• Aucun résultat trouvé

Chapitre 3 : Méthodologie

3.3. Implications et considérations en lien avec le projet de recherche

Dans cette section, la pertinence du projet de recherche, ses limites, ainsi que ses considérations éthiques sont présentées.

3.3.1. Pertinence de la recherche

Le projet de recherche dont il est question dans cette thèse se rattache de près à la pratique en travail social. En effet, il s’inscrit dans une étude portant sur le PSJP qui est un programme d’intervention précoce qui était offert dans les CISSS et CIUSSS du Québec et qui visait le mieux-être des parents adolescents et de leurs enfants par le biais de l’intervention

psychosociale (offerte principalement par des travailleurs sociaux ou par des agents de relations humaines) et sanitaire (offerte principalement par des infirmières). Bien que le PSJP n’existe plus en soi, le programme SIPPE, grand programme qui le chapeautait, existe toujours et continue de desservir la population des jeunes parents (Gendron et al., 2014) de la même manière et selon les mêmes objectifs. Puisque des parallèles avec l’intervention seront dressés, les résultats de ce projet de recherche pourraient contribuer à mieux comprendre la réalité des mères adolescentes qui utilisent ce programme et, ainsi, à améliorer les pratiques et les services qui leur sont offerts par les intervenants sociaux.

De plus, tel que mentionné préalablement, les interventions adaptées aux mères adolescentes présentant des problèmes de santé mentale ou un état de détresse psychologique, causé notamment par une expérience de maltraitance subie dans l'enfance, sont actuellement peu développées (Edwards et al., 2012; Gavin, Lindhorst et Lohr, 2011; Holub et al., 2007) et elles bénéficieraient de l’être davantage particulièrement en travail social (Payne et Anastas, 2015). Cette réalité, qui touche une importante proportion de jeunes mères, pourrait avoir une incidence négative sur leur trajectoire de vie, leur transition à la vie adulte, ainsi que sur le développement et la sécurité de leurs enfants (voir chapitre 2). Qui plus est, le cadre d’analyse qui s’inscrit dans la théorie axée sur le traumatisme et qui suggère de porter une attention particulière aux expériences de maltraitance subies dans l’enfance, est très peu utilisé en travail social, que ce soit en intervention ou en recherche. Le projet de recherche vise donc à diversifier les connaissances dans notre domaine, afin de potentiellement arriver à une diversification de la pratique. Il vise à offrir des pistes de réflexion et des assises scientifiques aux bâtisseurs de programmes sociaux, aux gestionnaires, ainsi qu’aux intervenants qui tentent de prévenir l’APPM chez les mères adolescentes.

Reconnaître la prévalence élevée de l’expérience de maltraitance subie dans l’enfance par les jeunes mères et explorer les types d’expérience les plus signifiants, ainsi que leur association aux différents facteurs de risque de l’APPM, revêt une grande importance. Ceci pourrait contribuer à mettre en lumière des indicateurs permettant de mieux orienter les interventions en fonction des particularités du type de chaque jeune mère, vers une pratique et une offre de services plus efficace et mieux adaptée à sa réalité et à la priorisation de ses

83

besoins. Dans un contexte où les ressources sont de plus en plus limitées, élargir nos connaissances et viser la reconnaissance d’indicateurs favorisant une lecture plus efficace des réalités des mères adolescentes est souhaitable (Noll, 2008).

3.3.2. Limites de la recherche

Le projet de recherche comporte certaines limites. D’abord, il est impossible de vérifier si les associations entre l’expérience de maltraitance dans l’enfance et les conditions associées à l’APPM identifiées dans le cadre du projet de recherche perdurent dans le temps. Il importe donc de souligner que les résultats qui découleront de la recherche doivent être analysés selon le contexte et les temps de mesure dans lesquels ils s’inscrivent. Qui plus est, tout au long du projet, la notion de prévention de la maltraitance est abordée. Or, en réalité, il a été impossible d’évaluer la présence de réels comportements parentaux maltraitants chez les répondantes de l’étude PSJP et par conséquent, dans le cadre de cette étude.

Ensuite, il importe de souligner que les jeunes mères ayant participé à l’étude de Gendron et ses collègues (2014) ont été recrutées dans un contexte particulier et balisé. De plus, l’échantillon représente une population relativement homogène au plan de l’appartenance ethnique. Il s’agit majoritairement de femmes francophones nées au Québec. Il est donc impossible de prétendre que ces participantes représentent l’ensemble des mères adolescentes québécoises ou que les résultats obtenus peuvent tous être généralisés.

Par ailleurs, les données à l’étude sont auto-rapportées. Le devis de recherche, qui inclue des analyses transversales basées sur des données rétrospectives, est sujet aux distorsions cognitives, aux pertes mnésiques et aux difficultés de rappel chez les répondantes (Boislard et Poulin, 2015). Ceci implique, même si l’utilisation d’échelles validées a été priorisée, un risque d’un certain biais et donc une potentielle atteinte à la validité des données. Certains auteurs affirment que les données auto-rapportées permettraient de saisir plus en profondeur l’étendue et la nature des difficultés intériorisées, surtout lorsque les participants à l’étude sont des jeunes et que les variables mesurées sont le vécu de maltraitance et les

conditions qui y sont associées (Carlson et Dalenberg, 2000; Nader, 2008, tel que cité dans Milot, Collin-Vézina et Milne, 2013). En effet, les jeunes déclareraient généralement plus de difficultés que des membres de leur entourage appelés à faire état de leurs impressions sur ces jeunes (Nader, 2008, tel que cité dans Milot, Collin-Vézina et Milne, 2013). Cependant, il est recommandé d’utiliser d’autres sources d’information (par exemple, d’autres échelles complétées par les proches) afin de pouvoir valider la véracité et l’exactitude des faits, en plus d’obtenir de l’information plus diversifiée (Grills et Ollendick, 2002 et Nader, 2008 tel que cités dans Milot, Collin-Vézina et Milne, 2013), ce qui n’a pas été fait dans le cadre de ce projet de recherche.

De plus, certains repères théoriques suggèrent de prendre en considération le contexte dans lequel ont eu lieu les expériences de maltraitance dans l’enfance. Cependant, outre les données quant à la gravité de l’expérience, il n’est pas possible d’évaluer le contexte (e.g., âge exact, nombre d’évènements, etc.) dans lequel la maltraitance a été subie dans le cadre de cette étude. De plus, les conséquences d’ordre traumatique de l’expérience de maltraitance ne seront pas non plus étudiées. En effet, nous ne disposons d’aucune donnée permettant d’évaluer la présence d’un ESPT ou d’un TSPT chez la personne. Toutefois, tel que vu préalablement, nous disposons d’autres données faisant référence à des conditions associées à l’ESPT (e.g., état de santé mentale).

Enfin, l’analyse secondaire de données représente une limite dans la mesure où aucune autre collecte de données subséquente ne peut être réalisée (pour approfondir certains aspects), en plus de devoir s’adapter aux différents choix méthodologiques qui avaient été faits par les auteurs et aux outils de collecte de données qui avaient été sélectionnés.

3.3.3. Considérations éthiques

L’étude évaluative sur le PSJP de Gendron et ses collègues (2014), dans laquelle s’inscrit cette thèse, a obtenue deux certificats d’approbation éthique, soient un émis par le Centre hospitalier universitaire Ste-Justine et l’autre émis par le MSSS (voir Annexe 17). La

85

réalisation du projet de recherche sur lequel porte cette thèse ne requiert l’obtention d’aucun autre certificat d’approbation éthique, puisqu’il propose une continuité et un approfondissement des analyses déjà approuvées pour le projet initial de Gendron et ses collègues (2014). Cette information a été confirmée par un conseiller en éthique de la recherche du Comité d’éthique de la recherche en arts et en sciences de l’Université de Montréal. Toutes les données recueillies par Gendron et ses collègues (2014) ont été dénominalisées et les répondantes n’ont pu être identifiées que par le code qui leur avait été attribué au moment de la collecte des données.