3.3 Diagnostis plasma
3.3.1 Spetrométr ie de masse
La spetrométrie de masseonsiste àidentier et quantier les espèesd'un milieuen
fon-tion de leur masse. Ses domaines d'appliations sont aujourd'hui très vastes(physique, himie,
sienes de laterre,biologie, médeine...) , ette tehnique permettant d'analyser aussibiendes
omposés à l'état gazeux que solide ou liquide. Les spetromètres de masse, dont les origines
remontentauxannées1910-1920,sontomposésd'unesoured'ionisation,suivied'unanalyseur
de masse qui sépare les ions produits selon leur rapport m/z ( m estla masse atomique et z le
nombre dehargesélémentaire ssurl'ion),etd'un déteteurquiomptelesions.Letransportet
laséparationdesionsdoits'eetueràunepressionsusammentbasse(inférieureà10
− 5
mbar)
pour leur assurer un libre parours moyen plus grand que les dimensions de l'appareilla ge et
ainsiéviter lesollisions et les reombinaisons.
Les premiers spetrographes étaient onçus pour l'analyse de gaz à basse pression,les
mo-léules étant ionisées par impat életronique. Ce type d'ionisation est enore utilisé dans les
spetromètres dédiés à l'analyse de plasmas. Le hamp d'appliations de la spetrométrie de
masses'estonsidérablem entouvertauoursdusièledernieravelamiseaupointdenouvelles
souresd'ionisation.Onretientnotamment,pourl'analysedesurfaes,latehnique d'ionisation
par désorption d'ions seondaires (SIMS) qui est très utilisée en sienes de la terre et dans
le domaine de la miroéletronique . Au ours des vingt dernières années, des soures dites à
"ionisation doue" ont été développées pour permettre l'analyse de biomoléules et de grandes
moléulesorganiques,qui sont trèsfragiles etsont fragmentéeslorsqu'elles sont ionisées pardes
méthodesonventionnelles.Ce sontpar exemple l'életronébullisation ouéletrospray, où
l'ana-lyteestdissousdansunsolventliquide,etlatehnique dedésorptionlaserassistéed'unematrie
(MALDI),oùlesmoléulessont dissoutesdansunematrie solidepuisdésorbéeset ioniséespar
irradiationlaserUV. Parallèlement, diérentstypesd'analyseursde masseontété misau point
pour répondreauxexigenesderésolutionspéiquesàhaqueappliation.Lesplusonnussont
lequadriple,letempsdevol(TOF),leseteurmagnétique,larésonaneylotroniqueioniqueà
transforméedeFourier (FTICR)etl'orbitrap. Lepremier estouramment utilisé pour l'analyse
des gaz et des plasmas de part son faible enombrement , tandis que les spetromètres TOF,
à seteur magnétique, FTICR et orbitrap sont préférés pour leur haut pouvoir de résolution,
indispensable notamment pour l'analysede moléulesde grandemasse.
La spetrométrie de masse est un outil de diagnosti des plasmas très utile pour
araté-riser les espèes neutres, maisaussi les ions positifs et négatifs pour les onguratio ns les plus
perfetionnées. Danse as,lasoure d'ionisationestinative,lesions étantfoalisésdans
l'ap-pareilàl'aided'uneoptiqueéletrostatiqued'entréeetdiretement triésselon leurrapportm/z.
Si de plus l'appareil est équipé d'un ltre en énergie, il est possible de mesurer la fontion de
distribution enénergie dehaqueion.
Dispositif
Pour nosexpérienes,les spetres demasses sont aquis ave unspetromètre detype
qua-dripolaire Balzers QMS 200. La struture de l'analyseur est shématisée en gure 3.6. Il est
onstitué d'une hambre d'ionisation par impat életronique, d'un ltre de masse
quadripo-laire et de déteteurs de type olleteur de Faraday et multipliateur d'életrons seondaires.
Le fontionnement de es éléments sera dérit par la suite. Le spetromètre est ontrlé par le
logiielQuadstar422,quipermet deréglerlesparamètresd'utilisationdel'appareil(intensitédu
lament, énergie deséletrons, tensiondesbarreaux duquadriple...) et de gérerles onditions
d'aquisition. Deuxtypesde fontionnement sont possibles:
unbalayage enm/z de1à200aumaximum,quipermetd'enregistrerunspetredemasse
desespèesneutres présentesdansla phasegazeuse
unsuivitemporeldeplusieurs rapportsm/z hoisispréalablement ,appelémodeMultiIon
Detetion (MID)
Fig. 3.6 Strutured'un spetromètre demasseà quadriple.
L'entrée du dispositifest loalisée à une hauteur d'environ 7 mdu fond (porte-substrat et
grilleanti-plasma) dela hambre dediusion. Lesneutres entrent danslahambre d'ionisation
aprèsavoirtraverséun érêteur(.f.gure 3.7).
Cet élément omprend trois diaphragmes en sérieet est onneté à une pompe
turbomolé-ulaire (Alatel ATH 31C : 26 L/s) assistée d'une pompe primaire sèhe (2,1 m
3
/h). Il éarte
lesmoléules dont latrajetoiren'est pasparallèle àl'axe duspetromètre et quipourraient se
reombiner sur les parois avant d'être ionisées et détetées. Grâeà une seonde pompe
turbo-moléulaire (Pfeier VauumTMU 65 : 56 L/s) installée justeavant le déteteur, une pression
résiduelle de 12.10
− 8
mbar peut être atteinte dansle spetromètre de masse. De plus, le
sys-tème de pompage diérentiel nouspermet de travailler dansla gamme de pressionsallant de 1
à15Pasansexéderlapressionde 10
− 5
mbar reommandée pour lesanalyses despetrométrie
demasse.
Chambre de
Fig.3.7 Spetromètre de masseaveérêteur et systèmede pompage diérentiel.
Chambre d'ionisation
Le spetromètreQMS200 possède unehambre d'ionisationàimpatéletronique (.f.gure
3.8).Lasoure estonstituéed'un lamentd'iridium thorié(Ir/ThO
2
),dont l'éhauementpar irulationd'unourantprovoquel'émissiond'életrons.Ceux-isontalorsaélérésradialementvers lazone d'ionisation par une diérene de potentiel omprise entre30 V et 110 V.Les ions
positifs réés par lesollisions entre lesneutres et lefaiseaud'életronsontensuiteattirés vers
le ltre de masse quadripolaire à l'aide d'une lentille d'extration, et éventuellement d'autres
lentilles életrostatiques pour améliorer lafoalisation dufaiseaud'ions.
Fig.3.8 Shémade lahambre d'ionisation.
Lehoixdel'énergie deséletrons estdéterminant pour l'intensitéetlaomplexitédusignal
reueilli.Afaible énergie (
≈
1020eV),lesmoléulesne sontpasenoredissoiéeset ilestdonpossibledeles identierdiretement (tehnique d'ionisationprèsduseuil[Granier 04℄). Lorsque
l'énergie deséletrons augmente, les proessus d'ionisation sont plus eaes, les setions
e-aes d'ionisation étant maximales entre 70 eV et 110 eV. Ainsi, l'intensité du signal olleté
augmente, maisles moléulessont deplus enplusfragmentées parionisation dissoiative.Dans
notre onguratio n, la plupart des moléules sont déjà fragmentées à l'énergie minimale
séle-tionnable, qui est de 30 eV. Nous avonsdon hoiside travailler à une énergie de 70 eV; 'est
l'énergiederéférenepourlaplupartdesspetresdefragmentationpubliésetl'intensitédétetée
estplusimportante qu'à 30 eV.
Filtrede masse quadripolaire
Leltredemassequadripolaireapourrledeséparer,sousl'ationd'unhampéletrique,les
ionsréés danslasoure d'ionisation en fontion de leurrapport m/z.Le ltre estonstitué de
quatreéletrodesparallèlesylindriquesdisposéesdetellesortequ'ellesréentuneonguratio n
hyperbolique auentre dultre (.f.gure3.9).
Fig.3.9 Filtre de massequadripolaire.
Les életrodes opposées sont portées au même potentiel RFde la forme
φ = ±φ 0 = ±[U + V cos(ωt)]
. Cette onguratio n produit un hamp életrique quadripolaire qui détermine les onditions d'osillations des trajetoires ioniques entre les barreaux. Le mouvement d'un iondansetenvironnement est dérit par leséquations de Mathieu. Lessolutions dees équations
(dérites en détaildans la revue [deHomann 99℄)sont lassiables en deux groupes : lorsque
l'amplitudedesosillationsrestelimitéeà
r 0
autourdel'axeentral(2r 0
étant ladistaneentredeuxéletrodes),lessolutionssontditesstables,l'ionpeuttraverserlequadripleetêtredéteté.
Auontrairesil'amplitudedesosillationsdépasse
r 0
,onparledesolutioninstable,l'ionatteintl'unedeséletrodes,estneutraliséetn'estdonpasdéteté.Lapairedebarreauxdansleplan
yz
seomporte ommeun ltredemassepasse-bastandis queelledansleplan
xz
agit ommeunltrepasse-haut.Lesystèmeompletestdonunltredemassepasse-bandequilaisseseulement
passer des ions d'un ertain intervalle de m/z. En faisant varier les paramètres
U
etV
, il estpossible detransmettreséquentiellementlesionsselon leurrapportm/z.Larésolution enmasse
∆m
dépend du rapportU/V
maisne dépend pasde la masse. Ave un ltre quadripolaire, onpeut généralementdistinguerdeuxionsdontlerapportm/z estdistantde1.Enn,ilestànoter
quelafontion de transmissiond'un quadriple déroîtpour les rapports m/z élevés.
Déteteur d'ions
Les ions transmis par le ltre quadripolaire sont onduits par un déeteur életrostatique
vers un déteteursitué à90° de l'axe duquadriple. Ceiévite ladétetion d'espèes parasites
telles que des életrons ou des neutres rapides qui auraient pu traverser le ltre de masse.
Notre spetromètre est équipé de deux types de déteteurs, un olleteur de Faraday et un
multipliateur d'életrons seondaires.
Le olleteur de Faradayonvertit un uxd'ions en ourant d'életrons. Les ions inidents
heurtent la surfae olletrie et transfèrent leur harge, induisant un ourant d'életrons. Le
signal de sortie est don diretement proportionnel au ourant d'ions, et est adapté à de forts
ourants ioniques.
Pour l'analyse de plasmas, on utilise plutt le déteteur multipliateur d'életrons
seon-daires (SEM), ar il permet d'amplier de faibles ourants ioniques et possède un temps de
réponseplus ourt. Lesystème d'ampliat ion, représenté engure3.10, omprend 16 dynodes
disrètes. Les ions ltrés sont aélérés à une énergie de plusieurs keV puis frappent ladynode
deonversion, provoquantl'émissiond'életronsseondaires.Ceux-isontalors aélérésversla
dynode suivante,réant de nouveaux életrons.A haque impatsur les dynodes, de nouveaux
életrons sont libérés,et nalement le ourant életronique qui atteint leolleteur est amplié
d'un gain10
4
à 10
8
.
Fig. 3.10 Multipliateur d'életronsseondaires àdynodesdisrètes.
Analyse des spetres de masse
Un spetre de masse représente l'évolution de l'intensité du ourant d'ions(amplié par le
multipliateur d'életrons seondaires) en fontion du rapport m/z. Considérons le as général
d'uneespèeneutre
X
demassem X
ioniséeen ionsY n+
et don détetéeà m/z=m Y /n
. Pouruneionisation nondissoiative,
m Y
=m X
et pour une ionisationdissoiativem Y
<m X
. L'indien
représente lenombre de harges portées surl'ionformé et est en général égal à1. L'intensitédupidéteté à
m Y /n
s'exprimede lamanière suivante :I Y n+ ∝ [X] K(m X ) I e σ(X → Y n+ ) F(m Y /n)
(3.1)où
[X]
estlaonentration del'espèeXdansleréateur,K(m X )
estleoeient detransmis-siondel'entréeduspetromètreàlamasse
m X
,I e
estleourant d'életronsémisparlelamentde la soure d'ionisation,
σ(X → Y n+ )
est la setion eae d'ionisation deX
versY n+
etF(m Y /n)
estleoeientde transmissionduspetromètrepourl'ionde rapportmasse/hargeégalà
m Y /n
.Le oeient
K(m X )
orrespond au ratio de la ondutane de l'orie d'entrée sur lavi-tessede pompage desespèes de masse
m X
. Cettedernière déroîten fontion de lamasse desespèes. Comme mentionné plus tt, le oeient
F(m Y /n)
est lié à la transmission du ltre quadripolaire, qui diminue également pour les ions de rapport m/z élevés. Globalement, pourlesspetromètres demassedetypequadripolaire,leoeientdetransmissiontotaldéroîtaux
massesélevées,ladiminutionlaplusrapideétantdem/z=1à30.Iln'apasétémesurédansnotre
onguratio n,arnosétudessesontfoaliséessuruneanalysequalitativevoiresemi-quantitative
desespèesneutres présentes danslesplasmas.
L'interprét ationdesspetresdemassepeuts'avérerdiile.D'unepart,deuxionsdenature
diérente maisde même rapport m/z ne sont pas distinguables : 'est le as de O
+ 2
et S+
par
exemple qui apparaissent tous deux à m/z=32. D'autre part, l'ionisation de moléules par des
életronsde 70 eVest leplussouventdissoiative.Ainsi, unspetre de massedemoléules SF
6
est omposé, omme le montre la gure 3.11, de pis orrespondant à SF
+ 5
, SF+ 4
, SF+
3
et ainside suite.Un signal faible d'ionsF
+
2
est déteté, indiquant que desmoléules F2
sont réées surles parois de la hambre d'ionisation du spetromètre de masse. Des ions doublement hargés
sont également détetés, omme SF
2+
4
, SF2+
3
, SF2+
2
et SF2+
. Par onséquent, un ion déteté
peut provenir de plusieurs moléules mères, et la omplexité desspetres s'aroît rapidement
enplasmas de mélangede gaz moléulaires.
Pour parvenir à disriminer l'origine des signaux obtenus, il est néessaire de onnaître le
spetre de fragmentation de haune desmoléules présentes danslemilieu réatif, 'est-à-dire
lesintensités relativesdesdiérentspisioniques réés àpartir deesmoléules. Le prinipede
laméthode desspetresde fragmentation estexpliquéi-après.Shématiquement, deuxespèes
A
, monoatomique, etAB
, moléulaire, seront détetées sous la forme d'ionsA +
,AB +
etB +
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140
(en ne onsidérant queles ions monohargé s) :
A + e −→ A + + 2e
(3.2)AB + e −→ AB + + 2e
(3.3)−→ A + + B + 2e
(3.4)−→ A + B + + 2e
(3.5)Ainsi l'intensité du signalionique
A +
sera omposée de deux ontribution s, elle de l'espèe A et de lamoléule AB:I (A + ) = I A (A + ) + I AB (A + )
(3.6)Connaissant lespetre defragmentationde lamoléule
AB
etl'intensitéd'un dessignauxAB +
ou
B +
, quine peuvent êtreissusquedelamoléule AB,ilestpossiblede déterminer l'intensitéI AB (A + )
et d'endéduire laontributionI A (A + )
de l'espèeA
ausignal ioniqueA +
.Pourlaplupartdesmoléules,desspetresdefragmentationsontdisponiblesdansla
littera-ture, surtoutpourune énergie deséletronsde 70eV[NIST08℄.Expérimental ement, nousnous
sommes rendus ompte toutefois que leratio des diérents pis pouvait dériver en fontion de
la pression résiduelle dans le spetromètre de masse, des pollutions du lament d'émission des
életrons... Par onséquent, nous avons mesuréle spetre de fragmentation desgaz disponibles
(SF
6
, SO2
, SiCl4
, SiF4
) aumoment où nousavonsaratérisédesplasmas de mélange.Ladeuxièmesouredediultéspourl'analysedespetreestlamultipliati ondunombrede
pisioniquesdeparlaprésened'isotopes.Commelemontreletableau3.1,lesatomesdesiliium
et de soufre possèdent des isotopes minoritaires, d'où la detetion de pis seondaires pour les
ions SF
+ x
du spetre de masse de lamoléule SF6
(gure 3.11). La diulté d'analysegranditpour laaratérisation de plasmas hlorés, ar et élément existe sous deux formes isotopiques
prépondérant es de masse35 et 37.
Tab. 3.1Abondanedesisotopesde siliium,soufre et hlore
Elément Isotopes Abondane(%)
Si 28 92,21
29 4,70
30 3,09
S 32 95,02
33 0,76
34 4,22
Cl 35 75,76
37 24,24
Pour les plasmas ontenant des espèes hlorées, ladémarhe que nous avonsutilisée pour
interpréter les spetres de masse est la suivante : après identiation des ions suseptibles de
orrespondreauxpismesurés,lapremièreétapeonsisteàdétermineretàretirerlaontribution
desisotopes. Ensuite,lesdonnéesde fragmentation(littérature et mesuresexpérimentales)sont
utilisées pour déorréler la ontribution des moléules de départ de elle des espèes réées en
plasma. La méthodolog ie sera expliquée plus en détails dansle hapitre onsaré à l'étude des
plasmasSF