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Les figures plurielles de l’œuvre

Le problème du dualisme

2. Les figures plurielles de l’œuvre

Une première figure de l’œuvre prend la forme de la rupture (ou de la coupure), et se traduit pas une posture normative : ne pas mêler les ordres, afin d’éviter un mélange indu de science et de poésie, une fusion du rationnel et de l’imaginatif, et toute collusion abusive entre les champs épistémologiques et poétiques. On retrouve ici un topos du bachelardisme, la séparation du concept et de l’image, dont un texte de La Poétique de la rêverie restitue l’ensemble des aspects dans un texte synthétique, que nous reproduisons intégralement :

Si je devais résumer une carrière irrégulière et laborieuse, marquée par des livres divers, le mieux serait de la mettre sous les signes contradictoires, masculin et féminin, du concept et de l’image. Entre le concept et l’image, pas de synthèse. Pas non plus de filiation ; surtout pas cette filiation, toujours dite, jamais vécue, par laquelle les psychologues font sortir le concept de la pluralité des images. Qui se donne de tout son esprit au concept, de toute son âme à l’image sait bien que les concepts et les images se développent sur deux lignes divergentes de la vie spirituelle. Peut-être même est-il bon d’exciter une rivalité entre l’activité conceptuelle et l’activité d’imagination. En tout cas, on ne trouve que mécompte si l’on prétend les faire coopérer. L’image ne peut donner une matière au concept. Le concept en donnant une stabilité à l’image en étoufferait la vie. Ce n’est pas moi non plus qui tenterait d’affaiblir par des transactions confusionnelles la nette polarité de l’intellect et de l’imagination. […] Images et concepts se forment à ces deux pôles opposés de l’activité psychique que sont l’imagination et la raison. Joue entre elles une polarité d’exclusion. Rien de commun avec les pôles du magnétisme. Ici les opposés ne s’attirent pas ; ils se repoussent. Il faut aimer les puissances psychiques de deux amours différentes si l’on aime les concepts et les images1.

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Une telle position semble donner raison à la logique dualiste de la coupure radicale, à la disjonction et à l’exclusion réciproque du scientifique et du poétique, au point que l’on peut être tenté, en suivant l’entraînement de la première approximation, de reconstruire sous la forme d’un tableau à double entrée la distribution des rôles qui est envisagée par Bachelard dans ces pages du chapitre I de La poétique de la rêverie.

PSYCHE (activité psychique) IMAGINATION RAISON Anima = pôle féminin Animus = pôle masculin Âme Esprit Images Concepts Imagination active Rationalisme appliqué Poésie Science

Études poétiques Études

épistémologique Polarité d’exclusion

= séparation / travail alterné

Cependant, malgré l’effet d’évidence induit par cet extrait et le dualisme renforcé par la mise en tableau, on peut se demander si la ligne de partage et la démarcation que Bachelard s’efforce de tracer de manière stricte, et de maintenir avec une certaine raideur, entre l’image et le concept, la raison et l’imagination, la science et la poésie, doit se comprendre – pour reprendre une terminologie proposée par Jean-Jacques Wunenburger dans « La pensée tranchante »1 (1988) – dans la perspective fixiste d’un essentialisme de la « déchirure originaire » ou dans le sens dynamique d’un « mouvement différenciateur ». Tout nous laisse à penser qu’il ne s’agit pas, chez Bachelard, d’identifier et de dévoiler une coupure primordiale (ou originaire) entre deux ordres de réalités qui seraient disjoints et séparés de façon a priori, comme s’il s’agissait : 1) non seulement de partager la réalité

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psychique en deux substances séparées (dualisme substantiel) ; 2) mais aussi de considérer le psychisme comme une réalité originairement donnée, achevée, constituée en deux unités d’emblée hétérogènes, sous forme de facultés indépendantes, et étrangères l’une à l’autre. Ce serait le cas si l’on examinait la démarcation d’un point de vue abstrait, c’est-à-dire indépendamment de l’expérience d’une conscience, et de toute activité concrète d’un sujet, mais aussi si l’on hypostasiait ou substantialisait concept et image (réification). Par ailleurs on s’aperçoit, en examinant attentivement ce texte, que Bachelard semble hésiter entre l’approche formelle de la polarisation d’exclusion, qui tend vers une conception statique ou topique de la structure psychique (entités, pôles, facultés), et celle d’un développement divergent du psychisme, faisant signe vers une conception dynamique de la vie spirituelle (« se développent sur deux lignes divergentes »). Or, en surdéterminant la dimension topique et fixiste de la séparation, qui vise selon nous principalement, du point de vue de la stratégie argumentative bachelardienne, à écarter la possibilité théorique qu’un concept scientifique objectif soit dérivé ou obtenu à partir d’images psychiques selon un processus de génération continue (« filiation »), on occulterait plusieurs points décisifs que Bachelard ne manque pas de rappeler par ailleurs à différents endroits de son œuvre à propos de la nature de la psyché humaine, et qui convergent vers une conception dynamiste de la vie psychique, que ce soit dans sa ligne de développement rationnelle ou poétique, conceptuelle ou imageante.

Premièrement, il convient de rappeler que l’esprit n’est pas, selon Bachelard, une substance, qu’elle soit spirituelle ou pensante, mais plutôt une force ou une puissance, en sorte que c’est en termes d’activité, de fonctions et de dispositions qu’il faudrait considérer la réalité psychique, c’est-à-dire en termes d’énergie et d’action, et non en termes d’entités, d’objets ou de résultats. Plusieurs textes peuvent ici être convoqués pour étayer et illustrer cette idée-force. Tout d’abord, il convient de mentionner un passage qui se trouve dans la conclusion de la thèse principale de Bachelard en vue de l’obtention du doctorat, publiée sous le titre Essai sur la connaissance approchée en 1927. On peut y lire notamment qu’« on n’expliquera pas la pensée en faisant un inventaire de ses acquisitions, une force la parcourt dont il faut rendre compte »1. Par ailleurs, on peut rappeler un passage du Discours prononcé par Bachelard au Congrès International de Philosophie des Sciences de Paris en 1949, où celui-ci défend l’idée que « la pensée est une force, ce n’est pas une substance »2. Par ailleurs, si l’on regarde du côté de la conférence « De la nature du rationalisme »

1 ECA, p. 300.

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prononcée en 1951, on se rend compte que Bachelard défend la thèse surprenante du « tonus rationaliste » comme force ou élan innervant les actes de la pensée scientifique, dans le but de souligner que l’homme de science, loin d’être atone ou désincarné, pense avec « toutes les forces de son corps, toutes les forces vigoureuses, toute la vigueur de sa pensée »1. Finalement, si l’on reprend à nouveau le texte de La Poétique de la rêverie cité plus haut, on constate que Bachelard raisonne en termes de « puissances psychiques ». On peut encore souligner, pour insister sur cette dimension dispositionnelle de la pensée, que Bachelard, dans plusieurs textes disséminés dans les œuvres poétiques et épistémologiques, distingue la « fonction du réel » et la « fonction de l’irréel », en rappelant qu’elles sont d’égale dignité, et toutes deux essentielles au bon fonctionnement du psychisme humain. Comme le souligne par exemple Bachelard, toujours dans La Poétique de la rêverie:

Les exigences de notre fonction du réel nous obligent à nous adapter à la réalité, à nous constituer comme une réalité, à fabriquer des œuvres qui sont une réalité. Mais la rêverie, dans son essence même, ne nous libère-t-elle pas de la fonction du réel ? Dès qu’on la considère en sa simplicité, on voit bien qu’elle est le témoignage d’une fonction de l’irréel, fonction normale, fonction utile, qui garde le psychisme humain, en marge de toutes les brutalités d’un non-moi hostile, d’un non-moi-étranger2.

S’il convient de différencier l’usage de ces deux fonctions, de les faire opérer chacune dans son champ d’exercice propre, il ne semble pas pour autant que cette dualité implique nécessairement de les cliver au point de fragmenter l’esprit en deux entités substantielles. Bachelard souligne que ces deux fonctions sont distinctes mais également nécessaires, ce qui nous suggère que le problème réel de leur relation réside dans la manière de les articuler et d’alterner leur opérativité. Il nous semble par conséquent plus adéquat de penser que c’est au sein de la totalité complexe constituée par l’activité psychique effective, plutôt qu’à partir d’un « fond commun » originaire opaque, à supposer qu’une telle formule ait du sens, qu’il convient de penser la différenciation des fonctions et des opérations de l’esprit, en analysant l’activité psychique dans son déploiement interne, ainsi que dans la complexité de ses formes et manifestations concrètes. Finalement, on soulignera au passage que la lecture de Bachelard, tout autant qu’elle semble au premier regard confirmer la séparation

1 ENG, p. 48.

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ontologique des facultés, pourrait tout autant nous conduite à soulever une question naïve, que certains jugeront simpliste, mais qui se pose néanmoins : serait-il besoin de tant insister sur le travail de différenciation des deux pôles du psychisme si ceux-ci constituaient d’emblée des instances bien séparées, bien cloisonnées, indépendantes l’une de l’autre ? Serait-il nécessaire de traquer les amalgames, de veiller aux empiètements et interactions des fonctions, si l’esprit se caractérisait nativement par une dualité originaire ? Au regard de l’ensemble des textes disponibles sur la question, rien ne permet réellement de penser que Bachelard considère la raison et l’imagination comme des substances ontologiquement séparées (dualité inscrite dans l’être des choses), mais par ailleurs unies en l’homme dans le cadre de son existence concrète (union vécue dans l’expérience), dans le sens de ce qu’un Merleau-Ponty désignait comme une « diploplie »1 ontologique héritée du cartésianisme, consistant à cliver initialement l’être sans pouvoir le résorber. Bien au contraire, Bachelard semble tendre parfois vers une sorte de coappartenance originaire des pôles psychiques, ainsi que des instances subjectives et objectives à l’œuvre dans la représentation, qui ne sont pas d’emblée constitués comme des instances bien déterminées.

C’est ce que suggère par exemple la perspective, jamais démentie par Bachelard, de l’entre-implication initiale de l’homme et du monde, qui nous enjoint de penser que la rêverie intervient avant la pensée objective, dans le cadre d’une expérience où les instances de l’expérience de la conscience empiètent initialement les unes sur les autres. Pour aller plus avant sur cet aspect de la question, il faut procéder à l’analyse de deux textes déterminants écrits dans les années 1930, intitulés « Idéalisme discursif »2 (1933-1934) et « Le monde comme caprice et miniature »3 (1934-1935), à l’occasion desquels Bachelard commence à ébaucher une conception du sujet qui donne le primat à la libre rêverie sur la représentation claire et distincte, bien avant l’avènement des études spécifiques sur l’imaginaire poétique et la tétralogie dédiée aux quatre éléments matériels, où cette conception de la subjectivité s’approfondira de manière sensible. Bachelard établit alors, quelques années avant La Formation de l'esprit scientifique et La psychanalyse du feu, une conception du sujet qui implique de prendre en considération, pour bien comprendre les lien intimes et premiers de l’homme au réel, l’effet de perturbation que les affects et la rêverie déterminent sur son appréhension immédiate du milieu et des choses. Or il faut

1 Sur la nature, les propriétés et le sens de la « diploplie » chez Merleau-Ponty, on consultera notamment R. Barbaras, De l’être du phénomène. Sur l’ontologie de Merleau-Ponty, Éditions Jérôme Million, 2001 ; et E. de Saint Aubert, Vers une ontologie directe. Sources et enjeux critiques de l’appel à l’ontologie chez

Merleau-Ponty, Paris, Vrin, 2006. 2 ETU, pp. 77-85.

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souligner qu’une telle conception de la nature de la subjectivité se construit, pour schématiser ici à grands traits, en rupture avec les deux doctrines majeures issues de la tradition philosophique : 1) non seulement une rupture avec la conception idéaliste d’un sujet originairement constitué, équipé de structures mentales a priori et de déterminations cognitives qu’on peut qualifier d’innées – « prêtes à l’emploi » – ayant pour fonction d’ordonner les données sensible primitives issues de la sensation, en vue de la constitution d’une représentation objective cohérente de la réalité, et de l’organisation de l’expérience du sujet ; 2) mais aussi une rupture avec la conception empiriste d’un sujet caractérisé par une réceptivité vierge, neutre ou indifférente, dans le sens d’un sujet percevant quelconque, disponible pour l’expérience de la perception des choses et l’observation des phénomènes, dont une image mentale du réel dérivera selon des lois d’association, et par mémorisation. Se démarquant nettement de ces deux orientation traditionnelles, Bachelard nous propose par conséquent une « troisième voie », qui n’est pas loin de le rapprocher des vues spéciales du Merleau-Ponty de la phénoménologie de la perception, ou du Husserl de la théorie du monde de la vie, à savoir une conception particulière du sujet pensant, selon laquelle il n’est pas originellement constitué, ni indifféremment disponible pour la perception des choses, mais se constitue progressivement voire dialectiquement en tant que sujet, en corrélation et en covariance avec des instances d’extériorisation.

Le sujet tel que le conçoit Bachelard ne semble donc pas délié de son premier rapport intime avec le dehors, qui se joue dans l’expérience d’un monde qui est d’abord appréhendé dans sa globalité, voire de manière confuse. Le sujet se constitue en fonction de ses actes psychiques concrets, qui doivent se comprendre comme des comportements au contact du monde et des êtres, par lesquels il pourra progressivement déformer sa perception première, et rectifier ses représentations initiales, afin de se constituer comme sujet en face d’objets. Sans entrer dans le détail des analyses que développent Bachelard dans les deux textes mentionnés plus haut, dans la mesure où nous en détaillerons plus loin certains points en abordant la question de la métapsychologie bachelardienne, il nous suffira ici de restituer le mouvement général de la réflexion proposée par Bachelard dans ces deux articles, publiés initialement dans la revue Recherches philosophiques, et leurs points de convergence. Le premier point focal sur lequel nous insisterons, est l’idée que le rapport d’un sujet donné à des objets déterminés n’est pas initial, mais le résultat d’un processus de réduction, que Bachelard présente, en procédant notamment à une analyse de la représentation visuelle, sous l’angle de l’« accommodation ». Il faut remarquer ici, au passage, que le schème de l’accommodation sera repris par Bachelard dans sa conférence « Univers et réalité »,

prononcée à Lyon en 1939. Bachelard y défendra l’idée, déjà présente dans les textes des années 1933-1935, que la pensée d’objet (le détail particulier) vient après l’appréhension du monde (la globalité). Voilà ce qu’affirme notamment Bachelard dans la conférence :

En réalité, je ne pense que lorsque j’accommode. Je ne conçois guère de pensée sans une certaine énophtalmie, sans un grossissement du cristallin, et lorsque je cesse d’accommoder, de regarder au punctum proximum, j’ai l’impression que je parcours l’axe des évasions, que mon esprit part, doucement, en vacances et que peu à peu la rêverie – cette antithèse de la méditation – reprend ses droits. Dès lors, dans mon cas personnel, cas dont j’avoue le caractère anormal, l’idée d’Univers se présente comme une antithèse de l’idée

d’objet. Cette idée est, pour moi, contemporaine d’une détente de

l’objectivation. Plus mon attitude d’objectivité s’amollit, plus grand est le monde. L’univers est l’infini de mon inattention.

Où puis-je alors trouver les premiers caractères de mon idée d’Univers ? Ce ne peut être qu’au moment où mon idée d’objet se désorganise, où l’objet se déforme, se dilue, se dissout. L’idée d’Univers réalise, de mon point de vue, une

perte de structure. Une observation sur la réalité devient une induction sur

l’Univers dans la mesure où elle réalise un point de vue particulier, où elle s’hypnotise sur un phénomène particulier. Universaliser, c’est s’hypnotiser1.

Dans cette perspective, qui présuppose une implication réciproque de l’homme et du monde, une sorte de « reliance » psycho-cosmique précédent la dissociation des pôles du sujet et de son objet corrélatif, on comprend que pour Bachelard voir et penser un objet relèvent d’une même opération, caractérisée par une modification du champ perceptif émanant initialement de la sensation rêveuse (saisie globale et confuse du monde), en vue d’un augmentation de la netteté et de la précision des perceptions, réduction par laquelle le sujet s’arracherait à une appréhension globale du réel grâce à un effort d’attention orienté vers les détails de l’expérience. Cela signifie que pour Bachelard l’expérience perceptive immédiate des choses, loin de dépendre d’une vision d’emblée objective ou de la réception passive d’un stimulus sensoriel, résulte bien plutôt d’une sorte de « rêverie visuelle »2. Nous commencerions ainsi par appréhender le monde au seuil d’une rêverie, comme totalité et comme unité, dans une zone moyenne où les deux pôles de l’esprit et du monde sont pris

1 ENG, pp. 103-104.

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dans un dialogue antérieur à la polarisation cognitive du sujet face à l’objet, qui intervient avant que le sujet ne soit réellement en mesure de décomposer le monde en sensations distinctes (atomes perceptifs) et en unités de pensée (concepts), à savoir de distinguer des objets et d’isoler des centres de perception sur lesquels, par la suite, pourront se construire des pensées claires (connaissance objective) et des actions réfléchies (action contrôlée). L’expérience première du sujet, telle que la comprend Bachelard, semble bien de nature sensible et sensorielle, mais elle apparaît sur le fond d’une sensation globale du monde, désignée à diverses reprises dans La Psychanalyse du feu sous le terme de « cinesthésie », qui précèderait le découpage de l’expérience en sensation localisées. Comme le souligne Bachelard, l’occasion d’une réflexion sur le caprice, compris comme disposition subjective déterminant la première saisie du réel, et les premiers découpages du monde en objets en fonction de la partialité de nos préférences et de nos intérêts irréfléchis :

Les saccades de la conscience déterminent des condensations sur place de la rêverie, de sorte que les premières concrétisations de la représentation visuelle se forment d’abord non pas où sont les objets dans la réalité même, mais où nous venons de les rêver. […] Ne disons pas trop vite que la raison met le sceau de son unité sur le Monde, voyons plutôt comment l’esprit commence par briser la première image du gré des fantaisies d’appréhension. Nous verrons alors que la perception est plutôt anticipation que souvenir, qu’elle procède moins de l’excitant objectif que de l’intérêt subjectif, que la prospection suggestive domine l’inspection objective. […] Un point cependant que nous voudrions faire ressortir, c’est qu’un métaphysicien ne peut se fixer dans la zone moyenne de la représentation sans de constantes références à la rêverie d’une part, à la fantaisie des caprices de l’autre. La représentation claire, c’est la représentation appauvrie, c’est le Monde décomposé, c’est la volonté enchaînée, double défaite de l’unité et de la diversité, compromis où la rêverie se décourage et où le jeu des possibilités épistémologiques s’appauvrit. […] Nous voyons de prime abord l’objet à la distance où nous le projetons plutôt qu’à la distance où il est réellement, ce qui prouve que la représentation se forme sur le site de l’imagination. […] Le germe de la représentation, avant de devenir un point précis, avant de se rapprocher du point réel, a été un point imaginaire situé au centre d’une rêverie ou d’un souvenir1.

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On comprend, en suivant le fil de cette clarification de la conception de la nature de la