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spécifique – L’apprentissage par les médias

Les jeunes manquent souvent de motivation pour acquérir de nouvelles connaissances, et l’adoption de médias dans les environnements d’apprentissage peut susciter cette motiva-tion et accroître leur intérêt pour divers sujets. La réalisamotiva-tion d’un film personnel ou d’une in-terview professionnelle, par exemple, ne leur apporte pas uniquement des compétences méthodologiques, mais les encourage également à traiter plus minutieusement un sujet spécifique.

Dans le cadre de contextes institutionnels, les élèves sont en outre contraints de présenter le résultat de leur processus d’apprentissage avec, souvent, à la clé, une évaluation. Aupa-ravant, les professeurs testaient les élèves pour évaluer leurs forces et leurs faiblesses. Les tests étaient généralement basés sur des compétences de reproduction, comme la mémorisation de faits et données. Mais aujourd’hui, le système scolaire tend à promouvoir la pensée productive, et les compétences de résolution de problèmes. Cette nouvelle approche dé-place l’accent sur l’acquisition de compétences plutôt que de savoirs. De nouvelles méthodes d’évaluation doivent dès lors être élaborées, comme les travaux en projet ou les présentations.

De même, les applications créatives et productives des nouveaux médias peuvent servir à favoriser l’apprentissage et accroître la motivation des apprenants.

Il convient en outre de s’interroger à nouveau sur les objectifs de l’école : S’agit-il de ré-péter à l’infini des savoirs culturels ? Ou serait-il plus intéressant de collaborer avec les jeunes et de les aider à résoudre les problèmes d’une manière qui les interpelle. En apprenant une langue via l’utilisation du web, par exemple, chaque élève peut réfléchir sur l’intérêt de tout mettre sur Internet : toutes les erreurs, tous les commentaires du professeur. L’utilisation d’un média modifie la relation entre professeur et élève. Chacun doit effectuer les tâches qui lui sont imparties, résoudre certains problèmes. La traditionnelle relation hiérarchique se trans-forme en démarche coopérative. Les jeunes ressentent par conséquent moins de pression, même s’ils doivent organiser leur apprentissage de façon plus autonome. Cependant, l’apprentissage via un nouveau média réduit également les contacts personnels entre pro-fesseur et élève ou entre condisciples. Or, l’on sait que les interactions personnelles comme le feedback critique ou la reconnaissance possèdent un impact non négligeable sur les ré-sultats de l’apprentissage et le développement personnel. Nul doute, dès lors, que l’utilisation des nouveaux médias dans les environnements d’apprentissage doive être évaluée très sé-rieusement.

Exemple : production d’un film d’animation pour étudier l’histoire de l’Union européenne

En Allemagne, des étudiants se sont vu proposer de travailler sur l’histoire européenne.

L’intérêt d’étudier avec eux la fondation de l’Union européenne via la réalisation d’un film d’animation image par image s’est avéré triple :

• Apprendre comment réaliser un film

• Utiliser un langage avec des signes et des symboles que tout le monde peut comprendre

• Apprendre rapidement des informations concernant les années charnières de la fondation de l’UE

Les étudiants ont mis au point une scène avec des personnages en pâte à modeler, des étoiles et des feuilles de papier sur lesquelles étaient inscrites les années. Ils ont ensuite pris des photos (12 par seconde) et les ont chargées dans « MovieMaker ». Pour terminer, ils ont ajouté le titre et les noms des auteurs, et présenté leur film à leurs condisciples.

Conclusion

L’éducation aux médias représente plus que la production créative d’un film, d’une bande dessinée, d’une nouvelle page d’accueil ou d’une sonnerie de mobile. L’éducation aux médias fait partie intégrante du processus de libération des enfants et des jeunes, leur permet de prendre conscience des choses, de se positionner de manière critique et indé-pendante par rapport à ce que l’industrie des médias met à leur disposition. Mais d’abord, ils doivent apprendre à utiliser les différents types de médias.

Des philosophes et des écrivains comme Berthold Brecht, Walter Benjamin et Hans-Magnus Enzensberger ont insisté sur le fait que les individus devraient produire leur nouveau moi, car chaque système social tente de supprimer l’information. Nous savons, en effet, et la révolution en Iran (Perse) nous l’a encore démontré, que celui qui détient l’information détient le pouvoir. L’éducation aux médias n’implique pas uniquement d’être à même d’uti-liser les divers gadgets et appareils, mais d’être conscient des différentes manières d’appliquer cette connaissance, et de leurs implications sur autrui.

Par conséquent, si un simple sender peut être utilisé pour publier de la pornographie infantile, il peut également l’être comme bannière de liberté. L’utilisation créative et produc-tive des médias augmente la conscience de leur application imaginaproduc-tive et pratique. La créativité doit dès lors être intégrée dans le concept d’éducation aux médias, et dans les projets visant à promouvoir le développement de compétences similaires.

En outre, les jeunes et, particulièrement, les garçons et les filles entre 12 et 18 ans, éprouvent un grand besoin de s’exprimer, car ils sont en quête de leur identité. Ils jouent avec les rôles et les modèles, ils se mettent en scène dans des vidéos et publient leur photo sur les sites de communautés ou sur youTube. Il s’agit là d’une manière de se représenter et d’im-poser leur identité face à leurs pairs ou à des inconnus. Ils recherchent une réaction à leur comportement, de la part des autres jeunes, mais également des adultes. La créativité dans l’expression de soi est une méthode d’expérimentation de ses diverses identités, mais les jeunes sont surtout en quête de limites, pas en ce qui concerne leur look, sans doute, mais de limites en matière de vie sociale. À cet égard, l’éducation aux médias devrait leur fournir de nouveaux modes de communication. Tout en soulignant le fait que chaque individu porte la responsabilité sociale des effets de leur utilisation.

En tant que méthode d’apprentissage, la créativité dans les médias peut certes motiver, mais seulement si le professeur est un réel expert des médias. La démarche ne fonctionne en outre que parce qu’elle est neuve. Et devrait dès lors être envisagée comme une méthode d’apprentissage parmi d’autres qui, une fois passé le cap de la nouveauté, ne s’avérera pas plus performante qu’une autre.

Il n’en demeure pas moins que le fait de jouer avec les médias, de créer des produits médiatiques et d’utiliser les médias comme motivation à l’apprentissage peut s’avérer utile pour les jeunes de tous âge et de tous horizons sociaux.

Dr. Ida Poettinger | Institute for Media Research and Media Education