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Spécificité de l’instauration du traitement

En fonction de l’âge :

Enfant et adolescent : la posologie sera adaptée en fonction du poids, l’initiation sera plus progressive que chez l’adulte, la surveillance médicale sera plus rapprochée que chez l’adulte (risque de levée d’inhibition). Le traite-ment antidépresseur n’est pas systématique chez l’adolescent et ne sera instauré qu’après plusieurs consulta-tions a visée diagnostique et psychothérapeutique.

Sujet âgé : la posologie sera adaptée à la fonction rénale et hépatique, l’initiation sera plus progressive que chez l’adulte, la surveillance médicale sera plus rapprochée que chez l’adulte (notamment de la tolérance, risque d’hy-ponatrémie), une évaluation précise d’éventuelles interactions médicamenteuses sera réalisée.

197 chaque patiente.

Le dépistage, prévention et traitement de la dénutrition sont nécessaires.

Pour les formes cliniques avec caractéristiques psychotiques, un traitement par antipsychotique peut être associé à l’antidépresseur.

Dans l’attente de l’effet du traitement antidépresseur, en cas d’anxiété importante, un traitement anxiolytique par benzodiazépine peut être instauré (cf. Item 72).

De même, en cas de plainte d’insomnie, un traitement hypnotique pourra être proposé. Du fait des risques de dépendance, la posologie doit être régulièrement réévaluée et la durée de prescription limitée (4 semaines) (cf. Item 72). Les règles d’hygiène du sommeil doivent systématiquement être associées.

Une surveillance régulière clinico-biologique de l’efficacité et de la tolérance du traitement est nécessaire et prendra en compte notamment de l’évaluation du risque suicidaire et le risque de virage maniaque de l’humeur sous antidépresseur (cf. Item 72).

L’arrêt du traitement médicament d’un premier épisode dépressif caractérisé isolé peut être discuté 6 mois à 1 an après obtention de la rémission clinique (le risque maximum de rechute se situant dans les 6 à 8 mois qui suivent l’arrêt du traitement) (cf. Item 72).

En cas de trouble dépressif récurrent (et notamment dès le 3e épisode dépressif caractérisé) :

* après rémission des symptômes, traitement de maintien par : antidépresseurs ;

* +/- psychothérapie pendant une durée de 18 mois à 2 ans ;

* utiliser la molécule et la posologie qui ont permis d’obtenir la rémission complète des symptômes.

N.B. : La notion de résistante thérapeutique se définit par les échecs successifs de 2 antidépres-seurs à dose efficace durant une durée suffisante (au moins 6 semaines).

6.3.

Traitements non pharmacologiques

6.3.1.

Traitement physique

L’électroconvulsivothérapie (ECT) peut être utilisée dans les formes les plus sévères d’épisode dépressif caractérisés (formes à caractéristiques mélancoliques, catatoniques ou psychotiques) et/ou en cas de résistance ou de contre-indication au traitement médicamenteux et/ou dans les situations d’urgences vitales (risque suicidaire ou risque de dénutrition/déshydratation). Dans certains cas, des ECT d’entretien sont proposées (généralement 1x/mois) durant plusieurs mois pour prévenir le risque de rechute ou récidive dépressive.

D’autres traitements physiques peuvent également être utilisés dans des situations particulières (ex : la stimulation magnétique transcrânienne).

Voir infra encadré « En pratique : L'électroconvulsivothérapie ».

6.3.2.

Psychothérapies

La psychothérapie de soutien est toujours indiquée.

Les psychothérapies dites structurées peuvent être indiquées en monothérapie pour les épisodes dépressifs caractérisés d’intensité légère et en association au traitement médicamenteux pour les épisodes dépressifs caractérisés d’intensité modérés à sévères.

Ainsi, en fonction de la préférence du patient et de l’orientation du médecin, différentes psycho-thérapies peuvent être envisagées (cf. Item 71). Les psycho-thérapies ayant les niveaux de preuve les

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En pratique

L’électroconvulsivothérapie (ECT)

Le traitement par électro-convulsivo-thérapie (ECT) consiste en l’administration d’un courant électrique transcrânien de très faible intensité provoquant secondairement une crise tonico-clonique généralisée. Ce traitement est réalisé sous anesthésie générale de courte durée, associant l’utilisation d’un curare d’élimination rapide, limitant les

mouve-ments (et donc le risque de blessures, luxations, fractures) pendant la crise. Le traitement se déroule sous surveillance clinique et tracé électroencéphalographique.

Les indications de ce traitement sont les suivantes :

* Troubles de l’humeur :

- Épisode dépressif caractérisé, uni ou bipolaire, en première intention s’il existe un risque vital à court terme (tentatives de suicide/anorexie, déshydratation), ou en cas de résistance médicamenteuse. L’efficacité du traite-ment par ECT est alors supérieure à 80 %.

- Épisode maniaque, de la même manière s’il existe un risque vital à court terme (tentatives de suicide / déshy-dratation), ou en cas de résistance médicamenteuse.

* Troubles psychotiques : syndrome positif résistant dans la schizophrénie, notamment en association avec certains antipsychotiques.

* Syndrome catatonique : en première intention s’il existe un risque vital à court terme (ex. : déshydratation, syndrome neurovégétatif) ou en cas de résistance aux benzodiazépines.

La seule contre-indication absolue à un traitement par ECT est l’hypertension intracrânienne. Les autres contre- indications, relatives, sont celles dues à la forte activation du système sympathique lors de la stimulation électrique, et à celles dues à l’anesthésie générale.

Aucun bilan paraclinique pré thérapeutique aux ECT n’est obligatoire. Le bilan clinique et paraclinique pour éliminer un diagnostic différentiel est cependant indispensable et une imagerie cérébrale (TDM cérébral ou IRM cérébrale) justifiée pour s’assurer de l’absence d’hypertension intracrânienne.

Au niveau pré thérapeutique, le bilan paraclinique sera déterminé par le psychiatre et l’anesthésiste en fonction du contexte clinique et des comorbidités. Une consultation pré anesthésie est obligatoire. Le bilan biologique minimal systématique pré anesthésie sera réalisé en fonction des recommandations anesthésiques.

Les effets secondaires au décours de la crise peuvent être des céphalées, des nausées. À moyen terme, des altérations cognitives, essentiellement mnésiques antérogrades peuvent être retrouvées, mais disparaissent dans les deux mois suivants le dernier soin par ECT. Des altérations mnésiques rétrogrades peuvent être retrouvées, même des années plus tard, concernant la période entourant le soin par ECT.

la stimulation magnétique transcrânienne répétée (rTMS).

La rTMS agit en stimulant de façon non invasive les neurones du cortex cérébral par induction magnétique en utilisant des champs magnétiques brefs à haute intensité. L’efficacité de cette méthode dans le traitement des épisodes dépressifs caractérisés est en cours d’évaluation.

(cf. Item 71).

6.3.3.

Réhabilitation psychosociale

Chez certains patients et sur indication, des stratégies de réadaptation sociale et profession-nelle peuvent être mises en place dans le cadre de la prise en charge du handicap (cf. Item 117).

L’ALD 30, à 100 %, avec exonération du ticket modérateur ne doit pas être oubliée dans les troubles dépressifs récurrents ou persistants.

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Résumé

Le trouble dépressif est une pathologie fréquente (prévalence 5 %, sex-ratio 1/2) et s’associe à un risque suicidaire important. Un épisode dépressif caractérisé est un syndrome caractérisé par une constellation de symptômes et de signes, qui varie d’un sujet à un autre. Il associe des pertur-bations psychoaffectives (humeur, émotion et pensée dépressive avec sentiment de dévalorisa-tion ou de culpabilité), un ralentissement psychomoteur (ou une agitadévalorisa-tion) et des perturbadévalorisa-tions physiologiques (troubles du sommeil et des rythmes circadiens, fatigue, perte de l’appétit ou du poids, perturbations de la sexualité). Un EDC de forme modérée ou sévère nécessite toujours un traitement antidépresseur, qui doit être maintenu pendant au moins 6 mois à posologie efficace.

Une surveillance clinico-biologique de l’évolution et de la tolérance thérapeutique est absolument nécessaire, et s’accompagne notamment d’une réévaluation répétée du risque suicidaire.

Références pour approfondir

Haute Autorité de Santé, ALD no 23 – Troubles dépressifs récurrents ou persistants de l’adulte, 2009.

Haute Autorité de Santé, Épisode dépressif caractérisé de l’adulte : prise en charge en premier recours, 2014.

Guelfi J.-D., Rouillon F., Manuel de psychiatrie, 2e édition, Elsevier Masson, 2012, 888 p.