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Points clefs

2. Nosographie psychiatrique

2.1.

Définitions

La séméiologie est la science du recueil des signes et symptômes d’une maladie. Elle implique de connaître un vocabulaire spécifique.

La nosologie est la science de la classification des maladies sur laquelle repose la nosographie.

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2.2.

Système nosographique psychiatrique

Bien que d’autres classifications existent, deux systèmes nosographiques psychiatriques sont traditionnellement utilisés au niveau international :

* la CIM-10 (Classification internationale des maladies, 10e édition), rédigée par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) qui classe toutes les maladies, dont les troubles psychiatriques,

* le DSM-5 (5e révision du Diagnostic and Statistical Manual), rédigé par l’APA (Association américaine de psychiatrie) qui classe uniquement les troubles psychiatriques.

La CIM-10 est le système nosographique de référence utilisé dans les hôpitaux pour la cotation des actes. Le DSM-5 (et son prédécesseur le DSM-IV-TR) est le système nosographique de réfé-rence en recherche psychiatrique. De grandes similitudes existent entre ces deux systèmes noso-graphiques. Les subtilités et différences de ces systèmes concernent uniquement le spécialiste.

Les critères précis des systèmes classificatoires ne doivent pas être appris sans avoir compris leur pertinence séméiologique, en particulier à quels termes séméiologiques précis et à quel ensemble syndromique ils renvoient. À ce titre, ces deux ouvrages, CIM-10 et DSM-5, ne peuvent pas être considérés à proprement parler comme des manuels de psychiatrie.

Il s’agit cependant de comprendre que certaines constellations spécifiques de signes et symp-tômes permettent dans certaines circonstances (critères définis précédemment) de poser rigou-reusement des diagnostics de troubles mentaux.

2.3.

Les catégories nosographiques

2.3.1.

Les catégories principales

La distinction entre névrose et psychose n’est plus à utiliser. Chez l’adulte (et l’enfant) les grandes catégories suivantes sont à connaître :

* les troubles du neurodéveloppement, caractérisés par un ensemble de troubles qui débutent durant la période du développement psychomoteur (cf. Item 53), qui regroupent entre autres :

- le trouble du spectre de l’autisme (cf. Item 65),

- le trouble déficit d’attention/hyperactivité et les troubles apparentés (cf. Item 66),

- les troubles de la communication, des coordinations motrices et les troubles spécifiques des apprentissages (cf. Item 53),

- les troubles du développement intellectuel caractérisés par un déficit des fonctions intel-lectuelles et adaptatives (cf. Item 53) ;

* les troubles psychotiques (cf. Items 61 et 63), caractérisés par une altération du contact à la réalité ;

* les troubles de l’humeur (cf. Items 62 et 64), caractérisés par « une perturbation de l’humeur » accompagnée des modifications cognitives et physiologiques reliées ;

* les troubles anxieux (cf. Item 64), caractérisés par « une anxiété excessive et des perturba-tions comportementales qui leur sont apparentés ». « Les troubles anxieux se distinguent les uns des autres par le type d’objets ou de situations qui induisent l’anxiété ou le comportement d’évi-tement, et le raisonnement cognitif associé. » ;

* les troubles somatoformes (cf. Item 70) caractérisés par la prééminence de symptômes soma-tiques (physiques) associée à une détresse ou un handicap significatif qui ne peuvent s’expliquer complètement par une pathologie non-psychiatrique ;

33 tégration normale de la conscience, de la mémoire, de l’identité, des émotions, de la perception,

de la représentation du corps, du contrôle moteur et du comportement ». Les troubles dissociatifs ne sont pas des troubles psychotiques. Il n’existe pas d’item dédié dans le programme de l’ECN.

Il s’agit de troubles fréquemment retrouvés suite à une situation de stress aiguë dont les symp-tômes principaux sont la dépersonnalisation et déréalisation. Les amnésies dissociatives avec ou sans fugue font partie des troubles dissociatifs ;

* les addictions à une substance (appelées troubles liés à l’usage d’une substance : usage nocif et usage avec dépendance) et addictions comportementales (cf. Items 73, 74, 75, 76 et 77) caractéri-sées par « l’impossibilité répétée de contrôler un comportement en dépit de la connaissance de ses conséquences négatives ». Il s’agit de pathologies liées à la perte de contrôle de l’usage d’un objet de gratification (qui donne du plaisir, comme une substance psychoactive ou un comportement).

En pratique

Le Mini International Neuropsychiatric Interview

Chez l’adulte le MINI (Mini International Neuropsychiatric Interview) est un entretien diagnostique structuré permet-tant d’évaluer la présence ou l’absence de ces troubles psychiatriques (à l’exception des troubles somatoformes et dissociatifs).

Le MINI est structuré en items de dépistage et en items de diagnostic. Si la réponse aux items de dépistage est positive, alors les items de diagnostic doivent être évalués. Si la réponse aux items de dépistage est négative alors l’entretien peut se poursuivre sur les items de dépistage du trouble suivant.

2.3.2.

La spécification

Quatre étapes de délimitation sont à suivre pour aboutir à un diagnostic de trouble mental spéci-fique et complet.

La première délimitation consiste à identifier dans quelle grande catégorie nosographique présen-tée précédemment (troubles du neurodéveloppement, troubles psychotiques, troubles de l’hu-meur, troubles anxieux, troubles somatoformes, troubles dissociatifs et addictions) la séméiolo-gie recueillie pourrait se situer.

La deuxième délimitation consiste à identifier le type de trouble psychiatrique dans le cadre de la grande catégorie. Par exemple, un recueil séméiologique peut faire évoquer la catégorie « trouble psychotique ». Suite à cette première étape, il s’agit de réaliser une deuxième délimitation pour définir un trouble mental spécifique, par exemple « trouble schizophrénique » ou « trouble déli-rant chronique ».

La troisième délimitation consiste parfois à caractériser ou spécifier le trouble psychiatrique défini. Par exemple, un trouble schizophrénique peut être « de type paranoïde ». Il s’agit en quelque sorte de définir des formes cliniques.

2.3.3.

Les comorbidités

Enfin la quatrième délimitation, est en réalité une ouverture. Le diagnostic d’un trouble mental (par exemple la schizophrénie) ne doit pas faire oublier d’évaluer la comorbidité :

* psychiatrique (par exemple un trouble anxieux associé à un trouble schizophrénique),

* addictive (par exemple une dépendance au tabac associé),

* médicale non-psychiatrique (par exemple un diabète sucré de type 2 associé).

En psychiatrie, le diagnostic multiple est la règle plus que l’exception. Le diagnostic principal est celui qui est à l’origine de la consultation ou de l’admission à l’hôpital.

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