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Adaptation ` a l’´ etude de la propagation d’un laser ato-

4.3 Un outil pour la propagation d’un laser : les matrices ABCD

4.3.2 Adaptation ` a l’´ etude de la propagation d’un laser ato-

Mise en ´equation, approximations n´ecessaires

Lorsque l’on veut adapter le formalisme des matrices ABCD au cas des lasers `a atomes, une premi`ere objection vient `a l’esprit : le cas des ondes de mati`ere est tr`es diff´erent de celui des ondes lumineuses, car, si la rela- tion de dispersion pour l’optique est lin´eaire (E = ~ck), celle de l’optique atomique est quadratique (E = ~2k2/2m). On voit donc mal comment un formalisme prenant en compte la diffraction pourrait fonctionner de mani`ere analogue pour l’optique des photons et celle des atomes. Cependant, dans notre cas particulier, on peut ais´ement contourner cette objection. En effet, en optique des matrices ABCD, il est n´ecessaire de se placer dans le cadre de l’approximation paraxiale. On s´epare donc le vecteur d’onde ~k en sa compo- sante transverse k⊥ et sa composante longitudinale kk. En terme de relation de dispersion pour les ondes optiques, l’approximation paraxiale revient alors `

a faire le d´eveloppement limit´e suivant : k = |~k| ' kk+ k2 ⊥ 2kk (4.36) E(k) ' ~ckk+ ~c 2kk k2 (4.37)

On trouve alors une relation quadratique avec k⊥, ce qui est fondamentale- ment la condition n´ecessaire pour employer des th´eories `a base de matrices ABCD [63]. En fait, l’emploi d’une th´eorie de ce type pour des ondes gaus- siennes n’est valable que dans le cadre de l’approximation paraxiale en op- tique, alors qu’elle reste valable en dehors de cette approximation pour les ondes de mati`eres [63].

Une autre difficult´e qui peut surgir est le fait que, dans le traitement op- tique traditionnel, on se base sur des solutions stationnaires des ´equations de propagations. En effet, habituellement, en optique, les potentiels d’inter- actions agissant sur les photons ne d´ependent pas du temps. Ce type de traitement est souvent justifi´e pour les ondes ´electromagn´etiques : la vitesse de propagation tr`es ´elev´ee de la lumi`ere rend les variations temporelles des syst`emes optiques au cours de la propagation difficiles, et en tout cas assez pathologiques (lasers puls´es, modulateurs, ...). Dans le cas du laser `a atomes, au contraire, les vitesses de propagations sont au maximum de l’ordre de 1 ms−1, ce qui rend les changements de potentiels d’interaction au cours du temps tr`es facile `a r´ealiser. De fait on a vu que, en pratique, avant de faire l’imagerie par absorption nous avions coup´e le pi`ege magn´etique et attendu quelques millisecondes. Cela correspond donc `a une modification du potentiel

d’interaction entre le laser `a atome et le monde ext´erieur, qui rend impossible l’utilisation de solution stationnaire des ´equations de propagation, puisque le hamiltonien d´epend du temps.

Proc´edons `a une mise en ´equation du probl`eme envisag´e afin de voir com- ment on peut contourner ce probl`eme. Soit la fonction d’onde du laser `a atome Ψ(x, y, z, t). Comme on l’a vu au chapitre 3, dans la limite consid´e- r´ee, et en faisant abstraction des termes de source, Ψ ob´eit `a l’´equation de Schr¨odinger : i~∂tΨ(x, y, z, t) =  − ~ 2 2m ∂ 2 x+ ∂ 2 y + ∂ 2 z + V (x, y, z, t)  · Ψ(x, y, z, t) (4.38) Comme on d´ecouple le degr´e de libert´e `a ´evolution rapide (direction verticale) de ceux `a ´evolutions lentes (directions transverses), on pose :

Ψ(x, y, z, t) = Φ(x, y, z, t) · Ψ1D(z, t) (4.39)

V (x, y, z, t) = V1D(z, t) + Vtrans(x, y, z, t) (4.40) o`u,

V1D(z, t) = V (x = 0, y = 0, z, t) (4.41)

et Ψ1D(z, t) v´erifie l’´equation d’´evolution 1D du probl`eme : i~∂tΨ1D(z, t) =  − ~ 2 2m∂ 2 z + V1D(z, t)  Ψ1D(z, t) (4.42) En posant Ψ1D(z, t) = e i ~σ(z,t) (4.43) v(z, t) = 1 m∂zσ(z, t) (4.44)

on obtient, `a partir des ´equations 4.42 et 4.38, − ∂tσ(z, t) = − i~ 2m∂ 2 zσ(z, t) + (∂zσ) 2 2m + V1D(z, t) (4.45) i~(v(z, t)∂zΦ + ∂tΦ) = −~ 2 2m ∂ 2 x+ ∂y2 Φ + Vtrans(x, y, z, t)Φ −~ 2 2m∂ 2 zΦ (4.46)

La r´esolution du probl`eme physique consiste donc `a r´esoudre l’´equation dif- f´erentielle 4.46 avec la condition aux limites impos´ee par le couplage radio- fr´equence :

o`u γ(t) ∼ ~ΩRF(t)/2mgl  1 est li´e au calcul du taux de couplage (eq. 3.36) et lzE est d´efini en 3.21. On trouvera dans [55] et [56] plus d’informations au

sujet du calcul du coefficient de couplage γ(t)3.

Afin de r´esoudre l’´equation aux d´eriv´ees partielles 4.46, il convient de l’int´egrer selon un chemin bien choisi dans l’espace (x, y, z, t).

Soit alors une fonction t 7−→ Z(t) d´efinissant un tel chemin dans l’espace (x, y, z, t). On choisit cette fonction de fa¸con `a ce qu’elle v´erifie l’´equation diff´erentielle

Z0(t) = v(Z(t), t) (4.48)

ainsi qu’une condition aux limites

Z(ti) = zi (4.49)

dont le sens sera expliqu´e ult´erieurement.

On pose alors, `a la condition que Z(t) soit r´eel,

ΦSC(x, y, t) = Φ(x, y, Z(t), t) (4.50)

VSCtrans(x, y, t) = Vtrans(x, y, Z(t), t) (4.51) En utilisant la formule de d´erivation partielle (« r`egle de chaˆıne ») :

∂tΦSC(x, y, t) = Φ(x, y, Z(t + dt), t + dt) − Φ(x, y, Z(t), t) dt (4.52) = ∂tΦ · dt + ∂zΦ · dZ dt (4.53) = ∂tΦ + v(Z(t), t)∂zΦ(x, y, Z(t), t) (4.54) ainsi que l’´equation 4.46,on obtient alors, pour ΦSC, l’´equation aux d´eriv´ees partielles : i~∂tΦSC(x, y, t) = − ~ 2 2m ∂ 2 x+ ∂y2 ΦSC+ VSC trans(x, y, t)ΦSC− ~ 2 2m∂ 2 zΦ(x, y, Z(t), t) (4.55) Dans l’approximation paraxiale, le dernier terme de l’´equation transverse 4.46 est n´egligeable devant les autres. En effet, on consid`ere que Φ(x, y, z, t) varie lentement en fonction de z devant la longueur d’onde de de Broglie atomique λdB = h/mv(z, t), cela permet de n´egliger dans 4.46 le terme en ∂z2Φ. Finalement, on obtient pour ΦSC l’´equation :

i~∂tscΦSC = −

~2

2m ∂

2

x+ ∂y2 + VSCtrans(x, y, tsc)ΦSC (4.56)

3Pour ´etablir l’expression 4.47, il suffit d’identifier le mode 3D du laser atomique

« id´eal » de la r´ef´erence [55] avec l’expression 4.39, o`u le mode longitudinal est donn´e par Ψ1D = a/

l · Ai[(z − zE)/lzE] (voir 3.2.2.3), cette derni`ere expression devant ˆetre d´evelopp´ee asymptotiquement dans la zone classiquement autoris´ee.

L’´equation diff´erentielle 4.56 est parfaitement analogue `a celle du pro- bl`eme optique expos´e en 4.3.1. En effet, en posant formellement

k1D = m

~

(4.57) on peut la r´e´ecrire sous la forme :

x2+ ∂y2 Φ − 2k1D VTrans

~

+ 2ik1D∂zΦ = 0 (4.58)

qui est ´equivalente `a quelques d´etails pr`es4 `a l’´equation optique 4.28. Or, on a vu que l’on pouvait r´esoudre ce type d’´equation facilement, dans le cas d’une condition aux limites gaussiennes, `a l’aide de la m´ethode des matrices ABCD. On doit donc pouvoir proc´eder de mˆeme pour le cas des lasers `a atomes.

On notera que le remplacement de Φ(x, y, z, t) par ΦSC(x, y, t) dans le probl`eme n’est valable qu’`a la condition de Z(t) soit r´eel, ce qui impose v(Z(t), t) ´egalement r´eel. Ceci correspond `a ne consid´erer le probl`eme qu’aux endroits o`u l’approximation semi-classique pour Φ1D(z, t) est valable (d’o`u le nom de ΦSC), c’est `a dire suffisamment loin de la zone de couplage. C’est ce changement de variable qui nous permet ici d’appliquer la m´ethode des matrices ABCD `a un probl`eme d´ependant du temps.

Physiquement on ne sera int´eress´e par la fonction d’onde du laser Ψ(x, y, z, t), ainsi qu’`a sa partie transverse Φ(x, y, z, t) qu’au moment t = ti o`u l’on ef- fectue la prise de l’image. On pourra alors remonter `a la densit´e atomique locale dans le laser |Φ(xi, yi, zi, ti)|2 `a partir de la r´esolution de 4.56 par la relation Φ(xi, yi, zi, ti) = ΦSC(xi, yi, ti), qui est valable `a la condition que l’on ait bien pos´e la condition initiale Z(ti) = zi pour le chemin d’int´egration.

Le sens physique du traitement math´ematique pr´ec´edent peut ˆetre expli- qu´e comme suit : dans la zone d’extraction du laser, on d´ecoupe une tranche fine de condensat dans un plan orthogonal `a la gravit´e `a une hauteur zE (condition aux limites de 4.47). Cette tranche va se d´eplacer verticalement (tomber) sous l’effet de la gravit´e et des autres potentiels (´eventuellement d´ependants du temps) pr´esents dans le syst`eme (´equation 4.42). Lors de ce d´eplacement, la tranche va se d´eformer lat´eralement sous l’effet de plusieurs param`etres tels que pression quantique et potentiels d’interactions inhomo- g`enes (´equation 4.46). L’approximation paraxiale permet de ne consid´erer comme cause de ces d´eformations que ceux pr´esents dans le seul plan o`u se situe la tranche en question (´equation 4.56). Finalement, au moment de la prise de l’image, elle a atteint une position verticale zi, o`u sa forme trans- versale est donn´e par l’int´egration de l’´equation transverse 4.56 le long du

4On peut noter des diff´erences de signes entre le traitement de l’optique habituel et

celui de l’optique atomique. Celles-ci sont essentiellement li´ees au fait que les conventions habituelles de l’optique pr´econisent de prendre pour les ondes planes la notation exp[i(ωt− kz)], alors que, en m´ecanique quantique, on prend exp[i(kz − ωt)]

mouvement vertical Z(t), `a laquelle on a impos´e la condition limite 4.49. Cette derni`ere correspondant simplement `a dire que la tranche que l’on suit lors du d´eplacement Z(t) doit arriver en zi au moment de la prise de l’image. Finalement, la derni`ere approximation qu’il nous a fallu faire pour per- mettre un traitement simple du probl`eme consiste `a supposer une condition aux limites gaussienne. Ceci n’est pas tout `a fait exact, puisque l’on sait que, dans l’approximation de Thomas-Fermi, le condensat pr´esente une densit´e atomique `a section de type parabole invers´ee. On a donc une condition aux limite dont le module carr´e est ´egalement de forme parabole invers´ee. Cepen- dant, en premi`ere approximation, nous avons assimil´e la forme de parabole invers´ee `a la gaussienne qui donne la mˆeme largeur quadratique moyenne.

-xM 0 xM

Profil type Thomas-Fermi

(parabole inversée) Gaussienne de même largeur RMS

Fig. 4.5 – Fit gaussien d’un profil de type Thomas-Fermi. Les deux profils ont la mˆeme largeur quadratique moyenne (RMS).

Pour une parabole invers´ee f (x) = exp(α) · max [0, 1 − (x/xM)2], la lar- geur RMS est δxRMS = xM/

5. Pour une gaussienne f (x) = exp(α) · exp(−2(x/w)2), on obtient δx

RMS = w/2. Le « meilleur » ajustage gaussien d’une parabole invers´ee est donc obtenu pour les param`etres :

αgaussienne = αparabole (4.59)

wgaussienne = 2 √

R´esolution pour le cas gaussien

On impose donc une solution gaussienne `a l’´equation 4.56 de la forme : Φ(x, y, t) = eα(t)· exp  i  x2 2qx(z(t), t) + y 2 2qy(z(t), t)  (4.61) et on pose, dans le cas de potentiels lenticulaires (i.e. quadratiques) :

VTrans(x, y, z(t), t) = Vx(2)(z(t), t) x2 2 + V (2) y (z(t), t) y2 2 (4.62)

o`u Vx(2)(z(t), t) et Vy(2)(z(t), t) sont les d´eriv´ees secondes sur l’axe par rapport respectivement `a x et y du potentiel VTrans. Le sens physique des param`etres complexes qx et qy apparaˆıt clairement quand on fait la d´ecomposition en parties r´eelles et imaginaires :

1 qx (t) = Cx(t) + 2i w2 x(t) (4.63) 1 qx (t) = Cy(t) + 2i w2 y(t) (4.64) Les C(t) sont des termes qui donnent la « courbure du front d’onde » de Φ (termes de phases purs), alors que les w(t) donnent les rayons `a 1/e de Φ (ou les rayons `a 1/e2 de |Φ|2, qui correspondent `a ce qu’on observe en pratique)

L’´equation 4.56 devient alors : ∂tqx(z(t), t) = ~ m + Vx(2) ~ q 2 x (4.65) ∂tqy(z(t), t) = ~ m + Vy(2) ~ qy2 (4.66) ∂tα = − ~ 2m  1 qx + 1 qy  (4.67) De mani`ere totalement analogue `a l’optique, on r´esout ces ´equations dif- f´erentielles en posant : qx = x(t) m ~ ˙x(t)  (4.68) qy = y(t) m ~y(t)˙  (4.69) (4.70) ce qui conduit, dans 4.65 `a :

¨ x +V

(2) x

c’est `a dire, en utilisant 4.62

m¨x = −∂xVTrans (4.72)

c’est l`a l’´equation du mouvement classique d’une particule dans un potentiel harmonique. Ainsi, comme pour l’optique, on retrouve bien la loi ABCD :

qx2 =

Axqx1 + Bx

Cxqx2 + Dx

(4.73) o`u les coefficients Ax, Bx, Cx et Dx sont ceux de la matrice qui transforme le vecteur-rayon [x1, p1/~] en [x2, p2/~] par les ´equations classiques du mou- vement (idem pour y).