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Les spécificités mésoindiennes à Saint-Martin : étude diachronique et comparaisons régionales.180

3 L’APPORT DES GISEMENTS SAINT-MARTINOIS A LA PREHISTOIRE DES PETITES

3.2 UNE NOUVELLE VISION DU MESOINDIEN

3.2.2 Les spécificités mésoindiennes à Saint-Martin : étude diachronique et comparaisons régionales.180

11 Carotte GC1.

Grandes Antilles, dans les sédiments du lac Miragoane à Haïti (Higuera-Gundy et al. 1999) ainsi qu’à Porto Rico dès 6000 BP (Burney, Burney 1994) où ils ont été également attribués à des interventions anthropiques précoces.

3.2.2 Les spécificités mésoindiennes à Saint-Martin : étude diachronique et comparaisons régionales

3.2.2.1 Les économies de production mésoindiennes

3.2.2.1.1 L’industrie lithique mésoindienne de Saint-Martin

3.2.2.1.1.1 Principaux traits des productions

Il est pour le moment délicat de discerner une évolution au sein des productions lithiques de Saint-Martin durant le Mésoindien, mais quelques grandes tendances se dégagent. Pour le stade 1, un seul galet-nucléus et son éclat attestent de la taille de la pierre. Pour le stade 2, les données sont beaucoup plus fournies avec les séries conséquentes d’Etang Rouge et de Norman Estate (Knippenberg 1999a, Fouéré 2005). Globalement sur ces deux gisements, des matériaux similaires ont été employés comme support et le principal est du silex (Knippenberg 1999a, Fouéré 2005). Il est exploité pour la production d’éclats de petit module, dont des éclats kombéwa, obtenus avec des méthodes de débitage rudimentaires, par percussion lancée au percuteur dur (Knippenberg 1999a, Fouéré, Chancerel 2006). Sur le site d’Etang Rouge toutes les phases du débitage du silex sont représentées et cette matière première a été apportée brute sur le site comme en témoignent les éclats corticaux, par ailleurs absents du site de Norman Estate. On rencontre sur les deux gisements des « éclats-nucléus ». Des nucléus à débitage bipolaire sont identifiés à Norman Estate et à débitage centripète à Etang Rouge (Knippenberg 1999a, Fouéré 2005). Cette industrie, constituée de petits éclats, ne comporte que de très rares outils, quelques encoches, denticulés et perçoirs (Knippenberg 1999a, Fouéré 2005). Parallèlement on identifie des meules ou polissoirs et des enclumes sur galets présentant une cupule, des percuteurs et à la fin de ce stade 2, de probables lames de haches retrouvées très érodées (Fouéré 2005). Elles attestent du polissage de la pierre dès le stade 2. C’est également durant ce stade que sont mises en évidence les premières utilisations de nodules d’oxyde de fer, probablement comme colorants et d’argile crue. Concernant les sites de Trou David 1, Pointe du Bluff, Salines d’Orient et Baie Longue 2, les interventions limitées à des relevés stratigraphiques ou à des sondages de petite superficie, ne permettent pas de parallèles pertinents, si ce n’est par la présence de petits éclats de silex. On notera sur le site de Pont de Sandy Ground la présence de galets à rainures énigmatiques, rappelant les productions casimiroïdes des Grandes Antilles.

Au Stade 3, deux principales composantes se dégagent de l’industrie lithique de Baie Orientale 1 (Fouéré, Chancerel 2006). D’une part, une production d’éclats de petites dimensions comportant de rares outils comme durant le stade 2, et d’autre part, des éléments plus prestigieux : des mortiers ou vases en pierre, une pendeloque et des objets à caractère symbolique découverts dans un dépôt (Fouéré, Chancerel 2006). Dans l’ensemble les mêmes matières premières sont exploitées que durant le stade 2, mis à part les calcaires gris provenant de Saint-Barthélemy et ayant servi de support aux éléments symboliques (Stouvenot, Randrianassolo 2006a). Les techniques recensées sont toujours la taille par percussion lancée au percuteur dur et peut-être le débitage sur enclume. Le bouchardage par piquetage et le polissage sont attestés. L’industrie sur silex produit surtout des petits éclats comme durant la phase précédente. Ils sont également obtenus à partir des « éclats-nucléus » et correspondent en partie à des burins et à des éclats kombéwa. On note la présence d’encoches et de denticulés (Fouéré, Chancerel 2006). Aux côtés de ces productions on retrouve également le cortège des meules ou polissoirs, des galets utilisés comme percuteur, nucléus ou en tant qu’enclume, comme durant le stade 2 (Fouéré 2005). De nombreux éléments ne présentent pas de transformation et particulièrement les galets, récurrents sur tous les sites.

3.2.2.1.1.2 La fonction des petits éclats

Comme l’industrie sur silex est prépondérante et qu’elle ne vise pas particulièrement la production d’outils mais à l’obtention de tranchants de bonne qualité, les spécialistes se sont interrogés sur la fonction des petits éclats, en particulier sur le site de Baie Orientale 1 (Fouéré, Chancerel 2006). Ces éléments ne paraissent pas entrer dans la chaîne opératoire du débitage des lames sur coquille ni dans la consommation des coquillages et on voit mal de quelle façon ils ont participé à la vie quotidienne de ces communautés. I1 est donc envisagé que ces éclats aient pu être enchâssés sur un support de bois servant au traitement de tubercules ou de divers végétaux dans un contexte proto-agricole (Fouéré, Chancerel 2006). L’existence d’une agriculture archaïque embryonnaire a par ailleurs été attestée par des recherches paléobotaniques dans l’aire caraïbe (Newsom 1993, Jones 1994, Newsom, Pearsall 2002, Págan Jiménez et al. 2005, Rodríguez Ramos, Pagán Jiménez 2007). Les mortiers et les pilons présents sur les sites mésoindiens ont été également mis en rapport avec la consommation de graines, de baies ou de tubercules également dans un contexte proto-agricole (Keegan 1994, Davis 2000, Hofman et al. 2006). Récemment des traceurs du manioc ont été identifiés en contexte précéramique dans les Grandes Antilles sur des objets de mouture (Rodríguez Ramos 2005, Pagán Jiménez, Rodríguez Ramos 2007). Ainsi la possibilité que les petits éclats de silex aient pu être utilisé pour le traitement de tubercules dans une forme d’agriculture archaïque permettrait d’élucider leur fonction (Briels 2004).

3.2.2.1.1.3 En conclusion

Les vestiges lithiques récoltés sur les gisements de l’île montrent que ces populations n’ont pas eu besoin de développer des technologies sur pierre très élaborées pour leurs modes de vie. Si l’on attribue facilement une fonction aux meules ou polissoirs, aux enclumes, aux probables lames de haches, aux mortiers ou vases en pierre, en revanche les éléments aux formes étranges et les petits éclats soulèvent encore des interrogations. Cette industrie en est d’autant plus intéressante, mais son étude est bien plus complexe en l’absence de schémas préétablis. La pauvreté en outils et l’absence de référentiels expérimentaux dans ce contexte antillais ne facilitent guère sa compréhension. Toutefois, il ne faut pas négliger son importance comme le suggère la présence du silex, matière exogène à l’île, dont l’approvisionnement a demandé un investissement certain. Il faut ajouter aussi qu’une part de cet outillage est peut-être absente, comme en témoignent les roches en cours de désagrégation retrouvées sur les sites d’Etang Rouge 1 et de Baie Orientale 1. D’une façon générale il reste difficile de définir précisément à quel titre les objets produits participaient à la vie quotidienne de ces groupes.

3.2.2.1.1.4 Le contexte régional

D’une façon globale, les traits principaux de la plupart des séries lithiques mésoindiennes des Petites Antilles sont la production d’éclats non retouchés sur silex ou sur roches siliceuses et la rareté des outils. Des éléments de mouture y sont généralement associés et on note en particulier l’utilisation de galets. Des objets plus prestigieux, généralement en pierre polie, sont décrits mais souvent hors contexte stratigraphique. Certains de ces aspects se retrouvent sur quelques gisements.

Les occupations précoces, antérieures au stade 1 de Saint-Martin, sont représentées uniquement par les gisements des îles de Trinidad et Tobago (fig. 488), Banwari Trace, Poonah Road et Milford dont l’ancienneté tient au contact avec le continent sud-américain (Boomert 2000). Le complexe Banwari Trace comprend de nombreux éléments de mouture, des pilons coniques, des mortiers et des meules, des pierres à broyer et des polissoirs latéraux. On retrouve également des percuteurs et des haches à gorge. Les vestiges de la taille de la pierre fournissent des nucléus et des éclats de silex non retouchés ainsi que des choppers (Rouse 1970, Veloz Maggiolo 1991, Boomert 2000).

La majorité des gisements se place durant le stade 2 du Mésoindien comme c’est le cas à Saint-Martin (fig. 488). Dans le sud des Petites Antilles, les sites sont quasiment absents mis à part celui de Heywoods à la Barbade (Drewett 1995), alors qu’ils sont bien représentés dans la moitié Nord de l’archipel. On recense en Guadeloupe les sites de Morel zéro, Porte

d’Enfer et Baie du Nord-Ouest. Plus au nord des occupations mésoindiennes sont connues par les sites Jolly Beach à Antigua (Davis 1974, 1993, 2000), River Site à Barbuda (Watters et al. 1992), Sugar Factory Pier à St. Kitts (Godwin 1978, Armstrong 1978, 1980) et les gisements de Fort Bay (Roobol, Smith 1980) et Plum Piece à Saba (Hofman, Hoogland 2003) ainsi que Whitehead’s Bluff à Anguilla (Crock et al. 1995). Dans le secteur des Iles Vierges des occupations mésoindiennes du stade 2 sont reconnues à Krum Bay à St Thomas (Lundberg 1991) et à Caño Hondo à Vieques (Figueredo 1974). Une grande partie de ces gisements n’est attestée que par une datation radiométrique et les productions lithiques sont rarement décrites.

Récemment en Guadeloupe, de nouvelles occupations mésoindiennes ont été découvertes. Le site de « Morel zéro » situé au Moule a été identifié par Christian Stouvenot en 2005 à l’emplacement du site néoindien par ailleurs connu (Clerc 1968, Delpuech et al. 2002). Des vestiges de Strombus gigas ont été découverts à la suite d’une tempête, dont des labres débités pouvant entrer dans la chaîne opératoire du façonnage des lames sur coquille tel qu’il est décrit à Baie Orientale 1. Dans le même secteur, deux datations au radiocarbone ont été réalisées sur des fragments de strombes pris dans une dalle de beach rock. Ils ont fourni deux résultats soit 1592-1292 BC et 1602-1303 BC, en années calibrées à 2 sigma de probabilité (communication personnelle Christian Stouvenot).

Le site de Baie du Nord Ouest, également situé au Moule, a été découvert en 2004 par Christian Stouvenot sur une plateforme calcaire à 3 m au-dessus du niveau de la mer. Les vestiges correspondent à un niveau coquillier qui s’étend sur environ 100 mètres de longueur et dix mètres de largeur. Un sondage a permis d’identifier un niveau coquillier remanié au sommet de la séquence, et à la base, un niveau non perturbé pour lequel une datation sur strombe a fourni un âge de 535-185 BC en années calibrées, 2 sigma de probabilité (communication personnelle Christian Stouvenot). Quelques éléments lithiques et des fragments de coquilles relevant de la production de lames ont été observés. Une lame ramassée en surface a produit une date plus ancienne que celle du sondage soit 1353-993 BC, en années calibrées, à 2 sigma de probabilité (communication personnelle Christian Stouvenot). Ces résultats indiqueraient la fréquentation du site à différentes périodes, comme c’est en somme souvent le cas durant le Mésoindien. Un autre indice d’occupation mésoindienne correspond à une lame sur Strombus gigas issue du dépotoir néoindien du site de Porte d’Enfer à Anse Bertrand, en Grande-Terre de Guadeloupe. Cette lame, datée de 1743-1596 BC à 2 sigma de probabilité (Lefebvre 2001), pourrait révéler la présence d’une occupation mésoindienne dans le secteur. On relève à Saint-Martin l’absence totale du débitage laminaire, signalé dans les Grandes Antilles et uniquement attesté à Jolly Beach sur l’île Antigua, qui constitue une

exception dans les Petites Antilles (Davis, 1974, 1993, 2000). En premier lieu il faut souligner qu’une seule datation a été réalisée lors des recherches de 1973 soit 3775 ± 90 BP, 2269 à 2204 BC, et que l’auteur distingue une occupation plus ancienne dans la partie centrale du site (Davis 1982, 2000). Les investigations anciennes avaient par ailleurs fourni une date de 1589 BC (Davis 1993). Les productions lithiques consistent en des éclats, des lames retouchées et des objets polis. La production de lames retouchées rappelle ici la tradition paléoindienne casimiroïde des Grandes Antilles (Nicholson 1976a, b, Davis 1974, 1982, 1993, Callaghan 1990). Certains auteurs voient également des influences casimiroïdes mais dans une moindre mesure, à Whitehead’s Bluff sur l’île d’Anguilla où quelques lames ont été également retrouvées (Crock et al. 1995). Deux lames de silex isolées, découvertes à The Level à Saba (Hofman et al. 2006) pourraient signaler une plus grande fréquence de ces productions dans les Petites Antilles. Le site de Plum Piece également sur l’île de Saba a fourni des éclats de silex de taille et de forme très variables ainsi que des outils de mouture (Hofman, Hoogland 2003).

Dans les Iles Vierges, les sites de Caño Hondo (Figueredo 1976) et de Krum Bay (Lundberg 1991) ont fourni des polissoirs latéraux qui apparaissent comme caractéristiques ainsi que divers objets de mouture. Ils sont associés à un débitage d’éclats sur des roches locales, à des ciseaux en pierre partiellement polis et à des pendeloques.

Les gisements datés du stade 3 sont la Pointe des Pies en Guadeloupe (Richard 1994a, b), Hichmans Shell Heap à Nevis (Wilson 1989, 2006) et Corre Corre Bay à Saint-Eustache (Versteeg et al. 1993, Delvoye 1994). Ces sites ont fourni du silex mais les productions sont peu documentées aussi les comparaisons sont délicates. Le contexte géomorphologique du site de Pointe des Pies à Saint-François est comparable à celui des gisements côtiers de Saint-Martin. En effet, le site est implanté sur un cordon sableux isolant une lagune de la mer. Les vestiges ont été repérés sous des niveaux cedrosan-saladoïdes, dans un sédiment vaseux, entre 0,10 et 0,50 m sous le niveau de la mer. Une datation a fourni un résultat de 2830 ± 50 BP soit 771-461 BC (Richard 1994a, b). Ce niveau inférieur comportait du silex débité associé à des coquilles de mollusques marins.

On remarquera par ailleurs que de nombreux outils en pierre alliant les techniques de percussion, de bouchardage et de polissage ont été retrouvés sur la majorité des îles des Petites Antilles, souvent hélas hors contexte stratigraphique. Ces outils ont la plus part du temps des formes très étonnantes, dont l'utilisation reste assez énigmatique, comme dans le cas de ceux de Baie Orientale 1. Ces éléments sont par ailleurs absents en contexte néoindien et il apparaît maintenant certain qu’ils sont l'oeuvre des populations mésoindiennes. A Nevis, il faut noter la présence d’un dépôt lithique non

daté, dénommé « The cache at the 17th hole » qui apparaît comparable à celui de Baie Orientale 1. En effet, un ensemble d’éléments façonnés par piquetage et polissage sur une roche noire, y a été retrouvé dont un mortier ou vase en pierre et des objets symboliques aux formes étranges, typiquement mésoindiennes (Wilson 2006). En Martinique, les sites de Boutbois et Le Godinot ont été attribués au Mésoindien (Rouse 1992), bien qu’ayant fourni des datations radiométriques dans la période néoindienne (Allaire, Mattioni 1983). Ces sites ne sont pas côtiers et leur principale caractéristique est la présence de lames de hache en pierre, de polissoirs latéraux, de percuteurs, de meules et de mortiers. L’industrie taillée a fourni des éclats, des nucléus et des choppers (Allaire, Mattioni 1983). Il n’y a pas de restes de faune consommée et il s’agit vraisemblablement de sites spécialisés dans des activités techniques. Une analyse de ces gisements supposés mésoindiens et de celui de la Savane des Pétrifications, a montré que le mobilier lithique ne permettait pas d’attribution culturelle certaine à cette période (Bérard 2002). Récemment en Martinique, une nouvelle occupation « Séguineau, Collège » découverte dans un contexte environnemental similaire a révélé un assemblage lithique comparable dont une forte proportion de polissoirs latéraux (Casagrande 2006). Ce site est attribué au cedrosan-saladoïde ancien compte tenu de la présence de quelques éléments céramiques.

Ainsi de grandes tendances émergent des productions lithiques mésoindiennes qui montrent de nombreux traits communs, même si certaines occupations se distinguent par une production laminaire à Jolly Beach (Davis 2000) et quelques lames isolées à Whithhead’s Bluff (Crock et al. 1995) et à The level (Hofman et al. 2006).

3.2.2.1.2 L’industrie sur coquille

On constate une certaine unité, voire une certaine monotonie de l’industrie sur coquille, tant au niveau du support utilisé, Strombus gigas, que des réalisations puisqu’elle n’a produit pratiquement que des lames pendant plus de trois millénaires. On ignore leurs modalités d'utilisation et leur fonction n’est pas attestée à ce jour, aussi on s’en tiendra aux hypothèses les plus probables. La forme, généralement torse et peu équilibrée de ces outils, les prédestinerait plutôt à une utilisation en percussion posée que lancée, mais certaines pièces sont plus régulières et ont pu fonctionner comme des herminettes. En fait, la variété des tranchants est telle que ces lames ont pu avoir plusieurs modes d’utilisation, sorte d'outil multifonctionnel, adapté à diverses activités, pour lequel la forme n’est pas primordiale pour son usage. On ne sait si ces lames ont pu être emmanchées. Comme pour le cas de l’industrie lithique, ces interrogations ne trouveront probablement de réponses qu’à travers une étude tracéologique. La série de Baie Orientale 1 offre toutes les qualités requises pour ce type d’analyse : importance numérique, fraîcheur des pièces, contexte culturel clairement défini. On suppose que ces outils

étaient destinés à travailler le bois et comme le suggère l’atelier de Baie Orientale 1, ils ont peut-être servi à l’entretien ou à la fabrication des embarcations, des pagaies et de tout autres instruments en bois nécessaires à la vie des communautés mésoindiennes.

C’est au début du stade 2 que les plus anciennes lames sur strombe sont datées entre 2549 et 2335 BC à Etang Rouge 1 (tab. 1) et entre 2544 et 2188 BC à Pont de Sandy Ground 2 (tab. 2). Ces outils sont récurrents sur pratiquement tous les sites mésoindiens des Petites Antilles et comme nous le verrons plus loin sur la majeure partie des sites néoindiens. Il a parfois été relevé que certaines formes d'outils étaient plus caractéristiques de certaines périodes. La série de lames de Baie Orientale 1 et celles des autres gisements, illustre une variété de faciès qui préconise la prudence en ce qui concerne une éventuelle typologie de cet outil, à la fois transculturel et probablement polyvalent, qui démontre qu'il est vain de définir un type mésoindien. Sur les sites d’Etang Rouge 3 au stade 1 du Mésoindien et de Baie Orientale 1 au stade 3 (Serrand 2001, 2006), des coquilles évidées de grands gastéropodes, Strombus gigas et Cassis sp. constituent la seule production sur coquille se distinguant des lames. Ces éléments ont pu être utilisés comme récipients. Des strombes évidés ont été également identifiés sur le site de Whitehead’s Bluff à Anguilla, associés à des lames sur coquilles (Crock et al. 1995). Ce type de productions est attesté sur les sites casimiroïdes des Grandes Antilles (Rouse 1992).

Le site résolument atypique de Jolly Beach se démarque par une production inhabituelle d’outils sur coquille. On y retrouve les lames « classiques » sur labre de strombe mais également des gouges décrites comme étant taillées dans la partie courbe du corps du coquillage, elles ne sont malheureusement pas représentées. Comme ces éléments ne sont pas façonnés par abrasement ou par polissage, l’auteur souligne qu’il pourrait également s’agir de sous-produits de débitage (Davis 2000). Ce type d’élément a été fréquemment décrit dans la littérature archéologique pour certains sites, dont celui de Salines d’Orient à Saint-Martin (fig. 82). Au nord, dans les Iles Vierges, les sites de Caño Hondo (Figueredo 1976, Gross 1976) et de Krum Bay (Bullen 1973, Gross 1976, Lundberg 1991) se distinguent par une production de perles et de pendeloques.

3.2.2.1.3 L’industrie sur corail

La présence de fragments de coraux est quasiment systématique sur les gisements précolombiens des Petites Antilles. Globalement, les observations effectuées sur la Caraïbe, de Trinidad aux Bahamas, montrent, toutes cultures confondues, que ce sont les Acroporidae et les Poritidae les plus communément utilisés (Veloz Maggiolo et al. 1976, Steenvoorden 1992, Rostain 1997, Bonnissent, Mazeas 2006a). Ces

vestiges ont été très peu documentés pour la période mésoindienne.

A Saint-Martin, l’exploitation du corail au Mésoindien est représentée par les restes des gisements de Baie Orientale 1 et d’Etang Rouge. Sur le site de Baie Orientale 1, les fragments de coraux utilisés sont principalement des tronçons d’Acropora palmata et dans une moindre mesure d’Acropora cervicornis (Bonnissent, Mazeas 2006a). On retrouve également à Etang Rouge la présence de tronçons d’Acropora palmata mais également des blocs de corail-cerveau (Bonnissent 2005). Les tronçons de coraux branchus, sortes de limes ou de râpes, sont associées aux aires d’occupation avec les autres produits des industries lithiques et sur coquille. La présence massive d’Acropora palmata à Baie Orientale 1 révèle que les besoins en cette espèce étaient assurément les plus importants. Cependant