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Lacharité et son équipe ont proposé d’appréhender la parentalité en s’appuyant sur le modèle écosystémique de Bronfenbrenner (1979, 2001) et sur le modèle de Belsky (1984, 2008; Belsky et Jaffe). D’après ce modèle, la parentalité et plus spécifiquement la pratique parentale (le parenting) est influencée par des facteurs liés aux caractéristiques personnelles des parents, aux caractéristiques personnelles de l’enfant et aux caractéristiques sociales et contextuelles.

La figure 3 illustre les principaux éléments repérés dans de nombreuses études menées sur la parentalité et ses déterminants. Ils ont été retenus par l’équipe pour servir de cadre conceptuel de l’initiative Perspectives parents 8.

Le modèle écosystémique de la parentalité propose de considérer la parentalité comme « le résultat de l’interaction entre les caractéristiques de l’enfant, les caractéristiques du parent et les conditions sociales et contextuelles dans lesquelles ils évoluent » (Lacharité et coll., 2015, p.11).

A-1 Les caractéristiques de l’enfant

L’enfant apporte une contribution à travers ses caractéristiques personnelles et la trajectoire de développement qu’il emprunte à différents moments de sa vie. Il engendre un circuit relationnel à l’intérieur duquel l’expérience et la pratique parentales se construisent, ce qui façonne en retour l’expérience et les comportements de l’enfant. Les caractéristiques comportementales, émotionnelles (son tempérament par exemple), son sexe et les stades de développement (les stratégies que l’enfant développe pour réguler sa détresse et interagir avec ses parents), ses comportements d’attachement, sa situation de handicap ou sa maladie vont considérablement influencer l’exercice du rôle de parent. Les caractéristiques positives vont servir à l’adoption

8 Initiative Perspectives parents est un regroupement de travaux initié en 2014 par l’organisme Avenir d’enfants

avec la collaboration de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) et du Centre d’études interdisciplinaires sur le développement de l’enfant et la famille (CEIDEF), cette initiative repose sur la réalisation d’un sondage à grande échelle (EQEPE — Enquête québécoise sur l’expérience des parents d’enfants de 0 à 5 ans) et d’une étude qualitative à partir de groupes de discussion avec des mères et des pères. Voir Lacharité, C., Pierce, T., Baker, M., Calille, S., & Pronovost, M. (2015). Penser la parentalité au Québec: un modèle théorique et un cadre conceptuel

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de conduites parentales engagées et sensibles, à l’inverse, lorsqu’elles sont négatives, les parents pourraient adopter des conduites intrusives, hostiles ou indifférentes.

A-2 Les caractéristiques des parents

Les auteurs ont mis en évidence l’influence de trois catégories de caractéristiques personnelles des parents qui déterminent la parentalité : l’histoire développementale du parent qui modèle sa personnalité, la manière dont il se sert des modèles parentaux auxquels il a été exposé et la présence de problèmes ou troubles de santé mentale.

A-3 Les caractéristiques sociales et contextuelles

Les caractéristiques sociales et contextuelles sont constituées d’éléments proximaux (ou directs) et d’éléments distaux (ou indirects).

Les éléments qui correspondent aux facteurs sociocontextuels proximaux sont : la relation avec l’autre parent, le soutien social, l’information sur le développement de l’enfant, la conduite parentale et l’expérience vécue dans le milieu de travail. Les facteurs distaux sont évoqués sous le vocable « contexte de vie » et font référence aux influences mésosystémiques, exosystémiques et macrosystémiques du modèle de Bronfenbrenner.

A-3-1- La relation avec l’autre parent

La relation entre les parents est un facteur proximal qui englobe la relation conjugale et l’alliance entre les parents.

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A-3-1-1- La relation conjugale

Les difficultés dans la relation conjugale entre les parents peuvent avoir des répercussions sur les conduites parentales à l’égard de l’enfant et notamment lorsque les difficultés aboutissent à la séparation du couple.

A-3-1-1- L’alliance conjugale

L’alliance parentale est la capacité des parents à former une équipe autour du partage des valeurs éducatives, d’attentes, de préoccupations semblables pour l’enfant, de construire une confiance mutuelle et de recevoir des encouragements réciproques). C’est aussi la capacité à se soutenir concrètement l’un et l’autre dans les nombreuses et diverses tâches de soins et d’éducation à prodiguer à leur enfant. Si l’alliance entre les parents est distincte de la qualité de la relation conjugale, elle n’en est pas complètement indépendante.

A-3-2- Le soutien social

Comme le souligne les auteurs, « le réseau de soutien social d’un parent et la qualité du soutien qu’il génère se révèlent un déterminant significatif de la qualité de l’expérience parentale et de la pratique parentale, en particulier lorsque le parent fait face à des défis qui placent sous tension la relation qu’il entretient avec son enfant. » (Ibid., p. 14-15).

Les principales formes de soutien sont le soutien informatif/cognitif, affectif, relationnel, matériel et économique.

Le soutien social peut-être informel ou formel. Il est informel lorsqu’il est dispensé par des personnes avec qui le parent a des interactions régulières et soutenues et pour lesquelles il peut aussi être une figure de soutien social (par exemple, des membres de la famille élargie, d’autres parents, des collègues de travail, des voisins). Le réseau de soutien est formel lorsqu’il est dispensé par des personnes qui offrent une aide habituellement pas réciproque et plus ou moins ponctuelle (des professionnels de la santé, des services sociaux…). Le soutien formel est souvent contractualisé et organisé en fonction d’objectifs spécifiques. De plus, la dimension

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culturelle doit être prise en compte car elle conditionne en partie les demandes d’aide formelle et informelle. D’après les auteurs, « L’exercice des responsabilités parentales dans les sociétés occidentales constitue une tâche complexe qui nécessite une quantité et une qualité importantes de soutien social sous formes variées » (Ibid., p. 14).

Ainsi, le support social dans un moment de changement dans la famille, comme l’arrivée d’un bébé, est très important à comprendre dans le modèle écologique. Il est important pour la mère, les parents, de se constituer un réseau d’aide pour leur permettre de trouver des aides concrètes au niveau de la pratique du maternage mais aussi pour le partage d’expériences avec d’autres personnes vivant la même situation, ainsi que pour l’état physique de la femme après l’accouchement.

A-3-3- Information sur le développement de l’enfant et la conduite parentale Les auteurs ont décidé de distinguer ce facteur du soutien social dans le modèle conceptuel tant il a pris de l’ampleur dans le domaine de la parentalité.

A-3-3-1- Professionnel

En proposant « une large panoplie de "produits informationnels" » (Ibid., p. 16), les institutions, les organisations participent activement au relais et à la transmission des informations à l’égard des parents pour les accompagner dans la compréhension de leur enfant et de les soutenir dans les ajustements nécessaires à leur conduite parentale.

A-3-3-2- Les médias et les réseaux sociaux

Les médias (quotidiens, magazines, radio, télévision) et les réseaux sociaux, plus récemment, ont été identifiés comme source potentielle d’information sur la parentalité. L’utilisation des réseaux sociaux « élargit considérablement les sources d’information dont un parent peut disposer pour répondre à ses questions et ses préoccupations ainsi qu’il augmente les moyens

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interactifs (par exemple, à travers des forums de discussion) pour traiter et donner du sens aux informations qu’on lui propose. » (Ibid., p. 17).

Si cette multiplication des sources potentielles d’information facilite leur accès, elle n’est pas toujours aidante pour les parents qui peuvent avoir du mal à faire le tri : « On ne peut saisir l’intensité et l’étendue du contenu informationnel auquel sont exposés quotidiennement les parents. […] Les parents y rencontrent une surabondance d’information, qui affirme souvent tout et son contraire, ce qui exige d’eux une capacité d’analyse et de réflexion leur permettant de circuler en évitant les écueils. » (Ibid., p. 16-17).

La capacité de faire ce tri et de ne pas être fragilisé par la surabondance d’informations dépend, selon les auteurs, des caractéristiques personnelles du parent (par exemple, son niveau d’éducation, sa personnalité, ses habiletés cognitives) et des caractéristiques de son environnement dans lequel il évolue (par exemple, la présence d’un réseau d’entraide, l’accès à Internet, l’existence de relations avec des professionnels en qui il a confiance).

A-3-4- L’expérience vécue dans le milieu du travail

Le modèle écosystémique de la parentalité donne une place importante à l’expérience vécue dans le milieu du travail.

L’arrivée relativement récente des femmes sur le marché du travail et la bi-activité des couples qui en découle ont nécessité de repenser la nouvelle organisation de la vie de famille et de la vie professionnelle. Des nouveaux acteurs (état providence par exemple) se sont impliqués pour proposer des conditions favorables à la conciliation de ces deux sphères. Comme l’indiquent les auteurs, « la conciliation famille-travail continue d’être une source importante de préoccupations individuelles des parents de jeunes enfants et de préoccupations sociales pour les instances gouvernementales et les organisations de services. » (Ibid.). La profession ainsi que les conditions dans laquelle celle-ci s’exerce impacte la parentalité. La profession « fournit notamment l’accès à un type d’environnement de vie, un réseau social particulier et une forme de reconnaissance ou de prestige social qui conditionnent l’expérience que cette personne vit dans son rôle parental et la pratique qu’il exerce auprès de son enfant. » (Ibid., p. 18).

143 A-3-5- Le contexte de vie des parents

Le contexte de vie des parents est un ensemble d’éléments qui exerce une influence indirecte sur la parentalité en agissant sur l’histoire de vie et la personnalité du parent, sur les caractéristiques personnelles de l’enfant, sur la qualité du soutien social et sur la relation avec l’autre parent, sur l’expérience vécue dans le milieu du travail et sur la nature de l’information proposée. La théorie écosystémique simplifie la conception de ces influences potentielles indirectes en distinguant et répartissant ces éléments en trois grandes catégories ou niveaux systémiques.

Figure 2 : les influences indirectes regroupées en trois catégories 9

9 Source : Lacharité, C., Pierce, T., Baker, M., Calille, S., & Pronovost, M. (2015). Penser la parentalité au

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Figure 3 : Théorie et cadre conceptuel écosystémiques de la parentalité 10

10 Source : Lacharité, C., Pierce, T., Baker, M., Calille, S., & Pronovost, M. (2015). Penser la parentalité au

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IV] Synthèse du deuxième chapitre

Nous avons vu dans ce deuxième chapitre les apports de trois courants épistémologiques sur les notions d’étayage et de soutien. Les travaux de ces trois courants ont mis en évidence le rôle crucial de l’étayage et du soutien réels dans le devenir mère ainsi que l’influence des variables contextuelles et sociales.

En psychanalyse, nous avons vu que même si l’étayage externe a été constaté par les travaux psychanalytiques, il a fait l’objet de résistances et de polémiques.

Alors que c’est Freud lui-même qui, aux prémices de la psychanalyse avait souligné l’importance vitale de la mère dans la survie du bébé, la notion d’étayage dans l’œuvre freudienne a été principalement associée à la théorie des pulsions et l’objet externe a été délaissé au profit de l’objet interne (qui offre un étayage par l’introjection des expériences passées). L’objet interne lorsqu’il est bon est un appui pour supporter et dépasser des situations de crise et de détresse.

Du fait de la guerre et des conséquences contextuelles, les successeurs de Freud ont progressivement reconnu et accordé une place décisive à l’environnement et à la fonction structurante des relations d’objet réciproques des sujets. Ce sont les théories de la relation d’objet. Dans un premier temps, les théories des relations d’objet ont été opposées à la théorie des pulsions (qui se centre sur le besoin qu’éprouve le sujet de réduire la tension instinctuelle). Récemment, certains auteurs ont pris le parti de ne plus les opposer et de souligner leurs complémentarités.

L’étayage des objets externes a été spécifiquement mis en évidence dans les incidences de leur absence dans les relations précoces. L’objet externe par excellence est la mère, non plus exclusivement interne mais réelle et externe, qui assure la survie du bébé et lui offre les conditions d’un développement harmonieux.

Or en étudiant les écueils de la relation mère-bébé, les auteurs ont mis en évidence qu’une mère ne pouvait offrir les conditions favorables à son bébé sans qu’elle puisse elle-même bénéficier de conditions favorables au développement de son identité et fonction maternelles. Alors que les travaux en psychanalyse reconnaissaient une place primordiale à l’objet interne, certains

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auteurs ont défendu l’idée selon laquelle l’étayage externe avait, au même titre que l’étayage interne, toute son importance.

Selon Racamier, l’étayage dans la réalité détermine, au même titre que les facteurs psychiques et historiques (les éléments et processus intra-psychiques) le devenir de la maternalité. Ils ont un effet bénéfique et protecteur pour la nouvelle mère. L’étayage externe opère tant sur le plan psychique que sur le plan de la réalité. Les soutiens offerts par l’entourage, conjugal, maternel, social et médical favorisent, soutiennent les processus psychiques inhérents et toujours fragilisants de la maternalité.

Si Winnicott a souligné l’importance de l’entourage dans son ensemble dans l’accès à la maternité, il a principalement mis en évidence l’importance du père auprès de la devenant ou devenue mère. Le père de l’enfant a un rôle considérable dans l’émergence et le maintien de l’état psychique de la préoccupation maternelle primaire. Winnicott utilise l’expression « couverture protectrice » pour rendre compte de cette fonction de soutien. Cette place et fonction spécifique de soutien ont été par la suite relevées par différents auteurs (Ciccone, Stern, Soulé, Resnik, Golse, …).

Kaës a lui aussi mis en évidence la place du père de l’enfant mais aussi de tout l’ensemble groupal. Le groupe permet de trouver des objets et des voies de régulations. Selon cet auteur, les voies de régulations ne fonctionnent pas en vase clos. Les régulations supplétives ont un double aspect : un aspect psychique et un aspect psychosocial. L’aspect psychique correspond au processus de mentalisation. Or selon Kaës, pour que le travail de mentalisation et le recours à l’espace de représentation interne puissent être effectifs, il est essentiel que le groupe psychosocial du dehors assure les fonctions de conteneurs et de cadre. Ces fonctions assurant : « la continuité du dehors, et le dépôt de ce qui ne peut être toléré dedans, et la transformation préalable, pré-digérée, de ce qui ne peut être assimilé dedans. » (Kaës, 1980, p.257).

Stern a démontré que lorsqu’une femme devient mère, « un nouveau triangle prend le centre de la scène, qui est la mère, sa propre mère et le bébé.» (Stern, 2012, p.47-48). La mère a besoin d’une matrice de soutien féminin : « une ou des femmes en général plus âgées ou plus expérimentées comme mères, qui ont la légitimité d’une mère.»: Selon lui « « la mère a besoin de se sentir entourée et soutenue, accompagnée, valorisée, appréciée, instruite, aidée à des degrés divers » (Stern, 1997, p.232). Deux types de soutien sont identifiés par l’auteur, le soutien psychique qui correspond à la possibilité de recevoir une validation, un encouragement,

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un avis et le soutien qui ne peut être assuré que par un entourage féminin et le soutien physique et pratique assuré par le père de l’enfant.

Les récents prolongements théoriques réalisés notamment par les auteurs de l’approche psychanalytique groupale familiale en périnatalité ont le mérite d’ouvrir une autre perspective de compréhension du devenir mère et de ses écueils. Pour ces auteurs, le devenir mère ne peut pas être appréhendé indépendamment de son contexte : des liens intersubjectifs développés avec son bébé, avec son conjoint, père et amant, mais aussi avec tous les membres de sa famille et la société en général (méta-cadres, Kaës, 2004). Les travaux de Mellier ont permis de mettre en évidence la dialectique nécessaire de la fonction contenante familiale et sa présence dans la réalité dans l’immédiat post-partum.

Même si notre inscription épistémologique est principalement psychanalytique, nous avons pris le parti de nous intéresser aux travaux en psychologie de la santé, qui ont ces quarante dernières années exploré le soutien dans la réalité, et aux apports du modèle écosystémique de la parentalité.

L’étayage en psychologie de la santé a été conceptualisé sous la notion de soutien. Le soutien a été décliné selon sa nature (soutien émotionnel, pratique, informatif…) et ses sources. Les auteurs ont permis de dégager des indices permettant d’évaluer le soutien. Nous avons vu que l’efficacité et l’effet bénéfique du soutien dépendent de la source, du type du soutien et de l’adéquation avec la situation, les attentes et les besoins du sujet.

Les recherches dans ce domaine ont permis d’objectiver l’importance de l’étayage externe en général et durant la période périnatale, notamment dans les situations où il fait défaut. Selon ces études, le soutien qui a le plus d’impact sur l’état psychique maternel est le soutien émotionnel provenant de la sphère privée de la mère : le conjoint et les membres de sa famille. Dans les études, les mères qui n’ont pas bénéficié de soutien de leur sphère privée sont plus nombreuses à présenter des troubles psychopathologiques anxieux et dépressifs que les autres mères.

Enfin, le modèle écosystémique de la parentalité (Lacharité et coll., 2015), inspiré des travaux de Bronfenbrenner (1979, 2001), a permis de mettre en évidence l’intrication dynamique des différents facteurs impliqués. La parentalité s’articule autour de trois axes principaux : l’expérience, la pratique et la responsabilité parentale, qui sont eux même en étroite interaction

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avec des facteurs proximaux et distaux. Ce modèle invite à prendre en considération la parentalité d’une mère ou d’un père « en contexte, c’est-à-dire en interrelation avec l’autre parent, leur entourage, les autres acteurs de son environnement socioculturel.

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DEUXIÈME PARTIE : PROBLÉMATIQUE ET HYPOTHÈSES

I] Synthèse de la revue de la littérature et problématique

La revue de la littérature nous a permis de mettre en évidence plusieurs éléments que nous proposons de reprendre ici de manière très synthétique et qui nous mèneront à notre problématique et à nos hypothèses.

Premièrement, nous avons vu, dans le premier chapitre que le devenir mère convoque obligatoirement un ensemble de processus dynamiques, multiples et intriqués, tant intrapsychiques qu’intersubjectifs, et oblige la femme devenant mère à une reprise consciente et inconsciente de son passé. Les processus du devenir mère s’inscrivent bien en amont dans le développement psychosexuel de la petite fille et imposent à la nouvelle mère de revivre les conflits infantiles des phases précédentes de son développement, les premières relations et identifications avec ses propres parents, via, notamment, les phénomènes de transparence psychique.

Devenir mère c’est aussi rencontrer un autre, son bébé, de supporter sa réalité et ses besoins et se mettre dans une disposition psychique et relationnelle bien spécifique pour assurer sa survie. Devenir mère, c’est être exposée à la passivité des changements physiques, un corps qui se transforme par la grossesse, l’accouchement et qui doit se mettre au service de la survie du bébé (allaitement). Rencontrer son bébé c’est aussi se rencontrer soi en tant que mère et induit des retrouvailles avec sa mère des premiers soins, celle qui a été à l’origine de son sentiment continu d’exister, celle par qui s’est constitué son objet interne, bon ou défaillant. Rencontrer son bébé, c’est aussi retrouver le bébé qu’elle a été ou croit avoir été. Nous avons vu que ces retrouvailles ne sont pas sans écueil et peuvent être source d’angoisse, de culpabilité et d’agressivité.

Devenir mère c’est aussi rencontrer le père de son bébé, celui qu’elle a connu comme amant et construire avec lui, un couple parental tout en restant un couple conjugal. Cela se révèle être un véritable enjeu, voire une épreuve, pour un certain nombre de parents.

Devenir mère c’est faire face à des pulsions anciennes et inédites, positives et tendres, au service de l’établissement des nouvelles relations, mère-bébé, père-bébé, père-mère, mère-bébé-père, et aussi des motions hostiles : rivalité, ambivalence, agressivité voire haine à l’encontre du