Chapitre 1 : Etude bibliographique
II. Structure des xylosidases
Deux domaines sont retrouvés dans les β-xylosidases de la famille GH43 : un domaine
en hélice β au niveau N-terminal et un domaine en sandwich β au niveau C-terminal
(Brunzelle et al., 2008; Brüx et al., 2006; Nurizzo et al., 2002). Le repliement en hélice est
constitué de cinq pales (composées de quatre brins β antiparallèles avec une topologie en W)
distribuées de manière égale autour d‟un cercle. Le sandwich β est composé de deux feuillets
de cinq brins β antiparallèles (Brüx et al., 2006) ce qui signifie que les feuillets sont tête
bêche. La structure complète est plissée avec les chaînes latérales alternativement au-dessus et
au-dessous. Ce sandwich β va fermer une partie du site actif pour former une poche
(Brunzelle et al., 2008).
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Les résidus catalytiques sont situés dans un site actif peu profond au centre du
domaine en hélice β qui est proche d‟un résidu phénylalanine (inclu dans le domaine
sandwich). Les xylosidases ont au moins deux sous-sites pour lier deux xyloses et trois
résidus catalytiques : un acide aspartique (résidu basique), un acide glutamique (résidu acide)
et un résidu dont le rôle est moins connu (Lombard et al., 2014; Van Doorslaer et al., 1985).
Le résidu basique est situé entre deux prolines conservées, dont la position permet d‟activer
une molécule d‟eau favorisant l‟attaque du carbone anomérique et entrainant ainsi une
inversion de la configuration de ce carbone. Le résidu catalytique acide pourra alors protoner
l‟aglycon partant (Brüx et al., 2006). Le troisième résidu serait responsable de la modulation
du pKa du résidu catalytique acide. En effet, il permettrait de garder le résidu acide protonné
afin qu‟il agisse en tant qu‟acide pour la réaction (Brüx et al., 2006; Nurizzo et al., 2002). Un
autre rôle attribué à ce résidu est l‟orientation de l‟acide catalytique par rapport au substrat
(Brüx et al., 2006; Nurizzo et al., 2002). De plus, ce troisième résidu catalytique a un rôle
crucial dans la liaison du substrat via le O
2du glycon ce qui permet la stabilisation de l‟état de
transition. Ces propriétés expliquent la conservation de ce résidu dans les GHs ayant un
domaine hélice β à cinq pales (Brüx et al., 2006). Les GH43 suivent un mécanisme
d‟inversion de la configuration du carbone anomérique (Braun et al., 1993;
Kersters-Hilderson et al., 1976). Toutefois, la plupart des β-xylosidases suivent un mécanisme de
rétention.
Comme nous l‟avons vu dans le chapitre 1. 2. II, les xylanes ont des compositons
variables d‟une espèce à l‟autre avec des substitutions nombreuses et variées. En
conséquence, l‟hydrolyse complète de ce substrat nécessite une grande variété d‟enzymes
agissant coopérativement ce qui signifie que la liaison d'un premier ligand sur son site
augmente l'affinité d'un autre ligand sur un autre site. Les xylanases et les β-xylosidases
agissent sur la chaîne principale (Biely, 1985a; Dekker, 1983). Afin que les xylanases aient
accès à la totalité de la chaîne principale, d‟autres classes d‟enzymes vont intervenir pour
débrancher les susbstitutions, notamment les α-D-glucuronidases (E.C. 3.2.1.139), α-L
-arabinofuranosidases (E.C. 3.2.1.55), acétyle xylane estérases (E.C. 3.1.1.72) et féruloyle
estérases (E.C. 3.1.1.73) (Biely, 1985b; Subramaniyan et al., 2002) (Figure 19). Des
monomères sont obtenus tels que des acides glucuroniques, des arabinofuranoses et des
résidus acétyles. Des féruloyle estérases pourront ensuite cliver les liaisons acide
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arabinofuranose et les β-D-xylosidases hydrolyseront les xylooligosaccharides à l‟extrémité
non réductrice produisant des résidus de xylose (Bachmann and Mccarthy, 1991; Bartolomé et
al., 1997; Saha, 2003; Shallom-Shezifi et al., 2005).
Figure 19 : Enzymes impliquées dans la dégradation des xylanes.
D‟après (Ratanakhanokchai et al., 2013).
Les α-L-arabinofuranosidases sont des enzymes qui catalysent spécifiquement
l‟hydrolyse des résidus α-L-(1,2)-, α-L-(1,3)- et α-L-(1,5)-arabinofuranosyles à l‟extrémité non
réductrice dans les oligosaccharides et les polysaccharides hémicellulosiques (Saha, 2000).
Ces enzymes sont spécifiques d‟une liaison 1,2, 1,3 ou 1,5 ou peuvent préférer des doubles
substitutions 1,2 et 1,3. Les α-L-arabinofuranosidases sont classées dans la base de données
CAZy dans les familles 2, 3, 43, 51, 54, 62, 127, 137 et 142 des GHs ((Lombard et al., 2014)
mis à jour le 13/06/2017). Il existe plusieurs structures possibles pour les α-L
-arabinofuranosidases comme la structure en tonneau (β/α)
8ou (α/α)
6ou encore une hélice β à
cinq pales. Le mécanisme d‟action est en majorité un mécanisme de rétention de la
configuration du carbone anomérique. Selon la spécificité de substrat, les α-L
-arabinofuranosidases ont été classées en trois groupes : les enzymes de type A sont actives sur
les arabinooligosaccharides et les pNP-glycosides synthétiques, les enzymes de type B
catalysent l‟hydrolyse des arabinooligosaccharides, des pNP-glycosides et des polymères
branchés alors que les enzymes de type C sont seulement actives sur les liaisons entre un
arabinose et un xylose dans les arabinoxylanes et inactives sur les pNP-glycosides.
Les α-D-glucuronidases clivent un acide uronique, substitution d‟une hémicellulose
(Gilbert, 2010) (par exemple un α-D-acide glucuronique substitue un xylose en position 2 ou 3
dans un glucuronoxylane (Aspinall and Mahomed, 1954; Sun et al., 1996)). Ces enzymes sont
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classées dans la base de données CAZy dans les familles GH4, GH67 et GH115 ((Lombard et
al., 2014) mis à jour le 05/10/17). Les enzymes de la famille GH4 ont un mécanisme de
rétention de la configuration du carbone anomérique alors que les autres suivent un
mécanisme d‟inversion de sa configuration. A l‟heure actuelle, il n‟y a pas de consensus sur la
structure tridimensionnelle de ces enzymes et les acides aminés impliqués dans la réaction.
Un acide aspartique ou un acide glutamique ont le rôle d‟acides aminés catalytiques pour une
partie des α-D-glucuronidases.
D‟autres enzymes peuvent agir sur des substitutions des hémicelluloses comme les
α-galactosidases (EC 3.2.1.22) (de Vries and Visser, 2001). Ces enzymes clivent les D
-galactoses. Elles sont classées dans les GH4, GH10, GH27, GH31, GH36, GH57, GH95 et
GH97. Ces enzymes suivent un mécanisme de rétention de la configuration du carbone
anomérique (sauf pour celles classées dans les GHs 95 et 97). La structure tridimensionnelle
retrouvée en majorité est un tonneau (β/α)
8. Les acides aminés catalytiques correspondent à un
acide glutamique et/ ou un acide aspartique et/ ou une asparagine (Lombard et al., 2014) mis à
jour le 27/06/17).
Les féruloyle estérases et les acétyle xylane estérases, regroupées sous le terme de
carbohydrate estérases suppriment certains esters sur des polysaccharides et facilitent l‟action
des GHs sur des polysaccharides. Ces enzymes, qui ne sont pas des GHs, sont davantage
décrites dans la partie 8 ci-dessous car elles seront utilisées dans cette thèse.
Les hémicelluloses sont en partie substituées par des acides acétiques ou des phénols
estérifiés ce qui rend leur dégradation difficile (Pan et al., 2006). Les CEs (EC 3.1.1.1) sont
des enzymes qui catalysent la dé-O ou dé-N-acylation de saccharides substitués (Lombard et
al., 2014). Ces enzymes sont produites par des bactéries ou des champignons (Williamson et
al., 1998). Il existe actuellement 16 familles de CEs selon la base de données CAZy (mis à
jour le 15/09/2017, (Lombard et al., 2014)). Ces enzymes ont été identifiées dans des
arsenaux d‟enzymes microbiennes (de Vries et al., 1997; Guais et al., 2008). Les CEs sont
divisées en plusieurs groupes, la majorité des enzymes étant des acétyle xylane estérases (EC
3.1.1.72) et des féruloyle estérases (EC 3.1.1.73).
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Dans le document
Création d'enzymes multimodulaires à façon dédiées à la dégradation de substrats complexes
(Page 58-62)