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2.2 Les phrases averbales en espagnol

2.2.4 Structures syntaxiques

Lefeuvre (1999)

Lefeuvre (1999) suit la taxonomie de Riegel et al. (1994), qui classe les phrases nominales en objets linguistiques composés d’n ou de deux termes. Riegel et al. (1994) emploie le mot terme pour désigner des syntagmes sans spécifier leur relation syntaxique. Bien qu’il affirme qu’ils ont une relation prédicative, il réserve le concept de sujet pour désigner la relation prédicative qui s’établit entre un SN et une tête verbale. Lefeuvre (1999) va plus loin et affirme qu’un terme réalisé par un SN peut constituer le sujet d’un terme prédicatif. Elle classifie les énoncés sans verbe à deux termes par la partie du discours de leur tête : nom, pronom, adjectif, adverbe ou préposition. Elle distingue aussi les deux ordres de mots : énoncés à sujet initial et énoncés à sujet final. Elle classifie aussi les énoncés par des critères sémantiques, distinguant des énoncés équatifs (19a), descriptifs (19b), situatifs (19c) et existentiels (19d) :

(19) a. Mauvaise heure pour eux, le coucher de soleil. b. Drôle de gueule, ce garçon.

c. A quand le mariage ?

d. Un bruit de portes et des pas précipités.

En plus du type de contenu, Abeillé and Delaveau (2016) trouvent un autre axe d’analyse des phrases averbales : leur structure syntaxique. Elles en distinguent cinq structures : sujet - tête (20a), tête - complément (20b), tête seule (20c), tête - ajout (20d) et tête -

périphérique (20e). On indique en gras le syntagme qui entretient ladite relation

syntaxique avec la tête :

(20) a.Tous en scène !

b. Heureusement / Évidemmentqu’il était là !

c. A : -Tu viens demain ? B : -Évidemment / Malheureusement / Bien sûr. d.A Paris, cinéma ou musée ?

e. Ici on n’enseigne plus le russe maisle chinois, oui.

Abeillé and Delaveau (2016) présentent aussi les différentes parties du discours différentes du verbe qui peuvent réaliser la fonction de tête, que nous indiquons en gras : le nom (21a), (22a), l’adjectif (21b), (22b), l’adverbe (21c), (22c), la préposition (21d), (22de), et le participe passé (21e), (22f), ou passif (22g). De même, le sujet peut précéder la tête (21) ou, plus fréquemment, la suivre (en positions ’pré-nucléaire’ et ’post-nucléaire’, respectivement :

(21) a. Cetteréforme, quelle erreur ! b. Ta réception,parfaite.

c. Cette montre,combien ? d. Les enfants,au lit ! e. Les enfants,assis !

(22) a. Quelleerreur, cette réforme ! b.Intéressant(e), votre remarque. c.Combien, cette montre ?

d.Au mur, des dessins d’enfants. e.A toi de jouer !

f.Assis, les enfants ! g.Finies les vacances !

Sujet vs. périphérique

Abeillé and Delaveau (2016) notent quelques particularités du sujet de la phrase averbale qui le distinguent du sujet des phrases à tête verbale : premièrement, il peut, en position post-nucléaire, ne pas s’accorder en genre avec leur tête (22b) ; deuxièmement, il peut, aussi en position post-nucléaire, être réalisé par une phrase exclamative (23a) ou interrogative (23b) ; troisièmement, il peut être réalisé par un SP (23c) :

(23) a. Étonnant, avec qui elle sort !

b. Étrange comment le spectacle de l’aliénation de l’autre fait sourire. c. Une bonne cachette, sous la table ?

Cependant, les propriétés de ces syntagmes qui accompagnent la tête de la phrase verbale ressemblent plus à celles la fonction de périphérique qu’à celle de sujet : premièrement, le sujet de la phrase verbale doit s’accorder avec sa tête (24a), mais pas le périphérique (24b) ; deuxièmement, le sujet ne peut pas être réalisé par une exclamative ou

interrogative (24c), à la différence du périphérique (24d) ; et troisièmement, le sujet ne peut pas être réalisé par un SP (24f), alors que le périphérique le peut (24e) :

(24) a. * Elle est intéressant, votre remarque. b. C’est intéressant, votre remarque. c. * Avec qui elle sort est étonnant. d. C’est étonnant, avec qui elle sort ! e. Sous la table, c’est une bonne cachette. f. * Sous la table est une bonne cachette.

Il semble ainsi que ces propriétés rapprochent ces syntagmes plus au périphérique qu’au sujet. Cependant, comme notent Abeillé and Delaveau (2016), si ce syntagme est analysé comme périphérique, le prédicat manquerait d’un sujet qui sature sa valence, et il ne s’agirait alors d’une structure phrastique, car le prédicat ne serait pas saturé. Par conséquence ce ne seraient donc pas des phrases averbales, mais des énoncés non phrastiques.

Dans tous les cas, il semble évident qu’on précise de tests syntaxiques pour déterminer si le SN qui accompagne la tête d’un fragment constitue son sujet ou son périphérique. Parfois, le choix de la fonction chez divers auteurs peut sembler peu justifié, comme en (25), où le SN est analysé par Abeillé and Delaveau (2016) comme sujet, sans fournir des critères qui le distinguent du périphérique :

(25) A nous la liberté.

Laurens (2008) analyse aussi les syntagmes qui accompagnent les têtes des phrases averbales et signale quatre propriétés qui distinguent ces syntagmes des sujets et les rapprochent aux disloquées. Premièrement, il note que ces syntagmes peuvent être omis (26a) ; deuxièmement, qu’ils peuvent s’accumuler. En effet, placés en position

post-nucléaire, on peut trouver plus d’un syntagme (26b), juste comme des topiques détachés1. Troisièmement, ils ne peuvent pas être quantifiés ni être restreints par l’adverbe

seulement (26c). Quatrièmement, les structures averbales où la tête est accompagné de ce

syntagme ne peuvent pas se juxtaposer dans des énumérations élaboratives (26d) : (26) a. Quel dommage (qu’il ne vienne pas).

b. De loin le meilleur livre qu’il ait écrit (Jean, ce livre / ce livre, Jean). c. ? En retard (seulement Marie / tout étudiant qui avait acheté un vélo). d. ? Magnifique la table, délicieux le gâteau.

Laurens (2008) note aussi que ces propriétés ne correspondent pas aux propriétés des sujets des phrases à tête verbale équivalentes : elles ne peuvent ni omettre leur sujet (27a), ni en avoir plus d’un (27c), à la différence de ce qu’on trouve dans les syntagmes détachés ou périphériques (27bd). Aussi, il note que, dans les phrases verbales, au contraire de ce qu’on trouve dans les phrases averbales, ces syntagmes peuvent être restreints ou

quantifiés (27e) et participer à des énumérations élaboratives (27f).

Il note ainsi que ces propriétés distinguent les syntagmes qui accompagnent le prédicat averbale du sujet des phrases à tête verbale. Les deux premières propriétés rapprochent ce syntagme du périphérique, et les deux dernières les distinguent des sujets :

(27) a. * Est magnifique, la table. b. Elle est magnifique, la table.

c. * Ce livre, Jean est de loin le meilleur qu’il ait écrit. d. Ce livre, Jean, il est de loin le meilleur qu’il ait écrit. e. Seulement Marie est en retard.

f. La table est magnifique ; le gâteau, délicieux.

A la lumière de ces propriétés, Laurens (2008) conclut que les énoncés averbaux ne réalisent pas leur sujet syntaxiquement mais qu’ils peuvent facultativement exprimer le référent de leur sujet en forme de périphérique.

D’un autre part, Lefeuvre (1999) traite les phrases averbales, mais ne participe pas au débat sur la fonction syntaxique du syntagme qui accompagne le prédicat averbal ; en revanche, elle approfondit sur ses propriétés. Ce manque d’implication dans la discussion est la conséquence de son approche, qui se distingue du reste des œuvres cités :

premièrement, Lefeuvre (1999) ne distingue pas les concepts de phrase et d’énoncé, et groupe l’ensemble des énoncés averbaux, avec ou sans verbe, sous le terme phrases

averbales, ne distinguant pas ainsi entre un énoncé avec un sujet explicite et un énoncé

sans lui (28a).

Deuxièmement, elle ne distingue pas le sujet syntaxique (la fonction syntaxique du syntagme dans une relation sujet - tête avec une tête prédicative) du sujet sémantique, ou argument externe, et analyse comme sujet tous les syntagmes qui accompagnent le prédicat (un SN (28b), un SP introduisant un infinitif (28c), des phrases (28d), etc.) Troisièmement, elle donne un statut particulière aux items des énoncés averbaux qui expriment des contenus évaluatifs, aspectuels ou de quantification (qu’elle appelle

marqueurs de prédication), sans proposer des généralisations sur le type de contenu qu’ils

apportent, à la différence d’autres travaux comme Avel-lina Suñer Gratacós (1999) ou Munaro (2006) (voir 2.2.6) :

(28) a. Merveilleux (ces roses) ! b. Qui, Juliette ?

c. Folie d’espérer que... d. Ô merveille, qu’on puisse...

En revanche, Lefeuvre (1999) présente une grand quantité de exemples, et classe les propriétés de ces syntagmes qui accompagnent le prédicat : ils peuvent se trouver à gauche ou à droite de la tête (29ab), il peuvent parfois s’intervertir (29ab), et même être omis (29c). Enfin, il peut y avoir aussi une pause entre le syntagme et le prédicat (29d) ou pas (29e). Ces propriétés permettent de noter que ce syntagme se distingue du sujet, qui est obligatoire en français (29f) et n’est pas séparé par une pause (29g) :

(29) a. Votre café, délicieux. b. Délicieux votre café. c. Délicieux !

d. Une belle ville, Paris. e. Heureux les pauvres. f. ? Est une belle ville. g. ? Paris, est une belle ville.

Constituants

Abeillé and Delaveau (2016) distinguent des phrases averbales avec une variété de

structures : tête seule (30a), tête - sujet (30b), tête - complément (30c), tête - ajout (30d), et

tête - périphérique (30e). Elles notent que le complément est toujours oblique, introduit par

un marqueur comme que (30c), comme il est courant entre les compléments des parties du discours non verbales :

(30) a. Paul a essayé de la convaincre. Échec total. b. Tous assis !

c. Sans doute qu’il viendra. d. À toi, Hervé.

e. L’inconscient ne connaît pas le temps, mais la psychanalyse, oui.2

Nous avons cependant noté en 2.2.1 que les phrases averbales à tête seule proposées par Abeillé and Delaveau (2016) ne correspondent pas à notre définition de phrase, car elles n’incluent pas dans leur structure l’ensemble du contenu qu’ils véhiculent. Rappelons que ces têtes sélectionnent un contenu propositionnel, ce qui suffit à Abeillé and Delaveau (2016) pour déterminer leur statut de phrase. De même, si la structure tête seule ne suffit pas à former des phrases averbales, la structure tête - ajout ne saurait pas non plus les former, car l’ajout, étant un constituant facultatif, ne sature pas le prédicat.

Quant aux constituants introduits par que, Abeillé and Delaveau (2016) les analysent parfois comme un complément (31a) et parfois comme un sujet (31b). En effet, le choix semble dépendre de la partie du discours de la tête : l’adverbe sélectionne un complément (31b), alors que l’adjectif sélectionne un sujet (31b). Ce choix peut sembler peu justifié, car si bien que l’adjectif peut sélectionner une entité et constituer son sujet (31c), ici, l’adjectif et l’adverbe sélectionnent tous les deux un contenu phrastique (31ab) et ne semblent pas se différencier.

La donnée est cependant plus complexe en français, car l’entité sélectionnée par un adjectif peut également être introduite par le marqueur que (31de). Ainsi, Abeillé and Delaveau (2016) parlent de sujet marqué par que :

(31) a. Heureusement qu’il était là. b. Incroyable qu’il soit encore là. c. Incroyable ton histoire. d. Belle ville, (que) Berlin. e. Quelle chance, que de partir !

On peut ainsi conclure de ces données que le contenu sélectionné par une tête non verbale peut être apporté par un sujet ou par un complément. L’adjectif (31d) semble pouvoir sélectionner son contenu avec ou sans complémenteur.

Les compléments des structures averbales peuvent aussi être introduits par le marqueur de en français (Abeillé and Delaveau (2016)). Cependant, elles proposent des analyses différentes pour des structures similaires, en se basant sur les équivalents verbales. Ainsi,

elles analysent (32a) comme une phrase averbale, car son équivalent verbal est

impersonnel (32c), alors que (32b) n’est pas considéré une phrase, mais un fragment, car son équivalent verbal sélectionne un sujet (tu) (32d).

On pourrait cependant argumenter que les expressions averbales ont leur propre syntaxe, indépendant de la syntaxe de la phrase, comme il est suggéré par l’impossibilité

occasionnelle de reconstruire un verbe dans les structures averbales. Les deux têtes sélectionnent un contenu sémantique impersonnel, qu’elles expriment comme

complément. Ainsi, on peut exprimer la deuxième personne dans la structure averbale, en tant qu’ajout, sans qu’il soit obligatoire (32e) :

(32) a. Pas la peine de s’énerver. b. Pas besoin de crier comme ça. c. Ce n’est pas la peine de s’énerver. d. Tu n’as pas besoin de crier comme ça. e. Pas besoin pour toi de crier comme ça.

Si l’expression de l’impersonnel devant un interlocuteur peut véhiculer une deuxième personne à sa place, cette interprétation ne provient pas de la structure syntaxique, mais de la valeur perlocutoire du discours. La question que peine se construise avec être, et

besoin avec avoir (et nécessite, par conséquence, un sujet personnel) appartient à la

syntaxe de la phrase verbale et est Par conséquence indépendant de la syntaxe de la phrase averbale.

Si dans la phrase verbale le syntagme interrogatif réalise la fonction d’extrait, Abeillé and Delaveau (2016) observent que ce n’est pas le cas dans les structures averbales, où ils peuvent réaliser les fonctions de tête (33a), sujet (33b) ou complément (33c). Le chapitre 7 discutera si ces structures correspondent à des phrases averbales ou à des fragments :

(33) a. À qui le tour ?

b. Lesquels assis ? Lesquels debout ? c. Libre à nous d’aller où ?

Abeillé and Delaveau (2016) notent aussi que les phrases averbales peuvent être

accompagnées d’autres éléments, comme un adverbe (34a), une interjection (34b) ou un vocatif (34c), qui constituent des ajouts, comme on a observé en (30d) :

(34) a. Alors, tous à la Bastille ? b. Hum, elle, une beauté ? c. Chéri, pourquoi ce ton ?

Aphorismes et gros titres

Avel-lina Suñer Gratacós (1999) étudient les structures averbales espagnoles3(sans

discuter s’ils constituent des phrases ou pas), et distinguent trois groupes avec des propriétés différentes : les aphorismes (35a) , les gros titres (35b) et les structures dialogiques4(35c) :

(35) a. Perro ladrador, poco mordedor. ’Chien aboyeur, peu mordeur.’

b. El aeropuerto, otra vez bajo minimos. ’L’aéroport, encore au plus bas.’

c. Muy ricos, estos calamares ! ’Très bons, ces calamars.’

Les aphorismes ont des contraintes syntaxiques précises : leur sujet est un nom nu ; et sémantiques : ils sont interprétés comme des vérités atemporels (Avel-lina Suñer Gratacós (1999)) ou comme des présents gnomiques (Brucart (1999))˙Aussi, le sujet et le prédicat averbal ont une relation sémantique conditionnelle, où le sujet constitue la protase et le prédicat l’apodose (Avel-lina Suñer Gratacós (1999)). De même, le nom nu dénote un type, et non un individu (35a). Ces constructions ont aussi un ordre rigide sujet - prédicat, et peuvent être subordonnés (Brucart (1999)) (36a). Ils dénotent un contenu existentiel (35a) ou existentiel - locatif (36b) :

3. Avel-lina Suñer Gratacós (1999) emploient le terme de phrases nominales pour désigner les énoncés sans verbe qui ont comme tête un nom, un adjectif, un adverbe, une préposition, un participe passé ou présent

(36) a. Tu hermana dice que año de nieves, año de bienes. ’Ta soeur dit qu’année de neiges, année de biens.’ b. En casa de herrero, cuchillo de palo.

Lit. : ’Chez le forgeron, couteau en bois.’ (Les enfants du cordonnier sont toujours mal chaussés.)

L’étude de Ferary (2006) sur les refrains espagnols et français met en évidence l’existence d’une autre structure syntaxique productive dans les refrains espagnols et français : il s’agit d’une structure à deux syntagmes de position fixe, où le premier est un SP introduit par à et le deuxième un SN (37ab) :

(37) a. A père avare, enfant prodigue. b. A casa vieja, puertas nuevas.

’A maison vieille, des portes nouvelles.’

Les gros titres (35b), en revanche, constituent des structures équatives ou d’identification (Ordóñez (1986)). Ainsi, il semble que les aphorismes et les gros titres ont des structures syntaxiques et propriétés particulières, et s’encadrent dans l’étude de ces structures, qui vont au delà des objectifs de cette thèse.

Autres structures syntaxiques

Laurens (2008) classifie les phrases averbales par leur type syntaxique, mais prend en considération aussi certains constructions syntaxiques particulières qui peuvent constituer des structures averbales déclaratives. Si selon son analyse seulement certaines de ces constructions constituent des phrases averbales, ce travail a l’intérêt de noter la diversité syntaxique des structures averbales que l’on y trouve.

Il distingue, premièrement, les énoncés sans sujet, qui correspondent aux énoncés traités plus haut, qui peuvent avoir un syntagme facultatif qu’il analyse comme périphérique (38a). Deuxièmement, il inclut une construction composée par un SP introduit par à suivi d’un SN (38b), qu’il analyse comme des syntagmes à structure sujet - tête. Il considère

aussi une structure similaire, où le SP introduit avec à est suivi par un autre SP avec de plus un infinitif (38c). Troisièmement, il inclut une construction composé par un SN (quantifié (38d) ou non (38e)) suivi d’un syntagme prédicatif (38de). Quatrièmement, il y a aussi des constructions où un SN est accompagné d’un syntagme locatif (38fg) ;

cinquièmement, des constructions corrélatives, soit par l’existence de deux items

identiques corrélatifs (plus en (38h)), soit par la corrélation de l’anaphore de deux mots différents, comme entre le pronom chacun et le possessif son de (38h) :

(38) a. Délicieux, ce gâteau. b. A moi les grandes espaces. c. A toi de jouer.

d. Tout le monde dans la voiture. e. Les mains en l’air.

f. Personne dans la voiture. g. Derrière la porte, Marie.

h. Plus brillante est l’interprétation, plus profond est le ravissement de l’auditeur. i. A chacun son truc.

Indépendamment de l’analyse que Laurens (2007) propose pour eux, ces énoncés mettent en évidence la diversité syntaxique des énoncés (et aussi des phrases) averbales : En plus des structures (phrastiques ou pas) exemplifiées par (38a), on trouve aussi d’autres

structures syntaxiques dans les énoncés déclaratifs. Il reste encore à définir s’ils constituent des phrases averbales ou des énoncés averbaux non phrastiques. Quant à la structure du dernier type, exemplifié par (38hi) s’encadre dans la syntaxe d’un phénomène plus général, la corrélation, qui se trouve dans un nombre de constructions en dehors des énoncés averbaux, et mérite un traitement indépendant.

La liste suivante synthétise ces cinq types. Le symbole ’+’ signale les combinaisons de syntagmes ; les parenthèses indiquent que le syntagme est facultatif ; les accolades, les contraintes syntaxiques ou sémantiques, et la barre diagonale "/", les alternatives : – SX + (SN) : (38a)

– SP{à + SN} + SN / SP{de + inf} :(38bc) – SN + SX : (38de)

– SN{quantifié / locatif} + SX : (38fg) – corrélatives : (38hi)

Aussi Lefeuvre (1999) considère la variété syntaxiques des structures averbales, dont certaines peuvent constituer des phrases (averbales). Elle considère des SN où la tête nominale a une relative comme ajout et est contraint sémantiquement : il peut être un nom de qualité (39a) ou un SN évaluatif (39b) :

(39) a. Couillon qui s’en dédit. b. Incroyable vérité que...

Pour l’espagnol, Avel-lina Suñer Gratacós (1999) distingue aussi des structures syntaxiques différentes : En plus des constructions à valeur illocutoire exclamante de (38a) et (40a), elles considèrent des phrases averbales qui ont des équivalents verbaux sans le

complémenteur que (40bc), et des phrases où l’argument du prédicat est introduit par une préposition (40ef). (Brucart (1999)) note que ces derniers ont une valeur jussive, et qu’ils peuvent se subordonner (40g) :

(40) a. Un caradura, tú. ’Un sans-gêne, toi.’

b. Para mí (que) esto es una encerrona. ’A mon avis (que) c’est un piège.’ c. Pour supuesto (que) estas invitado. ’Bien sûr que tu y es invité.’

d. Pobre de mí. ’Pauvre (de) moi.’

e. ¡Abajo con el dictador ! ’A bas (avec) le dictateur !’ f. ¡Al cuerno contigo !

g. Luis dice que al diablo con su hermano. ’Luis dit (que) au diable (avec) son frère.’

Laurens (2007) distingue aussi les phrases averbales qui peuvent constituer des phrases racines de celles qui sont restreintes à des subordinations, comme les relatives partitives (41a) ou les ajouts prédicatifs réalisés par les constructions absolues, desquels il détaille une variété de types : non-restrictive sans sujet (41b), et circonstanciels, avec ou sans expression de temps, et avec ou sans sujet (41c). Avel-lina Suñer Gratacós (1999) analysent aussi les constructions absolues de l’espagnol, qui peuvent aussi être facultativement introduites par une expression de temps (41d). Parfois, elles sont introduites par des prépositions, comme con, ’avec’ (41e). De plus, Brucart (1999) note que les constructions absolues, avec aspect perfectif, se trouvent dans des gros titres ((41f et 35b)), et comme des ajouts de prédicats verbaux (41deg) :

(41) a. Jean a deux amis, parmi lesquels Marie. b. J’ai vu Marie, fatiguée.

c. (Une fois) fatiguée (Marie), elle ne viendra pas. d. (Apenas) dicho esto, se acabó la sesion.

’(A peine) dit cela, la séance prit fin.’

e. Con Luis y Ana besándose continuamente durante la cena, todos estabamos incomodísimos.

’Avec Luis et Ana s’embrassant continuellement pendant le dîner, on était tous très gênés.)’

f. Prohibidos los anabolizantes. ’Interdits les anabolisants.’

g. Prohibidos los anabolizantes, el problema desapareció. ’Interdits les anabolisants, le problème est disparu.’

h. *El director de a carrera dice que prohibidos los anabolizantes. ’Le directeur de la course dit (que) interdits les anabolisants.’

Suite de compléments

Abeillé and Delaveau (2016) analysent les constructions avec avec et sans comme une suite de deux compléments (42a), tout comme les suites de compléments des prédicats comme

croire ou trouver, qui sont composés par un objet direct (votre proposition et Paul en

(42bc)) et un attribut d’objet (intéressante et à son travail en (42bc)). On note que les complétives forment un seul syntagme car elles peuvent se combiner avec le c’est des pseudo-clivées (42d), à la différence des compléments de ces prédicats (42e), ce qui suggère que ces derniers sont composés de deux syntagmes :

(42) a. Avec le bébé à la crèche, ils pourront travailler. b. Je trouve votre proposition intéressante. c. On croyait Paul à son travail.

d. Ce que je trouve c’est que votre proposition est intéressante. e. *Ce que je trouve c’est votre proposition intéressante.