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Nous avons vu que le soutien social est composé de deux composants : la dimension structurelle et la dimension fonctionnelle. Les études ont démontré que la dimension qui a effet le plus important sur la santé physique et mentale, correspond au soutien social fonctionnel (Vandervoort, 1999).

Il a été démontré que c’est le soutien perçu qui est la seule composante pertinente du soutien, qui a un effet protecteur très significatif sur le bien-être et sur la santé, notamment mentale (Thoits, 1995 ; Turner et Marino, 1994 ; Bruchon-Schweitzer et Boujut, 2002 ; Rascle, Bruchon-Schweitzer, & Sarason, 2005). Comme nous le verrons, l’efficacité du soutien tient principalement de la perception subjective du soutien reçu.

Le soutien-social est considéré comme un facteur fondamental au bien-être émotionnel, un facteur de protection contre les états émotionnels négatifs, notamment les symptômes associés à la dépression et à l’anxiété (Turcotte, 1990 ; Thoits, 1995). Des études spécifiques en rapport à la santé mentale démontrent des liens importants entre la prévalence de la symptomatologie psychiatrique, sa sévérité et la qualité du soutien social disponible (Cohen et Wills, 1985 ;

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Kessler et McLeod, 1985 ; Biegel et coll., 1982 ; Andrews et coll., 1978 ; Caplan et Killilea, 1976).

Enfin, notons qu’un soutien social perçu négativement a parfois plus d’effet qu’un soutien social perçu positivement sur l’état psychique (Cornwell, 2009).

B-1- Effets directs et effets indirects

Le soutien social a tantôt des effets directs (effets principaux) tantôt des effets indirects (effet modérateur ou effet « tampon »). Les effets bénéfiques directs du soutien social sont mis en évidence quand on prend en compte les aspects structurels : la taille du réseau et l’intégration sociale (Uchino et coll., 2006). Pour d’autres auteurs, le soutien social agit en interaction avec d’autres variables de situations stressantes (Cohen et Wills, 1985). Le soutien social modère l’effet du stress sur la santé (effet tampon).

C) Soutien social, le lien au type d’attachement

Nous avons vu que la perception du soutien social reçu est liée à certaines caractéristiques durables de la personnalité (Sarason et coll., 1986). Plusieurs auteurs ont mis en évidence que la perception du soutien social ainsi que la capacité de solliciter de l’aide seraient liées au style d’attachement, qui se développe et se construit dans les relations précoces (Hazan et Shaver, 1987 ; Sarason et coll., 1990 ; Wallace et Vaux, 1993 ; Lambert et coll., 1995 ; Priel et coll., 1995).

De manière générale, les travaux ont mis en évidence que les sujets insécures ont des anticipations plus négatives (en termes de risques et de coût) de leurs relations interpersonnelles, que les sujets sécures. Ils ont tendance à apprécier de manière plus négative les messages de support social lors de situations stressantes et ils perçoivent également leur réseau social comme moins disponible que les sujets sécures et rapportent moins de satisfaction dans leurs relations de support social avec leurs amis, leur famille ou leur conjoint. (Blain et al, 1993 ; Collins et Feeney, 2000 ; Davis et coll.1998 ; Mikulincer, Florian, et Weller, 1993 ; Wallace et Vaux, 1993).

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Ce lien entre attachement, perception et demande de soutien social se manifeste très tôt chez les enfants. Dans leur étude, Anan et Barnett (1999) ont mis en évidence que les enfants qui avaient été identifiés sécures à 4 ans percevaient davantage de soutien social à 6 ans que les enfants insécures. Et ce qui est intéressant, c’est que la façon de percevoir le soutien social influençait en retour la recherche de soutien de ces enfants. Les enfants sécures interprétaient plus souvent les signaux sociaux ambigus comme prosociaux, alors que les enfants insécures interprétaient cette ambiguïté comme ayant un caractère agressif (Anan et Barnett, 1999).

Selon Kobak et Sceery (1988), le défaut de qualité du soutien précoce amène les sujets évitant à ne pas rechercher l’aide des autres et de manière plus générale, à mettre à distance leurs sentiments de détresse psychologique. Toujours selon Kobak et Sceery (1988), les individus ambivalents tendent à porter une attention excessive à leur détresse psychologique et à se soucier continuellement de la disponibilité de leur réseau de soutien.

Ces études mettent en évidence la valence modératrice de l’attachement tant sur le niveau comportemental (recherche de soutien) que sur le niveau psychologique (appréciation de l’utilité du soutien, de son efficacité). Ce phénomène a aussi été trouvé dans la recherche de Collins et Feeney (2000), qui ont identifié un effet modérateur de l’attachement sur l’appel à son réseau social et sur le soutien social perçu par rapport au soutien social reçu (Collins et Feeney, 2000).

Certains auteurs ont démontré que les types d’attachement avaient un effet sur les étapes maturatives, telles que la période de l’adolescence, durant laquelle la problématique de séparations des figures d’attachement est centrale (Armsden & Greenberg, 1987; Berman & Sperling, 1991; Heiss, Berman, & Sperling, 1996; Rice, 1990; Rice, FitzGerald, Whaley, & Gibbs, 1995).

Enfin, certains auteurs se sont intéressés spécifiquement à l’association existante entre attachement et solitude. DiTommaso et coll. proposent de voir la solitude comme une importante manifestation de difficulté d’ajustement et de difficulté sur les habiletés sociales (Riggio, 1986; Riggio, Watring & Throckmorton, 1993; Segrin, 1993). Sur la base de leurs résultats, ces auteurs confirment le lien entre solitude et attachement. Dans leur étude, Lambert, Lussier, Sabourin et Wright (1995), ont cherché à mettre en évidence les liens entre le sentiment de solitude, l’attachement et la détresse psychologique. Selon ces auteurs, le type d’attachement a une influence sur la solitude réelle et sur le sentiment subjectif de solitude. Les sujets sécures

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auraient ainsi la capacité de modérer la solitude réelle et à opérer un processus de « résilience » leur permettant d’atténuer la souffrance psychologique. Souffrance à laquelle sont soumis les sujets insécures (Lambert et coll., 1995).

Nous avons vu que la majorité des études a mis en évidence l’impact de l’attachement sur la perception du soutien social chez l’adulte, comme si le type d’attachement déterminait de façon définitive cette perception. Certains auteurs ont constaté que la perception du soutien social était également influencée par des expériences actuelles, telles que des programmes d’intervention. Cozzarelli et coll., (2003) ont démontré que l’augmentation de la perception du soutien social était corrélée à une augmentation de la sécurité de l’attachement, sur une période de deux ans. Certains auteurs tels que Saias (2009) proposent que l’on considère l’attachement non pas comme un trait stable de personnalité, mais comme une « perception relativement stable » de soi-en-relation qui peut être influencée par les expériences sociales (Saias, 2009).