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2 LA SEQUENCE DES GISEMENTS SAINT-MARTINOIS

2.3 LE NEOINDIEN RECENT

2.3.1 Pointe du Canonnier

2.3.1.4 Analyse des mobiliers

2.3.1.4.1 La céramique

Les spécificités de l’assemblage céramique et les datations radiométriques permettent une attribution au stade 1 du Néoindien récent de Saint-Martin, affilié au style Mill Reef de la sous-série mamoran-troumassoïde définie pour ce secteur géographique (Rouse, Faber Morse 1998, 1999). Le corpus comprend trois composantes, le mobilier issu du sondage 6 soit 42580 g (tab. 56), celui provenant des sondages de reconnaissance soit 961 g (tab. 57) et enfin les restes récoltés en prospection soit 14571 g (tab. 53).

L’ensemble le plus représentatif provient du sondage 6 avec 2134 restes dont le poids moyen par tesson est assez élevé soit 20 g (tab. 56). Le mobilier a été enregistré par comptage direct de tous les artefacts céramiques en nombre de restes (NR) et en poids (g) par m2 et par unité stratigraphique. Un total de 330 tessons a fait l’objet de remontages ce qui est considérable. Ainsi de nombreux récipients ont pu être reconstitués. Les remontages effectués entre les unités stratigraphiques, du fait d’une certaine dispersion du mobilier dans le sédiment sableux, indiquent que l’on est en présence d’un unique niveau de rejets, ce qui autorise une analyse globale des mobiliers pour l’ensemble du sondage. Les données révèlent ici que l’assemblage est cohérent et homogène, la céramique est par ailleurs très bien conservée.

2.3.1.4.1.1 Classement typologique : description du corpus

Les platines

Les platines sont circulaires, apodes et le bord est généralement de section triangulaire. Il est formé d’un ou plusieurs colombins empilés et collés sur le pourtour d’une plaque emboutie (fig. 373). Les diamètres oscillent entre 32 et 52 cm. L’intérieur des platines est lissé puis bruni, le dessous est moulé sur différents supports comme nous le verrons dans le paragraphe sur les observations technologiques. Un individu présente des traces d’engobe rouge ce qui est très rare pour cette catégorie de forme.

Les assiettes

On distingue plusieurs types de petites assiettes d’après les bords, dont le diamètre est inférieur à 30 cm. Le premier type correspond à des assiettes à bord ourlé de profil assez variable (fig. 374 : 1 à 6). Les bords sont engobés en rouge dans la plupart des cas. Ces récipients rappellent ici les productions cedrosan-saladoïdes, d’après le profil ourlé des bords et leur engobage, mais également par le traitement de surface soigné, ici poli. Une de ces assiettes comporte le seul modelage identifié sur le site soit un petit appendice bifide (fig. 374 : 6). Le deuxième type de petite assiette est à bord à marli plat très peu marqué, dont la largeur est assez variable (fig. 374 : 7 à 9). Le bord d’un de ces exemplaires est engobé en rouge. Le troisième type est à marli convexe, également engobé en rouge (fig. 374 : 10). Plusieurs individus très incomplets et de facture grossière ont des bords irréguliers (fig. 374 : 11 à 13). On recense un type de plat à bord droit arrondi (fig. 374 : 14).

Les écuelles

Une famille d’écuelles décorées apparaît caractéristique de cet assemblage. Elles sont formées par un large marli oblique et rectiligne, engobé en rouge et poli (fig. 274 : 15 à 20). Ces écuelles sont globalement de grand diamètre, 45 cm pour l’exemplaire mesurable (fig. 274 : 15). Les autres types d’écuelles ne sont ni décorés ni engobés et leur traitement de surface est assez sommaire, allant d’un lissage grossier à un brunissage plus ou moins poussé selon les individus. Un autre type d’écuelle présente un bord droit légèrement rentrant et un profil convexe (fig. 375 : 1). On identifie également des individus à l’ouverture évasée dont le profil est caréné (fig. 375 : 2 et 3) ou à embouchure plus resserrée et à paroi verticale (fig. 375 : 4 et 5). Enfin un dernier type se distingue par des récipients de très grandes dimensions dont l’ouverture est circulaire ou ovalaire (fig. 375 : 6 à 8). Le profil de ce type écuelle est marqué d’une carène haute qui se termine par un bord droit et arrondi.

Les bols

On compte un seul petit bol à profil convexe et à bord droit arrondi d’un diamètre inférieur à 18 cm (fig. 376 : 8). Tous les autres individus correspondent à des jattes à bord droit parmi lesquelles on distingue deux types, celles à profil légèrement caréné dans le tiers supérieur du corps (fig. 376 : 1 à 3, 379 : 13) et celles à profil plus convexe (fig. 376 : 4 à 7). Ces contenants sont de facture assez sommaire, ils présentent des traces de frottage horizontales ou obliques généralement plus marquées au niveau de l’embouchure et plus ou moins effacées par un brunissage rapide selon les individus. Des ouvertures de récipients trop incomplets pourraient correspondre soit à des bols soit à des encolures de pots (fig. 377 : 1 à 3). Les pots

On distingue une famille de pots à encolure évasée qui apparaît spécifique à cet assemblage, elle présente plusieurs variantes (fig. 377 : 4 à 8, 10 et 11). La forme générale comporte une encolure légèrement évasée qui forme l’embouchure, la lèvre est marquée soit par un méplat horizontal soit arrondi, le corps est caréné. Des variantes se distinguent d’après la hauteur de la carène et l’inclinaison des bords à l’ouverture. Un pot de petit module s’avère archéologiquement complet (fig. 377 : 11, 379 : 3). Ces pots sont généralement engobés soit à l’intérieur de l’encolure, soit à l’extérieur du récipient, soit les possibilités sont combinées. Un exemplaire se différencie par une embouchure plus large et l’absence d’engobe (fig. 377 : 9).

Une deuxième famille se distingue par des pots à encolure droite et deux types sont connus. L’un est de petit diamètre, soit 19 cm, l’encolure est courte et le récipient est engobé à l’extérieur (fig. 377 : 12). Le second est de très grand diamètre à l’ouverture, ici 42 cm (fig. 377 : 18). Quelques types de pots ne sont représentés que par un seul exemplaire. On observe un pot à embouchure large légèrement resserrée par un bord court qui s’évase (fig. 377 : 13). Un type à bord arrondi est caréné et assez grossier (fig. 377 : 14). Deux pots globulaires également à bord arrondi sont à profil convexe et engobés (fig. 377 : 15, 16). Enfin, on différencie un dernier type à paroi fine, à encolure haute et évasée, mais cette forme est très incomplète (fig. 377 : 17).

Les bouteilles

Deux familles sont identifiées d’après deux types de goulots tous deux très soignés dans le montage et le traitement de surface. Ils sont polis et engobés en rouge (fig. 378 : 1 à 3). La première famille correspond à un goulot arrondi d’aspect bombé, à bord rentrant qui se dégage du corps par un étranglement (fig. 378 : 1, 379 : 4). Un exemplaire similaire a été collecté au point de ramassage 2 (378 : 2). Le second type comporte également un bord rentrant mais avec un méplat oblique qui se détache du corps par l'intermédiaire d'une gorge

moins prononcée que pour les goulots bombés précédents (fig. 378 : 3). Il est également engobé en rouge. Ces contenants sont peut-être dénommés « bouteille » de façon abusive car on ignore leur forme générale. Cependant le rapport entre l’ouverture étroite et l’inclinaison des parois indique qu’il s’agit de formes très fermées. D’autre part, comme on identifie par ailleurs des fragments de corps de récipients appartenant à des formes très fermées et qu’ils présentent la même épaisseur, la même pâte et un traitement de surface similaire, soit un engobe rouge poli avec ici des motifs peints en blanc, on pense qu’ils pourraient appartenir à ces bouteilles (fig. 378 : 4 à 9). Il s’agirait alors de formes globulaires.

Un couvercle

Un seul couvercle est identifié avec certitude. Ces ustensiles sont généralement difficiles à reconnaître sauf si le fragment est suffisamment grand pour être authentifié, ce qui est le cas ici. Le fragment est grossièrement façonné et les renflements que forment les colombins lorsque le montage est peu soigné sont ici visibles (fig. 378 : 10). Le bord est marqué par un renflement, l’ustensile est lissé et sommairement bruni. Les fumigateurs ou « cylindres »

Trois ustensiles correspondent vraisemblablement à des fumigateurs. Le premier individu est relativement bien conservé, il a une forme de cylindre avec un bord légèrement épaissi (fig. 378 : 11, 379 : 5). Un engobe beige est apposé dans la partie inférieure et des traces de frottage forment des stries verticales. L’ustensile est bruni et poli, il porte des traces de chauffe. Le second individu présente une paroi plus fine et un bord arrondi. Il porte également des traces de chauffe, des stries de frottage disposées verticalement et de biais, ainsi qu’un engobe beige bruni qui semble couvrir ici tout l’ustensile (fig. 378 : 12). Le troisième fumigateur est d’un type différent qui se rapproche de la forme de ceux connus dans le Cedrosan-saladoïde, sauf par la dimension ici beaucoup plus importante (fig. 378 : 13). Il a été collecté au point de ramassage 9. La forme simple comporte un orifice circulaire central. La surface a également été traitée par un lissage et par un frottage laissant des stries verticales. On observe quelques coups de brunissoir assez irréguliers et également verticaux.

Les bases

Plusieurs types de bases ont été identifiés mais on ne sait à quelle famille de forme ils se rattachent (fig. 378 : 14 à 19). L’assise de ces fragments est généralement épaissie et un seul fragment porte de l’engobe. D’après leur diamètre, certaines de ces bases pourraient appartenir aux deux fumigateurs de petit diamètre. Deux fragments très incomplets de base annulaire ont également été identifiés (fig. 378 : 18 et 19).

Les fonds

La grande majorité des fonds conservés sont plats (fig. 378 : 20 à 24) mis à part celui d’un petit pot à encolure évasée qui est légèrement convexe (fig. 377 : 11, 379 : 3). Les préhensions

Seulement deux préhensions sont connues, un fragment d’anse rubanée (fig. 378 : 26) et une grande anse assez fine de section circulaire (fig. 378 : 27).

Les tessons perforés

Deux de ces ustensiles sont identifiés, ils sont d’un diamètre d’environ 6 cm et perforés d’un trou central. Il s’agit de tessons de panse vraisemblablement récupérés sur d’anciens récipients brisés devenus inutilisables (fig. 378 : 28, 29). Ces éléments peuvent correspondre soit à des fusaïoles ou des volants d’inertie de foret, soit à des poids de filets de pêche, ou encore à des perles. Ces tessons perforés sont caractéristiques du Néoindien récent de l’île.

2.3.1.4.1.2 Les décors

Ils constituent des aplats d’engobe rouge disposés soit sur les bords, soit en bandeau horizontal sur les corps, soit sur la totalité externe du récipient. Un engobe beige a été relevé sur les fumigateurs. Les tessons de panse appartenant à des corps de formes très fermées, vraisemblablement des bouteilles, comportent des bandes de peinture beige sur un engobe rouge (fig. 378 : 5 et 9, fig. 379 : 11). Il s’agirait ici d’une réminiscence de la technique du mode WOR cedrosan-saladoïde. Les tessons engobés représentent 7,2 % du nombre total des restes du sondage 6 (tab. 56). Un seul décor modelé, soit un petit appendice bifide a été observé sur le bord d’une assiette (fig. 374 : 6). Enfin, un cordon rapporté a été relevé sur un corps de récipient vraisemblablement caréné et de facture très grossière, peut-être inachevé. On ne sait s’il s’agit réellement d’un décor (fig. 378 : 27). Aucun décor incisé ou cannelé n’a été identifié.

2.3.1.4.1.3 Les observations technologiques

Le montage des récipients et les traitements de surface étant dans l’ensemble beaucoup moins soignés et moins aboutis qu’au Néoindien ancien, on observe d’autant mieux les stades du façonnage. Globalement les traitements de surface montrent dans un premier stade un lissage par frottage sur pâte crue, effectué vraisemblablement à l’aide d’un tampon ou d’une brosse végétale (fig. 379 : 12). Les récipients sont ensuite brunis à divers degrés selon les individus. Les formes engobées sont généralement plus soignées dans le montage et elles sont polies.

Le montage des platines est effectué à l’aide d’une plaque emboutie et de colombins rapportés sur le pourtour (fig.

379 : 1, 2). Le montage est nettement visible sur les sections de bords et au-dessous des platines (fig. 379 : 6, 7, 9). D’après les empreintes moulées sous les platines, les plaques ont été embouties le plus souvent sur un sol de terre battue et dans un cas sur la feuille d’un végétal (fig. 379 : 8). L’intérieur des platines est généralement lissé puis bruni, selon divers degrés de finition.

La cuisson des récipients est de type oxydo-réductrice et probablement effectuée en foyer plat ou en fosse. Certaines jattes portent des traces de surchauffe au niveau du fond qui paraissent plus vraisemblablement liées à leur utilisation. On note également des traces de résidus carbonisés (fig. 379 : 10). Des fragments surcuits constituent des indices d’une production de céramique sur le site, ce que corrobore ici le contexte présumé de village. Les pâtes comportent des dégraissants minéraux plus ou moins grossiers selon les récipients.

2.3.1.4.1.4 Quantification de la population de récipients et d’ustensiles

Les bords

Les bords provenant du sondage 6 ont été enregistrés suivant 10 catégories définies d’après les productions de ce site de Pointe du Canonnier, mais aussi d’après celles du gisement de Baie Orientale 2 qui a fourni un assemblage similaire comme nous le verrons dans le chapitre 2.3.2. Les catégories de bords permettent de dissocier certains récipients (fig. 380). C’est la catégorie B1 des bords droits qui est largement la plus représentée avec 56,2 % des effectifs (tab. 58, fig. 381). Ils constituent l’embouchure de la majorité des récipients communs. C’est ensuite la catégorie B10 des bords de platines globalement triangulaires qui se place en seconde position avec 14,4 % des effectifs. Vient ensuite la catégorie B3 des bords droits à méplat, soit 8,9 %, que l’on retrouve sur les pots à encolure engobée. La catégorie B9 correspond aux marlis engobés d’écuelles qui représentent 6,8 % des bords (fig. 380, 381). La catégorie B2 correspond aux bords ourlés souvent engobés que l’on retrouve sur des assiettes soit 5,5 % (fig. 380, 381). Les autres catégories de bords sont peu représentées, mais en revanche certaines sont associées à des types de récipients spécifiques comme les catégories B7 et B8 qui correspondent à des goulots de bouteilles (fig. 380, 381). La catégorie B4 est attribuée à un bord droit légèrement rentrant dont la lèvre est plus ou moins arrondie et que l’on retrouve sur les formes fermées. La catégorie B6 correspond à des bords arrondis pliés vers l’intérieur. La catégorie B5 est anecdotique avec un seul exemplaire. Les bords décorés d’un engobe rouge concernent principalement les assiettes à bord ourlé B2, les écuelles à marli B9 et les pots à encolure évasée B3. Par comparaison avec les assemblages cedrosan-saladoïdes, ce corpus se distingue par un faible éventail de bords dont la majorité sont droits et rarement décorés.

Répartition des formes ouvertes et fermées, décorées ou non

L’assemblage du sondage 6 représente un NMI de 219 récipients qui se distribuent en 60,3 % de forme ouvertes, 9,1 % de formes fermées et 30,6 % de formes indéterminées (tab. 56, fig. 382). On compte 19 % de formes décorées dont 11 % de formes ouvertes (fig. 382). Cependant ce sont les formes fermées qui proportionnellement sont les plus souvent décorées.

Répartition des individus par familles de formes

Parmi les 219 individus déterminés pour le sondage 6, la famille de forme a pu être déterminée pour 135 d’entre eux (tab. 59). La famille la plus représentée correspond à celle des pots soit 24 % puis celle des bols soit 22 % (fig. 383). Les platines correspondent à 17 % des effectifs. Ce sont ensuite les assiettes et les écuelles qui sont représentées de façon équivalente, soit 16 %. Les bouteilles, les couvercles, les fumigateurs et les tessons perforés totalisent chacun seulement 1 % des effectifs. On dénombre seulement deux anses au sein de l’assemblage : une anse rubanée et une anse de section circulaire. Ce type de préhension s’avère donc ici peu fréquent.

2.3.1.4.1.5 Conclusion

L'assemblage céramique se compose donc pour l’essentiel de récipients et d’ustensiles assez sommaires dans le montage et les traitements de surface (fig. 384, 385). Les familles de formes décorées sont figurées par quatre principales catégories engobées : des assiettes à bord ourlé, des écuelles à marli, des pots à encolure évasée et deux types de goulots de bouteille de forme probablement ventrue. Cet assemblage se caractérise donc par la pauvreté des modes décoratifs, essentiellement de l’engobe rouge et une parcimonieuse utilisation du mode WOR, un seul modelage et une absence totale de motifs incisés ou cannelés. Le NMI décorés de 19 % s’avère ici relativement peu élevé par rapport à la sous-série cedrosan-saladoïde antérieure où 40 % des individus sont décorés selon des modes complexes. On distingue néanmoins une filiation de cet assemblage de Pointe du Canonnier avec le Cedrosan-saladoïde du fait de la présence de bords ourlés de type B2, de l’application d’un engobe rouge sur les bords de certains récipients et du mode décoratif WOR produisant ici uniquement des motifs linéaires et en bande. Ces traits peuvent en effet être considérés comme des réminiscences du Cedrosan-saladoïde.

Les spécificités de cet assemblage permettent donc de le distinguer nettement du Cedrosan-saladoïde du fait de l’absence des schémas décoratifs caractéristiques de cette sous-série, même si les datations radiométriques indiquent pratiquement la même plage chronologique que celle du site d’Anse des Pères. Comme il s’agit du premier faciès

rencontré sur l’île après la longue sous-série cedrosan-saladoïde, on considère donc que cet assemblage est attribuable au début du Néoindien récent, soit au stade 1 de l’île.

Afin de replacer cette production au sein de la chronologie précolombienne des Petites Antilles, elle a été comparée aux référentiels établis pour la sous-série mamoran-troumassoïde définie pour ce secteur des Iles du Nord. La sous-série mamoran-troumassoïde couvre la période de 850 à 1500 AD et trois styles sont définis ; Mill Reef, Mamora Bay et Freeman’s Bay, d’après les réalisations en céramique d’Antigua (Rouse 1974, 1976, Rouse et al. 1995, Rouse, Faber Morse 1998, 1999, Murphy 2004). Les comparaisons sont délicates du fait de la parcimonie des planches typologiques pour ces assemblages de référence. Néanmoins des comparaisons mais aussi des différences peuvent être établies avec les descriptions et les quelques représentations du style Mill Reef (Rouse 1974 : 172, 1976, Rouse, Morse 1998 : 327-330, 1999 : 30-32, Murphy 2004). Il est daté à Antigua entre 500-600 et 900 AD (Murphy 2004). Les productions de Pointe du Canonnier, ici datées entre 660 à 960 AD, couvrent pratiquement la même plage chronologique. Le style Mill Reef est considéré comme le déclin de la sous-série cedrosan-saladoïde, perçu à travers un appauvrissement du répertoire morphologique et décoratif sur les assemblages céramiques (Rouse 1974, 1976, Rouse, Morse 1998, 1999, Murphy 2004). Les traits communs entre l’assemblage de Pointe du Canonnier (fig. 384, 385) et le style Mill Reef sont une faible représentation des décors et des modes décoratifs et la rareté des éléments de préhension, souvent à l’état vestigiel (Rouse 1976, Rouse, Morse 1998). Une des caractéristiques majeures réside dans le traitement de surface des récipients et ustensiles qui ont un aspect brossé ou frotté, donnant l’apparence d’une surface rayée et brute aussi bien pour le site de Pointe du Canonnier que pour le style Mill Reef (Rouse 1974, 1976). Les profils des récipients de Pointe du Canonnier (fig. 384, 385) sont globalement comparables à ceux du style Mill Reef (Rouse, Faber Morse 1998 : 327, 1999 : 31). Certains bords sont engobés en rouge dans les deux assemblages et on note la présence de tessons perforés (fig. 384, 385 et Rouse 1974, 1976, Rouse Faber Morse 1998, 1999).

Cependant des différences sont également notables entre les deux assemblages. Le mode décoratif WOR est utilisé à la Pointe du Canonnier mais les motifs sont limités à des traits et des bandes (fig. 378 : 5, 9, 11) alors qu’ils constituent des motifs plus complexes formant des chevrons dans le style Mill Reef (Rouse 1974 : 172, Rouse, 1976, Rouse, Faber Morse 1998 : 328-329, 1999 : 32). Des incisions linéaires, curvilignes et rectilignes et des cannelures spécifiques au style Mill Reef (Rouse 1974 : 172, 1976), sont totalement absentes à la Pointe du Canonnier. On notera en particulier l’absence d’un motif formé de deux lignes parallèles

incisées, disposé à l’intérieur d’un bord épaissi, considéré comme caractéristique du style Mill Reef (Rouse 1976, Petersen et al. 2004). Les platines à pieds qui font leur apparition dans le style Mill Reef (Rouse 1974, 1976, Rouse, Faber Morse 1998, 1999, Murphy 2004) ne sont pas représentées ici. Les fumigateurs disparaissent du style Mill Reef (Rouse 1974, 1976, Murphy 2004) alors qu’ils sont présents dans l’assemblage de Pointe du Canonnier.

Nous verrons que l’assemblage de Pointe du Canonnier présente de nombreuses similitudes du point de vue des datations radiométriques et du mobilier céramique avec les productions d’un autre gisement de l’île de Saint-Martin, le site de Baie Orientale 2 (Bonnissent 2006a) analysé dans le chapitre suivant 2.3.2.

2.3.1.4.2 Les productions lithiques

Les produits lithiques issus du sondage 6 représentent une masse de 36156 g dont 31607 g proviennent de l’unité