• Aucun résultat trouvé

2 LA SEQUENCE DES GISEMENTS SAINT-MARTINOIS

2.2 LE NEOINDIEN ANCIEN

2.2.2 Ilet Pinel Ouest

2.2.2.4 Résultats des recherches

2.2.2.4.1 Délimitation du gisement

Comme les observations de terrain indiquent que le mobilier précolombien provient du secteur central de

l'anse, 11 sondages de reconnaissance de 0,50 x 0,50 m de côté ont été implantés autour de cette zone à topographie horizontale, propice à l'implantation humaine. Les séquences stratigraphiques y sont assez variables (fig. 351).

Du nord vers le sud, les sondages 4 et 3 sont situés sur la plage dans une légère dépression topographique de forme ovalaire. Le sondage 3 présente une séquence stratigraphique assez particulière et l’on observe de la base au sommet (fig. 351) :

- (4) un sable brun clair stérile,

- (3b) un sable limoneux brun à racines, comportant une fraction argileuse saumâtre,

- (3a) de fins niveaux sableux damés, avec une composante terrigène. Ils sont interprétés comme le résultat d’effets de piétinements relativement récents, - (2) un épais dépôt de sable corallien beige clair, légèrement lité. D'une épaisseur de 0,50 m, il est relativement homogène et contient du mobilier actuel. Il est interprété comme un dépôt de marée de tempête qui s’est mis en place sur l’ancien niveau de sol (3a). D'après les données archéologiques et celles d’informateurs locaux ce dépôt serait relatif au cyclone « Luis » qui a dévasté l’île en 1995. La population qui fréquente cet îlet, relate effectivement à l'emplacement des sondages 3 et 4 la présence d’une mare où l'on venait chasser les crabes avant le cyclone Luis.

- (1) un niveau de sable coquillier beige clair légèrement lité.

La séquence du sondage 4 présente une stratigraphie similaire :

- (3) un niveau sableux à racines comportant une fraction argileuse saumâtre,

- (2) et (1) des niveaux sableux correspondant au « dépôt Luis ».

Ainsi, la partie nord-est de l'anse était occupée jusqu'en 1995 par une petite mare, maintenant ensevelie, mais toujours marquée dans la topographique par une légère dépression. Ce secteur n’a pas révélé de vestiges précolombiens.

Les sondages 1 et 2 sont situés plus au sud, en pied de pente du morne (fig. 350). Ils se sont également avérés stériles du point de vue de l'occupation précolombienne. Le sondage 1 présente une stratigraphie complètement remaniée avec à la base une dalle de béton qui a marqué l'interruption du sondage (fig. 351). La dalle correspond à une ancienne base de construction, ensevelie sous les dépôts terrigènes provenant de l'érosion du versant. Le sondage 2 présente à la base des colluvions de pente stériles, surmontées de niveaux de sables contenant du mobilier actuel (fig. 351).

Plusieurs sondages réalisés plus au sud se sont également avérés stériles du point de vue de l'occupation précolombienne. Les sondages 8 et 6, du fait de leur emplacement au pied du morne, présentent une séquence

stratigraphique similaire. De la base au sommet on observe (fig. 351) :

- (3) un sédiment argilo-limoneux à pierres, interprété comme un dépôt de pente,

- (2) un sédiment argilo-limoneux attribuable aux phénomènes de ruissellement et de colluvionnement, - (1) un sédiment sablo-argileux correspondant à l'humus.

Le sondage 7 présente également une stratigraphie comparable, sauf qu'étant plus proche du rivage il possède une composante sableuse un peu plus importante à la base et le dépôt de pente est absent (fig. 351). La séquence du sondage 12 correspond également à une succession de niveaux argileux issus des phénomènes de colluvionnement et de ruissellement sur les pentes du morne (fig. 351). Le sondage 15, situé dans ce même secteur, présente également des niveaux de ruissellement et de colluvionnement à la base, (4), (5) et (6) et des remblais sableux actuels en surface (1), (2) et (3). Il en est de même pour le sondage 14 (fig. 351). Le sondage 9 a été implanté dans la partie sud de l’anse, sur un replat, au-delà de la zone de camping (fig. 350). Il n'a pas révélé de trace d'occupation précolombienne. La base de la séquence est constituée d'un niveau de petits blocs (5), surmonté d'un niveau sablo-argileux très induré gris (4), puis d'une couche d'argile gris foncé (3). La séquence comprend ensuite un dépôt sableux induré à composante terrigène (2) puis un niveau de sable gris à racines (1) (fig. 351).

Les données des sondages de reconnaissance permettent de déterminer que les vestiges apparents dans les coupes naturelles de la plage sont circonscrits à cette zone. 2.2.2.4.2 Les dépotoirs

Les observations relevées dans les coupes disponibles sur la plage ont permis de délimiter l’extension d’une aire de rejets, vraisemblablement scindée en deux parties par une encoche d’érosion récente. Elles ont été dénommées ici dépotoir 1 et 2 et plusieurs sondages y ont été implantés (fig. 350).

2.2.2.4.2.1 Le dépotoir 1 Le sondage 17

Situé sur la plage dans la partie centrale du dépotoir 1 (fig. 350), il représente une superficie de 8 m2 (fig. 352 : a, fig. 353). Une partie du sondage est formée d’une bande de 4 m2 implantée en ligne de façon perpendiculaire au rivage, ce qui permet d'observer la transition entre les anciens niveaux de plage contenant les vestiges précolombiens et le front d'érosion marine comportant des dépôts effondrés (fig. 352 : a, 353 : b). Le carré D est remanié comme l'indique la position du front d'érosion vertical sur les coupes stratigraphiques. La seconde partie du sondage est une aire carrée de 2 x 2

m de côté. La séquence du sondage 17 présente de la base au sommet (fig. 352 : a) :

- (8) un sable beige clair contenant des coquilles de Cittarium pica qui pourraient correspondre à des restes de consommation plus anciens que ceux du principal niveau de rejets,

- (9) un sable beige clair extrêmement meuble, correspondant aux niveaux de plage effondrés. La limite du front d’érosion marine se distingue par des sables indurés (8),

- (7) un sable gris correspondant à la base d’un paléosol, il comporte à son sommet du mobilier appartenant à la partie inférieure du principal niveau de rejets,

- (6) un niveau de rejets marqué dans la séquence par la seule présence de mobilier : céramique, éléments lithiques, corail et coquilles de mollusques (fig. 353 : c à f). Le niveau archéologique est plus dense dans les carrés A1 et B1. Une datation radiométrique effectuée sur une coquille de Strombus gigas prélevée dans le carré B2 de cette unité stratigraphique 1706 (tab. 4) a fourni un résultat de 535 à 670 AD (Beta 187941) qui place cette occupation durant le Cedrosan-saladoïde,

- (10) une petite fosse circulaire repérée dans le carré B2. Elle présente un diamètre de 0,30 m et une profondeur de 0,20 m. Le fond est plat et le remplissage sableux gris. Cette fosse est interprétée comme un fond de trou de poteau contemporain de la couche de rejet (fig. 353 : c), - (3) un sable gris formant la partie supérieure du paléosol, - (1) une fine couche de sable damé, interprétée comme un niveau de circulation,

- (5) un creusement repéré dans le carré A1 (fig. 352a). Il s’agit d’une fosse au remplissage sableux gris et à éléments de maçonnerie. Le fond de la fosse est plat et comporte à la base une sole maçonnée sur laquelle reposent les fondations d’un mur d’environ 0,30 m de largeur. Ces vestiges sont interprétés comme la tranchée de fondation d’un mur. Aucune personne n’ayant le souvenir d’une construction à cet emplacement, il est probable que ces vestiges datent de la période coloniale, - (2) deux creusements peu profonds au remplissage sableux gris, hétérogène, comportant des pierres. Les creusements sont situés dans le carré A1, de part et d’autre de la tranchée de fondation (5). Ils sont interprétés comme des niveaux de travail relatif à la construction du mur, - (4) un sable gris hétérogène et extrêmement meuble correspondant à l’effondrement du paléosol (3/7) et du niveau archéologique (6).

Le sondage 16

Il est situé dans la portion nord du dépotoir 1, à côté du sondage 17 à l’ouest, au bord du front d'érosion (fig. 350). Il représente une superficie de 2 m2. Ce sondage avait pour objectif de documenter la zone de transition entre les dépôts effondrés et ceux visibles dans la coupe naturelle du bord de mer. On observe de la base au sommet du sondage 16 (fig. 352 : b) :

- (3) un sable corallien beige très meuble avec des fragments de coquilles au sommet,

- (2) un sable grisé avec du mobilier de plus grande dimension, dont des coquilles de Cittarium pica et de la céramique,

- (1) un sable gris avec du mobilier fragmenté.

Les limites entre les couches sont dans l'ensemble diffuses. Le sédiment est très meuble et les observations stratigraphiques permettent de conclure qu'il s'agit de niveaux en position secondaire, provenant de l'effondrement progressif des niveaux d’occupation. Cet effondrement des anciens niveaux de plage est lié aux effets constants du piétinement, ici très accentués par la fréquentation élevée de cette plage. Ce phénomène a pour conséquence de faire reculer vers l'intérieur de la plage, le front d'érosion dans un premier temps taillé par la mer. Les observations indiquent également que la coupe naturelle située en avant, correspond également à des dépôts remaniés et que le mobilier y est en position secondaire, bien qu’il provienne très certainement de la couche de rejets cedrosan-saladoïde mise en évidence juste en arrière dans le sondage 17.

Le sondage 13

Le sondage 13 a été implanté dans la partie sud du dépotoir 1 (fig. 350). La séquence stratigraphique présente de la base au sommet (fig. 351) :

- (4) un niveau de sable orangé grossier et stérile, - (3) un sable beige très clair,

- (2) un sable gris comportant une concentration de Cittarium pica. Ces coquilles sont interprétées comme un rejet de consommation et d'après leur position stratigraphique, elles sont vraisemblablement contemporaines du niveau de rejet (6) du sondage 17, - (1) un sable grisé à racines.

Ces vestiges matérialisent l'extrémité sud du dépotoir 1, qui apparaît plus pauvre en mobilier.

2.2.2.4.2.2 Le dépotoir 2

Le dépotoir 2 a été délimité d’après la présence des vestiges relevés dans la coupe du front de mer et en fonction des données des sondages 5 et 18 qui ont tous deux révélé des traces d'occupation (fig. 350). L’aire de camping n’a pu être sondée, mais des observations réalisées en novembre 2007, après le recul de la coupe d’au moins deux mètres, ont montré l’absence de vestiges en arrière de la section. Cette partie du dépotoir a donc complètement disparu.

La séquence du front de mer : la coupe 11

La séquence stratigraphique du front d'érosion a été rectifiée et relevée sur une vingtaine de mètres de longueur (fig. 354 : a, b, c). Elle suit la coupe naturelle verticale du terrain, le long du dépotoir 2 (fig. 355). La partie centrale de la plage est ici très érodée (fig. 350). La séquence stratigraphique présente de la base au sommet (fig. 355) :

- (3) un sable grossier beige clair et stérile,

- (2) un sable fin, gris et légèrement induré contenant des vestiges archéologiques : de la céramique, des coquilles de mollusques dont Cittarium pica, des fragments de carapaces de crabes et des déchets de taille de cherto-tuffite. Cet assemblage de mobilier révèle la présence d’une aire diffuse de rejets,

- (4) un amas charbonneux et cendreux, dont les contours sont assez flous. Il a été dégagé en plan et en coupe et forme une cuvette repérée dans l’unité stratigraphique (3) mais dont l’ouverture pourrait se situer à la base de l’unité (02). Ces vestiges sont interprétés comme ceux d’un foyer en fosse, vraisemblablement contemporain des rejets repérés dans l’unité (02) (fig. 354 : 2, 355). Une datation radiométrique effectuée sur le remplissage charbonneux du foyer a fourni un résultat de 410 à 600 AD (Beta 187940). Bien que le sédiment de remplissage de la fosse ait été tamisé sur une maille de 3 mm, aucun autre vestige, mis à part les charbons de bois, n’a été retrouvé. La conservation des structures de combustion est relativement rare en contexte Néoindien dans les Petites Antilles,

- (1) un sable gris-brun constituant un sol. Il comprend de nombreuses racines dans sa partie sommitale,

- (5) une tranchée comportant des blocs de mortier et de ciment mêlés à des pierres. Ces éléments sont interprétés comme les vestiges d'un négatif de mur datant du XXe siècle, du fait de la présence de ciment.

Le sondage 5

Il a été implanté dans la partie nord du dépotoir 2, en arrière de la coupe du front de mer (fig. 350). Il présente une séquence similaire à celle de la coupe 11, de la base au sommet (fig. 351) :

- (3) un sable corallien grossier beige et stérile,

- (2a) et (2b) un sable fin, gris et légèrement induré correspondant à un sol,

- (4) des vestiges archéologiques représentant une faible densité de matériel, seulement 1294 g pour une superficie de 1 m2. Ils forment un fin lit de mobilier intercalé entre les unités (2a) et (2b) du paléosol. Ce niveau est interprété comme une aire de rejets d’après le mélange inorganisé des vestiges et leur nature. Ils apparaissent en position primaire de rejet du fait de l’induration du sédiment. Le sondage 18

Il est également implanté en arrière de la coupe du front de mer, mais dans la partie sud du dépotoir 2 (fig. 350). La séquence présente de la base au sommet (fig. 351) : - (5) un sable corallien beige clair,

- (3) un sable gris beige contenant des coquilles de Cittarium pica et de la céramique. Ces vestiges sont interprétés comme un niveau de rejet,

- (4) Une petite fosse d'environ 0,50 m de diamètre qui contenait un remplissage sableux gris foncé associé à des coquilles et à de la céramique,

- (2) un niveau de sable gris contenant à la base des coquilles, des éléments débités sur cherto-tuffite et de la céramique qui scellent la petite fosse,

- (1) un sable gris constituant un sol, il comporte des racines au sommet.

L’étude de la stratigraphie du front de mer et des sondages réalisés en arrière, montre un éclaircissement de la couleur du sédiment sableux de la terre ferme vers la mer. Cette variation de coloration semble être liée à la présence moins importante de la fraction terrigène dans les sédiments lorsqu'on se rapproche du rivage. Les données de la stratigraphie du front de mer et des sondages 5 et 18 permettent de délimiter une seconde zone dépotoir dont la densité est plus importante au sud.