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Section III. Les déterminants de la croissance

D. La structure organisationnelle

Comme évoqué précédemment, les ressources humaines, le travail en d'autres termes, est considéré comme l'apport le plus important pour les PME. Il est donc primordial d’identifier la structure organisationnelle, qui concerne la répartition du pouvoir entre les unités de travail et le mécanisme de coordination entre les unités de travail, car ils sont pertinents à la croissance de l'entreprise188. La centralisation, la formalisation et la départementalisation sont des dimensions communément convenus189. La centralisation représente la mesure dans laquelle la prise de décision est déléguée à travers une organisation, elle est à l'opposé de la décentralisation. La formalisation se réfère à la mesure dans laquelle les règles d'organisation, les procédures, la relation d’autorité, la communication, et les normes sont définies. La formalisation avec la normalisation et la coordination sont utilisées pour contrôler et optimiser les procédures organisationnelles. La départementalisation est mesurée par le nombre de départements impliquésdans les activités de l'organisation.

185 Robson, P. et Bennett, R., (2000), “SME growth: the relationship with business advice and external collaboration”. Small Business Economics, 15(3): pp. 193-208.

186 Julien P.-A., (2000), « Les PME à forte croissance : les facteurs explicatifs », Actes du congrès de l’Association Internationale de Management Stratégique, Montpellier, 24-26 mai.

187 Rauch, A. et al., (2005), “Effects of Human Capital and Long-Term Human Resources Development and Utilization on Employment Growth of Small-Scale Businesses: A Causal Analysis”. Entrepreneurship Theory and Practice, 29(6): pp. 681-698.

188 Pour quelques exemples, voir, Athey et Roberts, (2001) ; Chaston, (1997) ; Jensen et Meckling, (1992) ; Mintzberg, (1979).

189 Pour quelques exemples célèbres, voir, Burton et Obel, (1998) ; Geeraerts, (1984) ; Pugh et Hickson, (1976) ; Robbins, (1990).

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Divers auteurs190 examinaient la relation entre les cinq dimensions structurelles et la performance des PME allemandes, à savoir la départementalisation, la spécialisation, la décentralisation, la coordination, et la formalisation. Ils ont constaté une très forte corrélation entre la formalisation et la standardisation, la spécialisation est représentée à travers deux dimensions en termes de tâches (Specialisation tasks) et de compétences (Specialisation skills). Les entreprises ayant une structure décentralisée se comportent généralement indépendamment de leur taille, mais la structure centralisée a également été performante. La structure hiérarchique et centralisée avec des employés strictement spécialisés c’est avéré bien performante en termes de croissance. L'effet de la structure organisationnelle sur la croissance des entreprises est assez complexe en raison de sa dépendance sur d'autres facteurs tels que la taille de l'entreprise, le secteur, et la configuration de l'organisation.

Nous pouvons donc soutenir que la structure organisationnelle pourrait expliquer la croissance des PME.

§III. Les déterminants sociaux

Dans cette dimension, une grande attention a été portée à la façon dont les réseaux entre les entrepreneurs, les partenaires commerciaux, financiers, et les entreprises en place influent sur la nature de l'entrepreneuriat191. Les auteurs des écoles évolutionnistes ont montré que la connaissance est largement dispersée entre de nombreux agents hétérogènes et que les interactions et les échanges entre eux sont cruciaux pour la production de nouvelles connaissances192. Ces agents comprennent les entrepreneurs qui créent et découvrent de nouvelles idées, des acteurs qui développent des actifs complémentaires, des acteurs institutionnels et des clients.

Le développement de partenariats193, le recours à des conseillers externes et l’intégration dans un réseau, peuvent donc stimuler la croissance, car ils compensent un désavantage lié à la taille. Dans le cas des PME, des conseillers externes194 peuvent compenser certaines

190 Meijaard, J. et al., (2005), “Organizational structure and performance in Dutch small firms”. Small Business Economics, 25(1): pp. 83-96.

191 Autio, E., et al., (2014), “Entrepreneurial innovation: The importance of context.” Research Policy 43, pp. 1097–1108.

192 Amin, A., Cohendet, P., (2000), “Organisational learning and governance through embedded practices”. Journal of Management and Governance, 4 (1–2), pp. 93–116.

193 Le développement de partenariats avec des institutions d’enseignement et des centres de recherche stimule également la croissance (Julien, 2000).

194 Plusieurs études constatent que les PME ayant recours à des conseillers externes, publics ou privés, croissent plus rapidement (Robson et Bennett, 2000 ; Chrisman et McMullan, 2000 ; Robinson, 1982).

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déficiences managériales du dirigeant. Selon Chrisman et McMullan195, une assistance de ce type peut également faciliter le développement d’un réseau de contacts ou faciliter l’accès au capital. Une étude internationale menée par Stuart196 sur l’influence des alliances entre entreprises au sein de l’industrie des semi-conducteurs, démontre que l’amélioration des performances d’une entreprise dépend principalement des ressources de son partenaire. Les PME qui ont développé une alliance avec un partenaire de grande taille connaissent une croissance plus rapide. La taille et les ressources technologiques du partenaire seraient donc la source d’une croissance plus forte.

Nous pouvons donc soutenir que le contexte social pourrait expliquer la croissance des PME.

§IV. Les déterminants environnementaux

La différence de croissance entre les entreprises peut résulter de l’environnement dans lequel elles opèrent. La nature de la relation qui existe entre les PME et l’environnement externe exerce une influence déterminante sur leur croissance.

Les PME ont tendance à faire face à une plus grande incertitude et dépendance à l’égard de leur environnement externe comparativement aux grandes entreprises. Cependant, leur flexibilité et leur capacité d’adaptation sont susceptibles de leur permettre de surmonter certaines de ces contraintes environnementales.

L’environnement externe peut avoir une influence sur plusieurs niveaux. Le climat socio-économique spécifique aux villes et régions dans lesquelles les entreprises opèrent, les politiques mises en place par les pouvoirs publics, la dynamique de marché et les tendances et évènements au niveau international sont autant de facteurs qui peuvent influer sur la croissance des PME. Nous regroupons ces facteurs en (A) facteurs externes et (B) position géographique (dimension spatiale).

195 Chrisman J.J. et McMullan, W.E., (2000), « A preliminary assessment of outsider assistance as a knowledge resource: the longer-term impact of new venture counseling “, Entrepreneurship Theory and Practice, 24, 3, pp. 37-53.

196 Stuart, T.E., (2000), « Interorganizational alliances and the performance of firms: a study of growth and innovation rates in a high-technology industry”, Strategic Management Journal, 21, pp. 791-811.

57 A. Facteurs externes

L'environnement varie selon plusieurs dimensions, telles que le dynamisme, l'hétérogénéité, l'hostilité ou la générosité197. Mintzberg en identifie une autre, à savoir l’intégration des marchés. Les marchés de l’entreprise peuvent être intégrés ou diversifiés. Ces dimensions sont adoptées et développées pour étudier leurs effets sur les PME198. L’environnement dynamique, soit la dynamique du marché ou de la dynamique de la technologie, est mesurée par le niveau de prévisibilité de l'environnement.

Certains auteurs199 suggèrent qu'il y a plus de possibilités de croissance quand il y a des changements dans la société, la politique et la technologie.

Certains choix des PME relatifs à la diversification des marchés ont aussi un effet positif sur la croissance. L’exportation est l’un des moyens d’entrer à de nouveaux marchés internationaux. Des études200 montrent qu’une entreprise exportatrice a plus de chance de croître qu’une autre. Certaines entreprises de sous-traitance en partenariat avec des donneurs d’ordre internationaux, affichent un CA totalement à l’export. En conséquence, cette variable n’aurait aucune influence sur la croissance des PME par rapport à l’ensemble des données. La générosité201, représente l’apport du milieu en termes de ressources et des initiatives du pouvoir public pour la croissance des entreprises. Une entreprise dans un tel environnement avec un meilleur accès aux ressources nécessaires a plus de chances de se développer. Au contraire, une étude américaine202, montre un effet significativement modéré de la générosité sur la croissance.

Le soutien gouvernemental désigne les façons dont les différents niveaux gouvernementaux peuvent influer sur la croissance des PME. Ce soutien peut prendre différentes formes : infrastructures de base, prêts et incitations fiscales, services de conseil et protection contre la concurrence des grandes entreprises. La dimension politique est particulièrement importante

197 Dess, G. G., et Beard, D. W., (1984), « Dimensions of organizational task environments”. Administrative Science Quarterly, 29: pp. 52-73.

198 Pour quelques exemples, voir, Covin et Covin, (1990) ; Kolvereid, (1992) ; Pelham et Wilson, (1996).

199 Wiklund, J. et al., (2007). “Building an integrative model of small business growth”. Small Business Economics.

200 Pour quelques exemples célèbres, voir, Storey et al., (1989) ; Julien et al., (1997); O’Gorman, (2001) ; Beck et al. (2005).

201 Aldrich, H. E., et Wiedenmayer, G. (1993), “From traits to rates: an ecological perspective on organizational foundings”. In J.A. Katz, & R.H. Brockhaus (Eds.), Advances in entrepreneurship, firm emergence, and growth, Vol. 1: pp. 145-195. Greenwich, CN: JAI Press.

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à cause de sa capacité à déterminer l’environnement politico-institutionnel dans lequel opèrent les entreprises. En effet, les politiques gouvernementales peuvent jouer un rôle crucial pour stimuler la croissance et permettre la survie des PME.

Diverses études ont examiné le lien entre la politique de soutien aux entreprises et leur croissance203. Ainsi, Julien204 montre, dans une étude menée au Québec, une influence positive des subventions gouvernementales, notamment pour la R-D et l’exportation, sur la croissance. D’autres auteurs205, montrent que les contraintes institutionnelles et légales, de même que la corruption, affectent particulièrement la croissance des petites entreprises. Ces variables sont jugées hostiles à l’entrepreneuriat et la croissance des PME.

Un environnement hostile peut également, créer des menaces pour l'entreprise grâce à une forte intensité de la concurrence et une faible qualité des ressources disponibles. Ces derniers réduisent ainsi les opportunités de croissance pour les PME.