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Chapitre 3 : Méthodologie

3.1. La méthodologie de l’étude évaluative sur le PSJP de Gendron et al (2014)

3.1.2. Stratégie d’échantillonnage

Quatre critères de sélection pour le recrutement des participantes ont été déterminés, soit (a) la mère devait être nouvellement inscrite au PSJP, (b) la mère devait être enceinte, (c) la mère devait être âgée de moins de 20 ans à la naissance de son enfant, et (d) la mère devait démontrer une bonne compréhension du français. Les mères ont été recrutées progressivement de 2006 à 2009. Chaque site de recrutement respectait ses propres processus, généralement en faisant la promotion de l’étude aux jeunes mères. Lorsque la jeune mère montrait un intérêt, ses coordonnées étaient transmises aux responsables du recrutement pour l’étude. Dans certains cas, il revenait aux intervenants de présenter l’étude aux jeunes mères qui leur semblaient les plus disposées à y participer. Gendron et ses collègues reconnaissent que ce procédé pourrait avoir engendré un certain biais de sélection mais la véritable ampleur de celui-ci n’est pas connue.

Au total, 541 jeunes femmes ont donné leur autorisation pour être contacté par les chercheurs. De celles-ci, 43 ne répondaient pas aux critères de sélection, neuf ont refusé de

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participer et 38 n’ont pas donné suite. Les jeunes femmes ont reçu une compensation financière (20 à 35 $ par collecte) pour leur participation à l’étude. Pour favoriser la création d’un lien de confiance et maximiser la rétention des participantes, une jeune femme était rencontrée par la même agente de recherche tout au long de sa participation à l’étude, dans la mesure du possible.

Au premier temps de mesure, l’échantillon de l’étude était composé de 451 répondantes provenant de 19 territoires desservis par un Centre de santé et de services sociaux dispensant des services dans le cadre du PSJP. 418 répondantes ont poursuivies leur participation à l’étude jusqu’au deuxième temps de mesure, puis 368 d’entre elles jusqu’au troisième temps de mesure. Ultimement, au quatrième temps de mesure, 291 jeunes mères participaient toujours à l’étude. Plus de 65 % des jeunes femmes ayant participé à la collecte des données au premier temps de mesure ont également participé à la quatrième collecte et 58 % des femmes ont pris part aux quatre collectes de données. En général, l’abandon des familles peut être expliqué par un désistement ou bien par un bris de contact et une impossibilité de les rejoindre. Le Tableau II présente une synthèse des caractéristiques des participantes à l’étude à leur entrée au PSJP tel que présentées dans le rapport de Gendron et ses collègues (2014 : 14-15).

Tableau II. Synthèse des caractéristiques des participantes à l’étude à leur entrée au PSJP (Gendron et al., 2014 : 14-15)

Caractéristiques Descriptif

Âge moyen Moyenne : 18, 4 ans Écart-type : 1,18 (Minimum : 13 ans; Maximum : 20 ans) Planification de cette

grossesse

Le tiers des mères avait planifié leur grossesse.

Grossesse antérieure

Plus de 30 % des mères avaient connu une grossesse antérieure (pas nécessairement menée à terme) – Âge moyen à la première grossesse : 17,7 ans (Écart-type : 1,59).

Source de revenu durant la grossesse

Plus du tiers des mères avaient un revenu d’emploi;

Près du deux tiers des mères étaient dépendantes financièrement (24 % d’entre elles bénéficiaient du soutien financier d’un parent ou d’un conjoint; 38 % d’entre elles vivaient principalement de prestations financière de l’État).

Scolarité au début de la grossesse

Près du quart des mères fréquentaient l’école ou avaient terminé le secondaire 5.

Situation conjugale en fin de grossesse

Près de 85 % des femmes étaient en relation avec le père de l’enfant.

Les données présentées dans le Tableau II témoignent de l’hétérogénéité des mères adolescentes ayant participé à l’étude. À cet effet, Gendron et ses collègues ont mené une analyse de partitionnement de données afin de mettre en évidence la diversité des caractéristiques des jeunes mères. Pour mener cette analyse, 21 variables appartenant à trois dimensions différentes ont été utilisées, soit (a) Trajectoire et caractéristiques individuelles : âge du père de l’enfant à naître, âge de la jeune femme à la première grossesse, grossesse antérieure, âge de la mère de la jeune femme à sa première grossesse, décrochage scolaire, principale source de revenu, indice de masse corporelle, perception de l’état de santé avant la grossesse, tabagisme avant la grossesse, consommation de drogues avant la grossesse, expérience de maltraitance dans l’enfance, détresse psychologique, indice de situations stressogènes chroniques, autonomie, pouvoir d’agir interpersonnel, conscience critique personnelle; (b) Lien social : moment de la première visite chez le médecin durant la

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grossesse, nombre de personnes dans l’entourage de la mère; et (c) Environnement proximal : cohabitation, indice d’appréciation du quartier, indice de densité d’occupation du logement. Au terme de cette analyse, une variable faisant état de trois réalités de vulnérabilité sociale et qui sera étudiée dans le cadre du projet de recherche dont il est question dans cette thèse a été créée (R1, R2, R3). Le Tableau III présente une synthèse des caractéristiques propre à chaque groupe (Gendron et al., 2014 : 15-16).

Tableau III. Synthèse des caractéristiques propre à chaque groupe identifié par l’analyse de partitionnement des données de Gendron et ses collègues (2014 : 14-15)

Groupe Caractéristiques (à l’entrée dans le PSJP)

R1

Il s’agit majoritairement d’une première grossesse; Les jeunes femmes sont, en moyenne, majeures;

La principale source de revenu est un emploi, suivi de ressources de l’État; La majorité des pères des enfants à naître occupent un emploi.

R2

Les jeunes femmes habitent toutes chez leurs parents, ou ceux de leur partenaire, durant la grossesse;

Ces couples sont, en moyenne, plus jeunes et ont tendance à se connaître depuis moins longtemps que les autres parents de la cohorte; Leur principale source de revenu est l’aide de leurs parents;

Ils ont moins tendance à participer à des cours prénataux ou à utiliser des ressources du quartier pour de l’aide matérielle.

R3

Perception moins favorable de leur santé; Niveau de détresse psychologique plus élevé;

La majorité des jeunes femmes n’en sont pas à leur première grossesse; Près de 90 % des jeunes femmes sont en situation de décrochage scolaire;

Les jeunes femmes connaissent le père de l’enfant depuis au moins six mois et elles habitent avec lui;

Plus forte consommation de drogues;

Expérience de maltraitance subie dans l’enfance plus marquée; Leur source de revenu provient de l’État ou d’un emploi.

Les résultats de cette analyse de partitionnement des données permettent d’obtenir un portrait global et détaillé des participantes à l’étude. Les trois regroupements font référence à trois réalités distinctes de vulnérabilité sociale. Les mères appartenant au groupe R1 s’inscrivent dans ce que Gendron et ses collègues appellent une trajectoire s’apparentant davantage au parcours de jeunes adultes en devenir (Gendron et al., 2014 :15). Elles sont plus vieilles et elles ou leur conjoint occupent un emploi. À l’opposé, les mères du groupe R2 sont plus jeunes et semblent dépendre de leur entourage pour la réponse à leurs besoins de base (logement et assistance matériel). Finalement, les mères du groupe R3 sont celles qui cumulent plus de conditions de précarité psychosociale. Elles ont une moins bonne santé (physique et mentale), sont en situation de décrochage scolaire et soutiennent avoir vécu des expériences de maltraitance dans l’enfance plus marquées que leurs pairs appartenant aux deux autres groupes. Cependant, elles seraient investies dans une relation de couple stable avec le père de leur enfant.