• Aucun résultat trouvé

Stabilit´ e des champs magn´ etiques

3.3 R´ ealisation pratique

3.3.1 Stabilit´ e des champs magn´ etiques

Le point essentiel est que le biais magn´etique B0 du pi`ege de Ioff´e doit ˆetre extrˆemement stable. En effet, si celui-ci bouge, la condition de r´eso- nance change, et le couplage se fait `a un endroit diff´erent du condensat. Si

les fluctuations sont trop importantes (sup´erieures `a la largeur spectrale du condensat 2∆), la condition de r´esonance implique mˆeme un couplage en dehors du condensat, c’est `a dire pas de couplage du tout.

Le niveau des fluctuations de µBB0/~ doit ˆetre n´egligeable devant la lar- geur spectrale 2∆ du condensat. Les condensats que nous r´ealisons (F = 1, mF = −1) pr´esentent une extension verticale typique de l’ordre de 8 µm, soit une largeur spectrale pour le couplage vers le continuum F = 1, mF = 0 de l’ordre de 17 kHz. Les fluctuations de champs magn´etiques doivent donc ˆetre faibles devant 25 mG. Comme nous travaillons `a fort biais magn´etique B0 ' 54 G, nous devons donc stabiliser celui-ci `a mieux que 10−4 pr`es. Ceci n´ecessite de nombreuses pr´ecautions exp´erimentales.

3.3.1.1 Pr´ecautions exp´erimentales

La temp´erature de l’´electro-aimant doit ˆetre suffisament stable pour que ses fluctuations n’induisent pas de modification du magn´etisme de celui-ci. Ceci n´ecessite un refroidissement des bobines d’excitation, ainsi qu’un cyclage r´egulier de l’exp´erience. Comme nous n’utilisons que quelques 100 W de puis- sance pour alimenter le dispositif, un flux d’air en continu dans les carters en plastiques entourant l’´electro-aimant de 2e en´eration suffit a aboutir `a des propri´et´es stables sur le long terme (environ 1/2 journ´ee) de l’´electro-aimant de 2eg´en´eration, apr`es moins d’une heure de « chauffe ».

La stabilit´e du courant d’alimentation de l’´electro-aimant est bien entendu alors primordiale. Ceci oblige `a utiliser des fils torsad´es blind´es (pour ´eviter le « pick-up » de rayonnements parasites) pour transporter le courant entre les alimentations et le dispositifs (ils sont distants de plusieurs m`etres), ainsi qu’`a utiliser une connectique de qualit´e. Une fois ceci effectu´e, nous avons toujours constat´e des fluctuations du biais sup´erieures `a 10−3, surtout `a courts termes (fr´equences caract´eristiques sup´erieures `a 100 Hz) que nous avons identifi´ees comme des fluctuations de l’alimentation du dipˆole elle-mˆeme.

3.3.1.2 Stabilisation de l’alimentation

Les alimentations utilis´ees pour alimenter le dispositif de pi´egeage magn´e- tique sont des « BOP » (bipolar operationnal power suply), qui pr´esentent l’avantage d’ˆetre facilement commandables en courant, mais dont nous avons constat´e que les performances en termes de stabilit´e sur charge inductive ´etaient somme toute m´ediocres.

Nous avons utilis´e ces alimentations (commandables en courant) pour le processus de charge. Lors de la compression adiabatique, on commute en mˆeme temps l’alimentation du dipˆole seul vers une source ultra-stable. En fin d’´evaporation, nous pouvons ainsi obtenir des condensats dans un pi`ege `

BOP Cde courant

ou

R

s bobines dipole U IBOP IS

Idip Ultra stable

t

t

Idip IBOP IS compression adiabatique biais stable

Fig. 3.6 – Passage d’une alimentation dipˆole commandable mais peu stable `a une alimentation ultra-stable mais non commandable lors de la phase de com- pression adiabatique. La commande de la BOP est progressivement ´eteinte. l’alimentation ultra-stable prend alors progressivement le relais pour garder le courant dipˆole `a une valeur minimale fixe et ultra-stable.

Nous avons commenc´e par utiliser une batterie ´electro-chimique stan- dard (batterie de voiture 12 V) comme alimentation ultra-stable. On sait en effet que les accumulateurs ´electro-chimiques pr´esentent d’excellentes perfor- mances en terme de stabilit´e `a court terme, et ce `a moindre coˆut. Pour notre type d’utilisation, en revanche, plusieurs inconv´enients apparaissent.

Tout d’abord, une batterie n’est pas une source de courant mais une source de tension, les fluctuations de la r´esistance de charge (dues par exemple aux l´eg`eres fluctuations de temp´erature) vont donc provoquer des modification (lentes) du courant fourni. Par ailleurs, la tension d´elivr´ee U est fix´ee par le type de batterie utilis´e, et n’est pas en principe facilement ajustable. Nous nous sommes affranchis de ces deux probl`emes en ajoutant en s´erie avec la batterie une r´esistance ultra-stable Rs de quelques Ohms. Le courant d´elivr´e I est alors I = U/(Rbobines + Rs). En pratique, on a par exemple I=1,2 A, U=12,4 V, Rbobines = 0, 5 Ω, Rs = 10 Ω. Comme la r´esistance Rsest nettement sup´erieure `a celle des bobines, et qu’elle est ultra-stable, le courant fourni ne d´epend plus que tr`es peu des fluctuations de la r´esistance Rbobines (qui sont de toutes fa¸cons tr`es faibles quand le dispositif est correctement refroidi et atteint une temp´erature d’´equilibre grˆace `a un cyclage r´egulier).

Le dernier point qui nous a pos´e probl`eme est le fait qu’une batterie ´electro-chimique ne d´elivre pas une tension constante au cours du temps. Plus pr´ecis´ement, pour un niveau de charge diminuant au cours du temps, la

tension d´elivr´ee va ´egalement baisser. Ceci nous a oblig´e, pour obtenir une bonne stabilit´e `a long terme (plus de quelques dizaines de cycles) `a recharger r´eguli`erement l’accumulateur. En pratique, nous utilisons une alimentation de courant commerciale d´elivrant un courant Ic r´eglable que nous utilisons pour recharger la batterie pendant un temps contrˆol´e tc. `A chaque cycle (pendant la phase de chargement du PMO, o`u la batterie n’est pas utilis´ee), nous rechargeons donc l’accumulateur en lui fournissant `a chaque fois la mˆeme charge Qc = Ic.tc. Au bout de quelques cycles, il s’´etablit naturellement un ´equilibre entre la charge et la d´echarge de la batterie, qui fait que le courant fourni est tr`es r´ep´etable pour deux cycles successifs. Notons que l’utilisation d’une batterie ´electrochimique standard n’est possible dans notre cas que grˆace `a l’emploi des ferromagn´etiques, qui permet de n’utiliser qu’un courant relativement faible (∼ 1 A) pour alimenter le dispositif de pi´egeage. Si l’on utilisait de forts courants (quelques centaines d’amp`eres), comme cela se pratique g´en´eralement pour les dispositifs sans ferromagn´etiques, la batterie se d´echargerait beaucoup trop vite, ce qui rendrait son utilisation impossible. Ayant constat´e les tr`es bons r´esultats en terme de stabilit´e obtenus `a l’aide de ce dispositif, nous avons finalement fait l’acquisition d’une alimentation commerciale tr`es stable5 y compris sur charge fortement inductive. Celle- ci remplace la batterie et la r´esistance Rs dans tout ce qui pr´ec`ede. On s’affranchit ainsi des contraintes li´ees `a la n´ecessit´e d’une recharge r´eguli`ere de l’accumulateur (fonctionnement r´egulier plus rapide `a ´etablir, meilleure reproductibilit´e du biais d’un jour sur l’autre, etc.)

Nous sommes ainsi parvenus `a stabiliser le biais magn´etique, et donc les lasers `a atomes produits dans des proportions suffisantes pour permettre les ´etudes syst´ematiques des lasers atomiques. Nous n’avons pas effectu´e d’´etudes permettant de quantifier les bruits r´esiduels sur le biais magn´etique, la stabi- lit´e des lasers obtenus montrant simplement qu’ils sont faibles devant 25 mG.