohérence, afin de délivrer un service

38 SIHH. Transport officiel [en ligne]. https://sihh.org/wp-content/uploads/SIHH2017_horaires-navettes.pdf (consulté le 20 juin 2017)

18 adéquat, qui ne serait pas faisable si elles devaient accueillir à tout va des personnes entrant ou modifiant les destinations à leur guise.

Dans un deuxième temps, l’utilisateur de la navette aurait à disposition plusieurs types de commandes possibles. Un client pourrait commander son véhicule en temps réel, il s’agirait donc d’une commande statique, où il pourrait commander son véhicule en avance et, dans ce cas, il s’agirait d’une commande dynamique. La commande en temps réel serait destinée à un besoin de transport immédiat. Une fois la commande statique effectuée, une navette devrait pouvoir se déplacer sur le lieu de prise en charge en un temps raisonnable. Le temps raisonnable dépendrait, en grande partie, du nombre de navettes en circulation. La commande en avance, quant à elle, répondrait à un besoin de transport dans un futur plus ou moins lointain. Il serait par exemple possible de commander une navette pour le jour même ou pour un autre jour tout en fixant l’heure. Cela équivaudrait à une sorte de réservation. Bien évidemment, pour garantir la disponibilité du service, il serait nécessaire d’effectuer la réservation le plus tôt possible. De même, pour garantir la fiabilité du service, il serait préférable de faire appel à un type de navette privée. Dans ce sens, le client pourrait également passer une commande routinière sur une certaine période de temps. Imaginons une personne devant se rendre régulièrement, certains jours à une certaine heure, à un certain endroit. Celle-ci pourrait programmer une commande fixe sur la durée. Ainsi, une navette attendrait l’individu sur un lieu prédéfini afin de l’amener à une destination prédéfinie. Dans le cadre d’une commande statique, il faudrait prévoir certaines limites dans le but d’éviter des abus et de garantir une utilisation d’un service équitable disponible à tous.

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