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Le spectre dialectique de Hegel

La dynamique psychologique

3. Le spectre dialectique de Hegel

La reconstitution de la réappropriation dynamiste, chez Bachelard, d’éléments empruntés au criticisme kantien nous a permis de mettre en évidence une première inflexion que le bachelardisme fait subir aux conceptions traditionnelles du psychisme. Il ne s’agit plus de penser l’esprit comme une substance ayant une densité ontologique, à l’instar de Descartes, ni comme une structure cognitive organisée autour de facultés et de formes a priori, à l’instar de Kant, mais plutôt comme un ensemble de fonctions et d’opérateurs qui donnent lieu à la production de concepts ou de théories, autrement dit comme une activité, comme une réalité fonctionnelle sans dimension substantielle. Cependant, on peut regretter que la façon qu’a Bachelard de dire et de décrire la nouménologie rationnelle se limite à une description quasi cinématique des mécanismes intellectuels. Bien qu’elle soit présentée dans l’horizon de la productivité de la pensée, la nouménologie reste une conception pour ainsi dire formelle du mouvement psychique, comme dans l’Essai sur la connaissance approchée, dans la mesure où il n’est pas question d’analyser le devenir et les puissances de l’esprit, mais de proposer une description topique adéquate de la nouveauté de la pensée scientifique contemporaine. Par ailleurs, il convient de souligner que Bachelard inscrit sa réflexion sur le non-kantisme dans le cadre d’une description régionale de l’activité psychique, dont on peut douter qu’elle soit généralisable et applicable à l’ensemble des actes de l’esprit. On peut considérer finalement qu’il manque à l’étude du schématisme physico-mathématique une analyse du comportement temporel de l’esprit, dont la « physiologie de l’idéation » doit pourtant rendre compte. Faut-il penser que Bachelard a rencontré des difficultés pour construire sa conception dynamiste de la pensée ? Aurait-il cédé à une pensée cinématique avant de développer une approche vraiment dynamique ? Nous pensons que ce n’est pas le cas. C’est pourquoi nous proposons de distinguer deux niveaux d’analyse du mouvement de l’esprit dans les enquêtes épistémologiques de Bachelard : l’un logique, l’autre dynamique. Au niveau logique, l’épistémologie bachelardienne se rapproche de la philosophie du concept que Cavaillès appelait de ses vœux. Il s’agit de rendre compte du mouvement autonome de la pensée rationnelle par une topologie des concepts scientifiques, indépendamment de l’activité du sujet pensant. Le schème de l’ordre spatial prime alors. Au niveau dynamique, ce sont le tissu temporel de l’activité spirituelle, et les actes de la conscience, qui importent.

C’est dans cette perspective dynamique que l’on peut resituer la relation de Bachelard à la philosophie hégélienne. Bien que Bachelard se réfère parfois à l’automouvement des concepts, tel qu’il est décrit chez Hegel1, sa reprise la plus intéressante de thèmes hégéliens concerne la description du devenir dialectique et rythmique de l’activité spirituelle. Il faut souligner ici, afin de ne pas simplifier le tableau de façon abusive, que la relation de Bachelard à Hegel est ambivalente : si Hegel a aperçu la dimension fondamentalement dynamique de la psyché, il a malheureusement élaboré, par ailleurs, une conception erronée de la nature. On retrouve la même ambivalence à propos de Novalis et des alchimistes : leur conception du réel est fausse, empreinte de valorisations et de projections, mais leurs travaux recèlent des vues pénétrantes sur la nature de l’esprit. Toujours est-il que Bachelard fustige ouvertement la conception des mathématiques de Hegel :

Nous avons cité cette longue page car elle dit très clairement le jugement philosophique habituel porté sur les démonstrations mathématiques. Elle nous montre aussi que Hegel ne s’est pas réellement engagé dans la pensée mathématique. Pour lui, l’être mathématique ne renvoie pas vraiment à la conscience spécifiquement mathématicienne. La thèse hégélienne, sur ce point, ne bénéficie pas de l’institution de l’esprit dans le règne de la nécessité propre à la culture mathématique2.

Ce jugement sévère sera confirmé dans un autre chapitre du Rationalisme appliqué, où Bachelard explique que la conception hégélienne des mathématiques est pauvre, mais surtout périmée, en tant qu’elle définit les mathématiques par l’étude de la grandeur, alors que celles-ci sont plus fondamentalement devenues une étude des relations3. La situation n’est pas plus favorable du point de vue de la connaissance objective, physique et chimique : la philosophie de la nature de Hegel (comme celle de Schelling) est construite sur la base d’une doctrine philosophique générale et d’une conception a priori du réel, ce qui l’empêche de comprendre « la différence entre les valeurs métaphysiques et les valeurs de l’explication scientifique fondées sur l’expérience », en raison d’une « survalorisation idéaliste »4. Bachelard va même jusqu’à déclarer vertement que « le point de vue hégélien renvoie trop définitivement à l’idéalisme des concepts primitifs »5.

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Cf. ARPC, pp. 198-199.

2 RA, p. 98.

3 RA, p. 156.

4 MR, p. 89, note (1) en bas de page.

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Cependant, le point de vue hégélien est réhabilité en tant qu’il permet de révéler certaines propriétés essentielles de l’esprit, des tendances naturelles et des mécanismes primitifs de la psyché. On doit préciser qu’il ne s’agit pas de revaloriser la dimension idéaliste de la philosophie hégélienne du côté de l’imaginaire, dans un sens inverse du matérialisme technique de la science, dont nous avons rappelé précédemment la dimension de réalisme phénoménotechnique. Ce serait céder à la tentation de réintroduire le tableau à double entrée, par trop commode, que se plaît à entretenir la vulgate bachelardienne, ou réinvestir la thèse idéologique selon laquelle Bachelard aurait entretenu deux conceptions contradictoires au sein de son œuvre, l’une matérialiste, l’autre idéaliste. Nous proposons au contraire de considérer la revalorisation de certains thèmes hégéliens, dont nous allons détailler plus loin le contenu et les raisons, dans l’optique d’une réappropriation de seconde position. Ce qui semble surtout intéresser Bachelard chez Hegel, n’est pas forcément le contenu de son système (concepts, thèses, méthode), mais principalement l’exemplification de la nature de l’esprit humain que ses analyses nous offrent, selon un processus de projection ou d’instanciation. Reprenant le sens que Nelson Goodman donne à ces concepts1, nous dirons que certains aspects de la philosophie de la nature de Hegel, bien qu’ils ne dénotent rien du point de vue de leur rapport aux faits réels de la physique, qui sont expliqués par la science, instancient des propriétés essentielles du psychisme humain, plus précisément son caractère foncièrement actif et dynamique. On trouve une illustration nette de cette lecture de Hegel dans une page de La Terre et les Rêveries de la volonté 2, où des renvois explicites sont faits à La Philosophie de la nature. Bachelard explique alors que l’analyse hégélienne de la bipolarité action-réaction serait éclairante et féconde si on la faisait « passer du règne physique au règne psychologique ». On y trouverait des éléments pour repenser certains aspects de l’intentionnalité, comprendre « ces richesses temporelles, ces valeurs dynamiques » qui innervent « la psychologie du sujet qui travaille ». Il s’agit de penser le complexe de force et de résistance qui anime le devenir actif de l’homo faber. Ailleurs, Bachelard nous dit qu’« il serait intéressant de doser les éléments inconscients d’une théorie comme celle de Hegel »3 sur l’instinct plastique, ou il affirme encore à son propos que « le philosophe qui croit travailler au niveau des concepts ne fait que suivre les toutes premières séductions des images matérielles4.

1

Cf. N. Goodman, Manières de faire des mondes, Manière de faire des mondes, trad. M.-D. Popelard, Paris, Gallimard, coll. « Folio Essais », 2006, pp. 36-39.

2 TRV, p. 55.

3 TRV, p. 104.

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Toujours est-il que c’est sur les questions du temps psychologique, du devenir spirituel ou encore de la tonalisation de l’esprit que la réappropriation bachelardienne de Hegel est la plus flagrante, et peut-être la plus intéressante. Nous en trouvons par exemple une occurrence suggestive dans La Terre et les Rêveries de la volonté, dans le cadre d’une évocation de Hegel au regard de l’alchimiste, « qui ne pense pas ses problèmes matériels dans le règne de l’être ; il les pense dans le règne du devenir »1. Une lecture attentive et minutieuse des pages dans lesquelles s’inscrit cette référence cursive à Hegel est révélatrice de la prégnance d’un réseau sémantique articulé autour des notions de vie, d’excitation, de réveil, de germe de devenir… On peut également être surpris de constater un an plus tard, cette fois-ci dans le Rationalisme appliqué, une double référence positive de Bachelard à la pensée hégélienne, dans le même livre où sa conception des mathématiques est pourtant récusée. Bachelard reprend en effet à son compte le conseil de « séjourner longtemps dans la pensée d’une notion fondamentale »2 pour non seulement en comprendre intimement les propriétés et les relations constitutives, mais aussi en suivre l’entraînement ou dynamisme propre, c’est-à-dire la puissance démonstrative. Notons qu’il suggère au passage au lecteur, de façon explicite, de suivre ce conseil et d’appliquer cette méthode, en renvoyant à la traduction française de La Phénoménologie de l’esprit faite par Jean Hyppolite. Alors que la conception hégélienne des mathématiques était passée au crible d’une critique sévère quelques pages auparavant, on observe ici une réhabilitation relative de Hegel, dans le cadre du double mouvement psychique de la compréhension, dans la mesure où un développement temporel est nécessaire pour comprendre, et qu’une pensée impatiente viserait le but sans se donner réellement les moyens de l’atteindre. Il y a d’abord le parcours de l’ordre des pensées, chaque étape étant nécessaire dans le développement de la notion (niveau 1 de réflexivité) ; vient ensuite le temps de la repensée (niveau 2 de réflexivité), un temps rétrospectif de l’« après-coup », qui fait entrer le sujet dans la pensée rationnelle, une fois que l’enchaînement des étapes est ressaisi selon sa logique interne. De ce point de vue, Bachelard semble se réapproprier, en la sortant du contexte du système hégélien et au prix d’un renoncement qui détourne sans doute l’orientation de la pensée hégélienne, la logique de développement des figures de la conscience décrite par Hegel dans La Phénoménologie. Il s’agit de montrer que le développement du sujet pensant, du point de vue de son élévation vers la culture et l’émergence du savoir rationnel, c’est-à-dire à une élévation à des formes supérieures de l’expérience de la conscience, ne passe pas par une acquisition

1 TRV, p. 229.

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passive et une accumulation continue, mais procède au contraire par une répétition active et une reprise rétrospective du cheminement parcouru, par une « reconquête réflexive » 1 du parcours par la conscience. Cependant, on ne peut occulter l’inflexion que Bachelard fait subir au sens et au contexte des analyses hégéliennes. En effet, s’il s’agit pour la conscience de s’arracher à sa condition naturelle (immédiate, spontanée), enracinée dans les conduites vitales et primaires, dans le but d’atteindre à sa dimension proprement spirituelle (finalisme psychologique), mais aussi de s’approprier un savoir objectif qui lui est d’abord étranger parce qu’extérieur (processus de consolidation), il n’en demeure pas moins que Bachelard n’envisage jamais la possibilité d’un achèvement du parcours de la conscience dans le savoir absolu, étant donné que le savoir est selon lui toujours relatif à un domaine particulier de la connaissance (rationalisme régional) et inachevé (connaissance approchée), ni dans la dissolution de la forme de l’expérience de la conscience (sujet-objet), dans la mesure où l’appropriation du savoir signifie seulement la possibilité pour la conscience de re-parcourir l’ordre nécessaire des idées et du raisonnement, et non une identification complète au contenu du mouvement spéculatif.

Quel est par conséquent le sens de la référence bachelardienne à ce qui est développé par Hegel dans La Phénoménologie ? Que retient finalement Bachelard de Hegel pour rendre compte de la dynamique psychique ? N’est-ce pas dans le mouvement dialectique que pourrait se trouver un point de convergence, ou au moins une inspiration, de la lecture bachelardienne de Hegel ? En première approximation, on peut avoir des raisons de voir dans le concept de dialectique le motif principal de la réappropriation bachelardienne de thèmes hégéliens. En effet, la dialectique se présente clairement comme une préoccupation constante de Bachelard, qui s’est intéressé autant à la dialectique des concepts qu’à la dialectique des images, ainsi que nous l’examinerons en détail des analyses dans le prochain chapitre, qui restituera la dialectique bachelardienne dans son pluralisme essentiel. Nous devons souligner néanmoins dès maintenant que le regard porté par Bachelard sur la dialectique hégélienne, est généralement de nature critique, dans la mesure où Bachelard semble constamment refuser de faire de la dialectique une vérité première ou absolue, ni une méthode a priori, formelle et générale, qui serait applicable de la même façon à tout type de phénomènes. Il s’agirait sinon d’une dialectique simplement logique, que Bachelard considère comme un « simple trafic logique des contraires »2. Bachelard semble se servir de

1 B. Bourgeois, « Sens et intention de La Phénoménologie de l’esprit », in Hegel, Phénoménologie de l’esprit.

Préface. Introduction, trad. B. Bourgeois, Paris, Vrin, 1997, p. 15. 2

la notion de dialectique pour valoriser et promouvoir, contre l’approche statique et formelle de la pensée et de la connaissance, une conception dynamogénique1 de l’esprit et des activités intellectuelles, s’attachant à rendre compte des processus dynamiques du sujet connaissant plus que des représentations de l’objet ou des contenus des représentations. Dans un style kantien, si nous nous permettons ici paradoxalement de réinvestir la terminologie conceptuelle de l’« Architectonique de la raison pure »2 dans le cadre d’une réflexion sur la relation entre Bachelard et Hegel, nous dirions que Bachelard se sert de la notion de dialectique pour penser, dans toute sa diversité et dans toute sa complexité, la dynamique plurielle, ouverte et en devenir, de la connaissance rationnelle considérée subjectivement (expérimentée en pensée), c’est-à-dire du point de vue de l’activité concrète de l’esprit, et non objectivement, du point de vue du système architectonique de la raison. Cherchant ainsi à mettre en lumière la question du dynamisme et du devenir de la pensée, Bachelard travaillerait et développerait, sans l’expliciter systématiquement, une conception propre du mouvement et du devenir de la pensée, en vertu de laquelle le travail de déformation des contenus de représentation et de transformation de la raison serait essentiel. De sorte que l’on a de bonnes raisons de soutenir que Bachelard entretient un dialogue avec la figure philosophique incontournable que constitue Hegel sur ces questions, bien qu’il s’agisse d’un dialogue critique. Car le système hégélien a bien institué au cœur de son économie interne l’idée de dialectique, ainsi que la pensée de la contradiction qu’elle implique, afin de souligner la dimension dynamique et fondamentalement en devenir de l’esprit (et aussi du réel). Or, si l’on schématise à grands traits, on peut dire que la dialectique renvoie dans le système hégélien au mouvement même de la réalité et de l’être, que le philosophe devrait s’efforcer de ressaisir conceptuellement, dans leur développement et leur devenir essentiels. A l’entendement qui se contente d’opérer sur des contenus et des abstractions, de différencier et de séparer les diverses déterminations pour les identifier de façon abstraite et formelle, il faut adjoindre la raison concrète, comprise comme totalisation qui opère sur la réalité même dans sa vitalité. Il s’agit de comprendre et de rendre compte après coup des diverses synthèses qui s’opèrent dans le devenir historique : la chouette de Minerve, comme le rappelle Hegel dans les Principes de la philosophie du droit, ne prend son envol qu’à la tombée de la nuit !

1 On soulignera que le qualificatif « dynamogénique », ainsi que le substantif « dynamogénie », qui sont très souvent employés par Bachelard, sont également présents sous la plume de Gabriel Madinier dans son étude sur Conscience et mouvement, déjà citée, pour désigner la dimension motrice de l’esprit.

2 Nous pensons ici au passage dans lequel Kant se propose de faire abstraction du contenu de connaissance pour examiner le mode d’acquisition de la connaissance et le mode d’action de l’esprit qui lui est associé, qui se décline en connaissance historique ou rationnelle. Cf. Kant, Critique de la raison pure, op. cit., p. 693.

Sachant cela, on pourrait être tenté d’organiser et de résumer l’étude relationnelle des deux auteurs autour de trois grandes « lignes de force » de la pensée hégélienne, dont on pourrait penser, en première approximation et dans le prolongement commode d’une « pensée de survol », que Bachelard les réactualise et les reprend à son compte, notamment dans le cadre de son épistémologie.

En premier lieu, on peut se tourner vers la thèse de l’organicité du savoir, qui consiste à postuler qu’il existe une relation de dépendance des parties au tout, et que tout élément de la connaissance ne se comprend que dans ses relations avec les autres éléments. Il semble s’agir là d’une idée que l’on retrouve clairement chez Bachelard, dans la mesure où pour lui la pensée scientifique se caractérise notamment par sa capacité à organiser des systèmes relationnels de concepts, permettant de mettre de l’ordre dans les données de l’expérience. Dans cette perspective, on trouve même une référence à Hegel sous la plume de Bachelard, dans L'Activité rationaliste de la physique contemporaine. Alors même qu’il s’efforce de rendre compte de la rationalité amplifiante de la physique contemporaine, Bachelard nous renvoie à Hegel en évoquant les propriétés d’organicité et d’apodicticité du savoir rationnel, dont le « tout organique » est rendu possible par l’union-liaison des concepts, même si dans la science contemporaine la nécessité des liaisons conceptuelles informant les phénomènes expérimentaux est établie « après-coup »1, et non de façon a priori.

Par ailleurs, on peut être tenté de penser que Bachelard réactualise également l’idée du dynamisme de la pensée telle qu’on la trouve développée dans le système hégélien ; ou plutôt du dynamisme du penser (das Denken), qui se présente comme un dynamisme producteur, alors que la pensée (der Gedanken) se présente au contraire comme le produit ou le simple résultat de cette activité. La raison, si l’on se fie à des aspects élémentaires du système hégélien, est en effet pensée par Hegel comme un mouvement producteur, mais aussi comme un principe de différenciation et de totalisation. Le travail de la raison n’est pas un simple commentaire, mais une réélaboration dialectique des discours d’entendement. Aussi la productivité de la raison, par le ressort du négatif et de la critique du donné, par le jeu de la différence et de la contradiction, consiste dans l’invention de nouvelles structures d’intelligibilité, par l’élaboration d’une totalité nouvelle issue du mouvement dialectique. Or, de même que la raison se voit confrontée à son autre, ce qu’elle assume par l’invention de nouvelles structures d’intelligibilité (plutôt qu’elle ne le réduit par identification), de même sa vitalité et son inventivité ne semblent pas étrangères à la conception que

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Bachelard se fait de l’activité réelle de la raison, et des valeurs actives du rationalisme, plus particulièrement du point de vue du rationalisme appliqué et du surrationalisme. On peut sur ce point renvoyer notamment au chapitre V du Rationalisme appliqué1, où Bachelard interroge le principe d’identité tel qu’il est pensé dans le sillage de la tradition philosophique, en confrontation avec les démarches effectives du nouvel esprit scientifique. Deux points nous interpellent tout particulièrement dans ce chapitre, au regard des questions qui nous occupent ici. Non seulement Bachelard insiste sur l’importance, pour comprendre le travail de la pensée rationnelle, d’étudier les démarches de la science, plus